Maddalena Rodriguez-Antoniotti

(-presque- impossible de trouver une photo de cette femme sur internet - donc je laisse une de ses photos 'parler' pour elle )

Citation :

Maddalena Rodriguez-Antoniotti passe toute sa jeunesse à Paris et y poursuit ses études. Historienne de formation, elle enseigne d’abord dans divers lycées de la région parisienne pour choisir ensuite de venir vivre en Corse, terre natale de ses parents. Devenue peintre quelques années plus tard, de nombreuses expositions accueillent ses œuvres, tant en France qu’à l’étranger. Avec commandes (peintures pour le NGV Liamone de la SNCM) et acquisitions publiques à la clé (notamment celles du Musée Arthur Rimbaud, Musée de Pontarlier, Musée de Bastia, de la Collectivité Terriroriale de Corse ou de France 3 Corse Viastella). Sa démarche de nature abstraite la porte à « écrire la peinture ». Elle tricote ainsi les alphabets de la Méditerranée, exclusivement sur de vieux papiers. Parallèlement à cet itinéraire personnel, elle est, de 1991 à 1998, directrice artistique de la manifestation d’art contemporain, Le Parcours du Regard, qui accueille des grands noms comme Di Rosa, Pignon-Ernest, Cueco, Raza, Télémaque, Dezeuze, Franta, Leccia etc. Elle expérimente en outre, depuis cinq ans, la photographie, avec une chambre noire des années trente. Ainsi, après un premier travail autour du livre et du papier qui a pris sa place, à Paris, dans les archives de la B.N.F., elle mène actuellement une recherche attachée à « Ne pas effacer la mer ». Elle écrit, par ailleurs, textes et préfaces pour des catalogues d’artistes ainsi que des articles dans des revues spécialisées. Elle a précédemment publié Comme un besoin d’utopie, un ouvrage remarqué sur l’art contemporain, préfacé par Jean-Louis Pradel (Éditions Albiana, 2005).
Source: Maison d'édition

À partir de sa maison d'édition il y a un lien qui guide vers son travail photographique - qui est aussi très beau: Lien

Bleu Conrad

Dans l'impossibilité de parler de ce livre, je voulais ouvrir un fil pour ce livre.. tout en mettant au cours de ma lecture (qui dure encore - tellement ce livre est beau, je ne veux pas arriver au bout ) quelques citations..

Et tandis qu’en cette matinée de février, le vapeur quitte Marseille pour l’île de Beauté, il oublie vertiges, mal au dos, épuisement, jambes bloquées, douleurs à répétition. Tout recommence avec le bruit de la mer. Dans le bruit de la mer. Avec la stridence inouïe des goélands. Les rugueuses bouffées de mistral. Avec l’eau épaisse le long des quais. Les effluves de chanvre et de vieux bois, de rinçures de tonneaux, de poisson et d’ail. Et flanc contre flanc, tous les navires de la planète. Avec, derrière le vacarme du port, l’attroupement des immeubles. Les pentes raides. Les ruelles étroites et sombres. Les escaliers rompus. Les odeurs de caniveaux. Les petits hôtels, sans étoile. Les bars à foison. L’orgue de barbarie. Le piano mécanique. Le va-et-vient des omnibus. La grande parade de la foule sur la Canebière. Le Prado à l’heure des élégants. Tous les motifs de la littérature, tous les synopsis du cinéma. Avec embarquements et débarquements. Avec attentes et séparations. Faste et misère. Si son nom dès lors va s’écrire sur l’eau, s’il sait tout aujourd’hui des grandes coques de bois qui glissent durant des mois, de mer en mer, de race en race, il n’ignore plus, en revanche, que ce sont des grands môles-là que partaient alors les navires-nations . Épopée de la « Grande France » quand Marseille, très tôt, est en connexion avec le temps colonial. Très tôt aussi, avec celui des flux migratoires. Ce port, ce havre n’est pas encore une ville-monde où personne ne serait de trop.
Bleu Conrad

Seul, solitaire. À l’évidence isolé – isolato en italien, isulatu en langue corse – autrement dit, c’est clair, séparé comme une île, isola ou encore isula. En latin, insula. En effet, insulaire. Et exilé. Une insulomanie, une souffrance spirituelle, telle la figure libre de son destin ? « Je souffre de la sensation du vide, avoue-t-il dans une lettre. Peut-être pas celle du Vide éternel, encore que passé soixante ans, il soit légitime d’y penser, mais celle d’un vide intérieur.
[...]
Errance du marin, errance de l’écrivain. Une identité flottante. Une solitude assumée parmi l’affairement de ses semblables.
Bleu Conrad

kenavo a écrit:

(-presque- impossible de trouver une photo de cette femme sur internet - donc je laisse une de ses photos 'parler' pour elle )


À partir de sa maison d'édition il y a un lien qui guide vers son travail photographique - qui est aussi très beau: Lien

Superbe!...

