| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
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| Au fil de nos lectures | |
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Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 30 Mar 2011 - 21:01 | |
| Le vent, c' est comme le geste de la main de deux personnes qui pensent l' une à l' autre avec le sentiment de se manquer réciproquement.
OH Jung-Hi : L' Ame du vent
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| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 31 Mar 2011 - 9:41 | |
| Vivre en bonne intelligence avec le doute, mais combattre avec les armes de l'espoir. (p.125)
In Ostinato de Louis-René des Forêts. (L'imaginaire Gallimard) | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 10 Avr 2011 - 20:16 | |
| - Citation :
Il y a avait en outre les vouïottes, ou chemins vicinaux, qui ne débouchent pas dans un village, mais vont pour ainsi dire rendre visite aux hameaux et aux familles des paysans ("chez les" chose ou "chez les" untel), ou finissent tout simplement au milieu de la luzerne et du tarfeuille, aux marges d'une lande illimitée de champs, fossés et cultures. Alors on reste là, sa bicyclette appuyée contre un meûrier, et l'on entend soudain les voix de millions et de millions de bestioles : le printemps tardif devient un lieu, cesse d'être une forme du temps, et depuis le centre de cet espace, si immense et si dense, le village auquel ramène cette vouïotte paraît lointain et sans importance et, pendant un moment, on ne sait plus quoi penser. Luigi Meneghello, Libera nos a malo, p. 115 (trad Christophe Mileschi, éditions de l'éclat) | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 4 Mai 2011 - 18:10 | |
| La merveilleuse indifférence et l' enfantillage de William Blake, son aisance dans l' impossible... En lui tout est l' expression d' ages plus naifs, tout marque le retour à la simplicité perdue. Meme un christiannisme paradoxal le désigne : il est le seul qui ait saisi aux extrémités contraires, des deux mains, la ronde de tous les temps... Il ne pouvait répondre au visage froid qu' anime le plaisir de la discipline. Ce sage dont la sagesse fut proche de la folie, que ne rebutèrent pas les travaux dont dépendit sa liberté, n' avait pas l' effacement de ceux qui "comprennent", qui se plient et renoncent à vaincre. Son énergie rejeta les concessions à l' esprit du travail. Ses écrits ont une turbulence de fete, qui donne aux sentiments qu' il exprimait du rire et d' une liberté déchainée. Cet homme n' eut jamais les lèvres pincées. L' horreur de ses poèmes mythologiques est là pour libérer, non pour aplatir : elle ouvre au grand mouvement de l' univers. Elle appelle l' énergie, jamais la dépression.
Georges Bataille : William Blake. Dans La Littérature et le mal.
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Lun 13 Juin 2011 - 21:32 | |
| Le mouvement naturel de la connaissance me limite à moi-même. Il me fait croire que le monde va finir avec moi. Il me fait croire que le monde va finir avec moi. Je ne puis m'attarder à ce lien. Je m'égare ou me fuis, me néglige et ne puis revenir à mon attachement pour moi-même, sinon par le détour de ma négligence. Je ne vis qu'à la condition de me négliger, je ne tiens à moi qu'à la condition de vivre.
Le petit moi ! Je le retrouve : familier, fidèle, s'ébrouant : c'est bien lui. Mais le vieux chien n'a plus le désir d'être pris au sérieux. A la rigueur, il aime mieux, cela satisfait sa malice, avoir l'apparence un peu folle d'un chien des contes, et même, dans ses mauvais jours, d'un spectre de chien. Georges Bataille, Le Coupable | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 30 Juin 2011 - 18:03 | |
| du Bouddhisme, Lanza del Vasto nous dit cela que je trouve très juste et qui peut s'appliquer aussi à ceux qui ont le livre pour 'religion' : Religion accroupie, arrêt de tout élan vers quelque Objet, quelque Personne ou quelque Image que ce soit, couvée du dense silence intérieur. tiré du Pélerinage aux sources | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mar 12 Juil 2011 - 22:39 | |
| - Citation :
