Flannery O'Connor

Le nègre factice

Un grand-père décide d'emmener son petit fils à "la ville", pour lui faire un peu découvrir le monde et les "nègres" que l'enfant n'a jamais vus (alors qu'il prétend le contraire)
Mais il se perd dans les rues, se dispute avec l'enfant qui lui reproche ses hésitations, un incident survient, le grand-père renie momentanément son petit fils.
C'est la guerre froide entre les deux, jusqu'au dénouement plein de grâce, comme souvent dans ces nouvelles.

Le cercle de feu

Une femme qui vit dans une ferme avec sa petite fille voit débarquer chez elle trois jeunes garçons dont l'un est le fils d'un homme ayant auparavant travaillé dans son domaine.
Les intentions des trois jeunes sont floues, mais peu à peu ils s'incrustent et elle n'arrive pas à les faire partir malgré les menaces et va provoquer peu à peu des incidents fâcheux (pour elle) qui prendront bientôt une tournure dramatique.
La forme de cette nouvelle est très intéressante, car elle est observée par sa petite fille depuis une fenêtre qui ne quitte pas des yeux ce qui se passe.

Tardive rencontre avec l'ennemi

Un vieillard de 104 ans ayant servi pour les Confédérés assiste à une remise de diplôme de fin d'université attribué à sa fille.
Il aime parader, mais ses sens ne lui permettent pas de tout comprendre ce qui se dit, ça fait un beau mélange dans sa tête (passé, présent).
Le jeune homme qui le véhicule dans son fauteuil roulant pour l'occasion ne pense qu'au distributeur de Coca Cola.....

Plus j'avance, plus je considère que Flannery O'Connor est immense, tout est immense chez elle.
Pour moi elle aussi importante que Carson McCullers ou Beatrix Beck.

darkanny a écrit:

Plus j'avance, plus je considère que Flannery O'Connor est immense, tout est immense chez elle.
Pour moi elle aussi importante que Carson McCullers ou Beatrix Beck.

Wa, ça c'est du compliment venant de toi! Je vais zieuter d'un peu plus près tout ceci.
(Mais pourquoi donc Nezumi paraissait si peu enthousiaste? Ou alors j'ai pas bien suivi...)

Non non elle a rien dit de spécial, juste qu'elle se moquait un peu parce que j'avais acheté le recueil complet comme ça sans rien connaître de l'auteur qui aurait pu être une clone de BC, c'est tout ce qu'elle dit

Désolé je lis le fil un peu tard mais Hank un romancière qui pourrait te plaire et qui est du sud des Etats-Unis : Dona Tartt.

Quant à l'auteure du présent fil je vais tout de suite m'acheter un recueil de ses nouvelles.

darkanny a écrit:

Non non elle a rien dit de spécial, juste qu'elle se moquait un peu parce que j'avais acheté le recueil complet comme ça sans rien connaître de l'auteur qui aurait pu être une clone de BC, c'est tout ce qu'elle dit

C' est un point de vue, en effet ! Mais elle serait plutot le contraire absolu de BC...

Ah mais complètement, en plus elle ne ressemble à personne, son ton est unique et ses histoires sont très personnalisées.
Je suis comme Tom Leo j'ai l'impression que je la connais, je pourrais boire un verre avec elle et taper la convers.

darkanny a écrit:

Non non elle a rien dit de spécial, juste qu'elle se moquait un peu parce que j'avais acheté le recueil complet comme ça sans rien connaître de l'auteur qui aurait pu être une clone de BC, c'est tout ce qu'elle dit

Ah ok Darkanny. J'ai lu en diagonale, ce truc m'a échappé...
Ce que vous en dites me donne de plus en plus envie.

Merci pour ta lecture détaillée., Darkanny !

J' ajoute que F. O'Coonor a gardé jusqu' au bout l' humour qui illumine son oeuvre et qu' elle avait bien du mérite, compte tenu de l' horrible maladie dégénérative dont elle était atteinte et qui la tua à 39 ans...

Oui j'ai lu tout ça dans "Vie et oeuvre" (1925-1964) au début du livre.

Pour autant que j'y comprenne quelque chose, il me semble que la maladie et la médecine se font la course, la première arrivée vous tuera

Ce qu'elle dit à un de ses proches durant la dernière année de sa vie.

