Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Parfum de livres… parfum d’ailleurs

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 Marlen Haushofer [Autriche]

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Nathria
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MessageSujet: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 1 Juil 2008 - 21:34

Marlen Haushofer [Autriche] Verans10

Marlen Haushofer est une romancière autrichienne (1920/1970)

"Le mur invisible"

Un texte que j'ai lu il y a près de 12 ans et dont les traces sont encore présentes en moi.

Invitée par sa cousine Louise et Hugo (mari de Louise), notre héroïne accepte de séjourner dans leur chalet de campagne. Tandis qu' elle s'installe et prend ses marques, Louise propose à Hugo de retourner un moment au village. Elle est enfin installée, le couple n'est toujours pas revenu. L' après-midi s'achève et le soir tombe. Inquiète, elle part à leur rencontre, tant de retard... Un accident, peut-être? Elle s'éloigne du chalet et avance vers le village, elle marche, un peu plus et davantage, et marche et... se heurte à quelque chose qui l'empêche de continuer... Quelque chose d'invisible ?! Un mur? Naturellement, elle tente de contourner cette chose absurde, de passer outre (dessus? dessous?). De l'autre côté: aucun signe de vie. De ce côté: rien n'a l'air d'avoir changé. Après la stupeur, l'essai de compréhension, la colère, la vie de ce côté est à redécouvrir et à redéfinir. Elle doit se réorganiser pour apprendre à survivre seule!


Dernière édition par Queenie le Ven 14 Aoû 2009 - 16:57, édité 2 fois (Raison : ajout d'une photo)
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 1 Juil 2008 - 23:03

Ah tiens, je ne connaissais pas du tout, son œuvre a l'air bien sinistre, ça me tente, ça !
Citation :
Ces nouvelles, dont les personnages, tous des individus sans histoire, se retrouvent brusquement confrontés, chacun à sa manière, au mal fondamental inhérent au fait d'exister.
est-il dit à propos de La Cinquième année sur Bibliomonde
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Arabella
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 1 Juil 2008 - 23:18

J'ai lu "Le mur invisible", c'est un roman prenant, bien que pas très optimiste en effet. Merci de nous en parler Nathria.
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kenavo
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMer 2 Juil 2008 - 12:17

J'ai aussi lu ce roman - un des 'incontournables' quand on parcours la littérature germanophone Wink
Je dirais même que dans ce monde le livre de Marlene Haushoffer est un 'must' de tous les lecteurs Very Happy

Cela fait trop longtemps que je l'ai lu (c'est un des livres qu'on lit au moment des 'livres cultes' - Sylvia Plath La Cloche, J.D.Salinger L'attrape cœur....) et donc je ne peux plus en dire beaucoup.

Mais j'ai trouvé une critique intéressante sur wikipedia.de et je me retrouve bien avec ces aspects de ce roman:
critique envers la société / critique point de vue patriarcat ou tout simplement on peut lire ce livre comme idée que l'homme et la nature arrivent quand même à vivre ensemble ...
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Marie
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 22 Juil 2008 - 3:39

Du coup, j'ai noté aussi...tiens, tu as déjà parlé de Sylvia Plath, Kenavo?
Effectivement, ça a l'air gai:
Citation :
en voyant s'écraser un moustique contre sa vitre, l'un des personnages s'aperçoit que la guerre ne l'a pas guéri de son hypersensibilité face à la cruauté. Assailli par "une vision du monde qui résonnait des cris de souffrance des fleurs, des herbes et des arbres", il se jettera par la fenêtre. » (extrait d'un article de Jean-Louis de Rambure, Le Monde, 8 Mai 1992)
Cool
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Cachemire
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 22 Juil 2008 - 10:25

Je ne connais pas du tout et si Kenavo dit que c'est une incontournable de la littérature allemande alors je me vois dans l'obligation de la faire figurer en bonne place dans ma LAL. Wink
Et ma liste qui s'allonge...moi qui vais avoir beaucoup moins de temps pour lire cette année (quelle horreur !)
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kenavo
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 22 Juil 2008 - 10:52