Je pense à l'hiver, à la froidure dans les vignes, à la bise qui couche les fumées sur les toits bruns des fermes. Dès la première neige les sangliers descendent vers les cultures, ils ressemblent aux ancêtres épais et affamés. Ils regardent d'un petit œil plissé, ils creusent dans les vignes où scintille le givre. Ils arrivent des bois noirs, du Jura, des bauges au fond des ravins broussailleux. Les voilà les monstres à crinière dans le soleil blanc, comme des samouraïs qui grognent et soufflent, féodaux rusés et armés sous leur cuirasse, leur crin, leur odeur serrée. Pillards massifs, sortis du froid ! Ils se sont réfugiés sur La Côte, étrange sauvagerie médiévale dans la finesse des vignobles et des collines. La Côte ! lieu clair et rêveur où les lignes des maisons, les arbres, les haies sont plus doux et plus déliés que nulle part ailleurs. C'est peut-être un effet de la lumière et du relief : une lumière ouverte sur un paysage de pentes lentement appuyées sur le Jura, d'abord des vignobles arrondis, bosselés, puis de gradins en gradins interrompus par des vallons, des bosquets, des prairies - ici le raisin mûrit dans le vert de l'herbe et des feuilles - les vignes remontent vers les sapins et les pâturages de la montagne, les grands chalets de la frontière entourés de boue noire où piétinent les vaches quand les fromagers les appellent pour la traite avant la tombée de la nuit. Le lac, les crêtes : une hauteur lentement gagnée (l'idée de l'ascension, ici, le pays ne l'impose pas, il l'insinue). La Côte, c'est le lac et ses hauteurs, des villages de la frontière genevoise à la région de Morges. Encore des vallons, ces collines, ces creux d'ombre, les lits de la Promenthouse, de l'Aubonne, du Boiron, de la Venoge - l'eau sous les saules, les peupliers, les chênes - rivières douces comme le pays, et le soir les renards se faufilent et se lavent souplement le museau dans le courant vert. A La Côte la campagne est restée immense, déserte, la vraie campagne d'herbages, de colzas, d'avoines, d'arbres à corbeaux, et les villages sont bien serrés autour de l'église et de l'auberge communale. Remontez derrière Saint-Prex par la petite route des champs vers Lussy, Villars-sous-Yens, Lavigny, c'est le printemps, la terre des vignes est rose, la nudité des arbres nourrit la lumière blanche et déhà les prés sont verts et les pissenlits ont leur arrogance d'avant Pâques. Où bien c'est l'été, la chaleur fait vibrer l'horizon bossu et quand on se retourne on voit le lac plat, mauve, devant la Savoie bleue et verte dans le flou. - Des hauts de Morges on voit le Mont-Blanc ! Les voitures s'arrêtent, les gens ébaubis sortent des véhicules, se montrent du doigt la merveille, on les aperçoit ensuite qui débouchent les thermos de café au lait et croquent des sandwichs au petit vent sautillant des parchets. Un pays profondément intelligent et réservé. Un pays tout en douceur cultivée. Savant, courtois, mais il ne se met pas en avant, il ne s'affirme pas (c'est comme le paysage qui insinue qu'il monte, qu'il rejoint la chaîne du Jura) il refuse l'éclat et l'ardeur, il dit ce qu'il veut avec mesure , avec humour, et aussi un air un peu rêveur, un peu rieur, qui fait des gens de La Côte des espèces de mandarins, aux yeux plissés d'attention et de science. Salut les Forel et les Muret ! Taoïstes en blouses bleues ! Bonzes vaudois en vestes de drap noir ! Les contemplatifs ont leur manière de régner. Ils vivent immobiles les cavalcades de mille autres. et avec ces mille vies ils regardent le monde qui entre en eux et les nourrit comme un philtre puissant et astucieux. Quel breuvage vaudra cette rosée ? Je veux célébrer l'accueil de La Côte. Il ya là une finesse et une générosité premières. pays particulièrement harmonieux et préservé, La Côte est l'endroit où je sens le mieux que l'esprit vaudois est le produit de cette culture romane, c'est-à-dire à la fois lémanique et paysanne, rhodanienne et terrienne, qui lui assure l'équilibre, la plénitude, et certaine amabilité enjouée et généreuse propres à la plus haute politesse. Tradition de politesse ? Noblesse native, plutôt, si semblable, si accordée à la noblesse paisible du paysage, des demeures, des perspectives profondes et ouvertes ! Qui peut douter de cet accord ? L'accueil abondant à table, l'accueil loquace au café, la franchise du propos et du geste sont inoubliables à Saint-Prex et dans tout ce pays privilégié. Et les caves ! (...) Jacques Chessex, Portrait des vaudois. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 3 Aoû 2011 - 20:22 | |
| Je trouve qu' une existence humaine, meme si elle dure très longtemps, n' a aucun sens, si l' on n' a pas le sentiment de vivre.
Haruki Murakami : Sommeil, nouvelle. In : L' Eléphant s' évapore.
