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| [Comic] Alan Moore | |
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Auteur | Message |
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eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Jeu 22 Mar 2012 - 20:42 | |
| - sentinelle a écrit:
- C'était déjà le cas avec Watchmen : lorsqu'on ouvre l'album pour la première fois, on reçoit un choc en se disant que ça ne le fera jamais. Puis on s'embarque tellement dans l'histoire qu'on finit par complètement passer outre les couleurs criardes, on ne les voit même plus je dirais. Faut peut-être juste se plonger une bonne fois dedans pour voir ou plutôt ne plus voir les détails qui tuent au premier coup d'oeil ?
C'est quand même étrange qu'ils prennent à chaque fois des dessinateurs vraiment pas bon, ou bien que ce soit mis dans le cahier des charges qu'ils doivent faire un truc criard... Le dessin devrait apporter quelque chose au texte et pourtant, ici, le mieux qu'il est possible de faire, c'est de tenter d'oublier les couleurs... Mais ça vise peut-être un public précis, qui aime ça ? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Jeu 22 Mar 2012 - 21:14 | |
| Je crois surtout que nous - européens - avons d'autres références. Lorsque je regarde ma biblio, j'y trouve surtout des BD franco-belges. Les couleurs criardes sont un genre à elles seules : elles font références aux anciens comics et à... l'Amérique, tout simplement. Nos prunelles n'y sont pas habituées, ceux des américains nettement plus. Puis je soupçonne Alan Moore d'aimer ce contraste : couleurs vives fortement connotées culturellement pour nous européens pas habitués du tout pour un récit très sombre et inquiétant. Tout y est excessif et contrasté, y compris les couleurs qui éclatent bien la rétine comme un coup de poing. Donc je ne pense pas que ce soit voulu que ce soit moche, c'est nous qui le percevons comme tel. Mais on s'y habitue très vite aussi finalement, en tout cas j'y suis arrivée et Coli aussi visiblement, nous ne devons pas être des exceptions tout de même |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Jeu 22 Mar 2012 - 21:48 | |
| Les couleurs ne m'ont absolument pas rebutée... Ca me rappelle beaucoup les anciens comics en effet. Quand j'étais gamine je lisais ceux que mon oncle achetait lorsqu'il était adolescent (ça doit remonter aux années 70) et entre plusieurs pages en noir et blanc, une double-page en couleurs criardes sortait subitement du lot, et c'était un régal pour les yeux... Ca explique peut-être pourquoi j'aime la colorisation de cet album. Et l'histoire et les textes valent le détour à eux seuls. A la limite, fermez les yeux et contentez vous de lire... Je suis certaine que ça vous apportera quand même beaucoup de plaisir. | |
| | | Exini Zen littéraire
Messages : 3065 Inscription le : 08/10/2011 Age : 51 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Jeu 22 Mar 2012 - 22:12 | |
| - sentinelle a écrit:
- Je crois surtout que nous - européens - avons d'autres références. Lorsque je regarde ma biblio, j'y trouve surtout des BD franco-belges.
Les couleurs criardes sont un genre à elles seules : elles font références aux anciens comics et à... l'Amérique, tout simplement. Nos prunelles n'y sont pas habituées, ceux des américains nettement plus. Puis je soupçonne Alan Moore d'aimer ce contraste : couleurs vives fortement connotées culturellement pour nous européens pas habitués du tout pour un récit très sombre et inquiétant. Tout y est excessif et contrasté, y compris les couleurs qui éclatent bien la rétine comme un coup de poing. Donc je ne pense pas que ce soit voulu que ce soit moche, c'est nous qui le percevons comme tel. Mais on s'y habitue très vite aussi finalement, en tout cas j'y suis arrivée et Coli aussi visiblement, nous ne devons pas être des exceptions tout de même Sentinelle a raison. Les couleurs sont liées au style. D'ailleurs, au contraire, dans "V pour vendetta", qui est paraît-il censé dénoncer le régime britannique thatcherien, les couleurs sont quasi-pastel, presque effacées. (Et ça ne plaira pas non plus à tout le monde ...) | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Ven 23 Mar 2012 - 8:39 | |
| Le truc c'est que Alan Moore a l'air d'aimer ça, comme le dit Sentinelle. Et même V... pour Vendetta, j'ai trouvé que c'était un peu crasse les couleurs.
alors, oui,ça fait référence aux anciens comics.. mais c'est abusé : j'ai pas mal de comics chez moi, les couleurs ne sont pas aussi pétaradantes. On dirait qu'Alan Moore cherche toujours le pire coloriste. A se rappeler certainement les bd qu'il achetait dans sa petite presse quand il était môme. Mais dans ces comics, y'avait peu de moyen, peu d'envies, c'était du sorti vite et pas cher. C'est dommage de ne pas sortir de ça, même avec des moyens et un peu plus d'ouverture sur ce qui se fait d'autres.
