Hubert Haddad

Merci pour ce commentaire qui ne me fera pas placer Opium Poppy parmi les livres incontournables d'Hubert Haddad.
Comme tu le dis, le parcours si dramatique et à rebondissements de cet enfant, en si peu de pages, il n'a pu que survoler.

Le peintre d’éventail

Ce roman recevant le Prix Louis Guilloux 2013, je suis allée voir quel genre d’œuvre était récompensé par ce prix.
Hommage à Louis Guilloux , il récompense des œuvres marquées par l’humanisme et la fraternité. Avant Hubert Haddad, je me réjouis d’apprendre par la même occasion qu’il a été attribué à d’autres écrivains de mon panthéon littéraire comme Pierre Michon et Sylvie Germain.Tout me semble toujours, à notre insu, lié…

J’ai lu jusque-là seulement deux livres de Hubert Haddad, Palestine et Le peintre d’éventail, tous deux très différents et magnifiques. Je pense que je vais accorder toute mon attention au reste de son œuvre. Et elle est importante !


Le peintre d’éventail est un roman écrit par un poète.
Aïe !... Je ne devrais peut-être pas dire cela, je sens que certains n’iront pas plus loin…Mais ce serait vraiment dommage car il est exceptionnel !
Si la poésie naît de l’ordonnancement créatif des mots, de leur choix judicieux, original, musical et sensible, elle se révèle aussi parfois tout simplement sous le regard qui embrasse un paysage. Source d’émotion pure, elle ne demande aucun effort à celui qui est saisi. Qu'il s'agisse d'un paysage naturel ou modelé au fil du temps par l’homme dont le travail va dans le sens d’une harmonie avec la force inépuisable de vie et de beauté de la nature.
On pense aux grands jardins du monde.
Et celui dont il est question dans ce roman est japonais !
Il se situe dans la région d’Atôra, au nord-est de l’île Honshu, entre le Pacifique et les montagnes.

Là, arrive un jour un homme déboussolé. Il vient de Kobé et s’appelle Matabei Reien. Sa voiture a percuté une jeune fille qui traversait étourdiment. Elle est morte et son visage aperçu dans le pare-brise, figé dans un étrange sourire, ne quitte plus Matabei. Il cherche à se retirer du monde en quête de sérénité.

A Atôra, il y a une pension un peu étrange, tenue par une ancienne prostituée, Dame Hison.
Elle accueille des êtres plutôt solitaires, seuls ou à deux, plus ou moins marqués par la crainte ou un drame.
La demeure est entourée d’un jardin époustouflant, lieu de paix-mieux…de consolation!-, tenu par un vieil homme, Osaki Tanaka.
Vivant dans une cabane au fond du jardin depuis très longtemps, Osaki Tanaka est un grand artiste méconnu qui se consacre humblement à entretenir la perfection du jardin et à peindre des éventails. Pas seulement pour la joliesse de l’acte mais parce qu’ils sont la mémoire des images et de son travail au jardin. Ils deviendront finalement de précieux, mais ô combien fragiles, outils de transmission de son Art.

Je n’ai pas envie d’en dévoiler davantage sur ce roman marqué par ce que les Japonais vénèrent, le mono no aware, l’impermanence qui donne la beauté aux choses justement parce qu’elles ne durent.
Ne croyez pas que le roman s’inscrit seulement dans une tradition zen. Les lieux, les personnages -et les lecteurs donc !- sont rattrapés par la violence des sentiments, et vraiment par surprise tout à coup, par la violence des éléments et de l’actualité.

Cette lecture est un enchantement car la langue utilisée par Hubert Haddad est raffinée au possible, sensible et pure. Sa prose poétique extrêmement fluide où arrivent parfois des haïkus est comme touchée par la grâce.

J’adore toute cette force contenue dans tant de beauté et de douceur menacées. Su-per-be !

Merci Coline pour ton commentaire si beau et tellement enthousiaste qu'il devrait donner des envies de lecture. Cela me fait d'ailleurs penser qu'il faut que je l'inscrive dans ma liste (depuis le temps que je me le dis).

Citation :

Le peintre d’éventail est un roman écrit par un poète.
Aïe !... Je ne devrais peut-être pas dire cela, je sens que certains n’iront pas plus loin…

Non non, au contraire.