Cachemire a écrit:
Je ne connais pas du tout et si Kenavo dit que c'est une incontournable de la littérature allemande alors je me vois dans l'obligation de la faire figurer en bonne place dans ma LAL. Wink
Very Happy
je ne sais pas comment je réagirai aujourd'hui à ce livre (eXPie en a fait quelque part un message qu'il serait en train de le lire, je suis curieuse de son avis) mais en tout cas pour les années 'adolescentes' ce livre était un 'must' Wink
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Cachemire
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 22 Juil 2008 - 14:13

kenavo a écrit:

je ne sais pas comment je réagirai aujourd'hui à ce livre (eXPie en a fait quelque part un message qu'il serait en train de le lire, je suis curieuse de son avis) mais en tout cas pour les années 'adolescentes' ce livre était un 'must' Wink

T'es en train de me dire que j'ai (nous avons !) passé l'âge ?!

Je crois que je vais le lire tout de même nanana
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kenavo
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 22 Juil 2008 - 15:31

Cachemire a écrit:
T'es en train de me dire que j'ai (nous avons !) passé l'âge ?!

Je crois que je vais le lire tout de même nanana
Very Happy non! je ne dirais jamais une telle chose innocent
Mais on est quand même conscient qu'il y a des livres 'faits' pour certains moments dans la vie.. et je ne sais pas quel effet le livre de Marlen Haushoffer ferait aujourd'hui sur moi.. dépendant de ton commentaire et peut être aussi de eXPie je ferai une relecture Wink
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyDim 10 Aoû 2008 - 17:01

Le Mur invisible (1963, traduit en 1985 par Liselotte Bodo et Jaqueline Chambon). Babel. 342 pages.

Citation :
"Aujourd'hui cinq novembre je commence mon récit. Je noterai tout, aussi exactement que possible. Pourtant je ne sais même pas si aujourd'hui est bien le cinq novembre." (page 9).
Dès le début, le ton est donné : un journal, une sorte de confession, et tout de suite on sait que quelque chose de très grave s'est passé, puisque la narratrice ne peut plus donner de date.
Citation :
"J'écris au dos de vieux calendriers ou sur du papier à lettres commercial jauni. Le papier à lettres vient de Hugo Rüttlinger, un grand collectionneur d'objets et un non moins grand hypocondriaque.
Il est juste que ce récit commence par Hugo, car si sa manie de collectionner et son hypocondrie n'avaient pas existé, je ne serais pas aujourd'hui assise ici ; il est probable que je ne serais même plus en vie. Hugo était le mari de ma cousine Louise et c'était un homme assez fortuné." (page 10 ).

Citation :
"Le trente avril, les Rüttlinger m'invitèrent à les accompagner à leur chalet. J'étais veuve depuis deux ans, mes filles étaient presque adultes et je pouvais disposer de mon temps comme bon me semblait A vrai dire je ne faisais pas grand usage de ma liberté. J'ai toujours été sédentaire de nature et c'est encore chez moi que je me suis toujours sentie le mieux." (page 13).

Alors que la narratrice reste, Hugo et sa femme vont au village pour faire des courses.
Ils n'en reviendront jamais, le monde ne donnera plus aucun signe de vie, la narratrice restera coincée dans sa montagne, à cause d'un "grand mur" qu'elle va rencontrer. A cette occasion "Mon cœur avait eu peur avant que je le sache." (page 18 ).

Citation :
"Le mur coupait le petit pré derrière la maison et il avait sectionné deux branches de pommier. En fait, elles n'avaient pas l'air coupées, elles étaient plutôt comme fondues, si toutefois on peut se représenter du bois fondu." (page 35).
Comment la narratrice va-t-elle survivre, physiquement et psychologiquement en sachant que le monde est mort et l'a laissé derrière ? La lecture, notamment de romans policiers, a-t-elle encore un sens ? Comment l'absence de chocolat, de sucre, de dictionnaire, de musique, de livres, de peintures, bref de tout, va-t-elle influer sur son psychisme?
Citation :
"Mon unique professeur est aussi peu savant et aussi peu cultivé que moi, car je suis mon propre professeur." (page 98 ).

