Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Parfum de livres… parfum d’ailleurs

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 Peter Watkins

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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptySam 6 Sep 2008 - 16:44

La bombe est un exercice vraiment impressionnant.


Dernière édition par Bellonzo le Dim 7 Sep 2008 - 12:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptySam 6 Sep 2008 - 17:03

Oui, c'était même passé à la télévision il y a quelques années (Arte ?).

La Bombe (qui a reçu l'Oscar 1967 du meilleur documentaire, Prix spécial à Venise, etc.) a vraiment un très gros effet de fascination...
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyJeu 11 Sep 2008 - 23:25

La Commune

Ce que je fais là est une erreur mais tant pis. un morceaux de faux avis sur La Commune que je viens de visionner... en faisant parfois autre chose, pour ne pas remettre à dans x mois et parce que la forme et la durée "font que"... c'est un peu plus de 5h tout cette affaire.

En plus c'est difficile je ne crois pas en avoir entendu causer dans ma scolarité et je pense qu'un retour avant m'aurait été utile.

un truc à l'air instructif

Le film retrace à sa manière l'aventure de "la commune de Paris" en 1871 jusqu'à sa fin sanglante (semaine sanglante). et ce à la manière Peter Watkins : en France, avec des Français et peu de moyen, tourné en 2000 avec des gens de 2000 au langage de 2000 en n&b et avec une pseudo tv de chaque côté et des interviews sur le vif tout au long. Puis se mélangent les avis actuels des acteurs, leurs impressions se mélangeant à celles des personnages qu'ils incarnent... le tout en plans séquences avec panneaux explicatifs et instructifs intercalés.

c'est un peu le bordel et une foutue cacophonie, dans le feu de l'action ça braille à tout va ! et ça n'aide pas à suivre. Le premier dvd m'est, je le reconnais majoritairement passé au dessus de la tête, à cause de ça, des autres choses et du côté un peu "en plastoc" de la chose. C'est esssentiellement des "faits", l'enchainement avec une mise en avant du contexte social et du quotidien de ces évènements.

Le second dvd, la deuxième partie, a plus retenu mon attention, je pense parce que les gens, acteurs s'expriment plus eux-mêmes. En costume ils discutent entre eux et face à la caméra d'un mélange de préoccupations de "communards" et de gens de l'an 2000... préoccupations proches : du boulot, de la liberté, une vraie place pour les femmmes !

c'est dans cette partie aussi que se dessinnent des problèmes de démocratie, comment s'entendre, s'organiser, agir, trouver les moyens de la réussite, régler les problèmes simples "d'intendance"...

très fouilli tout ça au milieu de l'agitation, c'est voulu certes et "réaliste"... intéressant.

Très intéressant même pour la diversité des points de vues et les points communs (l'inquiétude face à un pouvoir économique). Mais je bloque, si le film ne prétend pas être objectif (enfin je ne crois pas) il donne (avis qui n'engage que moi) une impression de pseudo objectivité. Or c'est plutôt engagé : antimilitarisme, antiaméricanisme... je simplifie mais bon. Et on ne distingue pas forcément ce qui est prévu, scripté de ce qui est spontanné.

Reste un témoignage sur la violence, la bêtise (un peu quand même)... un soupçon de cruauté.. ce qui accompagne les entreprises humaines.

J'ai le sentiment de ne pas connaitre assez l'histoire pour être à l'aise avec ce film.

Le côté réflexion sur les médias m'a semblé absolument secondaire. L'ensemble est difficilement digeste et je ne sais pas si ça l'emporte sur du documentaite plus classique qu'il n'y a pas forcément de raisons d'imaginer mal fait.

Certes un des objectifs est la confrontation au présent, l'actualité...