Mais c'est un style. Et finalement, c'est le "sien".
J'avais pas mal feuilleté Watchmen, c'est vrai que je m'étais un peu habituée. Mais, là, ce que je regrette vraiment pour Swamp Thing c'est que le thème a l'air vraiment très sombre et gluant, et grouillant. Les marais ça éclabousse pas de couleurs. Dommage que, pour une fois, il n'est pas essayé de sortir trouver un coloriste qui soigne cette ambiance.
Peut-être que c'est une question d'habitude. Il faudrait que je me force un peu... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Ven 23 Mar 2012 - 9:03 | |
| - colimasson a écrit:
- Les couleurs ne m'ont absolument pas rebutée... Ca me rappelle beaucoup les anciens comics en effet. Quand j'étais gamine je lisais ceux que mon oncle achetait lorsqu'il était adolescent (ça doit remonter aux années 70) et entre plusieurs pages en noir et blanc, une double-page en couleurs criardes sortait subitement du lot, et c'était un régal pour les yeux... Ca explique peut-être pourquoi j'aime la colorisation de cet album.
P'être effectivement que nous sommes plus habituées que d'autres à ce genre de dessins. J'ai retrouvé une dizaine de Luc Orient du dessinateur Eddy PAAPE dans ma biblio, série SF des années 70 (influence : Flash Gordon, un autre comic américain, on y revient) que j'adorais et qui explosait pas mal au niveau des couleurs, sans me poser aucun problème. Du coup, on passe dessus plus facilement peut-être, un lecteur n'est pas un autre, nous avons tous des bagages différents alors forcément... |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Ven 23 Mar 2012 - 19:14 | |
| - Queenie a écrit:
- Mais, là, ce que je regrette vraiment pour Swamp Thing c'est que le thème a l'air vraiment très sombre et gluant, et grouillant. Les marais ça éclabousse pas de couleurs. Dommage que, pour une fois, il n'est pas essayé de sortir trouver un coloriste qui soigne cette ambiance.
Attention, c'est quand même du marais radioactif. La bestiole, c'est un mutant issu de recherches high-tech. Tu as raison, le thème est sombre et gluant, mais dopé par ses origines scientifiques loin d'être orthodoxes. - sentinelle a écrit:
J'ai retrouvé une dizaine de Luc Orient du dessinateur Eddy PAAPE dans ma biblio, série SF des années 70 (influence : Flash Gordon, un autre comic américain, on y revient) que j'adorais et qui explosait pas mal au niveau des couleurs, sans me poser aucun problème.
Du coup, on passe dessus plus facilement peut-être, un lecteur n'est pas un autre, nous avons tous des bagages différents alors forcément...
Ca me donne envie de retrouver les vieilles BDs de mon oncle ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Ven 31 Mai 2013 - 13:09 | |
| V pour Vendetta (1982-1990) d’Alan Moore et David Lloyd « L’entrée en fanfare… La grande illusion… C’est fondamental. Et je vais casser la baraque. Ils n’ont plus le sens du drame, tu comprends ? Ils ont oublié leur texte, éblouis qu’ils étaient par les feux de la rampe nucléaire. Je vais leur rappeler tout ça, le mélodrame, le roman-feuilleton. Le grand-guignol. Tu vois, Evey, le monde est un théâtre. Tout le reste n’est que vaudeville. »Ainsi parla V pour Vendetta. Dans un autre monde, à une époque qui fut un futur proche pour les créateurs de Vendetta –soient les années 1990-, l’Angleterre est une nation rescapée. En 1980 s’est en effet déclarée une guerre nucléaire mondiale qui a détruit les Etats-Unis, l’Afrique et une grande partie de l’Europe. L’Angleterre peut s’estimer chanceuse, seulement victime d’inondations et d’un chaos politique effroyable. Heureusement ? ce chaos cesse bientôt, trouvant résolution d’une manière qui ne sera pas sans nous rappeler une certaine réalité du siècle dernier : la prise du pouvoir par le parti fasciste. Fours crématoires, expérimentations scientifiques douteuses, camps de concentration, extermination des minorités se retrouvent à nouveau, augmentés cette fois des vices de la société moderne : la télésurveillance, le nucléaire, la manipulation des média, la destruction de la culture, la pornographie exacerbée et l’individualisme poussé dans ses retranchements les plus extrêmes. A tout cela, était-il