Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Parfum de livres… parfum d’ailleurs

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ArenSor
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptySam 8 Aoû 2015 - 18:31

Or tout comme ceux qui ont lu beaucoup de livres sont très curieux de lire les nouveaux fussent-ils mauvais, il arrive qu'un homme qui a aimé beaucoup de femmes toutes belles, parvient enfin à être curieux des laides lorsqu'il les trouve neuves. Il voit une femme fardée : le fard lui saute aux yeux ; mais cela ne le rebute pas. Sa passion devenue vice lui suggère un argument tout en faveur du faux frontispice. Il se peut, se dit-il, que le livre ne soit pas si mauvais ; et il se peut qu'il n'ait pas besoin de ce ridicule artifice. Il tente de le parcourir, il veut le feuilleter ; mais point du tout ; le livre vivant s'oppose ; il veut être lu en règle ; et l'egnomane [passionné par le savoir] devient victime de la coquetterie, qui est le monstre persécuteur de tous ceux qui font le métier d'aimer.
Casanova "Histoire de ma vie" t. I, ch. VII
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyLun 10 Aoû 2015 - 22:55

Ah, ah, j'oserais presque dire que je le comprends.
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyJeu 24 Sep 2015 - 20:21

Et mes idées, excitées par l'heure et par leur propre mouvement, se poussaient d'un flot continu et s'étendaient à milles objets. Car rien n'est délicieux dans la jeunesse comme ce torrent de voeux et de regrets aux heures les plus oisives, dans lesquelles on introduit de la sorte un simulacre d'action qui en double et en justifie la jouissance.

Sainte-Beuve, Volupté.
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyJeu 24 Sep 2015 - 23:49

Voilà qui me rappelle un passage du Journal d'Henry David Thoreau:

L’entrain de la jeunesse est inexplicable. –Vous pouvez jeter des bâtons ou de la boue dans le courant, cela ne fera qu’en élever le niveau. Vous pouvez l’endiguer, mais pas l’assécher, car vous ne pouvez atteindre sa source. Si vous stoppez tel ou tel cours, il ne tardera pas à glouglouter à nouveau là où vous l’attendez le moins, et à emporter tous ses barrages. La jeunesse s’accroche au bonheur comme à un droit inaliénable.
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MessageSujet: mariage à l'italienne   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyJeu 1 Oct 2015 - 16:18

Extraits de la saga italienne « une douleur parfaite » d’Ugo Riccarelli :