Je suis très partagé. Restent de sérieuses pistes de réflexion, des points de départ.
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyDim 26 Oct 2008 - 23:12

Marie a écrit:
Edvard Munch, la danse de la vie

Que dire de ce film. Qu'il est très, très long, et répétitif, et que peut être il vaut mieux le voir en plusieurs épisodes, car il a un côté très pesant dû au procédé employé par Watkins de demander à ses acteurs ( tous amateurs..) de très souvent regarder la caméra en face. Ce qui donne une intensité quelquefois difficilement soutenable.

J’ai bien tardé à regarder ce film qui m’attendait depuis presque deux mois (pardon aux Parfumés du cerclage !)…
Je savais bien pourquoi je repoussais le moment de le voir…J’en connaissais la durée et je sentais l’intérêt immense qu’il pouvait présenter. Cela me commandait de lui réserver un long moment de grande disponibilité. Je n’avais pas du tout envie de le morceler …Hier fut le moment propice, seulement interrompu par une ou deux courtes pauses…C’est ainsi que, pour ma part, je devais voir ce film dense et remarquable.


Marie a écrit:
Et qu'il s'agit d'une méditation très pointue sur les mystères inconscients de la création artistique .De la souffrance en amont et en aval.. Nous entrons dans l'intimité d'un peintre et d'une époque grâce à une méthode pseudo-documentaire.
Sous tous les angles et sous ses différents aspects, Peter Watkins revient sur ce qui fait une oeuvre, et particulièrement l'enfance. Et quelle enfance!

« On ne peindra plus de scènes d'intérieur avec des hommes en train de lire ou des femmes qui tricotent. Il faut que ce soient des être vivants qui respirent, qui sentent, qui souffrent et aiment » dira Munch dans son journal.

« Je peindrais des personnes vivantes, qui respirent, qui éprouvent, qui souffrent, qui aiment » déclara-t-il.

Dans sa peinture le peintre sensible met ses drames amoureux, ses angoisses de maladie, les terribles souvenirs de la mort de sa mère, de sa sœur... sa vie.

Marie a écrit:
Bergman a parait-il qualifié ce film de "travail de génie".
Il y a une évidente parenté...

Je ne me sens pas à la hauteur du commentaire qu'il faudrait faire pour ce film magnifique...
Il montre l'évolution personnelle de Munch. Issu d’un milieu bourgeois, puritain, religieux, il se lie avec des anarchistes et des artistes révolutionnaires.
Parallèlement le film montre l'évolution de son Art.
Le réalisateur lie l’artiste à son époque ( Kristiana, la future Oslo, à la fin du XIXème siècle, mais aussi au contexte européen )
Le film montre que la vie et l'oeuvre de Munch ressemblent à ce fameux Cri que l'on connait......un cri d'angoisse étouffé par la religion, le puritanisme, la critique...
Il faudrait encore parler de l'image, du scénario, du montage, des acteurs...

Un seul pauvre mot me vient : Remarquable!...
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyVen 13 Fév 2009 - 22:57

De retour de la médiathèque, avec
Le Libre Penseur (1994)
Peter Watkins - Page 2 Arton310

Après l'expérience Munch et ses acteurs-badauds.
Ici c'est Strindberg monté par des lycéens suédois. Une vingtaine, dans le cadre d'un projet pédagogique. (projet à saluer, rien qu'en lui-même).

Je ne sais pas encore comment l'aborder (ni quand trouver l'impulsion), car c'est massif, encore (270").
Mais derrière ça (et je l'espère, au delà) un interêt documentaire particulièrement pertinent, et peut-être un déclic pour Strindberg (ainsi que ça a marché pour Munch). D'autant que j'envisage un travail sur l'auteur, et quelques lectures sans le filet de la traduction.
(Ou un peu quand même!)
clown

C'est à suivre, les vacances à venir aidant.
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyMar 12 Mai 2009 - 20:24

Une nouvelle fois soufflé par l'ampleur de ce travail, sa richesse et son ouverture.