besoin d’ajouter encore du drame ? Sans doute non. A moins que le mal puisse être contré par un mal de même nature mais plus puissant encore… Telle est l’idée de Vendetta. Retranché derrière son masque de Guy Fawkes, il grimpe dans les coulisses du théâtre du monde et s’empare du rôle de marionnettiste. Une nuance toutefois… là où les marionnettes, habituellement, ne connaissent pas leur soumission à une volonté plus grande que la leur, ici, Vendetta entend bien leur en faire prendre conscience, et il apparaît parfois, sans qu’on ne puisse deviner la date ni le lieu de ses interventions, pour annoncer des intentions plus menaçantes encore qu’une nouvelle guerre nucléaire. Dans la façon de manier les dialogues et de faire discourir les personnages à laquelle recourt Alan Moore, ainsi que dans le trait graphique et la brutalité des couleurs choisies par David Lloyd, on retrouve ce sens du drame baroque. On craindrait presque que les apparitions de Vendetta soient pompeuses et grandiloquentes, si elles n’étaient pas sans cesse liées aux pressentiments de mort et de destruction qui les sous-tendent et si le personnage n’était pas légitimité, dans son orgueil infini, dans son plaisir machiavélique à manipuler les hommes dans la terreur, par la plèbe minable qu’il s’efforce de transformer. Son but semble être le suivant : rendre la raison aux hommes ou les radier définitivement de la surface terrestre. Tout est contrôlé chez Vendetta. Depuis la première case de son histoire jusqu’à la dernière, rien ne semble avoir dévié de la trajectoire qu’il avait bien voulu donner aux évènements. Poète par lui-même et par autorité, beau parleur charismatique, mélomane et dramaturge infatigable, il mêle ses arts aux sciences les plus froides et les plus brutales. Parmi celles-ci, n’oublions pas la psychologie qui fait de l’histoire de Vendetta une analyse méthodique de l’esprit des hommes –si méthodique qu’elle rejoint la psychologie dans ses ambivalences les plus contradictoires, terrain apte à l’expérimentation psychédélique. Comme Vendetta cherche à améliorer l’homme en exacerbant les forces de la destruction, Alan Moore et David Lloyd créent une œuvre sublime, composée de forces contradictoires, où l’homme avili au plus haut point retrouve soudainement plus d’énergie et de pouvoir que le reste de l’humanité. Vendetta a la résilience mauvaise, à moins qu’il ne soit devenu si bon que ses intentions échappent à la compréhension habituelle des hommes. Mais au fait, comment pourrait-on devenir bon lorsque l’on comprend quels évènements l’on conduit à devenir le personnage tragique de cette histoire ? Dans la même lignée que La Créature du Marais, Alan Moore signe un comics qui peut prétendre à se faire l’équivalent moderne et populaire d’un drame shakespearien. - Citation :
- Je me souviens, votre premier jour… Vous descendiez tout juste de l’arbre, les yeux plein d’étoiles, un peu nerveux, un os à la main… On comme par « quoi patron ? », avez-vous demandé… Je me souviens de mes propres paroles : « Vous voyez les œufs de dinosaure, là ? C’est bon… Mangez-en. »
Préface de David Lloyd, 14 janvier 1990 : - Citation :
- Il n’y a pas non plus beaucoup de personnages joyeux et sympathiques dans V POUR VENDETTA. C’est un livre pour les gens qui n’éteignent pas la télé à l’heure des infos.
Préface d’Alan Moore, mars 1988 - Citation :
- Au moment où j’écris ces lignes, en 1988, Mme Thatcher commence son troisième mandat et parle d’un pouvoir conservateur fermement établi au moins jusqu’au siècle prochain. Ma fille a sept ans, et la presse tabloïde fait circuler l’idée de camps de concentrations pour les victimes du SIDA. La nouvelle police anti-émeutes porte des casques à visière teintée noire, comme les œillères de ses chevaux. Ses camionnettes disposent de caméras montées sur le toit. Le gouvernement a exprimé le net désir d’éradiquer l’homosexualité, même en tant que concept abstrait. On en est à se demander quelle sera la prochaine minorité à subir les foudres législatives. J’en vieux à souhaiter de quitter le pays dans les deux ans qui viennent. Il est devenu froid, mauvais, et je ne l’aime plus tellement.
