Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Christian Oster

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MessageSujet: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyJeu 17 Avr 2008 - 17:51

oster - Christian Oster Oster210

Christian Oster est un écrivain français né à Paris en 1949

Biographie
Après avoir exercé divers métiers, il débute en littérature en écrivant des polars pour le Fleuve noir. Il est connu pour être l'auteur de Mon grand appartement, récompensé en 1999 par le Prix Médicis, et d'Une femme de ménage (2001), adapté au cinéma par Claude Berri, tous deux parus aux éditions de Minuit. Dans ses contes pour la jeunesse, publiés à l'École des Loisirs, Christian Oster privilégie la parodie du récit en cultivant l'anachronisme et la personnification des objets courants.  (wikipedia)


Bibliographie

Citation :
(Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages)

Polars
1984 La Pause du tueur,
1985 Noctambule,
1985 Le Fou sur la colline,

1989 Volley-ball,
1993 L'Aventure,
1994 Le Pont d'Arcueil,
1996 Paul au téléphone,
1997 Le Pique-nique,
1998 Loin d'Odile,
1999 Mon grand appartement, Pages 1, 3
2001 Une femme de ménage, Page 3
2002 Dans le train,
2003 Les Rendez-vous,
2005 L'Imprévu,
2007 Sur la dune,
2008 Trois hommes seuls, Pages 1, 2, 3
2010 Dans la cathédrale, Page 3
2011 Rouler, Page 4
2013 En ville, Page 4

Citation :
Mise à jour le 02/02/201





Dans une revue littéraire*, un dossier était consacré en octobre dernier à un écrivain français. Dès le sommaire, je pouvais y lire :

Poète devenu romancier, son œuvre mouvante et hétéroclite se nourrit de fantaisie, de burlesque et de folie pour explorer les coulisses de notre époque.

Et ceci, en sous-titre de l’article :

En plus de vingt ans de publications, [il] s’est affirmé comme un de nos romanciers les plus imaginatifs. S’il met souvent en scène la folie de ses personnages, c’est pour mieux révéler celle de notre monde contemporain. Avec Jubilation.

Dans la biographie proposée, des titres qui attirent ma curiosité bienveillante :

Les élans minuscules ; La Conviction de la rampe, La Méthode volatile ou encore Le Neveu Chronique.

Plus loin dans le dithyrambe, l’auteur de l’article me garantit que « l’œuvre fictionnelle [de l’auteur] s’affranchit à chaque nouveau titre. Débuté dans une rétention de la phrase, le roman aujourd’hui joue de la rhétorique pour lâcher la bride à l’imaginaire. » Je regarde sa photo en couverture du magazine. Rarement coupable de délit de faciès, il me semble pourtant repérer cette « rétention de la phrase » à la commissure de ses lèvres. Difficile de le voir tomber la cravate sur une table de bar. Et s’il y a folie, elle est soigneusement dissimulée par une coupe de cheveux fignolée à la tondeuse, comme les névroses d’un intérieur bourgeois détournées de l’attention par un perron impeccable. Très bien, je vais me faire une joie d’aller découvrir un des ouvrages de cet auteur qui m’intrigue. Je griffonne son nom sur un bout de papier et l’oublie quelques temps.

Dans ma librairie favorite, rue de la Colombette, je farfouille mon sac sous le nez des frères Grimm. Ce n’est pas leur nom véritable et je n’ai pas intérêt à les interpeler un jour car c’est celui-ci qui va m’échapper. Heureusement que ce n’est pas une fratrie sororale dans une boulangerie, elles auraient eu droit au sobriquet de « Sœurs Tatin. » Je sais, c’est lamentable. Quatre ou cinq auteurs attendent assagis sur des étagères rectilignes mon bon vouloir. Où est passée la liste ? Plonger le nez dans un sac de femme est toujours un grand moment de solitude. D’accord, gagner du temps, la jouer de tête. Les premiers noms arrivent sans problème, mais pas Celui-dont-j’ai-lu-le-nom-dans-la-revue. Ost-quelque chose, ça commence par o-s-t ça c’est sûr… Ah ! Je vois Christian Oster sur une tranche. Ben voilà, c’est ça, c’est lui ! Un titre proposé : Mon grand appartement. Ah ? On ne dirait pas… Il m’avait semblé que dans sa bio les titres étaient plus… Enfin qu’ils étaient moins… 51OSLvuvnlL__AA240_

De retour chez moi, j’étête le haut de ma pile en attrapant le roman d’un auteur japonais. Foisonnant et onirique, avec une alternance de descriptions et de dialogues qui me donnent l’impression de regarder un film. Très visuel sous les métaphores. Mon grand appartement me regarde avec sérieux, attrape le japonais qui disparaît à la cave et bat des cils. Première page du livre, premier étonnement : les phrases sont courtes, avec beaucoup de virgules. La description d’une scène quotidienne est précise, clinique, la forme restitue exactement le fond, quoique avec des termes empruntés à d’autres milieux.