Pour préciser ce que j'affirme plus haut, la dimension pédagogique du film concerne essentiellement la reflexion en amont (par rapport aux solutions filmiques alternatives, problèmes techniques éventuels, formes qu'un tel travail peut prendre...) et la réalisation en elle-même (prise de son, montage etc.). Question montage, justement, la chose est envisagée de manière beaucoup plus linéaire que pour Munch. De fait, un gain évident en clarté, mais peut-être une perte d'impact/tension (expressivement parlant) et un aspect documentaire plus net.

Là par contre où Fritänkaren ("Le Libre Penseur", du nom d'une des premières pièces de Strindberg) va beaucoup plus loin que Munch, c'est dans sa démarche d'engagement dans un cinéma alternatif (s'il faut répéter que Watkins 'combat' la concentration du pouvoir par les mass-media depuis toujours).
Le réalisateur est d'ailleurs connu pour prendre ses acteurs parmi la foule (selon accessoirement des façons d'être similaires/ressemblance physique par rapport aux rôles recherchés), et leur laisser construire avec lui leur personnage, sans imposer répliques ou jeu d'acteur, en leur laissant exprimer spontanément des opinions propres.
C'est en tout cas la démarche observée dans Munch - bien que là la subjectivité des acteurs ne transparaît que par le seul biais de la reconstitution, c'est-à-dire qu'ils s'expriment (aussi librement que ce soit) à travers et au nom du personnage qu'ils incarnent. Une seule dimension donc, qui s'accorde avec un but principal de donner à voir l'artiste/son art au plus proche de ce qu'ils furent(/sont) - ce médié, bien-sûr, par l'engagement singulier du réalisateur, mais qui n'a pas lieu de toucher au fond/aux faits - jusqu'à une reconstitution de la société dès lors qu'elle est structurante dans sa cohérence.
La reconstitution occupe ici à nouveau une place importante - mais sans effort particulier, le réalisateur privilégiant pour la plupart des scènes une certaine neutralité - et voit s'ajouter de nouveaux biais/supports/dimmensions. Notamment quant-au rapport des acteurs au personnage joué, qui apparaît plus poussé que précedemment, en favorisant les apartés/ruptures du récit (s'il y a véritablement un récit), les acteurs ainsi invités à exprimer tour à tour trois points de vue: le leur, celui qu'ils pensent que prendrait leur personnage, et enfin celui du personnage. D'autant qu'une partie des scènes sont enregistrées dans un simple hangar désert, absolument neutre, scènes qui permettent de se focaliser sur le personnage (de Strindberg en l'occurence), pris hors de son environnement. Notamment un passage génial, presque incongru (peut-être un exercice préliminaire inséré au montage?) où on assiste à une engueulade entre une personne de l'assistance (spectateur, équipe technique etc. ?) et 'Strindberg'. Ces scènes de hangar permettent de poser des questions sur le personnage, d'essayer des théories etc. sans jamais imposer de réponse. Certains débats reconstitués donnent suite à un nouveau débat totalement informel dans lequel quiconque présent (et en quelque qualité que ce soit) est invité à s'exprimer (à propos des mass-medias, du déséquilibre social de Strindberg, ou encore de la responsabilité morale de l'écrivain). A ce titre une ouverture extraordinaire, et un propos qui dépasse de loin la simple biographie (tout en nous offrant une proximité troublante avec l'évrivain).

D'autres médias (au sens large) sont utilisés dans le film, de la photographie ou du simple écran noir avec citation (de Strindberg ou Watkins), à la pièce dans la pièce - intégration de passages des drames Master Olof et Le Père (ce qui au fond ne reviendrait pas au même que de filmer en profondeur un tableau?), ou encore lecture de passages significatifs de son oeuvre, apartés où nous sont donnés des anecdotes etc. Tant de rencontres indirectes avec les personnages.

