Romain Gary

shanidar a écrit:

(prends quand même de quoi éponger, on ne sait jamais)

J'aime beaucoup la voix, clairement.

Gary, c'est un auteur que j'ai découvert grâce à mon ex qui dont le roman préféré était La vie devant soi (et elle lit énormément, donc il y avait de la concurrence.) Et clairement, quand je l'ai lu, j'ai compris pourquoi. Je n'irais pas jusqu'à dire que ce texte est mon favori à moi aussi, mais il y a un travail sur la langue juste monstrueux, il arrive à utiliser toutes les possibilités pour raconter une partie de l'histoire par les expressions, les fautes de français, les cassures de rythmes. Et aussi, l'histoire m'a émue, peut-être justement parce que Momo ne s'attarde pas sur ce qui est triste et dur, pas le temps. Bref, j'ai beaucoup aimé.

Ce que je relève de la vidéo, c'est que Gary m'a l'air assez conscient de ses défauts. Avant de lire ce fil, j'avais aussi entendu dire que le gars était un sacré arrogant. Et quand il parle de son amour propre, de sa fierté, pour moi voilà un homme qui voit clairement l'écueil, mais qui sait aussi que l'écriture le fait ressortir chez lui. Du coup, respect, ce n'est pas si facile que ça.

Fini Education Européenne, premier roman de Romain Gary ; comme promis, je viens commenter ici.

Déjà, j'ai vraiment aimé le roman. J'en suis presque jaloux d'ailleurs, vu à quel point Gary est déjà brillant avec son premier texte. Il parle de la résistance dans le froid de la forêt polonaise, une résistance dont il fait partie, mais pas du tout dans ces pays et ce contexte (il était aviateur pour les forces françaises libres). Et ce qui rend le roman si fascinant et si impressionnant, c'est que bien que le contexte soit totalement fantasmé par Gary, il est tout en nuance et en subtilités. Tout les allemands ne sont pas bons, tous les polonais et les résistants ne sont pas parfaits. Et Gary pointe mèle le pathétique des morts et des exécutions à l'ennui doucereux de l'hiver dans la forêt, en passant par la poésie de l'amour fou pour la musique et les rires à quelques moments. Il y a aussi des morceaux de texte dans le texte, avec les fables et les histoires de l'étudiant Dobranski, où se mêlent les espoirs et les désespoirs des "partisans".

Un autre point qui m'a frappé, moi qui n'avait lu que La vie devant soi avant, c'est à quel point il aime prendre comme personnage central de jeunes enfants, assez intelligents pour comprendre ce qui se passe mais pas assez cultivés et éduqués pour l'analyser comme la société nous le fait comprendre. D'où ces fulgurances qui m'avait fait tant aimer Momo et qui ici me font aussi apprécier Janek, le jeune personnage principal si l'on peut dire.
Comme par exemple :

Citation :

Il semblait être trop jeune pour tout, excepté pour la faim, pour le froid et pour les balles.

Donc voilà, je vais lire quelques autres romans sur ma LAL, mais je compte clairement continuer l'oeuvre de Gary. Le suivant : Les racines du ciel.

Une autre citation pour conclure :

Citation :

Le patriotisme, c'est l'amour des siens. Le nationalisme, c'est la haine des autres.

bonne continuation Hardkey !