«Je disposais ce jour là de cinq poches, pas une de plus, dont je ne ferai pas ici l’inventaire. Je les fouillai, enflant les unes, dégonflant les autres, bossuant laidement celle-ci ou faisant saillir celle-là, invaginée, à la perpendiculaire de ma hanche. Rien. Tout, si l’on préfère, sauf des clés. »

J’étouffe un peu, le repose et remonte mon bol et mes baguettes de la cave. Quel talent ce Murakami ! Je respire à nouveau profondément en barbotant dans La fin des temps. Il n’empêche, le sujet abordé par Oster me plait bien, et j’aime la manière qu’a son personnage d’appréhender les choses de la vie. Je reprends donc le quignon de la baguette blanche. Encore cette impression d’essoufflement du à la ponctuation. Visuellement, je pense aux images que l’œil fixe jusqu’à ce qu’au bout du flou, un monde merveilleux apparaisse. Ca y est, j’y parviens et passe enfin de la brasse au dos crawlé. Le début de l’histoire m’évoque le Barthélémy Parpot d’Alain Monnier mais ce n’est pas ça. Je pense à Béatrix Beck, le côté « baroqueux profus. » en moins. L'histoire est simple, courte dans le temps, béquillée par des subjonctifs et le hasard qui agit pour les personnages. C’est déjà la page soixante-huit, et Gavarine le héros du livre est dans une piscine. Il vient de poser les yeux sur une femme enceinte – Je ne vais plus lâcher le bouquin jusqu’à la fin…

« Elle n’était pas belle, sans doute, mais, je prends ici un risque, celui de n’être pas cru, je n’ai jamais, moi, Gavarine, aimé les femmes belles. J’entends par belles, s’agissant de femmes, donc, celles chez qui, en raison de leur beauté, toute particularité secondaire s’éclipse dans les lointains de la personne, le plus souvent de façon irréversible, de sorte qu’en grattant cette beauté, c’est soi-même qu’on écorche sans rien mettre au jour qui, posé devant cette beauté, en fasse saillir la marque. »

Je suis tombée amoureuse de l’auteur page quatre-vingt-trois :

Ca n’avait pas été Anne, ça n’avait été personne, et maintenant c’était cette femme-là, qui ne m’avait pas attendu, sans doute, pour mettre en train les choses, mais enfin qui m’attendait, sauf dramatique erreur de ma part – mais je n’y songeais même pas –, pour qu’elles connussent un terme. Son ventre, là, c’est vers moi qu’elle le tendait, en toute fin de processus, pour m’en livrer le fruit, probablement dédaigné par quelque autre, qu’importe, ni elle ni moi n’agissions par calcul, en tout cas pas moi, mois c’était cette femme que je voulais, maintenant, cette femme faussement lourde, là, en tout cas pas lourde pour longtemps, me disais-je, oh là là non sûrement pas très longtemps, me répétais-je, tu as même intérêt à te dépêcher, c’était cette femme et pas une autre, donc, elle c’était son affaire, elle pouvait bien se sentir seule, abandonnée, c’est moi qu’elle venait de choisir. Car, je le signale, il y avait d’autres hommes, dans cette piscine, d’autres hommes seuls, or c’est moi qu’elle fixait ainsi, qu’elle avait laissé venir à elle, pour lui dire un mot, entre autres choses, pour me laisser le lui dire, et maintenant je m’en faisais une idée, de ce mot, une idée précise, il me restait à la formuler, sans doute, mais j’avais pris confiance, et tout à coup je me lançai, je lui posai une question, la seule qui valût, me semblait-il, en tout cas la seule qui désormais m’importât. Je parle de la question du sexe. […] Tout, à l’en croire, laissait à penser qu’il s’agissait d’un garçon.