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 4 Aoû 2011 - 16:51 | |
| Je me suis redressé et j' ai regardé autour de moi. ça n' était pas un lit, mais le divan du salon. Le radiateur en fonte était couronné de vapeur. Encadré au dessus de la cheminée, le vieux
colon emperruqué a croisé mon regard -à coté de moi, un buffet à colonnes canelées, une table
ovale à tiroirs, un fauteuil en forme de brouette, un secrétaire à rabats en bois violet plaqué
-la banquette de voiture, matelassée, à ressorts, qui servait de canapé, un fauteuil à dos rond aux accoudoirs réglables-, et un épais tapis français par terre. La lumière argentée miroitait dans les stores, et les madriers peints épousaient les courbures du toit.
ça sentait le gin tonic, le méthanol et les fleurs. J' étais au dernier étage d' un immeuble de style
fédéral, dans Vestry Street après le croisement de Canal Street, à quelques pas de l' Hudson. Dans le meme paté de maisons se trouvait le Bull's Head, une taverne en sous-sol où John Wilkes Booth, le Brutus américain, se rendait jadis pour boire. J' y étais allé un jour, j' avais vu son fantome dans une glace -une ame malade. Paul Clayton -intellectuel, érudit, romantique, avec une culture encyclopédique de la ballade- m' avait présenté à Ray Gooch et Chloé Kiel qui occupaient l' appartement. Clayton était... un folk singer comme lui. Un homme affable, un peu seul et mélancolique, qui après au moins un trentaien d' albums, était toujours inconnu du public américain.
Je me suis accoudé à la fenetre pour regarder les rues blanches et grises, et le fleuve. Le froit était cinglant... mais j' avais ces turbines dans la tete qui nourrisaient le feu.
Bob Dylan : Chroniques I. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 18 Sep 2011 - 20:31 | |
| Le 26 aout 1823 a explosé, dit Akira Kumo à Virgine Latour, la plus puissante bombe naturelle que le monde ait jamais connue depuis plusieurs milliers d' années. Le cataclysme se produit en Indonésie, à Krakatoa, qui est une ile et un volcan...
L' ile volcan explose entièrement sous le choc. La masse de ses roches déchiquetées s' élève dans l' atmospère, y forme le plus gros nuage qu' on ait jamais vu dans toute l' histoire des hommes. En quelques dizaines de secondes une ile a disparu. Projetant dans l' atmosphère une masse complexe de gaz, de poussières et de roches, le Krakatoa vient de commencer sa seconde vie, post mortem ; elle sera fort longue...
Dès l' instant de son explosion le Krakatoa commence à tuer des hommes. Pourtant depuis des semaines les indigènes ont déserté cette ile noyée de fumerolles... Mais le volcan va les rattraper et les tuer. Pendant longtemps il ne va faire que cela, tuer encore et encore, sans intention maligne et sans autre cause que le déchainement des énergies qui trop longtemps ont couvé en lui... En deux heures, il ne reste que quelques survivivants au milieu des poissons qui remontent à la surface, tandis que les carcasses des navires descendent vers la nuit des fonds...
¨Plusieurs années passent... Le temps est venu pour le volcan de s' effacer du ciel. Alors, comme s' il se souvenait, au moment de mourir de son glorieux passé terrestre, le défunt Krakatoa se disperse à une vitesse croissante dans toutes les couches de l' atmosphère, provoquant des diffractions inédites de la lumière du soleil, inventant des aurores flamboyantes, des magnifiques couchers de soleil, qui semblent un océan de métal liquide, piqué de vert émeraude et de nuances d' ocre subtiles, des couchers de soelil comme de mémoire d' homme on n' en a jamais vue, et le ciel se pare de bleus ultramarines
Stéphane Audéguy : La Théorie des nuages, pp 93-94.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 25 Sep 2011 - 22:24 | |
| « Eh, mon faucon, ne te désole pas […]. Ne te désole pas, ami cher : on souffre une heure et on vit un siècle ! C’est comme ça, mon ami. » La guerre et la paix, Tolstoï | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mar 27 Sep 2011 - 17:06 | |
| La Seine ? J' ai pris l' habitude de la sentir couler près de moi, toute verte. Nous sommes comme mari et femme, nous couchons ensemble. C' est elle - sa fraicheur, sa douceur - que je regretterai le plus. Je viens de la traverser encore ces jours-çi, au pont de l' Alma, sous un grand soleil. Il tombait des arbres sur l' eau une sorte d' ouate, légère comme une neige d' été. J' ai pensé qu' elle continuera à couler là après moi, sans moi, que tout mon sang aussi sera hors de mes veines ; j' en ai eu un peu de chagrin que, tout en marchant, j' ai fourré dans ma poche avec les autres...
