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| W.G. Sebald [Allemagne] | |
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Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Mer 1 Juin 2011 - 1:38 | |
| - Queenie a écrit:
- Mis en citation le message de Bix, puisque je suppose que c'est tiré d'ailleurs (où ?).
Quatrième de couverture. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Sam 5 Nov 2011 - 18:19 | |
| Le compositeur français contemporain Jérôme Combier a créé à Aix en Provence une adaptation du roman de Sebald " Austerlitz" pour l'ensemble Ictus et un comédien récitant sur des projections vidéos de Pierre Nouvel. Ce spectacle est repris à Lille les 18 et 19 novembre 2011. L'occasion pour moi de découvrir ce texte. - Citation :
- Austerlitz invite à un double voyage dans le temps et dans l'espace. Celui de deux créateurs d'aujourd'hui, le compositeur Jérôme Combier et l'artiste vidéaste Pierre Nouvel, partis sur les traces d'un écrivain et de son personnage, soit W.G. Sebald et Jacques Austerlitz dont les natures réelle et fictive sont inextricablement mêlées. Ce voyage nous emmène de la gare centrale d'Anvers jusqu'au coeur de Londres, en passant par une austère paroisse galloise et en faisant un long détour par Prague et le camp de Theresienstadt, errance géographique qui est aussi une plongée dans le passé. Un comédien, des images vidéo et six instruments mettent donc l'espace en mouvement et nous conduisent dans un univers à la fois onirique et enraciné dans l'Histoire du XXe siècle européen pour un périple dont la destination finale reste inattendue.
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Sam 5 Nov 2011 - 18:34 | |
| - Marko a écrit:
- Ce spectacle est repris à Lille les 18 et 19 novembre 2011. L'occasion pour moi de découvrir ce texte.
quelle chance.. et je souhaite que ce texte va te plaire autant que je l'adore.. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Sam 5 Nov 2011 - 19:11 | |
| - kenavo a écrit:
- Marko a écrit:
- Ce spectacle est repris à Lille les 18 et 19 novembre 2011. L'occasion pour moi de découvrir ce texte.
quelle chance.. et je souhaite que ce texte va te plaire autant que je l'adore.. J'en ai profité pour lire vos commentaires sur ce fil et je suis d'autant plus impatient | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Dim 6 Nov 2011 - 12:11 | |
| Ce spectacle me fait terriblement envie! Quelle chance Marko!!! Si je pouvais me libérer... Est-ce que ce spectacle a une chance de venir dans l'est de la France ??? | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Dim 6 Nov 2011 - 12:28 | |
| - Cachemire a écrit:
- Est-ce que ce spectacle a une chance de venir dans l'est de la France ???
Je n'arrive pas à savoir. Il sera par contre donné à Bruxelles le mercredi 14 décembre 2011 au Kaaitheater (pour 16 euros seulement). Au vu de l'agenda de l'ensemble Ictus il semblerait qu'il ne reste plus que Lille et Bruxelles... On peut voir ici une sorte de bande annonce: Austerlitz - Citation :
La critique de Nicolas Baron (Diapason)
« Installation-spectacle » ? C’est l’une des appellations employées par le compositeur Jérôme Combier pour désigner son nouvel opus, Austerlitz, d’après le roman éponyme de W. G. Sebald. En signant l’adaptation et la partition, le jeune français a évidemment respecté l’intimisme de l’ouvrage : un comédien (Johan Leysen) et six instrumentistes (membres de l’ensemble Ictus) reconstituent la trajectoire du protagoniste et du narrateur, au fil de leurs réflexions et du surgissement de la mémoire.
Car ces conversations ou monologues mettent en scène Jacques Austerlitz, professeur d’histoire de l’architecture qui tente de reconstituer ses années d’enfance oubliées. Dès lors, son « enquête » le ramène dans les pas du bambin sauvé de la déportation qui lui a arraché ses parents.
