Zhang Yimou

Pour The Flowers of War, je suis un peu plus réservé, je trouve qu'il en fait un peu trop dans les ralentis esthétisants. C'est parfois réussi, ceci dit, la méthode chinoise de sacrifice pour arriver à faire exploser un char est bien rendue.
Christian Bale donne de sa personne oui, et il le faut, parce que psychologiquement, il évolue vite en peu de temps, c'est moyennement crédible.

Sinon, ce passage très douloureux est montré sans effets trop gores, ce qu'on voit et ce qu'on sait suffisent.
Et l'espèce de huis clos est bien rendu. L'attente. La peur. Le sacrifice, les morts, l'incertitude.

J'ai bien aimé le "bordel linguistique" du film : Chinois, Japonais, Anglais. Ca m'étonne que ce film sorte en salles, parce que les deux précédents films du réalisateurs ne sont jamais sortis chez nous : San qiang pai an jing qi (A woman, a gun and a noodle shop, 2009) n'est jamais sorti ; Shan zha shu zhi lian (2010) non plus (et c'est dommage parce que c'est un joli film, quand même).
Et, encore plus loin dans le temps, Qian li zou dan qi (Riding Alone, 2005, avec Ken Takakura) n'était pas sorti en France, enfin si : en DVD. Et là, j'avais pensé que c'était parce que c'est l'histoire d'un Japonais en Chine, et que donner une vf était impossible. Pas de vf = pas de sorti.
Mais The Flowers of War, c'est encore plus difficile. Enfin, tant mieux !

Finalement, c'est sans doute vrai que c'est son meilleur film depuis quelques années. Shan zha shu zhi lian aurait pu être vraiment bien, malheureusement on sent qu'il s'est censuré (le film se déroule pendant la Révolution Culturelle). Du coup, ça tire trop vers la bluette.

J'irai voir ce Flowers of war dès que possible.

Mais je réalise que ce film sur Zhang Yimou ne parle pas de l'un de mes films préférés: Epouses et concubines !! A l'époque de sa sortie j'étais dingue de ce huis clos étouffant et cruel qui m'a fait découvrir cette chose évidente mais jusque là latente pour moi, à savoir que les serpents peuvent séduire par des sourires factices et les harpies redoutées révéler leur bon coeur quand on ne s'y attend pas. Et ces bleus incroyables! Ces lanternes rouges! Gong Li sublime!

Marko a écrit:

J'irai voir ce Flowers of war dès que possible.

Mais je réalise que ce film sur Zhang Yimou ne parle pas de l'un de mes films préférés: Epouses et concubines !! A l'époque de sa sortie j'étais dingue de ce huis clos étouffant et cruel qui m'a fait découvrir cette chose évidente mais jusque là latente pour moi, à savoir que les serpents peuvent séduire par des sourires factices et les harpies redoutées révéler leur bon coeur quand on ne s'y attend pas. Et ces bleus incroyables! Ces lanternes rouges! Gong Li sublime!

Moi qui ne vais pratiquement jamais au cinéma, il me fait vraiment envie Flowers of war.

Comme toi Marko, j'ai adoré en son temps Epouses et concubines, je l'ai vu plein de fois, j'ai cherché le DVD pendant des années avant de le trouver enfin, un vrai bonheur !
Et depuis que j'ai découvert The road home (merci Nezumi !), c'est mon deuxième préféré je crois, il est juste magnifique.

Epi a écrit:

Moi qui ne vais pratiquement jamais au cinéma, il me fait vraiment envie Flowers of war.

Comme toi Marko, j'ai adoré en son temps Epouses et concubines, je l'ai vu plein de fois, j'ai cherché le DVD pendant des années avant de le trouver enfin, un vrai bonheur !
Et depuis que j'ai découvert The road home (merci Nezumi !), c'est mon deuxième préféré je crois, il est juste magnifique.