Madame B. a écrit:

Citation :

Le peintre d’éventail est un roman écrit par un poète.
Aïe !... Je ne devrais peut-être pas dire cela, je sens que certains n’iront pas plus loin…

Non non, au contraire.

Je pense que Coline pensait à moi en écrivant cela.......

Un livre que j'ai envie de lire, et qui m'attend

Mais, pour lequel j'ai , soudain, comme une appréhension.....allez donc savoir pourquoi

Madame B. a écrit:

Merci Coline pour ton commentaire si beau et tellement enthousiaste qu'il devrait donner des envies de lecture. Cela me fait d'ailleurs penser qu'il faut que je l'inscrive dans ma liste (depuis le temps que je me le dis).

Je crois vraiment qu'il peut te plaire!

coline a écrit:

Madame B. a écrit:

Merci Coline pour ton commentaire si beau et tellement enthousiaste qu'il devrait donner des envies de lecture. Cela me fait d'ailleurs penser qu'il faut que je l'inscrive dans ma liste (depuis le temps que je me le dis).

Je crois vraiment qu'il peut te plaire!

oh oui, j'en suis certaine. J'avais déjà été touchée par Palestine.

mimi54 a écrit:

Madame B. a écrit:

Citation :

Le peintre d’éventail est un roman écrit par un poète.
Aïe !... Je ne devrais peut-être pas dire cela, je sens que certains n’iront pas plus loin…

Non non, au contraire.

Je pense que Coline pensait à moi en écrivant cela.......

Un livre que j'ai envie de lire, et qui m'attend

Mais, pour lequel j'ai , soudain, comme une appréhension.....allez donc savoir pourquoi

J'ai failli répondre que c'était un clin d'oeil à mimi!

Je n'insisterai pas mimi...
Je crois qu'il y en a d'autres que moi qui l'ont lu mais personne n'en a encore parlé;
Markooooooo?

coline a écrit:

Je crois qu'il y en a d'autres que moi qui l'ont lu mais personne n'en a encore parlé;

Rectificatif: Kenavo en a parlé!
Je suis allée un peu vite tout à l'heure, je n'avais pas remonté le fil ...Désolée Kéna!

Super commentaire Coline! Haddad est un écrivain que j'aime de plus en plus. Et il y en a plein à lire... Chouette

coline a écrit:

coline a écrit:

Je crois qu'il y en a d'autres que moi qui l'ont lu mais personne n'en a encore parlé;

Rectificatif: Kenavo en a parlé!
Je suis allée un peu vite tout à l'heure, je n'avais pas remonté le fil ...Désolée Kéna!

pas grave...
contente de lire ton enthousiasme.. c'est vraiment un livre extra...
j'ai aussi le livre avec Les Haïkus du peintre d'éventail. faudrais que j'y pense d'y mettre quelques uns sur ce fil... ou celui avec les haîkus

kenavo a écrit:

coline a écrit:

coline a écrit:

Je crois qu'il y en a d'autres que moi qui l'ont lu mais personne n'en a encore parlé;

Rectificatif: Kenavo en a parlé!
Je suis allée un peu vite tout à l'heure, je n'avais pas remonté le fil ...Désolée Kéna!

pas grave...
contente de lire ton enthousiasme.. c'est vraiment un livre extra...
j'ai aussi le livre avec Les Haïkus du peintre d'éventail. faudrais que j'y pense d'y mettre quelques uns sur ce fil... ou celui avec les haîkus

Sur ce fil!...
(Ou sur les deux en doublon! Ce n'est jamais trop. )

Je ne suis pas toujours fana de haïkus mais ceux qui sont égrenés dans le roman me parlent vraiment.

Gros coup de coeur pour un tout petit ouvrage!
Ceux qui connaissent déjà Hubert Haddad ne seront pas déçus.
Ceux qui sont tentés de le découvrir n'en risquent rien: 4,50 euros chez Zulma.

Vent printanier

Un tout petit livre de 62 pages aux caractères serrés, édité chez Zulma.
Précieux et fort recueil de quatre nouvelles inspirées toutes par l’opération « Vent printanier », nom de code de la rafle du Vel' d’hiv' des 16 et 17 juillet 1942.
Non non...je ne vous dis pas tout...loin de là!