Au lu du commentaire de la Commune fait par Animal, je pense qu'on se situe ici à mi-chemin entre ce dernier et Edvard Munch en terme d'engagement/radicalité. Une reconstitution globale parcimonieuse et cohérente entrecoupée d'interventions exterieures pertinentes. La lisibilité du propos est exemplaire en tous cas, pas trop exigente, claire et riche. (Et une belle performance d'acteurs! A croire que ça s'improvise...) Et surtout l'ouverture permanente qui est faite vers des questions plus générales, invitation à d'autres interprétation etc.

Toujours, pour vous aider à voir:

Peter Watkins - Page 2 Vlcsna11Peter Watkins - Page 2 Vlcsna10
Strindberg et son épouse au détour d'un aparté

Peter Watkins - Page 2 Vlcsna12Peter Watkins - Page 2 Vlcsna19
Vie parisienne de Strindberg aux dernières années du siècle. Impressionantes crises de paranoïa (Strindberg est convaincu que l'écrivain polonais Przybyszewsky veut le tuer - il a pris sa femme Dagny Juell comme maitresse - jusqu'à rencontrer dans la rue un signe indubitable d'un attentat imminient: deux branches formant les lettres P et Y), et manipulations alchimiques dans la misère la plus complète.

Peter Watkins - Page 2 Vlcsna17Peter Watkins - Page 2 Vlcsna13
Autour de Grèz-sur-Loing, en compagnie de Carl Larsson et d'autres artistes scandinaves

Peter Watkins - Page 2 Vlcsna15Peter Watkins - Page 2 Vlcsna20
Peter Watkins - Page 2 Vlcsna21Peter Watkins - Page 2 Vlcsna16
Scènes de hangar: débats ouverts et 'enguelades' (au sujet d'une lettre "révoltante" à sa fille, et de ses rapports "anormaux" à l'autre)

Peter Watkins - Page 2 Vlcsna18Peter Watkins - Page 2 Vlcsna22
La pièce dans la pièce (Le Père) // autour d'une discussion du groupe d'écrivains de la "Jeune Suède"

Regardez Watkins, et lisez Strindberg! clown
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyMar 12 Mai 2009 - 20:43

ça fait envie ton commentaire, connais que couic à Strindberg, mais entre une porte d'entrée sur quelque chose que je ne connais pas et renouveler la très stimulante confrontation avec la volonté de Watkins de montrer autrement... clown

La commune c'était un peu cacophonique. entre la commune et Munch (l'impression que donne effectivement ton commentaire) ça doit être particulièrement intéressant !
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyDim 9 Oct 2011 - 17:08

Peter Watkins - Page 2 Punish10
Punishment Park

Pendant la guerre du Vietnam, aux Etats-Unis un état d'urgence (basé sur le McCarran Act) est décrété permettant l'emprisonnement et le jugement "préventif" des opposants politiques (gauchistes, pacifistes, féministes,...).

Sont mis en place dans tout le pays des punishment parks mélange de lieu de détention, de jugement expéditif et de terrain d'entrainement pour toute sorte de forces de l'ordre : garde nationale, police anti-émeutes, police fédérale, ... En effet la particularité de l'issue des jugements est de laisser le choix entre la peine de prison (entre 5 et 20 ans) et un jeu qui permet au terme de trois jours difficiles et formateurs de retourner à la liberté. Le jeu est aussi l'entrainement pour les policiers.

On apprend tout ça comme embarqués avec une équipe de télévision qui au sud de Los Angeles, au plus fort de l'été, dans le désert on va suivre deux groupes : l'un qui commence son parcours et l'autre se faisant juger. 3 jours sans eau dans le désert pour atteindre un drapeau à quelques 85kms du point de départ en devant échapper à la police qui laisse 2h d'avance. ou 3 jours (peut-être ? les scènes sont alternées) d'une justice faite d'avance.