Flowers of War, c'est quand même en-dessous des grands Yimo, qui sont pour moi : Le Sorgho Rouge (1987), Épouses et concubines (1991), Vivre ! (1994), et même Ju Dou (1990).
De manière générale, quand on voyait les films de cette époque, on cherchait quelque chose d'autre, une critique sociale, une façon de contourner la censure.
Après, il a fait des films plus inoffensifs. Ou bien du divertissement (ce qui n'est pas tout à fait critiquable, il a le droit de s'amuser, lui aussi).
Il est devenu un cinéaste "officiel", on sent qu'il fait toujours attention. Même s'il a toujours du talent.
Shanghai Triad (1995) avait marqué la fin de sa grande période, celle avec Gong Li. On l'a revu dans La Cité Interdite (2006), mais ce n'est vraiment pas son meilleur film, même dans le genre spectaculaire.

Dans Flowers of War, ça tue, ça viole, ça exécute. On regarde cette violence "vraie" de façon très différente de ses films à grand spectacle. Il y a des passages douloureux, si je puis dire.
Il y a juste l'emphase, la musique sur fond de ralenti, regardez comme je suis un Chinois qui me Sacrifie pour la Patrie qui gêne un peu, parfois. Il en aurait fait moins, ça aurait finalement été plus efficace.

Je reste quand même nostalgique de la fin des années 80-début des années 90, de grandes années pour le cinéma chinois (Le Cerf-volant bleu, de Tian Zhuangzhuang, en 1993, puis 10 ans de silence, une carrière quasiment brisée). Le milieu des années 1990, ça a été la fin. La chape de la censure s'est abattue sur le cinéma chinois.

Il arrive à Zhang la même chose qu'à Yu Hua sur le plan littéraire (qui a d'ailleurs été adapté par le premier), une édulcoration progressive de leurs oeuvres pour ne pas fâcher les censeurs chinois. Du coup, explorer le passé leur permet de ne pas critiquer le régime en place. Cela dit, j'aime toujours ces deux artistes, même s'il y a une petite frustration par rapport à ce qu'ils pourraient donner. En ce qui concerne le siège et la prise de Nankin par les japonais, le City of Life and Death de Chuan Lu est vraiment, vraiment à voir toutes affaires cessantes.

Globalement d'accord avec ce que tu dis eXPie. Pourtant, un nouveau Zhang Yimou pour moi est toujours excitant, je n'arrive pas à être tout à fait objective, sans doute parce que je reste sur l'impression que m'ont laissés ses premiers films qui m'avaient à l'époque littéralement scotchée.

Je note City of Life and Death de Chuan Lu parce que cette période de l'histoire chinoise m'intéresse beaucoup.

On n'est pas ici dans les pages people, mais ce qui suit est révélateur de certains aspects de la société chinoise actuelle (enfin, je dis ça sans rien y connaître, c'est juste une impression) :

Citation :

Chine: le cinéaste Zhang Yimou règle une amende pour ses nombreux enfants

Le cinéaste chinois Zhang Yimou, qui a contrevenu aux règles du planning familial en ayant trop d'enfants, s'est acquitté d'une amende de 7,48 millions de yuans (900.000 euros), ont annoncé vendredi les autorités.
[...]

A l'issue de plusieurs mois de rumeurs, le réalisateur de "Epouses et concubines" et du "Secret des poignards volants" avait reconnu début décembre avoir eu deux fils et une fille avec son épouse actuelle.

Admettant ainsi des entorses à la politique de l'enfant unique, il avait présenté des excuses publiques.

(voir totalité de l'article ici).

On peut donc avoir plus qu'un enfant, à condition de payer.

Côté cinéma, le prochain film de Zhang Yimou devrait sortir cette année (en Chine, du moins, parce qu'en France... ?). Le titre international est Return ; on retrouvera  Gong Li.
C'est apparemment l'histoire d'un Chinois qui est parti aux Etats-Unis et qui, à son retour dans son pays, est envoyé dans un camp de travail (à quelle époque est-on exactement ? Je ne le sais pas).
Il s'agit de l'adaptation d'un roman de Yan Geling (il s'agit d'une femme, je précise parce que pour moi, ça n'est pas évident), dont une nouvelle avait été adaptée par Zhang Yimou pour son film précédent, Flowers of War (à noter qu'un autre de ses textes avait été adapté au cinéma : Xiu-Xiu, réalisé par Joan Chen).
Il va être très intéressant de voir comment il va traiter le sujet (qui dépend de la date à laquelle sera situé son film). Dans Shan zha shu zhi lian (2010 ; traduit par "Sous l'aubépine" mais je crois jamais sorti en France), l'évocation de la politique avait été très prudente...