Bonne nuit à l’Angleterre. Bonne nuit à la pop et au V de la Victoire. Bonjour à la voix du Destin, et à V pour Vendetta. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Mar 11 Juin 2013 - 14:12 | |
| Parution de la Coiffe de naissance avec Eddie Campbell : - Citation :
- La coiffe de naissance est la partie de la poche des eaux qui parfois recouvre la tête du nourrisson au moment de l’accouchement. Dans certaines cultures, cette membrane était souvent serrée dans du papier et conservée comme héritage pour l’enfant. Après la mort de sa mère, Alan Moore la retrouve dans les affaires de la défunte. Et, de ce délicat tissu membraneux, il extirpe la vie et ses étapes, qu’il entreprend de raconter. D’abord dans une unique représentation théâtrale donnée au vieux tribunal de Newcastle le 18 novembre 1995.Puis, en 1999, dans une version dessinée par Eddie Campbell, en 56 pages. Quatorze ans plus tard, la traduction française est effectuée par Jean-Paul Jennequin.
Article | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Sam 24 Aoû 2013 - 12:22 | |
| La coiffe de naissance (2013) d’Alan Moore & Eddie Campbell Après s’être déjà énormément dévoilé –mais de manière indirecte- dans ses plus grandes œuvres ( La créature du marais, V pour Vendetta…), Alan Moore révèle quelques pans autobiographiques de sa personnalité. Le texte de La coiffe de naissance, écrit à l’occasion d’un spectacle donné pour son 42e anniversaire, est ici repris et illustré par Eddie Campbell qui effectue un travail tout en nuances et en inspirations. Au milieu de ses propres dessins, tout de noir et blanc vêtus, se glissent Jérôme Bosch, Billy Stockman Tjapaltjarri ou Hokusai, comme de brefs appels à une communion élargie. Serpent, Billy Stockman Tjapaltjarri En se focalisant sur la coiffe de naissance –une fine membrane qui recouvre la tête du bébé à la naissance et sur laquelle sont imprimés les traits de son visage-, Alan Moore cherche à nous révéler l’importance des détails. La coiffe devient l’allégorie des masques que nous empruntons dans nos existences pour limiter la casse et renforcer l’intégration sociétale –mais à quel prix ? La mise au rebut de sa personnalité, les imitations de débuts de vie factices, la perte de son identité profondes, sont des thèmes qu’Alan Moore aborde avec une naïveté qu’on lui connait peu et sur un mode poétique désabusé, sans tragédie ni éclats. La traduction aurait-elle fait perdre de sa noblesse à Alan Moore –de cette noblesse lyrique qu’on lui connaissait dans la créature du marais ? Malgré ces défauts de style qui donnent l’impression de lire le plaidoyer mécontent d’un adolescent qu’on aurait privé de sortie, émergent parfois des vérités profondes qui réussissent à bousculer notre assurance de lecteur pour nous interroger. Et puis le langage se déconstruit peu à peu. Alan Moore revient à ses plus jeunes âges, retranscrit les premières frayeurs et les premières blessures. A notre tour de retourner sur notre enfance et de nous souvenir des abandons et de la survenue de la mort. Serait-ce à ce moment-là que nous avons commencé à nous fuir ? Régression, régressions… nous inscrivons à nouveau notre visage à l’intérieur de la coiffe de naissance, et plus loin encore, nous remontons le long de l’échelle de l’évolution. Du microscopique au macroscopique, la coiffe de naissance inscrit l’individu à la fois dans son insignifiance mais aussi dans la grandeur de son appartenance au phénomène de la vie. Lézards et fontaine de vie, Jérôme Bosch Parce que ce récit est autobiographique, il se fait moins fulgurant que les pures œuvres de fiction d’Alan Moore. Ici, il prend la pose même s’il s’en défend –peut-on éternellement se passer de sa coiffe de naissance ? Et cependant, le résultat parvient encore à nous troubler d’une manière toute personnelle. En parlant de lui, Alan Moore réussit brillamment à parler de tous… - Citation :
- La coiffe de naissance, petit à petit déployée, est un lambeau fragile, un planisphère perdu qu’il va falloir reconstituer à partir de fines traces, lignes aussi minces et hésitantes que des veines. Cette délicate membrane dresse la carte d’un continent monstrueux et oublié, chaque vive éclaboussure de sang maternel y est un archipel. C’est une carte postale froissée, égarée par la poste, en provenance d’une nation disparue, son message rédigé dans une antique écriture difficile à déchiffrer. La coiffe de naissance documente une Atlantide personnelle, un temps du rêve d’avant l’apparition de la parole, un état chamanique naïf riche de totems abandonnés ; une danse oubliée autour du feu ; les flamboyantes signatures de démons médiévaux à demi apparentes à travers les sinuosités des graffitis à la craie sur le mur d’une cour de récréation. L’obscurité sans réconfort.