Anvers, Londres, Prague ou Terezin marquent un cheminement géographique et mental ponctué par les interludes de Combier. Ils forment autant d’instantanés weberniens, ouvrant de petits univers avec un sens très exact de la calligraphie sonore. Giboulées ravéliennes dans l’aigu du piano, soupirs aux cordes (alto et violoncelle), trombone colérique ou lancinant : Combier relie ces micro-évènements pour esquisser une marche énigmatique, un hymne furtif, l’écho d’une berceuse…
Pourtant, il ne se vise jamais à illustrer le récit, tentant plutôt de l’interroger ou le prolonger au fil de ces balises mélodiques dont le sens apparaît peu à peu, comme des repères sur une carte ou les annotations d’un journal de bord. La scénographie de Pierre Nouvel est à l’image de cette sobriété, avec pour seul décor ces projections de photographies ou vidéos prenant tout à coup possession de l’espace, telles des flash-back, indices ou visions à interpréter. On ne ressort pas indemne de cette plongée en eaux profondes, dans un temps retrouvé dont le mélange de douceur, d’ironie et d’horreur se voit condensé par la musique fantomatique et grinçante de Combier, qui laisse un puissant goût d’amertume. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Sam 19 Nov 2011 - 0:27 | |
| Austerlitz de Jérôme Combier d'après le roman de Sebald L'obscurité ne se dissipe pas, elle ne fait que s'épaissir davantage si je songe combien peu nous sommes capables de retenir, si je songe à tout ce qui sombre dans l'oubli chaque fois qu'une vie s'éteint, si je songe que le monde pour ainsi dire se vide de lui-même à mesure que plus personne n'entend, ne consigne ni ne raconte les histoires attachées à tous ces lieux et ces objets qui n'ont pas, eux, la capacité de se souvenir. Avant que ce très beau spectacle ne commence, le rideau métallique qui masque la scène révèle de manière quasi holographique la projection du visage d'une statue délabrée, sorte de vestige émouvant et mystérieux d'un passé qui se délite (photo prise sur place). Tout ce récit sera de la même façon une plongée fragile et éphémère dans la mémoire de deux personnages, le narrateur et Austerlitz qui se rencontrent au fil du temps, au travers d'une succession d'évocations de lieux, d'architectures, de paysages, d'individus vivants ou disparus... Comme le dit le narrateur, les traumatismes de notre passé (individuel ou collectif) laissent des traces ténues tout au long de notre histoire (personnelle ou universelle). Cette immersion dans le souvenir d'un déraciné, qui fait ressurgir peu à peu des pans de sa mémoire comme il en irait sur le divan d'un psychanalyste, est constituée de digressions circulaires qui ramènent toujours à un fil conducteur qui nous rapproche peu à peu des origines traumatiques. Un père disparu, une mère déportée, un enfant qu'on envoie à l'étranger pour le sauver... Le compositeur Jérôme Combier et le scénographe Pierre Nouvel ont choisi de recentrer cette histoire foisonnante sur cette courte trame principale par soucis de lisibilité et de concision. Mais ils ont pris aussi le risque de nous priver de la substance essentielle du roman, à savoir cet ensemble de digressions qui épousent les aléas de la mémoire et qui devaient enrichir considérablement ce squelette de surface qui demeure très simple même s'il ménage des moments d'émotion intense. Le roman dans sa traduction française fait environ 400 pages. Il était question pour moi de montrer que l'on pouvait le réduire à une ossature d'une trentaine de pages, que l'écriture circulaire de Sebald est une forme de variations-digressions dont le noyau est une trame très forte. J'ai tenté d'en garder le précipité dramaturgique. (Jérôme Combier) Version light donc, qui m'a forcément donné envie de le lire en entier. J'ai beaucoup pensé à l'écriture proustienne qui adopte le même procédé de "variations-digressions" circulaires autour d'un fil conducteur principal, lui-même sous-tendu par un trauma initial qui hante tout le récit. Mais le contexte est évidemment très différent. J'ai beaucoup aimé cette musique à 6 instruments qui fait entendre les souffles des vents, le grincement des cordes, les percussions du piano, pour parfois s'harmoniser entre eux, se rejoindre puis se séparer à nouveau. Climats sonores qui ne surlignent jamais l'action, qui n'ont pas véritablement de contenu émotionnel, qui évoquent surtout l'univers mental d'Austerlitz comme autant de manifestations de son inconscient dans lequel le spectateur se trouve immergé. La scénographie est très belle. Des panneaux coulissants qui révèlent des architectures variées comme autant de signes d'une mémoire labyrinthique. Autant de pistes également pour éveiller les souvenirs enfouis. Avec deux moments particulièrement intenses: l'apparition de la photo d'Austerlitz enfant au moment de sa rencontre avec Vera à Prague, puis surtout la découverte presque subliminale de la photo de sa propre mère qui nous est dévoilée par un panneau coulissant vers le haut et rencontrant quelques instants le projecteur diffusant son visage. Très belle idée poétique et bouleversante. A l'arrivée de ce voyage mental, on a le sentiment d'avoir approché au plus près de l'esprit de cet homme et de son intimité avant qu'il ne redevienne à son tour comme un fantôme, impalpable, inatteignable. Le réel n'existe pas, tout n'est qu'apparences qui se délitent aussitôt qu'on les a contemplées comme le suggérait là aussi magnifiquement Proust dans sa Recherche. D'où la nécessité vitale de ce devoir de souvenir, de garder des traces de notre passage, de redonner un visage à ceux qui ont disparu. Là-bas en face, il y a le parc Stromovka. Tu iras de temps en temps t'y promener pour moi, dis? J'ai tellement aimé ce bel endroit. Peut-être, si tu regardes dans l'eau sombre des étangs, peut-être qu'un beau jour tu y apercevras mon visage. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Sam 19 Nov 2011 - 7:57 | |