Après trois films non distribués en France (ou bien je me trompe ? A Wooman, a gun and a noodle shop - remake d'un film des Frères Coen -, Flowers War - sur les atrocités japonaises à Nankin, et Sous l'Aubépine), le dernier film en date, Coming Home (mais pourquoi toujours des titres en anglais ? Bon, en chinois, il paraît que ça donne "Gui lai") va sortir en France le 17 décembre. Au casting, on trouve notamment Gong Li.

Citation :

Lu Yanshi, prisonnier politique, est libéré à la fin de la Révolution Culturelle. Lorsqu’il rentre chez lui, il découvre que sa femme souffre d’amnésie. Elle ne le reconnait pas et chaque jour, elle attend le retour de son mari, sans comprendre qu’il est à ses cotés.

(source : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=227870.html )
C'est donc un tout petit peu différent des supputations de mon post précédent. Il s'agit de l'adaptation d'un roman de Geling Yan, mais il aurait déjà fallu l'avoir lu pour pouvoir dire à quel point il y a eu des changements dans le postulat de départ.
Peut-on s'attendre à une critique de la Révolution Culturelle ? Quand on se souvient comme Zhang Yimou y était allé avec des pincettes dans la critique du régime dans Sous l'Aubépine, on peut se poser la question. On peut espérer aussi que la musique sera moins envahissante que dans la bande-annonce que voici :

Ça a l'air bien ce nouveau film de Zhang Yimou. Merci eXPie.
Mais après que j'ai lu quelques commentaires au-dessus, j'ai une forte envie de regarder son "Flowers of war" ou "City of Life and Death" (de Chuan Lu) que Traversay cite, car ce sont les films qu'on ne peut jamais regarder au Japon.

Ariane SHOYUSKI a écrit:

Ça a l'air bien ce nouveau film de Zhang Yimou. Merci eXPie.
Mais après que j'ai lu quelques commentaires au-dessus, j'ai une forte envie de regarder son "Flowers of war" ou "City of Life and Death" (de Chuan Lu) que Traversay cite, car ce sont les films qu'on ne peut jamais regarder au Japon.

Flowers of War, il est également difficile de le voir en France : pas de sortie ciné, pas de DVD... Il faut acheter en importation. Mais c'était le cas pour ses précédents films, ça n'est donc pas politique (ou du moins pas pour la même raison que Flowers of War ne doit pas être visible au Japon). Peut-être est-il demandé trop cher pour la diffusion de ses films (comme ça été le cas à une époque - si je ne me trompe pas - pour les films de Fei Xie, le réalisateur des Femmes du lac des âmes parfumées). Le potentiel commercial d'un film dans un pays n'est pas forcément évalué de la même façon dans d'autres pays. Ou bien, c'est une forme de rétorsion du fait que Zhang Yimou est devenu un cinéaste "officiel" (probablement pas autant que Nikita Mikhalkov en Russie, ceci dit).

Ah, d'accord. Je devrai donc trouver un DVD sous-titré anglais pour le regarder.
Et également pour "City of Life and Death" de Chuan Lu.
J'ai compris maintenant que Traversay regardait beaucoup de films japonais avec sous-titre anglais.
Hmm...

Je crois que tu le sais déjà très bien. Plein de japonais ont encore beaucoup de difficultés pour reconnaître le massacre de Nankin. Il y a même des journalistes qui veulent absolument diminuer le chiffre des morts ou carrément le dénier.