Doit-elle ressasser le passé, maintenant que le passé lui-même n'existe pour ainsi dire plus ?
Citation :
"Ce dix mai en me réveillant, je pensai à mes enfants, comme à des petites filles qui trottinaient main dans la main sur le terrain de jeux. Les deux autres à peine adultes, plutôt désagréables, peu aimantes, querelleuses, que j'avais laissées en ville, étaient devenues tout à fait irréelles. Ce n'était pas leur mort que je pleurais, mais uniquement celle des enfants qu'elles avaient été de longues années auparavant. Il est probable que ça paraîtra cruel, mais je ne vois vraiment pas à qui je devrais encore mentir aujourd'hui. Je peux me permettre d'écrire la vérité, tous ceux à qui j'ai menti pendant ma vie sont morts." (page 47)

Tenter de survivre a-t-il même un sens ? "Je n'étais plus assez jeune pour envisager sérieusement le suicide". (page 47).

Elle va se rapprocher des animaux, et notamment du chien des Rüttlinger, Lynx, dont on sait (procédé permettant de créer une certaine tension, page 34) qu'il est mort au cours d'un incident violent, auquel il sera plusieurs fois fait mention.

On ne peut s'empêcher de faire des rapprochements avec des livres/films (par exemple, entre autres robinsonnades, Seul au Monde), mais ici l'espoir et le grand large ont disparus.
Un livre très prenant, fait avec quasiment rien. Entre les événements du début et ceux de la fin (annoncés dès le début), il ne se passe rien, mais l'intérêt est constant dans cette histoire de survie.
Original, excellent, sans frime stylistique, la preuve qu'on peut faire de la littérature avec en apparence pas grand chose pour arriver beaucoup.

J'ai une grande vorfreude (merci pour ce mot, Tom Léo) à l'idée d'en lire un autre, a priori Dans le Mansarde (Die Mansarde ; mein Gott, mais je suis super fort en Allemand).
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyDim 10 Aoû 2008 - 17:24

Chouette com' eXpie!
J'avais déjà noté ce titre suite au post de Nathria, mais cette fois-ci je l'ai surligné en rouge miammiam

Merci aux germanophiles d'attirer notre attention sur cette auteure Wink
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 2 Sep 2008 - 23:44

Dans la Mansarde (Die Mansarde, 1969 ; traduit en 1987 par Miguel Couffon ; Actes Sud, 226 pages).

Au début du roman, c'est dimanche. Le chapitre suivant s'intitule lundi, puis mardi, etc., jusqu'au dimanche suivant.
Au cours de cette semaine, un événement va se produire, qui va replonger la narratrice dans son passé, ou plutôt dans une évocation du passé, car elle fait tout pour ne pas vraiment y penser.
Elle a un mari et deux enfants, un garçon qui fait du droit, et une fille plus jeune, qui vit encore chez eux.
Le mari, Hubert cinquante-deux ans, adore lire des livres consacrés aux batailles du passé.
Citation :
"[...] puis il ouvre un livre, un récit de bataille de Saint-Gotthard-Mogersdorf, livrée en 1664. Il a une prédilection pour les livres qui racontent d'anciennes batailles et il s'imagine qu'il aurait fait un meilleur stratège que tous ces généraux vieux et croulants. C'est angoissant de voir à quel point ça le chagrine de ne pouvoir corriger le déroulement de nos batailles perdues. Ce n'est pas du patriotisme, je m'en suis rendu compte il y a longtemps, mais un désir ardent de perfection. Les batailles perdues l'attristent, quelles que soient les nations concernées." (page 9).