(Sa maison d'édition édite aussi Ramuz... )

Oui, l'image est parlante, et le texte embarque avec lui...
J'irai voir de plus près cette auteure.
Merci Kenavo pour ces extraits

coline a écrit:

Superbe!...

Oui - le texte dans le livre est aussi interompu par ses photos.. cela donne un flair extra à ce livre

coline a écrit:

(Sa maison d'édition édite aussi Ramuz... )

aériale a écrit:

Merci Kenavo pour ces extraits

Au cours de ma lecture je vais en rajouter encore d'autres.. je pourrais presque copier tout le livre, tellement je suis enchantée

kenavo a écrit:

.. je pourrais presque copier tout le livre, tellement je suis enchantée

Et pourtant ce n'est pas de Bretagne qu'il parle!
Il me fait de l'oeil ce livre chaque fois que je vais au Point d'Orgue (pour ceuxqui ne savent pas encore, c'est ma petite librairie adorée)...

Est-ce qu'il faut vraiment connaître Joseph Conrad pour apprécier ce livre?....
J'ai failli l'acheter tout à l'heure...et puis j'ai encore remis...

coline a écrit:

Est-ce qu'il faut vraiment connaître Joseph Conrad pour apprécier ce livre?....
J'ai failli l'acheter tout à l'heure...et puis j'ai encore remis...

Non.. tu vas faire la connaissance de cet homme/écrivain lors de la lecture - et tout ce qu'elle écrit point de vue vie, livres, amis,.. elle le fait avec une légèreté - en enveloppant tout cela avec des informations - sans que tu t'y rends compte.. c'est fin, subtil, agréable.. après la lecture je peux m'imaginer qu'on est tenté de faire connaissance avec des livres de Joseph Conrad - mais pour lire ce livre.. non.. il suffit quand on aime lire de la bonne littérature

kenavo a écrit:

coline a écrit:

Est-ce qu'il faut vraiment connaître Joseph Conrad pour apprécier ce livre?....
J'ai failli l'acheter tout à l'heure...et puis j'ai encore remis...

Non.. tu vas faire la connaissance de cet homme/écrivain lors de la lecture - et tout ce qu'elle écrit point de vue vie, livres, amis,.. elle le fait avec une légèreté - en enveloppant tout cela avec des informations - sans que tu t'y rends compte.. c'est fin, subtil, agréable.. après la lecture je peux m'imaginer qu'on est tenté de faire connaissance avec des livres de Joseph Conrad - mais pour lire ce livre.. non.. il suffit quand on aime lire de la bonne littérature

C'est aussi la réponse que m'a faite Laurence, ma libraire...
Je préfère poser deux fois la question avant d'investir...

coline a écrit:

C'est aussi la réponse que m'a faite Laurence, ma libraire...
Je préfère poser deux fois la question avant d'investir...

Je te comprends.. mais comme je te l'ai déjà dit - ce livre a chanté le moment que je suis entré chez Laurence.. ce ne pouvait être qu'un coup de

Puisque je viens de parler sur le fil de Joseph Conrad de ce livre.. je veux aussi parler sur le fil même du livre sur ce livre

Beaucoup de choses ont changé depuis ma dernière visite sur ce fil - depuis lors j'ai lu trois livres de Joseph Conrad.. j'ai même créé le fil pour les Parfumés et me suis donc mis un peu dans sa biographie.. et du coup ce livre de Maddalena Rodriguez-Antoniotti devient un autre..

Il est vrai qu'il est très bon à lire si on ne connait rien de Conrad à part qu'il était un personnage réel - mais SI on connait un peu de la biographie de lui et en lisant aussi des livres.. ce livre change et gagne en facettes et vues.. pour moi une relecture est inévitable parce que je suis sûre que je vais encore plus (et c'est presque pas possible, tellement ce livre m'a enchanté pendant la première lecture) savourer ce texte

Merci encore pour la piqûre de rappel que tu viens de faire sur le fil des lectures d'octobre, Kenavo.

Je n'avais pas encore lu ce fil, et cette auteur a l'air d'être une petite merveille Pourquoi n'est-elle pas plus connu... ?