« Tandis que Rosa, en couches, hurlait de douleur, Ulysse rêvait encore, à la table de l’auberge Etrusque, caressé par la main chaude des nombreux verres de vin avec lesquels il avait fêté la vente de deux cochons…
[…]
Et puis, bien que la vente ait été un succès, les trois premiers verres n’avaient pas apaisé sa contrariété née des retards constants de son épouse, que ce fût pour préparer le dîner ou pour enfanter.
Quand la soupe était prête, Rosa omettait d’apporter le vin ou le pain à table, et quand son mari avait besoin d ‘une chemise propre pour le marché, elle l’avait, certes, louée et repassée, mais elle oubliait le gilet sur lequel Ulysse exhibait la chaîne argentée de la montre dont il ne se séparait jamais. De même, Rosa continuait d’arpenter la maison bien après le terme prévu, son ventre pareil à une énorme pastèque. »
[…]
En réalité, le mot amour ne pouvait s’appliquer qu’à la seule Rosa, dont l’estomac s’était serré et le cœur avait battu la chamade dès la première fois où Ulysse l’avait dévisagée, assis sur une chaise du café de la Gare, pendant la promenade dominicale. Pour l’homme, il s’agissait surtout d’une affaire, d’une transaction, qu’il avait menée à terme ainsi qu’il était habitué à le faire dans son métier de marchand de cochons.
Et puis, inutile de le nier, il avait envie d’une compagne, d’un être qui comblerait à la maison ce creux à l’estomac qu’il ressentait à son retour, après une longue journée de travail.
[Finalement, ils ne sont pas si différents que ça : elle avec son estomac serré et lui avec son creux à l’estomac…]
Rosa lui parut appropriée : si elle n’était pas belle, son visage joufflu et rose, ses chevilles solides, ses hanches rondes dégageaient une impression de résistance et de tranquillité, tout en assurant une certaine facilité dans l’accouchement. Les renseignements discrètement rassemblés sur son compte confirmèrent qu’elle appartenait à une famille sérieuse et laborieuse.
[…]
Ulysse avait ôté son chapeau, mais malgré ce geste de révérence, il n’avait pas perdu l’aspect austère et assuré qui plaisait à Rosa.
[…]
Le lendemain, un dimanche, Ulysse vint chercher sa fiancée pour l’emmener se promener et lui offrir le luxe d’une glace, avant de gagner en voiture la plaine du moulin et boire un verre de rossolis chez sa tante Sparte(…)
[…]
La porte de la maison se referma sur l’écho de ces mots, abandonnant Rosa à sa tristesse et à un mari brusquement silencieux. Etant un homme fait, il savait tout ce qui peut arriver entre un garçon et une fille, l’ayant pratiqué contre paiement. Cependant, peut-être étourdi par le silence qui s’était abattu sur la demeure après l’ouragan de la fête, il sentit la tristesse de son épouse, tel un chien qui flaire à deux pas une odeur forte et familière. Il la perçut et l’acte par lequel il aurait dû inaugurer cette union lui parut une violence, comme si, en l’effectuant, il eût fouillé les affaires d’un absent.
En bon commerçant, Ulysse avait toujours aimé négocier, atteindre peu à peu son but par un jeu de paroles savant qui consistait à prendre et à céder jusqu’à la poignée de main finale. La tristesse qui planait dans l’air, l’heure tardive, le vin et les libations compliquaient ce parcours à l’excès. Il n’appréciait pas la hâte, et voilà que le temps se déversait sur ses épaules tel un poids insupportable. Accablé par une lassitude infinie, il adressa à la femme qu’il avait choisie pour fonder une famille les mots qui marquèrent à jamais leur intimité : « le sommeil est ce qu’il y a de plus important dans la vie ».
Le mariage fut toutefois consommé le matin suivant.
[…]
Rosa, en effet, était effrayée par ces avances dont on parlait tant à la fosse, sans toutefois les décrire avec précision. Elle avait une idée vague des manœuvres auxquelles son mari se préparait, et ses doutes étaient amplifiés par le discours générique que, la veille du mariage, sa sœur lui avait tenu à demi-mot… Rosa ne retint qu’une seule chose : il incomberait à l’homme de fouiller dans son intimité avec l’engin que le Seigneur avait placé entre ses jambes et dont elle avait une notion un peu effrayante, rapportée aux mulets et aux chevaux pendant la monte.
Et puis, elle était préoccupée par les manières étranges d’Ulysse : il se montrait soudain tendre et gentil, presque mielleux, se prodiguant en propos rassurants et en caresses insolites qui lui évoquaient celles dont, enfant, elle avait vu Monsieur Cesco, son père, gratifier leur cochon avant de le conduire à l’abattoir…
[…]
Dans la pénombre de la chambre, Rosa chercha en elle le sens du devoir qui la persuaderait de s’unir à son mari et recula en se rappelant le couteau du boucher, ainsi que les hurlements déchirants qui avaient succédé aux caresses. Mais bientôt la gentillesse d’Ulysse faiblit et, entraîné par la nature qui grandissait inexorablement, l’homme se jeta sur sa chair(…)
Puis la locomotive émit une sorte de sifflement, poussa un grondement qui évoquait une annonce, une gare, un bruit de freins. Et ce fut terminé. L’opération avait duré quelques minutes, mais quand son mari s’écarta en lui répétant encore de ne pas s’inquiéter, que tout s’était bien passé, qu’elle éprouverait ensuite le plaisir qui pousse les gens à le faire et le refaire, à tromper, à tomber malades, et même à se tuer pour ça, Rosa eut l’impression d’avoir effectué une chevauchée éternelle, inconfortable et douloureuse, un long voyage dans le noir dont elle avait enfin surgi. »
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyMer 7 Oct 2015 - 13:55

Citation :
- Tu peux ranger ça, dit Linder à Sedif.
Le pistolet mitrailleur disparut et Sedif se fouilla pour tendre une épingle à nourrice à Linder, qui rassembla adroitement les deux morceaux de sa chemise. L'épingle à nourrice est au célibataire ce que l'aiguille et le fil sont à la ménagère.
dans Meurtre au sommet de José Giovanni.

C'est un brin caricatural non ? ... et ça me fait penser que j'ai un bouton à recoudre depuis "un certain temps".
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyVen 23 Oct 2015 - 8:58

Il a très bien décrit la frivole Marie-Antoinette, mais quelle description fine de Louis XVI! On ne veut pas lui ressembler. Stefan Zweig.