C’est, en juillet 2009, un dramatique événement de l’actualité qui donne à Hubert Haddad l’idée de la nouvelle qui porte ce titre : Vent printanier .
L’évacuation brutale d’un camp de Roms installé sur le site de l’ancienne gare de déportation de Bobigny que l’on s’apprête à réhabiliter en lieu de mémoire.
« Les autorités locales chassaient les descendants des martyrs pour honorer ceux-ci en paix »

Dans les quatre nouvelles, magnifiquement écrites, tellement sensibles, Hubert Haddad fait se rencontrer un vieil homme avec un enfant d’aujourd’hui, un enfant qui ressemble sans doute à l’enfant qu’il était en 1942, l'enfant qu'il était peut-être...

- Meranda
L’instituteur en début d’année scolaire a donné à chacun de ses élèves le portrait délavé d’un enfant de la déportation. Entre les mains d’Adèle, le portrait de Meranda.
« Elle s’appelle Meranda Levoci, elle est née pas loin de votre collège, au 27 Rue des Carmes, elle a peut-être étudié à la place où vous êtes.[…] Meranda a été gazée et brûlée au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau »
Tout bascule dans la vie et les pensées d’Adèle.
« Quelque chose désormais lui revient en propre de l’épouvante du monde ».
Un jour de neige, ses pas la conduisent au 27 Rue des Carmes chez un vieil antiquaire.

- Vent printanier
Au comptoir d’un bar, un matin de 2009, un vieux violoniste regarde sur l’écran d’une télévision des images montrant l’évacuation d’un camp de Roms. Il reconnaît les lieux où cela se passe: c’est l’ancienne gare de déportation de Bobigny. Il s’y rend.
Dans la gare désaffectée il rencontre un gamin, un petit Rom solitaire, avec son accordéon en bandoulière. Le gamin le suivra jusqu’à Drancy, à la Cité de La Muette.

Ancienne gare de déportation de Bobigny


Depuis fin janvier 2012, le site de l’ancienne gare de déportation de Bobigny, lieu de mémoire, est ouvert au public.


Wagon et mémorial à la Cité de la Muette à Drancy


- Chasse aux lièvres dans la région des moulins
Un homme qui a un magasin de jouets de collections à Angers est contacté par un vieux collectionneur, Gustav Eiderburg, musicien suisse de renom, passionné de petits chemins de fer.
Dans le train du retour, derrière la vitre, vers Moulins, l’homme regarde une armée de chasseurs à l’affût de lièvres dans les prés en bordure de forêt.
Il repense à sa rencontre avec le vieux collectionneur, Gustav Eiderburg…un homme qu’il avait déjà rencontré, enfant, un demi-siècle plus tôt, en février 1945 vers Mathausen.

- La nuit du fou
Un vieux photographe à la retraite peine comme toujours à trouver le sommeil.
« Après cette nouvelle journée d’enquête, la mille et unième depuis la fermeture de son atelier, il redoutait le gouffre du sommeil, cette chambre noire inopérante où défilaient à l’infini des images fugitives, silhouettes filiformes, visages creusés, orbites sans fond, regards où toute mémoire s’effondre en noirs éclats de panique. »
Il redescend dans son arrière-boutique.
Ce magasin il l’a acheté parce que le seul cliché qui lui reste de ses parents déportés a été pris ici. La boutique évacuée à la hâte pendant la guerre était toujours restée, telle qu’elle, fermée.
Le photographe cherche et cherche encore parmi les vieilles photographies.

C’est une nuit de carnaval.
Dehors , « des appels de détresse le glacèrent. » Il ouvrit la porte, sortit et « aperçut le repli peureux d’une famille de bohémiens. »
Soudain, « un garçonnet noiraud, d’une dizaine d’années, vêtu de haillons, une pointe de sang sur les lèvres » fit irruption, venant se cacher dans la boutique.

coline, tu commences à me titiller avec Hubert Haddad. C'est à voir si je mènerai l'expérience encore plus loin...

jack-hubert bukowski a écrit:

coline, tu commences à me titiller avec Hubert Haddad. C'est à voir si je mènerai l'expérience encore plus loin...

Mais j'espère bien que tu vas mener l'expérience plus loin!

Moi ta plongée dans la biblio d'Hubert Haddad a éveillé ma curiosité. Je suis donc allée lire les résumés de ses livres mais aucun ne me parle pour l'instant. Peut être plus tard