Le film se présente comme un documentaire et est tourné essentiellement avec des acteurs amateurs ou semi-professionnels, engageant selon le dada du réalisateur une bonne part de leurs convictions personnelles. Deux faces donc à ce film :

L'épreuve dans le désert, ponctuée de rares interviews, se déroule sur un fond continu de détonation, de bruits d'avions à réaction... une sorte de bande son du 20h, commence par l'exposé des règles très symboliques, en gros la promesse d'une arrestation sans violence s'il y a obéissance. Les 2h d'avance laissées aux opposants sont aussi l'occasion d'une présentation du révolver et du fusil à pompes employés par la police, ça commence à être fortement dérangeant. Mais jusque là ça semblerait presque raisonnable. Dans le groupe de ceux qui courent trois groupes se distinguent : ceux qui vont se rendre, ceux qui vont 'jouer le jeu' et ceux qui vont choisir la violence. Trois options de la divergence d'opinion quand la violence qui est opposée est mal définie. C'est la partie du film mise en pratique, mise en pratique dans une situation de plus en plus déséquilibrée...

Sous les tentes accusés et jurés s'invectivent en fonction de leurs convictions, les avocats restant impuissants. Seul reste le rôle hypothétique du témoignage devant les caméras présentes et de la diffusion nationale et européenne de cette situation qui ne cadre pas du tout avec les droits de l'homme et une idée même rudimentaire d'un pays libre. Le film a beau pencher à gauche il n'y a pas de commentaire sur les avis émis par les uns et les autres. Certains arguments un peu gros de l'accusation sont trop gros pour être vrais... ça n'empêche pas de les retrouver aujourd'hui ailleurs. Le plus marquant est l'absence de dialogue, rendu impossible par le rapport de force. La démonstration par la succession d'exemples, plus que d'argumenter en faveur du pacifisme par les personnages (il y a tout de même des pistes) réussi cette mise en évidence du rapport de force en politique. Troublant.

J'avais vu le film, presque tout le film, à la tv il y a quelques années, par hasard, en n'en sachant rien... ça fait un drôle d'effet, l'aspect documentaire joue à fond et pendant un bon moment on est vraiment désorienté, on ne sait pas trop quoi en penser. ça fait peur certes mais surtout on cherche un repère sur comment le penser. Pourtant c'est une "simple" projection, un possible. Avec cette nouvelle vision, plus consciente, c'est un peu différent. L'engagement très fort du film pourrait le simplifier un peu à tort. On ne ressent pas de glorification de jeunes idéalistes sacrifiés, c'est plus compliqué, une interrogation plus profonde de l'engagement politique et de l'action politique, très d'actualité dans les 70's, toujours d'actualité parce que le problème bien que montré (ou justement pour ça) du côté embêtant (quand ça ne fonctionne pas) est assez finement posé. Il y a le fait aussi que le film est très stressant et ne cherche à aucun moment l'apaisement, tout est biaisé et tout est en déséquilibre. C'est aussi le rapport à l'information véhiculé par cette image documentaire que l'on sait fausse. Information qu'on retrouve dans les paroles des protagonistes, surtout les jurés et policiers répétant une parole officielle, une information devenant justification.

Dans les compléments on constate que beaucoup de critiques ont qualifié le film et le réalisateur de paranoïaques ou favorisant une paranoïa, c'est peut être vrai mais surtout comme miroir d'une paranoïa officielle, une peur d'un autre à l'intérieur. En tout cas un film choc et bien fait en plus d'être engagé (les deux à la fois c'est relativement rare). Deux courts métrages aussi sur le disque l'un comme journal d'un soldat anglais durant la première guerre mondiale, qui a peur. L'autre sur une révolution anticommuniste hongroise donnant des noms à des personnes qui s'engagent dans une action politique. Les deux jouent sur l'image d'actualité ou d'archive en brouillant le rapport la fiction. Deux beaux petits films eux aussi. Non moins pacifistes et eux non plus pas simplificateurs.

c'est à voir.
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyDim 9 Oct 2011 - 17:25

Je l'ai vu à la fac, j'ai encore des images en tête (comme La jetée de Marker).
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MessageSujet: La commune   Peter Watkins - Page 2 EmptyVen 23 Déc 2011 - 15:40

Documentaire, film, débat télévisé, reportage, exercice de style foncièrement subversif, cinéma télévisuel, télévision sur grand écran, Présent en noir et blanc, Passé haut en couleur, acteurs en civil, sans-papiers citoyens, chômeurs ayant droit à la parole, la Commune, la Cause Commune… idées en 3D sur écran plat.

