Per Olov Enquist [Suède]

Lewis resa (om Lewi Pethrus)

(Original suèdois, 2001)

Si j’ai bien vu, il n’y a pas encore une traduction de ce livre en français qui traduit du suèdois donnerait alors quelque chose comme ”Le voyage de Lévi”. Je l’ai lu en allemand. Par ailleurs je peux presque comprendre qu’un éditeur hésite face au sujet abordé, peut-être trop loin de la réalité française?
Il s’agit bien d’un chapitre de l’histoire réligieuse suèdoise, c’est à dire la relation, même le combat, entre deux figures historiques de l’Eglise pentecôtiste. L’ancienne amitié entre ces deux personnes, l’un le guide Lévi Petrus et l’autre le poète Sven Lidman, un bohèmien charismatique, va se briser dans une lutte pour le pouvoir.

Certains y voient encoe une grande réussite d’Enquist et une description d’un chapitre important de l’histoire réligieuse (l’Eglise pentecôtiste est aujourd’hui en train de croître énormement, surtout en Amérique latine, etc.), mais je trouvais les 600 pages y consacrées franchement difficiles à avaler. Pour une raison ou une autre j’ai du lutter pour arriver au bout de ce livre. Je pense qu’il faudrait vraiment être préparé pour une telle lecture…

Je ne vais pas présenter le livre puisque Coline et Sentinelle l'ont très bien fait déjà.

J'ai eu un peu de mal à y entrer, l'écriture de Per Olov Enquist m'a agacé, avec ses nombreuses répétitons, ses phrases mystérieuses devant suggérer quelque chose mais quoi au juste et que j'ai trouvé un tant soit peu creuses. Et puis je n'avais pas aimé un autre roman de l'auter, Le médicin personnel du roi, alors pendant les 50 premières pages j'ai craint le pire.

Et puis je me suis laissé embarqué, je crois qu'il faut comprendre qu'on aura pas une histoire suivie, du début jusqu'à la fin, mais des fragments, des lambeaux, que la vie de ces deux femmes et surtout de Blanche ont inspiré à l'auteur, je crois qu'il ne faut pas y voir une biographie même partielle, mais une divagation poétique à partir de ces deux vies, et même si beaucoup d'événénments sont réels.

Le sujet le plus important du livre est l'amour, et aussi la conditon de la femme à cette époque, mais les choses n'ont évidememnt pas changé complètement. J'ai été touchée par la sympathie, voire l'empathie que l'auteur ressent visiblement pour ses héroïnes, et la façon dont il évite le pathos et la larme facile. Ce sont des femmes fortes, il les respecte pour cela, et ne les affadit pas.

J'ai donc apprécié et me voilà reconciliée avec l'auteur, mais je compreds qu'il peut être difficile pour certains d'entrer dans le livre à cause de l'écriture de l'auteur, qui saute d'un thème à un autre, avec ses répetitions, il faut vraiment se laisser emporter par le rythme et donc avoir une certaine disponibilité au moment de la lecture, surtout à éviter dnas le métro.

tom léo a écrit:

Lewis resa (om Lewi Pethrus)

(Original suèdois, 2001)
Certains y voient encoe une grande réussite d’Enquist et une description d’un chapitre important de l’histoire réligieuse (l’Eglise pentecôtiste est aujourd’hui en train de croître énormement, surtout en Amérique latine, etc.), mais je trouvais les 600 pages y consacrées franchement difficiles à avaler. Pour une raison ou une autre j’ai du lutter pour arriver au bout de ce livre. Je pense qu’il faudrait vraiment être préparé pour une telle lecture…

Lecture trop abstruse ? C'est peut-être la raison pour laquelle le livre n'est toujours pas traduit en français, les éditeurs ont du juger que le sujet était trop ardu! Je t'admire Tom Leo de t'être accroché pour le terminer

Je suis contente que tu aies aimé Arabella ! Ce roman est effectivement difficile et demande une grande disponibilité et autant d'attention, bref il se mérite mais j'ai, au final, beaucoup aimé ce roman !

Arabella a écrit:

Blanche et Marie

J'ai eu un peu de mal à y entrer, l'écriture de Per Olov Enquist m'a agacé, avec ses nombreuses répétitons, ses phrases mystérieuses devant suggérer quelque chose mais quoi au juste et que j'ai trouvé un tant soit peu creuses.

Moi aussi, comme toi Arabella, j'ai aimé ce livre et ce, malgré l'écriture si agaçante: finalement on se laisse prendre par l'histoire de ces deux femmes et leurs personnalités originales.