J’ai reposé le livre une fois achevé sa lecture. Certes je me suis régalée, mais ça ne correspond pas du tout à ce que j’ai pu lire à propos de ce que publie cet écrivain en général. Où sont le « burlesque » et « la folie » qui « explorent les coulisses de notre époque ? » Perplexe, je reviens sur la revue littéraire : le dossier du mois est consacré à Jean-Pierre Ostende…

*Le Matricule des anges, octobre 2007
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyJeu 17 Avr 2008 - 18:37

pas mal comme erreur : troquer ostende pour ce oster qui m'a l'air vraiment très bon. J'ai dégusté les extraits et ton combat entre Murakami et Oster, entre la baguette japonaise et la baguette française.

merci Loïs.
Je note Oster Donc. (même s'il n'est pas burlesque et fou)
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptySam 17 Mai 2008 - 18:12

J'ai aimé les deux ou trois livres que j'ai lus de cet auteur.
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyDim 25 Mai 2008 - 19:34

Lesquels as-tu lu Monilet ?
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyDim 25 Mai 2008 - 19:44

Je ne m'appelle pas Monilet Wink mais j'ai en fait aussi lu un livre de cet auteur: Sur la dune.
J'avais bien aimé (surtout la plupart du livre se déroule près de la mer, côté Atlantique, que j'aime bien Wink ) et j'avais prévu de lire un autre de lui.. mais malheureusement comme trop souvent chez moi, il y a d'autres lectures qui me changent les idées.. et par après, c'est oublié!
Grâce à ce fil, je dirais que le nom Oster va arriver de nouveau sur ma LAL Very Happy
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyDim 25 Mai 2008 - 20:05

J'ai lu au moins l'imprévu et une femme de ménage.
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyDim 25 Mai 2008 - 20:22

kenavo a écrit:
Je ne m'appelle pas Monilet Wink mais j'ai en fait aussi lu un livre de cet auteur: Sur la dune.
Grâce à ce fil, je dirais que le nom Oster va arriver de nouveau sur ma LAL Very Happy

Je me le note.
Oster dans une LAL est un alléchant programme à venir moi j'dis !
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyDim 25 Mai 2008 - 20:23

monilet a écrit:
J'ai lu au moins l'imprévu et une femme de ménage.

Ce n'est pas la première fois que je croise ce titre, "une femme de ménage"... Si je le recroise, paf ! Dans ma LAL !
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyLun 26 Mai 2008 - 9:18

Loïs de Murphy a écrit:
monilet a écrit:
J'ai lu au moins l'imprévu et une femme de ménage.

Ce n'est pas la première fois que je croise ce titre, "une femme de ménage"... Si je le recroise, paf ! Dans ma LAL !

dans le salon c'est plus pratique que dans une PAL ou une LAL hein... et avec un balais et du detergent c'est encore mieux...
(bouuh pas bien de flooder !
Bien de faire remonter ce fil... encore une promesse non tenue pour moi.. toujours pas lu Oster)
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MessageSujet: Mon grand appartement   oster - Christian Oster EmptyMar 10 Juin 2008 - 10:16

ehe. J'aime bien quand je me tiens mes promesses. Donc Lu Oster, et le Grand Appartement, tant qu'à faire.

J'ai été réellement happée par cette écriture, comme le dit Loïs,
Loïs de Murphy a écrit:
les phrases sont courtes, avec beaucoup de virgules. La description d’une scène quotidienne est précise, clinique, la forme restitue exactement le fond, quoique avec des termes empruntés à d’autres milieux.

C'est impressionnant un tel rythme qui te balance d'un côté puis de l'autre, puis te coupe les phrases puis t'oblige à t'arrêter. A sentir l'importance du mot qui pourrait passer pour anodin au milieu d'une grande phrase, mais qui là, tout seul, entre deux virgules, entre deux points, prend tout son effet, prend le temps de venir te frapper l'oeil.


Loïs a écrit:
J’étouffe un peu
ah ? pas moi. Presque pas en fait. Plutôt une impression de légèreté, de souffle saccadé mais entraîné. Une sorte de battement des pieds lors d'un bon vieux crawl pour pouvoir avancer tout droit, sans trop se poser de questions.

Je sais pas, ce style m'a un peu fait penser à Woody Allen quand il part dans ses délires verbaux dans ses films. A enchaîner des tas de mots, d'expressions, à ne pas se donner le temps de réfléchir parce qu'il réfléchit trop, à se couper lui-même à se reprendre.
L'étouffement, pour moi, était plutôt dans le vide du sujet. Et la bouffée d'oxygène arrive quand il sort de son apnée à la piscine.