Pendant près de 6 heures, « La Commune » se démarque par son aspect universel, mélangeant les époques, les luttes et les identités des comédiens.

En effet, grâce à un montage intelligent et novateur, Peter Watkins donne une dimension actuelle à l’Histoire de la Commune, fait parler les Hommes en même temps que les comédiens, accole de manière judicieuse des discours joués et des grognes personnelles. Ainsi, tout au long de ce périple sans âge, le spectateur devient un acteur potentiel, un interlocuteur ou un compagnon de route. Sans ressentir la moindre discontinuité, on oscille entre fiction et réalité, c’est dire si la Commune était en avance sur son temps quant aux idées qu’elle véhiculait. Ou peut-être est-ce le cours des choses qui n’évolue que trop lentement ?

Un des points forts de « La Commune » réside dans l'emploi de comédiens non professionnels qui portent un discours plus qu’ils ne jouent. L’Homme/acteur est donc ici le support de l’oppression, une machine usée par un système totalement illogique. Ces comédiens, ils sont black, blanc et beurs, les trois couleurs des communards mais aussi de notre société d’aujourd’hui.

Au fil du film, les discours des Hommes ressemblent de plus en plus aux discours joués et la Commune devient une actualité, une lutte à achever, la plus grande avancée en terme de droits sociaux et d’organisation égalitaire ( interdiction du travail de nuit pour les boulangers, statut de la Femme égal à celui de l’Homme, créations de coopératives pour chaque corps de métier, démocratie directe, entraide intergénérationnelle…).

Enfin , « La Commune » est une critique sévère des médias: Les médias au service du pouvoir ( médias de l’opposition), les médias voyeuristes (qui filment la Révolution parce qu’elle revêt un caractère spectaculaire) ou encore les médias « subversifs » (qui annihilent toute construction en employant un vocabulaire cru et violent mais vide de sens).

« La Commune » est à voir absolument. Pas besoin d’être communiste, anarchiste ou capitaliste pour pouvoir y déceler une richesse incroyable en terme de sentiments humains, de connaissances et d’ouverture d’esprit. La Commune de 1871 est allée au-delà de toute liberté connue. Bien que très courte, elle réfléchissait déjà à la vie en dehors du travail, « à être quelqu’un » plutôt qu’ « à faire quelque chose ». Elle voulait créer une identité individuelle et non professionnelle, désirait aménager du temps pour se construire en réduisant le temps de travail, bref l’opposé de la société de plus en plus matérialiste dans laquelle nous vivons.

La Commune doit être apprise à l’école afin que l’on soit sensiblisé dès le plus jeune âge à la construction de soi, indépendamment de toute optique professionnelle.
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyMar 6 Oct 2015 - 9:15

Edvard Munch


Le docu-fiction, c'est pas trop  mon truc. Et le biopic non plus d'ailleurs.
Edvard Munch : quelques tableaux emblématiques dans un coin de la tête, d'accès difficile, pas très clairs
Un film de quatre heures, et bien, oui, ça fait carrément peur !

Donc ce film est le type du DVD qui reste dans un coin, que je laisse traîner et  que je repousse encore un peu.

Erreur !