| wow, merci pour ce beau commentaire.. cela a l'air tout à fait extra.. et naturellement je ne peux que t'encourager de lire le livre en entier | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Sam 19 Nov 2011 - 11:41 | |
| - kenavo a écrit:
- et naturellement je ne peux que t'encourager de lire le livre en entier
C'est bien mon intention. Je vois d'ailleurs en le feuilletant que certaines photos ont été utilisées dans le spectacle. C'est étrange cette façon de faire surgir une fausse réalité à travers des images d'emprunt pour nourrir un personnage probablement fictif. Proust fait ça aussi finalement (certains d'entre vous ont également souligné la longueur des phrases digressives de Sebald qui le rapproche encore de Proust). Réinventer le passé, s'inspirer de personnages et de lieux réels nourris d'influences littéraires, historiques qui les transforment. Les deux fusionnent comme notre mémoire fusionne évènements authentiques et reconstructions fantasmatiques. Mais n'est-ce pas un peu dérangeant quand, comme Sebald, on veut aborder un sujet aussi douloureux que la déportation juive et le déracinement? On voudrait presque qu'Austerlitz soit réel pour mieux approcher son mystère. Mais j'aime l'idée qu'un personnage de fiction puisse devenir aussi complexe que s'il avait réellement existé. Et surtout cela lui donne une dimension symbolique et universelle qui dépasse le récit de sa propre histoire. J'ai oublié de parler de l'acteur belge Johan Leysen qui a une très belle voix grave avec une pointe d'accent probablement flamand mais qui n'a cessé de buter sur des mots (au moins une vingtaine de fois). Je finissais par me dire que c'était fait exprès mais je ne pense pas. C'est dommage car ça nuisait parfois à la concentration. Il doit être épuisé de dire ce texte depuis plusieurs mois. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Sam 19 Nov 2011 - 22:12 | |
| Marko,
concernant cette "fabrication du rééel", il y avait vraiment eu aussi des remarques polémiques, voir critiques, avec toute une discussion si "on pouvait bien faire cela". C'est vrai que ce mélange entre documents faux et vrais, photos, détails de toutes sortes ne peuvent qu'intriguer les uns et les autres... Mais la liberté aux écrivains?! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Dim 20 Nov 2011 - 18:25 | |
| - tom léo a écrit:
- Mais la liberté aux écrivains?!
Bien sûr. D'autant plus qu'il y a une mise en abîme des différents niveaux de narration qui finit pratiquement par faire se confondre Austerlitz et le narrateur. Ce dernier évoquant lui-même Sebald forcément. Et Austerlitz donne également la parole à d'autres personnages qui semblent s'exprimer à travers lui. On est dans une forme d'allégorie et qu'Austerlitz ait existé ou non n'a pas d'importance. En regardant le spectacle je ne savais d'ailleurs plus vraiment à certains moments qui prenait la parole. C'est juste qu'on est davantage habitué sur ces sujets à des récits autobiographiques ou s'inspirant de personnages réels. Sebald choisit une fiction qui abolit les frontières entre réel et imaginaire. Et c'est d'une originalité et d'une beauté d'écriture très singulières. | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Dim 20 Nov 2011 - 19:24 | |
| Je te remercie pour ce très beau commentaire Marko que j'attendais avec impatience! J'aurais beaucoup aimé voir ce spectacle, je trouve très intéressant que ce texte ait été mis en scène, même si, naturellement, il s'agit alors d'une "autre" œuvre qui n'est plus l'œuvre écrite. - Spoiler:
En plus... Johan Leysen est très beau! Même s'il a des égarements de texte!
Mais dis-moi, tu as écrit ton commentaire en rentrant du spectacle, directement dans le feu de l'émotion?! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Dim 20 Nov 2011 - 19:55 | |
| - Cachemire a écrit:
- Mais dis-moi, tu as écrit ton commentaire en rentrant du spectacle, directement dans le feu de l'émotion?!
Oui toujours. Je n'arrive pas à m'y remettre à distance en général. | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Dim 20 Nov 2011 - 19:58 | |
| - Marko a écrit:
Oui toujours. Je n'arrive pas à m'y remettre à distance en général. C'est bien ainsi: cela te donne verve et inspiration! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: W.G. Sebald [Allemagne] Dim 20 Nov 2011 - 20:08 | |
| - Cachemire a écrit:
- C'est bien ainsi: cela te donne verve et inspiration!
J'espère! Le plus fastidieux est d'aller chercher des extraits du texte ou des illustrations mais ce sont des recherches qui complètent le plaisir de la lecture ou du spectacle. | |
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| | | | W.G. Sebald [Allemagne] | |
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