Coup de coeur et bar de la poésie

colimasson a écrit:: C'est très beau Bix, merci.
J'ai bien peur d'être un roi en fait.

Je n' osais pas le dire, mais c' est vrai eu plaisir à le lire en le tapant !

"L´amour un cerisier", et j´enchaîne avec NERUDA:

Mis palabras llovieron sobre ti acariciándote.
Amé desde hace tiempo tu cuerpo de nácar soleado.
Hasta te creo dueña del universo.
Te traeré de las montañas flores alegres, copihues,
avellanas oscuras, y cestas silvestres de besos.
Quiero hacer contigo
lo que la primavera hace con los cerezos.

( ce que je veux faire avec toi,
c´est ce que fait le printemps avec les cerisiers).

Je vais vous mettre un poème de Den Hall, dont j'ai parlé dans mes lecture de juin.
Ce n'est pas à proprement dire un coup de coeur, je les aime quasiment tous, mais, comme je suis paresseux, je prends un très court (bien qu'aucun ne soit très long :) )
C'est la première fois que je lis un recueil de poèmes en entier, à la suite, et même en enchaînant avec un autre recueil. le style est toujours aussi simple et léger, même quand la thématique est lourde.

Souvenir

Elle a poussé
La grille du jardin
L'odeur du jasmin
Etait si profonde
Si inattendue
Dans cette ville grise
Qu'elle en tituba

Comme un souvenir retrouvé
Elle cueillit une fleur étrange
Qu'elle épingla sur son coeur

Une petite fille surgit
Qui lui sourit

Un autre, au hasard (toujours de Den hall)

- parce que c'est vous (Ô paresse !)

La vieille fille

Les vagues rejettent
A ses pieds
Les voiles de mariées
Les soupirs des amants délaissés

La vieille fille enfile
Les coquillages brisés
Comme des bijoux éphémères
Sur un ruban imaginaire

On la dirait drapée
Du chant mobide
Des abandons

Elle offre sa nudité
A l'amour imaginaire
Qui ne viendra plus

J' aime bien, c' est sensible et délcat !

Alors un autre, de la même :

Le temps

Il est entré
Suivi d'un drôle de chien
Et le temps se figea

Pétrifiés
Les joueurs de cartes
Les ivrognes
Les amoureux
L'observaient

Il but son verre
Sans précipitation
Le regard fixé sur la pendule

Puis il ressortit sans hâte
Avec son chien
Et l'on s'aperçut
Que le coeur de l'horloge
Ne battait plus

J'aime plus particulièrement ce Temps Wink

Swallow, merci pour ce poème, et le passage que tu as mis en gras constitue une très belle image !

Parfois

Je désire défier

L' homme qui a

Tué mon père

Détruit notre maison

Et qui m' a fait fuir

Dans le pays étroit

Des hommes.

S' il me tuait

Je me reposerais

Si je l' achevais

Je serais vengé !

Mais

Si je me rendais compte

Durant le duel

Que mon adversaire

A une mère

Qui l' attend

Ou un père

Qui pose sa main droite

Sur mon coeur

Chaque fois que son fils

Tarde à rentrer à la maison

Ne serait-ce qu' un quart d' heure

Alors je ne le tuerais pas

Si j' étais le vainqueur.

Je ne le tuerais pas non plus

Si je voyais qu' il a des frères et soeurs

Qui l' aiment

Et l' attendent impatiemment

Une épouse

Qui lui réserve un bon accueil

Des enfants

Qui ne supportent pas son absence

Et se réjouissent des cadeaux

Des amis, des proches

Des voisins, des connaissances

Des compagnons de cellule

D' hopital

Ou des amis d' enfance

Qui tiennent à le saluer.

Mais s' il était seul

Branche coupée d' un arbre

Sans père ni mère

Ni frères ni soeurs

Ni épouses ni enfants

Ni amis, ni proches, ni voisins

Ni collègues, ni compagnons, ni confidents

Je ne rajouterais pas

A la douleur de sa solitude

La souffrance d' une mort

Ou le chagrin d' une extermination

Mais je me contenterais

De l' ignorer

Lorsque je le croiserais dans la rue

Persuadé

que l' ignorance

Est en soi aussi

Une sorte de vengeance !

Taha Muhammad Ali : Une migration sans fin. - Galaade

Trad. de l' arabe (Palestine) par Antoine Jockey

Je viens de découvrir ce poème, comme La Quinzaine littéraire, qui vient de le remarquer alors qu' il était totalement inconnu. Et je le trouve splendide.

Merci pour le partage Bix ! C'est très beau en effet. Encore une fois, je me dis que cette Quinzaine littéraire a décidément bon goût !

Très beau en effet...Très sage...

Moi je suis tombée sur celui-ci dans la Lettre du Printemps des Poètes:

Le peuple du soleil

Il coule entre mes doigts le murmure du monde
Je ne sais pas s'il vit cet oiseau que je tiens
Ou s'il veut s'endormir au secret de ma paume
J'ai besoin de son chant, de son vol j'ai besoin
Il est blanc cet oiseau, je le nomme Colombe
C'est le clair messager des armes du printemps
Et moi je suis blessé de tant de terre et d'onde
En laissant mon oiseau s'envoler dans le temps (...)
Robert Sabatier, extrait de Les Fêtes solaires, éd. Albin, 1955.

Merci, Coline ! J' ignorais que Sabatier avait écrit des poèmes...

Hommage à la Vie

C'est beau d'avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un coeur continu,
Et d'avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin,
D'avoir aimé la terre,
La lune et le soleil,
Comme des familiers
Qui n'ont pas leurs pareils,
Et d'avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
A sa monture noire,
D'avoir donné visage
A ces mots : femme, enfants,
Et servi de rivage
A d'errants continents,
Et d'avoir atteint l'âme
A petit coups de rame
Pour ne l'effaroucher
D'une brusque approchée.
C'est beau d'avoir connu
L'ombre sous le feuillage
Et d'avoir senti l'âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné la peine
Du sang noir dans nos veines
Et doré son silence
De l'étoile Patience,
Et d'avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D'avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
De l'avoir enfermée
Dans cette poésie.
Jules Supervielle

Pensée d' une nuit sereine

Devant mon lit, la lune jette une clarté très vive ;

Serait-ce la gelée blanche qui brille sur le sol ?

Levant les yeux, je contemple la lune resplendissante ;

Les baissant, je pense à mon pays natal.

LI BAI (Aussi connu sous le nom de LI PO ou LI TAI PO

Steven a écrit:: Hommage à la Vie

La vie a de quoi être fière. Ce poème est superbe !

colimasson a écrit:

Steven a écrit:: Hommage à la Vie

La vie a de quoi être fière. Ce poème est superbe !

Oui, Supervielle est un poète sensible et mélancolique... à la limite de la mièvrerie mais sans jamais y tomber...

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