Edvard Munch [peintre/graveur]

A propos de Nuit Etoilée :Angela Lampe, commissaire de l'exposition « Edvard Munch, l'œil moderne », livre ses analyses :

Citation :

« La peinture évoque dans sa partie supérieure une toile de Van Gogh, “La Nuit étoilée”, qui se trouve au Moma [le Museum of Modern Arts, à New York, ndlr], et que Munch a pu voir à Paris dans les galeries au début des années 80-90.

En bas, il y a un profil, et ce profil c'est Edvard Munch. C'est un autoportrait caché. On trouve ça dans quelques photographies de l'exposition, ça lui permet de laisser une trace, de signer son œuvre grâce à son ombre.

L'ombre est un motif très important dans la culture du nord. Dans la littérature romantique, chez Andersen par exemple, il y a une histoire qui s'appelle « L'Ombre », où l'ombre s'autonomise et devient un vrai personnage. »

Citation :

« Il y a aussi une deuxième ombre dans le tableau, en bas de l'escalier. La scène se déroule à Ekely dans la banlieue d'Oslo, où Munch s'est acheté une grande maison atelier en 1916. Une grande maison qui a un escalier d'entrée avec des pierres. Cet escalier existe toujours.

Cette ombre au milieu nous ramène vers une autre source d'inspiration de Munch : une pièce d » Henrik Ibsen, autre grand artiste norvégien, qui s'appelle « John Gabriel Borkman ».

Cette pièce raconte l'histoire d'un banquier déchu, incarcéré pour avoir détourné des fonds, un thème très actuel… Il revient chez lui et il s'emprisonne dans son appartement. A la fin, il s'échappe de cet appartement qui est devenu sa prison, et il s'enfuit dans la nature, dans la neige.

C'est la dernière scène de la pièce, dans laquelle il va essayer de retrouver son premier amour. On sait que Munch s'identifie à ce personnage, pas par le fait qu'il soit banquier, mais parce que c'est un personnage traumatisé par ses anciennes amours. »

L’intégralité de l’article est à consulter sur Rue 89

Vu mon attachement pour l'oeuvre de Munch, je ne manquerai pas cette exposition.

Magnifique ce fil !
Je découvre enfin les oeuvres de Munch. J'ai honte mais je ne connaissais que Le cri.
J'ai tout de même reconnu la couverture du livre de Sylvie Germain :

La puberté

J'y suis allé ce week-end : exposition très didactique, tout en restant limpide et cohérente dans la perception de l'oeuvre de Munch. En insistant sur son ouverture à son époque, à sa relation avec la photographie et le cinéma. Certains rapprochements peuvent sembler forcés mais le parti-pris reste jusqu'au bout passionnant dans son approche.

La présentation des tableaux met en valeur les sensations de répétition et de réminiscence, Munch creusant des motifs jusqu'à l'obsession.
Ci-dessous, deux oeuvres qui m'ont particulièrement marqué (forme et couleur des visages, profondeur de champ, vivacité des couleurs pour cerner une douleur).




Jalousie (1907)




Femme en pleurs (1907-1909)

Images et citations tirées de l’hors-série de Beaux-Arts consacré à l’exposition Edvard Munch au centre Pompidou (un peu moins riche en informations que les autres hors-séries mais avec de bonnes petites choses à glaner malgré tout...)

Neige fraîche sur l’avenue, 1906 :
« Munch est parmi les jeunes artistes celui qui, en raison de ses rares talents de coloriste et en même temps de son originalité, donne les plus grands espoirs et mérite le plus d’encouragements. »
Christian Krohg

« En vérité, mon art est une confession que je fais de mon plein gré, une tentative de tirer au clair, pour moi-même, mon rapport avec la vie… »
Edvard Munch

Christiana, Bohème II, 1895



« Au cours de ses années de formation, Munch fréquente le milieu anarchiste et intellectuel norvégien dont le père spirituel est Hans Jaeger. Plus que représenter une des scènes de la bohème de Christiana, il évoque ici les idées qui l’habitaient, l’opposition entre le conformisme bourgeois et l’amour libre évoqué par la silhouette de Tulla en arrière-plan. »
BAM