Coming Home (gui lai, 2014). Pourquoi ce film-ci est-il sorti en France et pas ses précédents films ? Est-ce dû à la présence de Gong Li ? Probablement, puisqu'elle était dans son dernier film sorti chez nous (La cité interdite).

Gong Li est mariée avec un homme (Daoming Chen, très bon) qui, comme tout droitiste qui se respecte, a été emprisonné dans un camp. Au début du film, il s'est échappé ; il est recherché, il tente de voir sa femme et la fille (Huiwen Zhang, toute mimi) qu'il n'a quasiment jamais connue. La fille fait de la danse et convoite le premier rôle, mais est-ce possible quand on est fille de droitiste ?
Gong Li va-t-elle partir avec son homme ?

Ce n'est qu'une petite partie du film. On attend la critique du régime chinois, tout en se disant qu'elle ne viendra pas, que ça n'est pas possible (hélas).
La limite de la critique, c'est la Révolution Culturelle. Car c'est officiel en Chine : la Révolution Culturelle, ça n'était pas bien. Mais il ne me semble pas qu'on puisse dire, comme certains (dans Le Masque et la Plume) qu'il s'agit d'une condamnation des années Mao, puisque Mao ne se résume pas uniquement à la Révolution Culturelle (le gouvernement chinois, lui, continue à privilégier le 26 décembre, jour anniversaire de Mao, pour faire des grandes annonces). Donc, la Révolution Culturelle, ça n'est pas bien, c'était même très dur, mais Zhang Yimou ne s'étend pas sur le sujet, et surtout on ne verra rien des camps, on n'en saura quasiment rien).

Quelques années plus tard, c'est la fin de la Révolution Culturelle, Daming Chen est réhabilité. Tout a l'air d'aller bien, les gens sont serviables, y compris les membres du Parti (ah, quelle différence avec les membres du Parti pendant la Révolution Culturelle, qui étaient cassants !).
Mais, tadam, Gong Li a perdu la mémoire. Son mari réussira-t-il à se faire reconnaître ?

Tout ce petit monde pleure beaucoup, et souvent. C'est déjà très mélo, et la musique du film, assez atroce (notamment pendant la scène de la gare, ah la la), surligne souvent.

Le contexte historique est rapidement évacué, et même des lettres lues à un moment, qui pourraient être bouleversantes (elles ont été écrites dans un camp) sont quelconques. Quand il est fait mention du suicide de quelqu'un, à un moment très sobre, on entrevoit ce qu'aurait pu être le film si Zhang Yimou l'avait vraiment voulu (sobriété, efficacité). Ça ne dure que deux secondes.
Côté histoire (la petite histoire), c'est très répétitif. Même la perte de mémoire, qui aurait pu être symbolique, m'a semblé ne rien représenter du tout.

Un tout petit film, un des moins bons de Zhang Yimou.


Concernant son prochain film, rendez-vous fin 2016. Ce coup-ci, peut-être qu'il sortira chez nous même si Gong Li n'est pas dedans : ce sera un film américain, The Great Wall. Avec peut-être Matt Damon... et Tony Gilroy et Edward Zwick au scénario...
Ça promet...

déjà que la bande-annonce n'était pas bien emballante... voilà qui achève de refroidir.

La bande-annonce avait le mérite de faire croire qu'il se passait quelque chose dans le film... (ce qui est le cas dans les 20 première minutes, en gros).

C'est quand même terrible de voir à quel point un réalisateur qui a pu être subtil dans plusieurs de ses films ne l'est plus du tout depuis déjà assez longtemps. La faute de la censure uniquement ? Dans certains pays (y compris aux Etats-Unis, cf le code Hays), la censure renforçait la subtilité des réalisateurs qui voulaient lutter, elle les forçait à être plus subtils.
Est-ce que la censure chinoise est plus intelligente que celle des autres pays et qu'il n'est pas possible de jouer avec elle ?

Et là, le film qu'il va faire aux Etats-Unis, c'est vraiment la fin des haricots.

je ne sais pas, je ne connais pas bien sa filmo en plus, peut-être aussi qu'il ne travaille plus avec les mêmes personnes ?