Je suis contente de m'être finalement lancée dans cette lecture, à cause des appréciations positives, en particulier de Sentinelle. L'auteur a du talent et des choses à dire, s'il arrivait juste à se débarrasser de quelques affectations dans son écriture, ce serait parfait.

Comment ça il devrait se débarrasser des "affectations" de son écriture? Ce livre est un bijou, au delà des sujets magnifiques qu'il traite et des histoires entrainantes des personnages, le style est génial, ses interventions subites perturbent, on essaie d'en savoir un peu plus, on s'attend à une explication de sa part, comme si une personne nous racontait une histoire pour faire le lien avec la sienne, j'ai beaucoup aimé cette façon de raconter.
Et quant aux répétitions, elles nous mettent dans un climat malsain, un peu fou, comme est celui de la Salpétrière justement, et le narrateur dit à un moment qu'il reprend les répétitions que Blanche fait elle-même dans son Livre des Questions. Il se fond dans chaque personnage, il se fond dans Blanche jusqu'à adopter son style littéraire, il rentre dans la peau de ses personnages et c'est d'autant plus surprenant lorsqu'il fait des réflexions complètement personnelles au milieu de l'histoire, quand il donne son point de vue, quand il les "juge". Ça nous sort brutalement de l'intrigue, on revient sur terre, on ne comprend pas pourquoi il dit telle ou telle chose, on ne sait pas ce qu'il a vécu on ne connait pas son histoire, son passé, on devine, ça créé... je ne sais pas trop ce que ça créé, une atmosphère étrange, enfin l'histoire et les perso le sont assez eux-même, mais justement, ça renforce ce côté... hallucinant, psychédélique, on se demande sans cesse où on se trouve, qui parle, où en est-on, que se passe-t-il, pourquoi sort-il ça d'un coup...
Bref ce livre est un vrai coup de cœur , je suis en train de faire une fiche de lecture dessus, je l'ai tout simplement dégusté, une merveille que je recommande à tous ceux qui ne l'auraient pas encore lu.

Je viens de terminer la lecture de Une autre vie, l'autobiographie d'Enquist. On comprend mieux l'oeuvre de cet auteur original après lecture de sa vie, une vie "en pleine lumière", où il a eu à la fois beaucoup de succès et beaucoup de difficulté à l'assumer, tombant peu à peu mais irrésistiblement dans l'alcoolisme. La distance qu'il maintient à évoquer ses souvenirs, en parlant de lui à la troisième personne lui permet une autodérision et une distance qui le rend finalement sympathique (me le rend sympathique en tout cas).
Globalement un chemin de vie intéressant...

J'ai dévoré Blanche et Marie et j'ai été ensorcelée par ce livre.
La question de la vraisemblance des histoires ne m'a pas trop interpelée, l'auteur ayant soin d'affirmer "je suis romancier, je fais ce que je veux, avec les matériaux qui m'intéressent".
Belle profession de foi à laquelle j'adhère.
Donc, d'abord, ce livre est un hymne fabuleux à la liberté de l'écrivain.

Pour le reste, j'ai aimé le paysage de l'époque, bien planté. Entre les recherches à la fois psy et neurologiques (avec une part de théâtralité revendiquée), la danse et les cabarets de Jane Avril, les recherches scientifiques hyper dangereuses de Marie et Pierre Curie, puis enfin une description méticuleuse de la mentalité de l'époque : morale étriquée, sexualité niée, féminisme embryonnaire mais encore scandaleux, antisémitisme omniprésent, etc...

Bref, Enquist fait se croiser tellement de sujets et de questionnements que la richesse de ses réflexions me laisse pantoise, surtout quand on voit la concision de l'ouvrage. De courts chapitres qui vont à l'essentiel.

Et puis bien entendu, l'amour, le désir (refoulé, fantasmé ou assouvi), les conventions, le rêve de Marie, morceau de femme ratatinée, qui contraste avec sa quête de félicité et sa volonté d'élucider les mystères de l'amour (vertigineux !).

En toile de fond, l'incontournable Freud.

L'auteur a su incarner toute une époque, avec son esprit d'exploration, sa soif de compréhension et ses peurs.


Du coup, je vais lire d'autres bouquins de cet auteur trop discret.

Tu as de bonnes lectures, Tina !

Blanche et Marie

Une très grande lecture dont je me souviendrai.
Et beaucoup d'originalité et de personnalité dans la façon d'aborder ce thème, ou plutôt ces thèmes tant la richesse du propos abonde à chaque page.