Le passé, un des grands thèmes de ce livre. Il attire, et en même temps il est dangereux, mieux vaut ne pas y penser. Il est donc préférable de s'occuper du passé Historique.

A propos de la fille, Ilse, quinze ans :
Citation :
"C'est une très bonne chose pour Ilse que nous n'ayons pas vraiment besoin d'elle et que nous ne nous attachions pas exagérément à sa personne. Ilse n'appartient pas au cercle très intime. Certains faits se sont produits avant sa naissance et cette enfant est née alors que ses parents avaient achevé leur vie réelle.
Elle est une «oeuvre posthume », bien que ses parents aillent et viennent comme si de rien n'était. Bon nombre d'enfants sont sans doute dans le même cas sans que personne s'en soit jamais inquiété. Je crois pourtant qu'elle est parfaitement heureuse ainsi. Ses amies l'envient d'avoir des parents qui ne s'occupent d'elle que lorsqu'elle le désire. Combien d'enfants peuvent revendiquer ce bonheur ?
Notre fils, qui a reçu le prénom du père d'Hubert et qui s'appelle donc comme le vieux Ferdinand, n'a pas cette chance. Je ne crois pas qu'il ait jamais été très heureux. Il est né, lui, avant ces événements et il a toujours été au centre de notre vie, à cet endroit où l'eau ne fait jamais de vagues mais où le moindre écart peut précipiter un corps Dieu sait où. " (pages 12-13).

"Les relations entre les enfants sont pratiquement inexistantes. La différence d'âge est trop importante." (page 15).
Les relations humaines, c'est un autre grand thème du roman. Les parents ne comprennent pas Ilse, dont les préoccupations leur sont totalement étrangères, comme si elle venait d'un autre temps - ce qui est en quelque sorte le cas. Par contre, ils ont plus de points communs (notamment un passé) avec leur fils, Ferdinand. Ils ne discutent donc que de sujets sans danger : sport, voiture, météo. Mais : "Bien sûr, nous ne connaissons pas non plus très bien Ferdinand, mais cette ignorance est comparable à celle dont nous faisons spreuve, Hubert et moi, l'un pour l'autre." (pages 126-127).
Hubert n'habite pas avec eux, il a pris le large dès qu'il l'a pu.
Et puis quelque chose arrive.
Citation :
"Je ne savais pas encore que le lendemain matin ma vie changerait d'étrange façon. Hubert ne le savait pas non plus. Je suppose qu'il ne le saura jamais, en tout cas je l'espère." (pages 19-20).
C'est un curieux passage : il montre que tout ce que l'on lit est une sorte de journal écrit à posteriori.
Personne ne parle de sa vie vraiment privée, de ses aspirations. Chacun croit connaître celle des autres, mais est-ce vraiment le cas ? Il y a tellement de zones d'ombre.

La narratrice se réfugie dans la mansarde de la maison. Là, dans son territoire - ni son mari ni ses enfants n'y vont, sauf cas exceptionnel - elle dessine, marche, dessine. Elle dessine surtout des oiseaux.
Citation :
" J'ai un but précis mais je n'imagine pas ce que je ferais si je l'atteignais un jour. C'est peut-être une des raisons de mon absence de progression véritable. Je voudrais dessiner un oiseau qui ne serait pas le seul oiseau sur terre. Je veux dire par là qu'il faudrait qu'on puisse s'en rendre compte au premier coup d'oeil." (pages 23-24).
Les relations humaines, et donc le corollaire : la solitude.

