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| Au fil de nos lectures | |
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Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 7 Mar 2010 - 15:34 | |
| - Faire entrendre la pluie, c'est possible en peinture? - Essaie... [...] C'est plus que bien.. c'est ce que tu espérais? - Non [...] Tu fais voir la pluie, tu voulais la faire entendre: "Par terre et sur les toits" - Comment? On peint pour les yeux - Un tableau, il faut ausi qu'on l'entende...
Déluge de Henry Bauchau | |
| | | Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
| Sujet: Dans le café de la jeunesse perdue de Patrick Modiano Mer 10 Mar 2010 - 22:33 | |
| Pour moi, l'automne n'a jamais été une saison triste. Les feuilles mortes et les jours de plus en plus courts ne m'ont jamais évoqué la fin de quelque chose mais plutôt une attente de l'avenir. Il y a de l'électricité dans l'air, à Paris, les soirs d'octobre à l'heure où la nuit tombe. Même quand il pleut. Je n'ai pas le cafard à cette heure-là, ni le sentiment de la fuite du temps. J'ai l'impression que tout est possible. L'année commence au mois d'octobre. C'est la rentrée des classes et je crois que c'est la saison des projets.
" Dans le café de la jeunesse perdue " de Patrick Modiano | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 17 Mar 2010 - 22:12 | |
| Car entretemps, un pâle quotidien s'était déposé sur ces impressions et les avait estompées, comme un vent faible mais continu estompe des traces dans le sable; dans son âme ne résonnait plus que la monotonie de cette vie, faible bourdonnement qui tantôt s'enflait, tantôt retombait. Elle ne connaissait plus ni joies fortes, ni forte peine, rien qui tranchât durablement sur le reste, et sa vie peu à peu, lui était devenue impénétrable. Les jours passaient tous semblables, tous semblables arrivaient les ans, elle sentait bien que chacun ôtait et ajoutait un petit quelque chose et qu'elle en était lentement changée, mais aucun ne ressortait avec une netteté particulière; elle-même se percevait de façon vague et instable et, en se palpant de l'intérieur, ne trouvait qu'une succession de formes floues et voilées, aussi incompréhensibles que ce qu'on sent bouger sous une couverture sans deviner de quoi il s'agit. Il lui semblait vivre sous un tissu mou ou sous une cloche d'écaille polie, de plus en plus opaque. Les objets reculaient toujours plus, perdaient leur visage, et elle aussi. Restait un immense espace vide, dans lequel vivait son corps. Il regardait les objets alentour, souriait, vivait, mais rien ne faisait sens, et souvent ce monde était traversé par un épais dégoût qui barbouillait tout sentiment d'un masque goudronneux.
Petit extrait de La maison enchantée de Robert Musil | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 8 Avr 2010 - 19:07 | |
| Moi aussi de temps en temps je voudrais bien pousser ma gueulée contre quelques un. Je le fais jamais, je suis un gentil petit toutou bien poli, des fois il faudrait montrer ses crocs. Voici un extrait d'un coup de gueule bien mérité tiré d'un San-Antonio qui s'intitule Valsez poufiasses. C'est le commissaire qui s'adresse à un de ses collègues. Attention texte assez cru qui pourrait choquer, les âmes sensibles ne pas lire. - Spoiler:
Un qui mouille dans son abominable slip, c’est mon collègue. Tu le verrais savourer, tu foutrais le feu à son sourire avec un chalumeau oxhydrique. — Alors ? goguenarde-t-il. Je m’approchede lui, nonobstant son haleine putride, le prend à l’épaule et murmure à son oreille mielleuse (et emmiellée) : — Ça fait des années que je voulais te le dire, Valentin. Je remettais toujours, peut-être par timidité, peut-être par charité, mais aujourd’hui je vais me risquer : t’es beau comme un rat malade, mon gros. Ta gueule ressemble à ton foie. Tu fouettes du couloir pire qu’un scatophage. T’as une âme comme un trou du cul jamais torché. J’espère que l’alcool t’empêche de bander parce que ce serait trop terrible que tu puisses éjaculer à l’intérieur d’une dame. Quatre-vingts pour cent des malfrats que tu as arrêtés étaient plus honnêtes que toi ! Quand tu parles, on dirait que tu rotes, et quand tu rotes, que tu chies. Le jour où tu prendras ta retraite, la police aura l’air d’avoir été repeinte. Voilà Je n’ajoute pas que je t’emmerde car, avec ton sens inné de la déduction, tu l’avais déjà compris. Je reprends mon bras. — Tu me cherches ! grince-t-il, presque blanc sous sa crépine de porc. — Surtout pas : au contraire, je te fuis ! Tchao !