J'ai bien aimé ce type qui se laisse guider par un regard, par un mot, qui laisse venir les choses et les gens, qui accepte tous les bouleversements. Qui bouleverse sa vie pour un regard. C'est top Romantique. Et en même temps la réalité de l'abandon est bien là. En équilibre entre le non pensé et le trop pensant.

Franchement, une très bonne découverte. J'ai eu raison de me fier au com de Loïs et aux extraits.
Je vous en livre d'autres, pour la peine.

Citation :
Anne, elle, c'était plutôt silence, silence et compagnie. A peine une présence. Une ombre. Dans mon grand appartement, Anne glissait, passait d'une pièce à l'autre. Rangeait, dérangeait, n'en finissait pas de s'installer. N'avait pas commencé, au juste. Cherchait sa place, comme si je ne la lui laissais pas toute, la place. Je me tenais dans le salon, vers le coin droit du canapé, ne bougeais pas tandis qu'Anne glissait sans cesse. A croire qu'au bout de ces quinze jours, n'ayant toujours rien trouvé pour faire son trou dans mon appartement, Anne Lebedel allait me demander si ça ne me dérangeait pas, en définitive, qu'elle loue pas trop loin de chez moi un petit studio, pour garder son indépendance. Elle viendrait me voir, bien sûr, elle aurait même sa place, qu'elle trouverait mieux, dans ces conditions, au sein de mon appartement. Une niche, un petit coin, pas davantage. J'en étais
malade, qu'on puisse en arriver là au bout de quinze jours. Mais on n'en était pas arrivé là. Anne était simplement partie sans rien dire.



ça c'est du premier baiser ultra romantique qui pue la réalité bancale :

Citation :
In extremis, Flore me rattrapa du regard. J'y vis une lueur.
A demain, dis-je.
J'en avais rarement, dans une telle situation, dit autant à une femme. Mais ça ne suffisait pas. Je me devais de faire un geste. Devant Jean, surtout. Je n'avvais pas très envie d'embrasser Flore. Pas comme ça. Je refoulai mon envie, l'autre, celle de l'embrasser, pas comme ça, mais comme ci, en privé, et cédait, la mort dans l'âme, à l'obligation qui m'était faite. Embrasser Flore comme ça, devant Jean. Je me penchai vers elle. L'embrassai comme ça. Un peu plus. Au coin de la bouche. Elle me prit la nuque. M'embrassa. Comme ci. Devant Jean. Je me tins prêt à m'extraire. Je profitais mal. Elle me retint. Me donna sa langue. J'étais penché. Je dus m'asseoir. Sinon, je l'écrasais.
Et, avec elle, la petite Maude. Elle était là, toujours. Pas de ça, me dis-je. Prenons nos aises deux secondes. Trois. Quatre. Hum, fit Jean.
Je viens, dis-je.
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyMar 10 Juin 2008 - 11:01

Ca t'a plus, tu m'en vois ravie ! bonjour
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyMar 10 Juin 2008 - 11:07

Loïs de Murphy a écrit:
Ca t'a plus, tu m'en vois ravie ! bonjour
t'as surtout du bol, tu sais ce qu'il t'attendait sinon (tiens j'ai pensé à toi, j'ai goûté un pruneau mi-cuit enroulé dans du lard. MaisMais c'est que c'était presque bon!)
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyMar 10 Juin 2008 - 11:23

Miam ! Enroulé dans du lard ! miammiam
Le pruneau s'il n'est pas mi-cuit est pour moi imbouffable Surprised)
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyDim 14 Sep 2008 - 14:57

oster - Christian Oster Couver52
Trois hommes seuls
Citation :
Présentation de l’éditeur :
Marie m’invitait à passer quelques jours en Corse. Je pouvais venir avec qui je voulais. J’en ai donc parlé à Marc, que je fréquentais depuis trois semaines sur un court de tennis, du côté de la porte de Clignancourt. Lui-même en a parlé à un type que je ne connaissais pas. Sur la banquette arrière, j’ai pu caser la chaise que Marie m’avait laissée en s’en allant, deux ans plus tôt, et qu’elle me demandait de lui rapporter. Après quoi, tous les trois, on s’est dit qu’on ferait connaissance en chemin, et on est partis.