Citation :
Mais Louis XVI n’est nullement niais ou borné ; seulement, de même qu’il est entravé physiquement par sa myopie, il l’est moralement par sa timidité (dont la cause profonde est très probablement son incapacité sexuelle). Tenir une conversation est pour lui un effort moral car, sachant combien il pense lentement et difficilement, il a une peur indicible des gens d’esprit, à la parole facile ; cet homme sincère, en se comparant à eux, mesure avec confusion sa propre gaucherie. Mais si on lui laisse le temps de coordonner ses pensées, si l’on n’exige pas de lui des réponses et des décisions trop rapides, il surprend ses partenaires, même quand ils son aussi sceptiques que Joseph II ou Pétion, par son jugement qui, sans jamais être exceptionnel, n’en est pas moins droit, sain et honnête ; une fois qu’il a réussi à surmonter sa timidité nerveuse, il devient tout à fait normal. Mais en général il lit et écrit plus volontiers qu’il ne parle, car les livres sont discrets et ne le pressent pas ; Louis XVI (on ne le croirait pas) lit beaucoup et avec plaisir, il connaît bien l’Histoire et la géographie, et, aidé par une excellente mémoire, il ne cesse d’étendre ses notions de latin et d’anglais. Ses papiers et carnets sont impeccablement tenus ; tous les soirs il note de son écriture ronde, nette, propre, presque calligraphique, les pitoyables banalités de sa vie, telle celle-ci : « Chasse du cerf… Pris un… J’ai eu une indigestion… », dans un journal intime qui bouleverse vraiment le lecteur par l’omission candide de tous les faits historiques importants.
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyVen 23 Oct 2015 - 17:25

Un vrai Monsieur Jourdain ce Louis XVI rire
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyVen 23 Oct 2015 - 20:27

Une citation pour notre colimasson, et autres amateurs.

Baudelaire a écrit:
Un vieil auteur inconnu a dit : Rien n'égale la joie de l'homme qui boit, si ce n'est la joie du vin d'être bu.

Du vin et du hachish.

Santé tchintchin
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptySam 24 Oct 2015 - 15:55



ArturoBandini a écrit:
Un vrai Monsieur Jourdain ce Louis XVI rire

content Du Bourgeois gentilhomme? Oui mais il n'avait aucune ambition ou envie de changer. Il voulait qu'on le laisse aller à la chasse, dormir et faire ses serrures!

D'ailleurs Zweig continue comme ça....

Le véritable malheur de Louis XVI est d'avoir comme du plomb dans le sang,

affraid


Dernière édition par pia le Sam 24 Oct 2015 - 20:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptySam 24 Oct 2015 - 16:40

Ouep Le bourgeois gentilhomme qui faisait de la prose sans le savoir.

Au moins le bon Louis était lucide alors.
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptySam 24 Oct 2015 - 16:54

Oui il n'était pas mauvais. D'ailleurs, il lisait beaucoup au contraire de Marie-Antoinette. Et d'autres ont des avis moins intransigeants le concernant.
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyDim 25 Oct 2015 - 23:19

Pia, ce passage sur Louis XVI est extrait de quel livre de Zweig ?

ArturoBandini a écrit:
Une citation pour notre colimasson, et autres amateurs.

Baudelaire a écrit:
Un vieil auteur inconnu a dit : Rien n'égale la joie de l'homme qui boit, si ce n'est la joie du vin d'être bu.

Du vin et du hachish.

Santé tchintchin

mdr2 c'est gentil de penser à moi à ce moment-là ! J'essaierai de penser à la joie du vin la prochaine fois que je le boirais... ça m'encouragera à reprendre un verre de plus, sans doute.
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyLun 26 Oct 2015 - 21:08

Flaubert - La tentation de saint-Antoine a écrit:

Si tu posais ton doigt sur mon épaule, ce serait comme une traînée de feu dans tes veines. La possession de la moindre place de mon corps t’emplira d’une joie plus véhémente que la conquête d’un empire. Avance tes lèvres ! Mes baisers ont le goût d’un fruit qui se fondrait dans ton coeur ! Ah ! Comme tu vas te perdre sous mes cheveux, humer ma poitrine, t’ébahir de mes membres, et brûlé par mes prunelles, entre mes bras, dans un tourbillon...

Antoine fait un signe de croix.
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   Au fil de nos lectures - Page 39 EmptyMar 27 Oct 2015 - 8:00

colimasson a écrit:
Pia, ce passage sur Louis XVI est extrait de quel livre de Zweig ?


oui.
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