Par moments j'ai beaucoup pensé à "A dangerous method" de Cronenberg, il est question notamment du traitement de l'hystérie fin 19ème siècle, à l'aube des théories de Freud, élève de Charcot, grande figure évoquée ici, parallèlement à celle de Blanche sa patiente.

On est au coeur des découvertes, des chercheurs en physique ou en neurologie travaillent et avancent, la science progresse mais pas au rythme des mentalités qui condamneront sans la moindre pitié Marie Curie considérée comme pécheresse.
A Salem on l'aurait brûlée, on l'aurait considérée comme sorcière, elle aura le prix Nobel deux fois mais sa réputation sera salie.

L'auteur est suffisamment habile pour que l'on se perde pas dans les dédales du récit mêlant documentaire et fiction, on navigue entre le plus romanesque et la triste réalité de l'hôpital de la Salpêtrière, avec ses 8000 âmes en détresse.
L'amour et son questionnement perpétuel alternent avec ces fragments bien réels de l'époque, recherche scientifique, regard porté sur l'aliénation, sur la femme d'une manière plus emphatique.

Récit douloureux par moments, intense et passionnant donc.

Une convaincue de plus
Un roman intense et dense, un roman qui laisse des traces et qu'on n'oublie pas

Oui je trouve que ce livre est très marquant et suscite beaucoup de réflexions.

Le cinquième hiver du magnétiseur
Il ne faut pas se laisser induire en erreur par le titre : le cinquième hiver du magnétiseur n’est pas un livre du style heroic fantasy ou approchant. Pas de Gandalf le Gris (ou Blanc, Noir, Mauve ou encore Aubergine …. Bien que Gandalf l’Aubergine cela me plaît bien …), ni d’orques, d’elfes, de fées, de nains, de vouivres ou de waraboucs …
Au XVIII siècle, dans cette Allemagne qui n’est qu’un puzzle de duchés et länder, un homme est retranché dans une grotte perchée dans une falaise, poursuivi par des chasseurs. Aux abois, il boit l’eau qui suinte aux parois et se nourrit de ce que la providence amène dans son antre, un pigeon en l’occurrence. Les chasseurs ne peuvent pas accéder à son repère que par l’escalade qu’il défend par des jets de pierre qui font le plus souvent mouche. Le temps joue contre lui et aboutit à sa capture. En attente de son jugement et de sa condamnation, il est sous la garde d’un homme sans relief dont on a même oublié le nom et qu’on interpelle que par son sobriquet : le Tisserand. Au matin, le captif et son gardien ont disparu.
Alors commence une fuite des deux compères, l’un prenant largement le dessus sur l’autre, qui les amène à rencontrer une femme accompagnée de sa fille puis dans une auberge où le destin mettra sur leur route les clefs ouvrant les portes d’une nouvelle vie sous d’autres cieux.
Ainsi débute le cinquième hiver lorsque le Tisserand et son maître arrivent à la ville cossue de Seefond. L’échappé se révèle avoir des talents de magnétiseur, voir même de thaumaturge. Son ascension sociale inexorable débute par le traitement et la guérison de la fille d’un médecin de la ville. Ce médecin devient son aide et sa caution médicale. Il va dorénavant se faire un nom, devenir une certaine célébrité en multipliant les patients et surtout les guérisons jusqu’à la chute inexorable et brutale. Cela ne va durer qu’une saison, le cinquième hiver.
Le médecin, narrateur de ce roman, alterne les pages de son journal où il fait part de ses questionnements, de ses doutes mais aussi de son amour paternel avec le récit des tribulations du magnétiseur.
Dans un style agréable, ce roman laisse la porte ouverte à de nombreuses pensées et interrogations. Les rapports entre les différents protagonistes sont entremêles et complexes, notamment celui entre le médecin et le magnétiseur. On peut y voir déjà tous les mécanismes sectaires mis en place par un gourou. L’analogie ou la parabole de la montée du fascisme qu’on peut lire en quatrième de couverture me semble beaucoup moins évident.
Le médecin est déchiré entre son amour paternel, sa corporation de médecin et les valeurs déontologiques, son attirance-répulsion envers le thaumaturge. Le magnétiseur est confondant par son cynisme, sa connaissance innée de la psychologie et parfois par sa faiblesse à la limite de la détresse.
Ce livre m’accompagne depuis quelques jours et nourrit certaines de mes pensées. Par une passe de mes mains devant votre visage, je vous somme de le lire !

Tu es convaincant 3G ! Mais je lirai sans doute Blanche et Marie d' abord parceque j' ai sous la main.