J’avais noté ce nouveau livre de Christian Oster de la rentrée – mais un commentaire dans PAGES des Libraires m’a finalement convaincu que je voudrais vraiment lire ce livre tout de suite.

Ces trois hommes ont le don de la naïveté et le pouvoir de l’étonnement, et ils usent de cette escapade estivale comme d’une parenthèse, plaisante dans leur routine parisienne. Ils se laissent porter pas l’amour et par la curiosité à l’exclusion de tout le reste.
Oster donne la main à ses personnages en mettant sur leur chemin des coïncidences charmantes et une Circée pacifique qui donnent au récit la dimension d’un conte symbolique, d’une petite odyssée lue à minuit, sous la lune au bord d’une plage du Cap Corse.


Le « périple » de ces trois hommes est très plaisant à lire. On ne sait pas tout à fait où Christian Oster veut mener son lecteur – mais il le fait d’une manière si charmante et convaincante – moi j’avais beaucoup de plaisir de partir avec eux en ce voyage.

L’écriture produit du début un remous qui nous entraine dans un voyage de Paris jusqu’en Corse et sa description de ses trois personnages est de manière si sympathique qu’on voudrait se mettre avec eux dans la voiture.

Bon moment de lecture.
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MessageSujet: Re: Christian Oster   oster - Christian Oster EmptyJeu 18 Sep 2008 - 13:37

«Trois hommes seuls»

Corina Ciocârlie
Le Jeudi 18/09/08


Ils sont tous célibataires, oisifs, défaitistes et friands de petits arrangements avec le hasard. Ils n'ont pas d'ambition particulière et passent le plus clair de leur temps à anticiper ce qui pourrait bien advenir, le moindre détail, cocasse ou fatidique. Le narrateur croise systématiquement leur chemin à un moment où tout (ou presque) est possible parce qu'un petit rien est en train de se produire – une clé perdue, un ami retrouvé, une chaise oubliée, un rendez-vous manqué.

Menés en bateau

Serge Ganz, le protagoniste du treizième opus signé Christian Oster, fait partie du club. Marie, son ex, l'invite à passer quelques jours en Corse. La maison de Barretone est vaste et accueillante, il peut donc venir avec qui il veut. Faute d'inspiration, il s'y rend avec un certain Marc, qu'il côtoie les mardis sur un court de tennis parisien, et qui embarque à son tour – pour ce périple loufoque à la manière de Jerome K. Jerome – une vague connaissance, Cyril Kontcharski, banquier et funambule à ses heures. Ils sont trois, donc. Trois hommes seuls menés en bateau – trois, sans parler de la vieille chaise que Marie entend récupérer. «J'avais besoin de Kontcharski. Je ne m'imaginais pas seul avec Marc. Non plus qu'avec Kontcharski. C'était le chiffre deux qui péchait. Nous sommes trois, déclarai-je à Kontcharski, et même si nous ne faisons rien de spécial à Barretone, j'entends bien que ce soit à trois, je compte sur vous, Cyril.» Dans les romans de Christian Oster, le compagnonnage est une construction fragile, nécessitant des figurants habiles et nonchalants, censés se muer en protagonistes et recrutés à la hâte, «sur la base, tout de même, du volontariat». Ce qu'ils partagent avec le narrateur, c'est ce sentiment mêlé d'hésitation et d'urgence, ce désir de partir, de se rendre d'un point à un autre, quel qu'il soit, juste pour «en avoir le cœur net». Inutile d'être amis de longue date pour avaler des kilomètres et des couleuvres, des quiproquos et des malentendus. Lors de l'embarquement, on vous demande simplement – et ce n'est pas rien – une capacité de relativiser la pesanteur d'une situation toute provisoire, et d'accepter par exemple de vous impliquer, si besoin était, dans une conversation à bâtons rompus en abandonnant, par avance, toute velléité d'en tirer bénéfice. Le hasard, faisons-lui confiance, se chargera du reste: «Moi, ça m'était égal, je ne prétendais pas vivre, je trouve que c'est une ambition stupide. On vit de toute façon et en fin de compte quelque chose s'est passé. Ou a passé. Bref.» Et c'est ainsi qu'au lieu de ressusciter miraculeusement un amour défunt, on se retrouve bredouille, en panne d'essence, exposé à la déshydratation par 39° à l'ombre, dans la zone industrielle de Bastia-Furiani, où l'on n'était «en principe que de passage»...

Lien: Le Jeudi
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