- Citation :
- Jour un mamie elle est morte et juste d’y penser c’est presque maintenant.
Jour un papa et maman morts et c’est maintenant on pleure et on pleure. Et jour un est une chose pire que nous pas peut penser et pleure et pleure et pleure et c’est maintenant et c’est maintenant. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Lun 26 Aoû 2013 - 16:43 | |
| Il donne envie ton commentaire ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Jeu 29 Aoû 2013 - 12:45 | |
| Tant mieux | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Mer 4 Déc 2013 - 22:40 | |
| juste pour ne pas oublier. V lit V. de Thomas Pynchon et The roots of coincidence (Les racines du hasard) d'Arthur Koestler est lu par Finch, le flic chargé d'arrêter V., juste pour dire que cela rejoint mes propres préoccupations sur le pouvoir et sur la force ainsi que mes attirances littéraires. Comme l'impression d'être confortée et d'avoir une matière à travailler... mais je vais revenir avec un commentaire plus conséquent car l'oeuvre le mérite. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Ven 6 Déc 2013 - 13:51 | |
| Amorce intéressante... envie d'en savoir davantage ! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: [Comic] Alan Moore Ven 13 Déc 2013 - 11:43 | |
| V pour Vendetta
La Violence.
L'Ordre. L'anarchie qui vient.
Entre l'Ordre et l'Anarchie, lequel détient la palme de la violence ? Celui qui éradique des pans entiers de sa population : noirs, gays, dissidents ? Ou celui qui cible ses victimes et les tue sans frémir ?
A ce jeu de l'hyper-violence, l'un et l'autre sont gagnants. Les deux opposés se rejoignent pour fêter dans le sang l'union qui fait la force.
Alors ? Qu'est-ce qui distingue l'un de l'autre. L'extrême contingence contre l'extrême liberté ? Ah le mot est lâché : liberté, liberté, qu'as-tu fait liberté, pour ceux-là qui t'ont crue sur paroles ? (chante barbara). Car c'est bien de cela dont il s'agit dans V pour Vendetta. Non pas la violence, non pas le meurtre, non pas l'enfermement qui rend barbare, mais la terreur qui libère, le libre arbitre qui conduit à se rebeller et à arracher les lourdes chaînes de la soumission. Pour se faire, V n'hésite jamais à détruire, torturer, questionner jusqu'à offrir l'ultime cadeau : le choix. C'est bien en cela que l'anarchie de V diffère du fascisme du Commandant suprême, dont la figure extraordinaire marque profondément à la lecture, parce que cet homme, quasiment monstrueux est en réalité plein d'empathie et d'amour pour… le Destin, cette chose qui broie et à laquelle il confie son être et sa patrie. Et en se livrant tout entier à ce monstre, le Commandant perd sa liberté de jugement, sa conscience 'personnelle', son juge arbitre, sa capacité à dire non, il s'annihile et par là-même annihile la population qui lui fait confiance. Et le Commandant est parfaitement conscient de ce qu'il perd : la liberté de tout un peuple au profit d'un semblant de confort et la certitude d'être dirigé par quelque chose de plus grand (le Destin) auquel on peut s'abandonner.
V refuse de s'abandonner et il faudra en passer par le terrorisme pour atteindre la liberté de dire oui ou de dire non. Liberté qu'il a l'élégance de ne pas s'offrir à lui-même (il est si coupable qu'on l'imagine mal survivre à tout le mal qu'il a produit et au mal qu'on lui a infligé) mais qu'il confie à sa disciple. Elle qui a eu tout le temps de réfléchir sur les ravages de l'absolutisme, du fascisme et qui choisit l'auto-détermination pour ne pas crever comme une bête mais vivre comme un être humain. Elle qui sera passée par toutes les phases de l'avilissement, avant de devenir, tel un phœnix, non plus une arme violente mais un être prêt à construire.
V pour Vendetta est une œuvre d'une rare richesse. A lire et à relire. | |
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