L’enfant malade, 1925



« La sœur de Munch, Sophie, meurt à l’âge de 15 ans de la tuberculose. Le premier tableau peint en 1885 fut déterminant dans son œuvre et il ne voulut jamais se séparer de la version de 1925. Munch dira : « Avec l’Enfant malade, je me suis ouvert un nouveau chemin, une brèche a été percée dans mon art. La plupart de mes œuvres ultérieures doivent leur existence à ce tableau. » »
BAM

Autoportrait avec un chapeau et des lunettes devant l’atelier d’hiver, 1930



« Aux alentours de 1930, [Munch] invente un type d’autoportrait en retournant l’appareil vers lui, à bout de bras. C’est un geste qui nous est aujourd’hui très familier, mais tout à fait inédit à cette époque. Ce qui l’intéresse avant tout, c’est le regard, il scrute le monde qui l’entoure. »
Clément Chéroux et Angela Lampe, commissaires de l’exposition au centre Pompidou

La rétine de l’artiste, 1930

« En 1930, Edvard Munch souffre d’une hémorragie du vitré à l’œil droit. Quasiment aveugle, il entreprend alors une série de dessins qui retranscrivent ce qu’il est encore capable de voir. Il s’agit encore une fois pour lui de mettre à profit le monde qui l’entoure et la perception qu’il en a pour pousser plus loin ses expérimentations visuelles. »
BAM

Nuit étoilée, 1922

« Tu feras de grandes choses –Des œuvres immortelles sortiront de tes mains –Oui, mais seras-tu capable de rejeter loin de toi le serpent qui se terre au fond de ton cœur ? –Non, tu ne le pourras jamais. »
Edvard Munch

La vigne vierge rouge, 1898

« Le personnage au tout premier plan, qui semble s’avancer vers le spectateur, est récurrent dans les tableaux de Munch et évoque un cadrage cinématographique. »
BAM

colimasson a écrit:

Vue de l’atelier de Munch

« Munch vivait entouré de ses toiles. Il refusait d’en vendre certaines, comme l’Enfant malade de 1925 qu’il gardera près de lui jusqu’à sa mort. Quand il s’y voyait contraint, il peignait une autre version de sa toile avant de s’en séparer. »
BAM

J'ai comme l'impression que c'est le cas de tous les peintres, de vivre parmi ses toiles, et de se refuser à en vendre... Tu imagines, tu as peint une toile que tu trouves vraiment réussie, tu sens qu'elle est importante, et tu accepterais de t'en séparer, qu'elle parte orner un appartement, une maison ou un bureau quelque part dans le monde, avec le risque de ne plus jamais revoir l'oeuvre... ça peut être un déchirement... (heureusement, quand il s'agit d'un gribouillis ou d'un monochrome, faire une copie ne prend que cinq minutes ).

La question alors serait de savoir si seul Edvard Munch a eu recours à une telle pratique...
Ou si les autres préféraient ne pas en parler ?

colimasson a écrit:

La question alors serait de savoir si seul Edvard Munch a eu recours à une telle pratique...
Ou si les autres préféraient ne pas en parler ?

Les copies, ça arrive souvent... Quand tu vas chez un peintre, tu vois une super toile, tu dis (quand tu as de l'argent) : "je la veux" ; là, le peintre te dit : "c'est déjà vendu à Untel". Eh bien, tu dis que tu en veux une autre comme ça. Le peintre fait donc, pas forcément une copie exacte, mais une variante... En plus, ça peut l'intéresser, le peintre, de faire des variations.
Prends Le Cri ; il en existe plusieurs versions... Je ne connais pas les conditions, pourquoi il y en a plusieurs, si c'était de son propre chef, ou bien si c'était des commandes...

Il y a des catalogues raisonnés, pour la plupart des grands peintres. On voit bien, alors, les nombreuses copies, variations, etc. Je ne crois pas qu'ils ne veulent pas en parler, c'est plutôt normal de faire plusieurs versions, des copies...