Henri Calet : Le Tout sur le tout, p. 14
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| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mar 27 Sep 2011 - 17:21 | |
| Mais j’avais revu tantôt l’une, tantôt l’autre, des chambres que j’avais habitées dans ma vie, et je finissais par me les rappeler toutes dans les longues rêveries qui suivaient mon réveil ; chambres d’hiver où quand on est couché, on se blottit la tête dans un nid qu’on se tresse avec les choses les plus disparates : un coin de l’oreiller, le haut des couvertures, un bout de châle, le bord du lit, et un numéro des Débats roses, qu’on finit par cimenter ensemble selon la technique des oiseaux en s’y appuyant indéfiniment ; où, par un temps glacial, le plaisir qu’on goûte est de se sentir séparé du dehors (comme l’hirondelle de mer qui a son nid au fond d’un souterrain dans la chaleur de la terre), et où, le feu étant entretenu toute la nuit dans la cheminée, on dort dans un grand manteau d’air chaud et fumeux, traversé des lueurs des tisons qui se rallument, sorte d’impalpable alcôve, de chaude caverne creusée au sein de la chambre même, zone ardente et mobile en ses contours thermiques, aérée de souffles qui nous rafraîchissent la figure et viennent des angles, des parties voisines de la fenêtre ou éloignées du foyer et qui se sont refroidies ; – chambres d’été où l’on aime être uni à la nuit tiède, où le clair de lune appuyé aux volets entr’ouverts, jette jusqu’au pied du lit son échelle enchantée, où on dort presque en plein air, comme la mésange balancée par la brise à la pointe d’un rayon – ; parfois la chambre Louis XVI, si gaie que même le premier soir je n’y avais pas été trop malheureux, et où les colonnettes qui soutenaient légèrement le plafond s’écartaient avec tant de grâce pour montrer et réserver la place du lit ; parfois au contraire celle, petite et si élevée de plafond, creusée en forme de pyramide dans la hauteur de deux étages et partiellement revêtue d’acajou, où, dès la première seconde, j’avais été intoxiqué moralement par l’odeur inconnue du vétiver, convaincu de l’hostilité des rideaux violets et de l’insolente indifférence de la pendule qui jacassait tout haut comme si je n’eusse pas été là ; – où une étrange et impitoyable glace à pieds quadrangulaires barrant obliquement un des angles de la pièce se creusait à vif dans la douce plénitude de mon champ visuel accoutumé un emplacement qui n’y était pas prévu ; – où ma pensée, s’efforçant pendant des heures de se disloquer, de s’étirer en hauteur pour prendre exactement la forme de la chambre et arriver à remplir jusqu’en haut son gigantesque entonnoir, avait souffert bien de dures nuits, tandis que j’étais étendu dans mon lit, les yeux levés, l’oreille anxieuse, la narine rétive, le coeur battant ; jusqu’à ce que l’habitude eût changé la couleur des rideaux, fait taire la pendule, enseigné la pitié à la glace oblique et cruelle, dissimulé, sinon chassé complètement, l’odeur du vétiver et notablement diminué la hauteur apparente du plafond. Marcel Proust - Du côté de chez Swann. L'hirondelle de mer est une océanite, petit oiseau d'apparence frêle, mais vivant la plupart du temps en mer au coeur des tempêtes et qui abrite son nid au fond d'un terrier. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 2 Oct 2011 - 22:27 | |
| Un passage merveilleux de La guerre et la paix...
« En captivité, dans le baraquement, Pierre avait découvert […] que l’homme est créé pour le bonheur, que le bonheur est en lui, qu’il consiste dans la satisfaction des besoins naturels de l’homme, et que tout le malheur vient non de l’insuffisance mais de l’excès ; mais à présent, au cours de ces trois semaines de marche, il avait encore appris une nouvelle et consolante vérité : il avait appris qu’il n’y a au monde rien d’effrayant. Il avait appris que, tout comme il n’existe pas au monde de situation dans laquelle l’homme soit heureux et entièrement libre, il n’existe pas non plus de situation dans laquelle il soit totalement malheureux et privé de liberté. Il avait appris qu’il existe une limite aux souffrances et une limite à la liberté et que cette limite est très proche ; que l’homme qui souffrait parce que dans son lit de roses un pétale s’était replié, souffrait comme lui-même souffrait à présent quand il s’endormait sur la terre nue et humide en se réchauffant d’un côté et en se refroidissant de l’autre […] » | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 9 Oct 2011 - 21:21 | |
| « Ce n’était pas le soleil qui se réfléchissait dans une flaque, mais le contraire. » Viktor Pelevine, Homo Zapiens
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| Sujet: Re: Au fil de nos lectures | |
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