Les pensées, la vie de la mansarde doit y rester, et la vie du reste de la maison ne doit pas y entrer. La narratrice s'active, nettoie, fait ce qu'il faut pour que ses pensées ne vagabondent pas vers ce passé, qui et peut-être trompeur, d'ailleurs : "J'ai beaucoup de faux souvenirs, peut-être tous mes souvenirs sont-ils faux, c'est fort possible." (page 30).
Mais, bien sûr, le fameux événement qui survient va mettre un petit grain de sable, le passé va s'imposer de nouveau à sa mémoire, endigué toutefois par les règles strictes qu'elle s'est édictée, et elle est très forte à ce jeu-là.
La narratrice a une tournure d'esprit intéressante :
Citation :
"Je remarquai alors que le couteau à pain était posé sur la table la lame dirigée vers le haut. Je le retournai immédiatement. Un couteau ne doit jamais être posé ainsi car les âmes du purgatoire doivent alors danser sur le fil de la lame. Cette pensée me poursuit depuis l'enfance. Je ne sais pas qui m'a raconté cette histoire. Je ne crois pas au purgatoire mais l'idée que des âmes soient obligées de chevaucher la lame de mon couteau m'est insupportable." (page 124).

A la fin d'un rêve qu'elle fait, la narratrice écrit : "Et nous nous retrouvons tous ensemble ici et ne savons rien les uns des autres. (page 134).
Cela peut résumer le livre, en partie.
Un très bon roman, pas très gai, mais un peu moins bon quand même que Le Mur Invisible. La différence, peut-être, entre une situation extraordinaire, et une situation ordinaire.
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyJeu 7 Avr 2011 - 21:56

Le mur invisible

Je veux me joindre aux avis positifs de ce livre remarquable. Il a encore quelque chose à dire pour nous. Si je prends une discussion récente dans un cercle de lecture de notre ville comme exemple, j’ai l’impression qu’il y a bien des possibilités vastes pour s’approcher de ce roman. Evidemment on pourrait aussi exagérer en préferant une seule interprétation…

De point d vue de langue, il y a rien de très spectaculaire, mais c’est bien écrit: la narratrice ne raconte pas « pour nous » mais, comme dans un espèce de journal, pour ne pas devenir folle, dans cette isolation sur l’alpage, et spécialement après les catastrophes survenues à la fin de deux années et demies passées là-haut. L’événement catastrophique est annoncé à plusieurs reprises : rien de nouveau là-dedans.

Mais qu’est-ce qui fait alors la force de ce récit ? Une parabole de la solitude de (chaque) l’être humain ? Le mur est isolation et protection? En dehors la mort, ici la vie survivante: quelqu’un qui survit, avec une espèce de nouvelle communauté de… animaux ! En dehors un passé de moins en moins regretté, mais dont la narratrice dira même qu’elle ne voudrait plus retourner ?!

Beaucoup réagissent avec leur impossibilité intérieure, de jamais pouvoir faire face à un tel univers. Je me demande si pour Haushofer un tel univers est plus réel qu’on ne pense ? Il y a ici des fois un consentement dans la situation, comme si elle est vécu à la limite aussi comme révélant quelque chose de la personnalité qui aurait été à jamais cachée « dehors ».

Est-ce qu’un traumatisme peut-être digéré si on est bien « occupé » (il faut s’occuper des animaux, assumer des responsabilités…). Il n’y a rien d’un nombrilisme ici, même s’il n’y a pas beaucoup de place pour un autre humain. L’homme revit ses dépendances primaires (le feu, les animaux, la chaleur…), dont dans la vie courante on ne veut pas entendre parler (on est si libre !).

On pourrait bien situer le roman dans les années 60, avec au fond de l’histoire (voir premiers pages) la menace d’une nouvelle guerre avec des armes encore plus meurtrières. Mais aussi écrit par une femme qui a vécu des drames dans sa propre vie, dans son propre pays.

Mais oui, ce roman laisse ouvert des nombreuses pistes de réflexions...

Signe d’un grand œuvre ?! A essayer !

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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 12 Mar 2013 - 8:01

Sortie en France le 13 mars:

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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] EmptyMar 12 Mar 2013 - 8:12

Fichtre ! Je suis curieux de voir le résultat...
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MessageSujet: Re: Marlen Haushofer [Autriche]   Marlen Haushofer [Autriche] Empty

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