Pour revenir sur la nouvelle "Les braves gens ne courent pas les rues" issue du recueil de nouvelles qui porte également ce nom et dont eXPie parle plus haut et qui semble juste y voir la décimation d'une famille.
L'auteur de cette mini biographie explique: son usage de la violence lui sert à ramener ses personnages à la réalité, comme pour les préparer à accueillir la grâce.
"Dans cette nouvelle dit Flannery O'Connor, ce qui devrait occuper votre esprit, c'est l'action de grâce dans l'âme de la grand-mère, non pas les cadavres", conclue-t-elle devant un parterre d'étudiantes.

Oui, elle était enracinée dans la religion et elle essayait de marcher vers la grace. Mais c' est le démon qui cheminait avec elle. Matériellement. Je crois qu' elle y croyait au moins autant qu' à Dieu.
On la comprend !

... A propos, j' aimerai bien voir l' adaption de Wise blood (en français : Le Démon) de John Huston...

bix229 a écrit:

... A propos, j' aimerai bien voir l' adaption de Wise blood (en français : Le Démon) de John Huston...

Je l'ai vu il y a vraiment longtemps ; à l'époque, je n'avais pas été emballé. J'en ai gardé une impression de film vraiment très tordu, trop tordu. Un côté excessif... tordu.
Mais j'aurais peut-être une vision différente maintenant...

La bande-annonce en anglais (où le nom de Flannery O'Connor est bien mis en évidence, à la fin, ça sous-entend que le public la connaît) :

Braves gens de la campagne

Extrait:

Outre l'expression neutre qu'elle prenait lorsqu'elle était seule, Mrs. Freeman en possédait deux autres, l'une en marche avant, l'autre en marche arrière, qu'elle employait dans tous ses rapports avec autrui. La première avait la force irrésistible et tranquille d'un camion lourd sur la route. Ses yeux ne s'égaraient ni à droite ni à gauche, mais suivaient tous les détours de l'histoire jusqu'en son centre, sans dévier jamais de la bande jaune qui y conduisait. Elle utilisait rarement la seconde: il était rare quelle dût retirer une affirmation, mais quand elle ne pouvait faire autrement, son visage semblait marquer un temps d'arrêt, ses yeux noirs bougeaient d'une façon presque imperceptible - on aurait dit qu'ils reculaient - et un observateur attentif se fût aperçu que Mrs. Freeman, bien que présente en chair et en os, n'était plus là en pensée. Quant à faire entendre la moindre chose dans ces moments-là, Mrs. Hopewell y avait renoncé. Elle avait beau la submerger de paroles, jamais elle ne consentait à reconnaître qu'elle avait tort. Elle restait muette et si jamais on arrivait à tirer quelques mots d'elle, cela donnait: "J'ai jamais dit que c'était ça, et j'ai jamais dit le contraire"; ou bien ses yeux erraient sur l'étagère de la cuisine, où il y avait un assortiment de bouteilles poussiéreuses, et elle déclarait: "J'vois que vous avez guère touché aux figues que vous avez faites l'an dernier!".

bix229 a écrit:

Oui, elle était enracinée dans la religion et elle essayait de marcher vers la grace. Mais c' est le démon qui cheminait avec elle. Matériellement. Je crois qu' elle y croyait au moins autant qu' à Dieu.
On la comprend !

Je ne dirais pas qu'elle était enracinée dans la religion ou alors elle le fait un peu à la manière de Beatrix Beck (encore que, je la trouve moins "bondieuserie"), elle est catholique et ira à la messe tous les dimanches de sa courte vie.
Mais il existe au sein de ses histoires une très forte empreinte de religion, mais finalement (et je reviens sur Beatrix Beck), n'est-ce pas le lot de nombreuses scènes de campagne (car elle situe l'action en pleine campagne la plupart du temps) en plein milieu du 20ème siècle que ce soit aux EU ou en Europe ?

Les portraits de certains "croyants" et épris de la Bible qu'elle dessine montrent sa totale objectivité sur les desseins de ces êtres, c'est pourquoi ça ne me rebute pas car on sent chez elle une grande pratique et effectivement la recherche d'autre chose dans la religion, pas une croyance aveugle, mais une recherche de la grâce.

C' est ce que je voulais dire. La conception de la foi chez Flannery O'Connor est une exigence autant qu' une aide personnelle. Quand tu liras Mon mal vient de plus loin, il me semble me souvenir qu' elle se moque des faux propjètes, des mystiques à plein temps et surtout des hypocrites.