Voilà ça c'est envoyé. | |
| | | bambi_slaughter Espoir postal
Messages : 31 Inscription le : 03/06/2009 Age : 35 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 14 Avr 2010 - 17:09 | |
| Intéressant ce topic - Citation :
- Pour toute réponse, il a redressé l'annulaire de ma main gauche.
J'ai ouvert les yeux. J'avais la sensation que mon doigt se détachait lentement du reste de mon corps. Ce doigt qui aurait dû m'être familier me semblait difforme dans le soleil matinal éclairant la réception. Il l'a glissé dans sa bouche. Il a fallu quelques secondes pour que le bout de mon doigt sente la douceur de ses lèvres. Je l'ai laissé faire. Quand il a retiré ses lèvres, mon annulaire était mouillé. Le bout manquait, comme si c'était lui qui l'avait croqué." Yoko Ogawa - L'annulaire - Citation :
- "- Il s'exhibait ? Je veux
dire, est ce qu'il ... montrait ses parties ? - Son John Thomas, vous voulez dire ? Je lui ai répondu :"Vous savez, il faudrait que vous vous rapprochiez, mon garçon, parce que j'ai la vue qui baisse". Falls se mordit les lèvres. "Et qu'est ce qui s'est passé ?" - Il s'est approché de moi et je lui ai planté mon Bic dans son engin. Et là, il s'est mis à hurler et la police est arrivée ..." [...] "Je ne voudrais pas abuser de votre gentilesse, mais est ce que je pourrais récupérer mon Bic ?" " Ken Bruen - Le mutant apprivoisé - Citation :
- "Tu est en vie, Bod. Cela veut dire que tu disposes d'un potentiel
infini. Tu peux tout faire, tout fabriquer, tout rêver. Si tu changes le monde, le monde changera. Le potentiel. Une fois que tu es mort, c'est terminé. Fini. Tu as fait ce que tu as fait, rêvé ton rêve, écrit ton nom. Tu peux être enterré ici, tu peux même te déplacer. Mais ce potentiel n'existe plus." L'étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman. Voilà pour mes lectures récentes. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 5 Mai 2010 - 11:59 | |
| - Citation :
- Vous savez, je l’ai compris depuis peu : écrire ne sert à rien. Je veux dire, ne protège pas contre le désespoir ou la dépression. Je l’ai cru, lorsque j’avais dix-huit ou vingt ans. Plus maintenant. Non, écrire ne guérit de rien… On recoud la plaie au fil des mots. On enfouit le mal sous l’écorce du langage. La plaie se referme, ligneuse. En dessous, ça s’enkyste. Ou ça suppure.
- Citation :
- Une fois de plus, je constate combien l'écrit ravage les proches. Tente de les détruire, faute de n'avoir pu l'accomplir "pour de vrai" ? Déjà, avec "La Cloche de détresse", je l'avais si violemment éprouvé. J'admire les textes de ma fille, et ils m'insupportent, me déchirent.
Les femmes du braconnier de Claude Pujade-Renaud |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 5 Mai 2010 - 12:02 | |
| - Citation :
- Un sociologue haïtien t’avait prévenu de manière imagée : « Au fil des siècles, cette île a si souvent servi de fosse commune que son sol en est resté spongieux. Marchez-y prudemment, sous peine de faire jaillir du sang sous vos semelles ! »
- Citation :
- Vers cinq heures du matin, à Port-au-Prince, les coqs succèdent aux chiens. Tu le sais parce que cela fait quatre jours qu’à l’aube, lorsque le ciel est encore couleur d’ardoise avec des échancrures jaunes, tu contemples la ville qui s’éveille du balcon de ta chambre, à l’hôtel Montana.