Citation :
J'ai décidé, lors du travail d'écriture, de faire un film qui ressemblerait à un vitrail brisé, et qu'on aurait reconstitué en mettant les milliers d'éclats de verre dans un nouvel ordre afin de créer entre eux des rapports neufs et complexes.
C'est un film monumental, d'une inventivité inexplorée,  qui nous donne à voir la beauté des images comme autant de tableaux, avec une multitude de personnages, passant ou restant ; images d'une intimité, mais aussi images d'un siècle, d'un monde, d'une époque, tous fondateurs dans l'expérience de cet homme écartelé, Munch.  Dans un montage kaléidoscopique, Peter Watkins montre  les souvenirs,  les blessures jamais soignées, les réminiscences récurrentes et le vécu indépassable. Tout cela dans un dédale d'images et de sons qui se chevauchent , s'interpénètrent et se répondent dans une tourmente qui tourbillonne le spectateur, emporté dans les obsessions dévastatrices du peintre   .

Enfant d'une époque charnière, façonné par une éducation-carcan (on se dit qu'Haneke a vu ce film avant de tourner Le ruban blanc),  Edvard Munch,  refuse de composer avec elles. Il assume  jusqu'à la lie ses angoisses,  ses interrogations, son mal de vivre, qui sont le terreau de son art d'écorché, d'une expression novatrice et dérangeante. Sa sincérité et son engagement sont la clé  de sa relation complexe aux femmes, de son attachement révulsé à sa famille, de sa peinture dérangeante (et la complexité du fait que si elle ne dérangeait pas, c'est à dire s' il était aimé, il l’exécrerait sans doute) . Une création dans la souffrance où il sort ses tripes, un peintre qui s'y engouffre sans économie, sans demi-mesure, sans compromis. Cette époque, cette souffrance , cette vie, cette incompréhension, cette fascination pour l'authentique éclairent miraculeusement les œuvres analysées, que la caméra caresse, explore à la loupe. L'évidence s’installe face à ces tableaux étranges, violents, habités et distants en même temps,  qu'on ne peut que recevoir en pleine figure .

Les acteurs , tous non professionnels, jettent souvent, tant dans les scènes qui s'apparentent à la narration que dans celles qui s'assimilent au « reportage », un coup d’œil vers la caméra, à la fois trait d'union  avec le spectateur et mise à distance :  je reste là derrière la caméra, semble nous dire ainsi Watkins ,  c'est mon œil sur Munch, entre fiction et documentaire, dans un perpétuel aller-retour entre les deux, le réalisateur s'impliquant à son tour comme créateur d'une œuvre singulière qui nous bouscule.

La beauté des images est souvent époustouflante et se réfère à la patte de l'artiste, son travail de la couleur, de la texture, de la proximité des corps.  Certaines scènes obsédantes, la mère et les enfants cherchant l'air et crachant le sang, expériences fondatrices hallucinantes  d'une culpabilité jamais vaincue - d’avoir survécu, d'avoir trahi, d'être soi-même, en quelque sorte - nous étreignent par leur violence intime. Et j'ai été emportée par la magie de l'artisan lithograveur qui efface peu à peu  l'autoportrait de Munch et le fait ensuite miraculeusement réapparaître en appliquant son encre.

C'est un film monumental, unique, plein de beauté, dérangeant.
(il y aurait encore beaucoup, beaucoup à dire mais c'est assez intransmissible, ce genre de film et l'émotion qu'il procure au-delà de l'explication)
(Merci, animal, d'avoir transmis le flambeau allumé par Marie!)

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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyMar 6 Oct 2015 - 9:38

Parfait complément à l'expo Van Gogh/Much que je vais finalement voir samedi.
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyMar 6 Oct 2015 - 21:38

Citation :
et la complexité du fait que si elle ne dérangeait pas, c'est à dire s' il était aimé, il l’exécrerait sans doute
il faudrait que je le revois un jour, je me souviens mal de cet aspect là !
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MessageSujet: Re: Peter Watkins   Peter Watkins - Page 2 EmptyMer 7 Oct 2015 - 9:15

c'est peut-être plus mon interprétation. L'idée que si la bourgeoisie bien pensante criait au génie, ça ne serait pas forcément si bien que ça. Que l'auto-torturage fait partie de sa personnalité même (sans que ce soit une pose). Qu'il peint "contre" d'une certaine façon.
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