Avant cinq heures, les chiens règnent en maîtres. Leurs abois pathétiques ne s’interrompent jamais, comme si ces animaux étaient requis pour tenir la ville en éveil. Comme si, au plus profond de la nuit, ce conglomérat urbain dont presque aucune lumière ne troue l’obscurité et qui, tapie dans ses ténèbres, émet peu de bruits devait rester sur le qui-vive, prêt à toute éventualité : incendie, secousse sismique, massacre, avalanche de boue, coup d’Etat…, bref tout ce à quoi, depuis sa fondation, il a dû s’habituer. Mais, vers cinq heures, le premier cri rauque d’un cop déchire irrévocablement la nuit. Il réveille tous les autres coqs, qui se mettent à chanter à tue-tête avec arrogance, hissés sur leurs ergots, la crête durcie, cependant que le jaune vire à l’orange. C’est le point du jour et les chiens se taisent, résignés, supplantés par ces clairons à deux pattes. - Citation :
- [A propos des bidonvilles]
La caractéristique de beaucoup de ceux de Port-au-Prince est qu’ils sont verticaux, collés à la colline, étançonnés par des pièces de bois, des béquilles de fer, du ciment de récupération, toutes sortes de glus et de crampons destinés à empêcher qu’ils dégringolent dans le golfe. Ces bricolages ne suffisent pas toujours. Quand il pleut trop fort, le terrain bouge, s’ébranle, croule en avalanches qui se disent ici lavalas. Alors Port-au-Prince s’affaisse comme un château de boue et dégringole sans plus obstacles vers la mer. […] Des fissures éventrent les routes et des éboulements jettent bas des amas de loques et de matières en décomposition. Les survivants sortent de terre, de ces excavations, tranchées, crevasses et failles dans lesquelles ils grouillent habituellement. Ils crient, courent en tous sens avec des serpillières et des raclettes, lèvent les bras au ciel. Certains pleurent. D’autres insultent le Ciel à défaut de pouvoir s’en prendre à des responsables toujours évanescents. L'assassinat d'Yvon Toussaint par Yvon Toussaint |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 5 Mai 2010 - 12:19 | |
| - Citation :
- Combien de temps cela va-t-il durer ?
Je vais regarder l'heure ... ça ne se fait sans doute pas dans un concert aussi sérieux. Bah ! qui est-ce qui me verra ? Ceux qui sont distraits comme moi ? Et avec eux, je n'ai pas besoin de me gêner ... Dix heures moins le quart seulement ? ... j'ai l'impression d'être ici depuis trois heures. Manque d'habitude ... Qu'est-ce qu'on joue ? Je vais consulter le programme ... Ah ! C'est vrai : un oratorio ? Je croyais que c'était une messe. Ces chorales-là sont déplacées en dehors de l'église. L'église a un avantage : on peut filer quand on veut. Incipit de "Le lieutenant Gustel", d'Arthur Schnitzler | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 5 Mai 2010 - 13:13 | |
| Ohlala faudra que je m'applique mais j'ai effectivement bien envie de mieux le faire connaitre ce roman là |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 6 Mai 2010 - 7:10 | |
| c'est un sujet qui a des adeptes ! Car ce qui fait le tourment des rêves, leur pouvoir de révélation et d'enchantement, c'est qu'ils nous transportent en nous hors de nous, là où ce qui nous est intérieur semble s'étendre en une pure surface sous le faux jour d'un dehors éternel.M. Blanchot dans Le livre à venir. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Ven 14 Mai 2010 - 18:11 | |
| Pourquoi étaient ils assis dans son lit ? Jamais encore elle n' avait posé la question aussi abruptement. Tous les soirs, dans leur chambre, ils attendaient. La lumière éteinte, ils ouvraient grandes les fenetres. Dehors le vent sifflait. Ils avaient beau entendre craquer les feuilles mortes - c' était le mois d' octobre - et les rameaux secs qui tombaient sur le toit, ils les ignoraient, ils avaient leur bruit à eux, le bruit silencieux d' un bourg de montagne, qu' ils traquaient comme des chiens de chasse, à travers l' impénétrable foret sauvage de leur enfance, flairant chaque son et guettant l' odeur de leurs souvenirs, et quand ils avient trouvé ces souvenirs, ils les rongeaient comme des os, à moitié, puis les dissimulaient dans leurs buissons pour pouvoir y revenir en cachette aux heures creuses de la nuit et finir de les déguster en toute tranquillité. Jamais ils n' en laisseraient le moindre relief.
Le Toit de tole rouge : Nirmal VERMA , P. 2O
Dernière édition par bix229 le Sam 15 Mai 2010 - 15:56, édité 1 fois | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Sam 15 Mai 2010 - 15:56 | |
| Lama ne voyait jamais de fantomes ni de revenants, mais des animaux partout, ou bien des personnes familières déguisées en animal. Nous avons tous un animal en nous, au début on ne s' en rend pas compte, mais tot ou tard on finit pas s' en apercevoir, disait-elle, et à partir de ce moment, tout ce qu' on mange, tout ce qu' on boit, tout ce qu' on fait, on ne le fait plus pour nous-meme, mais pour cet animal. Mais ça on ne le dit jamais à personne. On a trop honte. Mais Lama, elle, n' avait jamais honte, jamais peur de personne. Nirmal VERMA : Le Toit de tole rouge, p. 21 | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 27 Mai 2010 - 20:32 | |
| Samedi 25 juillet 1942 En moi un immense silence, qui ne cesse de croitre. Tout autour, un flux de paroles qui vous épuisent parce qu' elles n' expriment rien. Il faut etre toujours plus économe de paroles insignifiantes pour trouver les quelques mots dont on a besoin.
Etty Hillesum - Une vie bouleversée, Journal, 1941-43, p. 192 | |
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