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| "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] | |
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Auteur | Message |
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Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mer 23 Déc 2009 - 0:23 | |
| - Citation :
- Je n'y ai pas survécu.
Rassure nous, c'est un image? En tout cas, ouf, j'ai failli l'acheter... | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mer 23 Déc 2009 - 11:41 | |
| - Marie a écrit:
-
- Citation :
- Je n'y ai pas survécu.
Rassure nous, c'est un image? En tout cas, ouf, j'ai failli l'acheter... Je crois que c'est la première fois que je ne termine pas un roman indien. En même temps, je me dis que je suis devenu un lecteur pressé et que, avec un peu de patience.... | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mer 6 Jan 2010 - 23:43 | |
| Hakawati de Rabih Alameddine« Ecoute. Permets-moi d'être ton dieu. Laisse-moi t'emmener dans un voyage au-delà de l'imagination. Laisse-moi te raconter une histoire. Il y a très, très longtemps, dans un lointain pays (…) ». Ainsi débute Hakawati, le roman de l'écrivain libano-américain Ramih Alameddine. Une nouvelle version des Mille et une nuits ? Ce n'est pas si simple : ce livre est un labyrinthe tissé de tant d'histoires que l'on ne peut le décrire parfaitement. D'abord, une histoire familiale, celle d'Osama, jeune libanais vivant aux Etats-Unis, de retour au pays pour veiller son père mourant, sur son lit d'hôpital. L'occasion d'évoquer une véritable saga s'étendant sur plusieurs générations avec le destin du Liban en arrière plan. Et notamment la vie du grand père d'Osama, Hakawati (conteur de légendes) de son état, auprès du bey. Ces fables, légendes et contes sont le coeur du livre, elles sont des centaines à surgir sous la plume d'Alameddine, certaines très courtes, d'autres commençant dès les premières pages pour se terminer en toute fin du livre. Pas de manière linéaire, il n'est pas rare qu'une histoire secrète d'autres légendes en son sein dans une mise en abyme vertigineuse. Elles viennent de la tradition orale libanaise, de la Bible, du Coran...On y croise Abraham, Fatima et Baïbars, le prince esclave qui vainquit les Croisés. Tout s'entrecroise et se chevauche, le présent, le passé, les légendes dans un capharnaüm qui n'en est pas un car le lecteur attentif finit toujours par s'y retrouver (quoique, parfois). L'écriture d'Alameddine est ample, voluptueuse, épique à l'occasion. Bref, ce livre de 573 pages ne se raconte pas, il se lit en caressant une rose et en buvant un thé à la cardamone (ou en fumant un narguilé). En route pour Un voyage dans l'Orient des sortilèges, là où les djinns sont toniques et les démons atrabilaires. Ecoutez, l'Hakawati va vous raconter l'histoire incroyable de..... | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 9 Jan 2010 - 16:35 | |
| La vie des saints de la Cité de Lidia Amejko - Citation :
- “Au commencement était le béton”, ainsi débutent ces légendes décalées et drôles racontant la vie des saints d’un nouveau type, des saints qu’on pourrait croiser dans n’importe quelle banlieue d’aujourd’hui. Avec un fameux talent de conteuse, Lidia Amejko révèle la vie et les déboires, les pensées et les sortilèges de saint Patrick, dompteur du Vide ; la mère Duchamp, lumpenpipelette ; saint Haïdegger, bienfaiteur des mots sans toit ; saint Crispin, huissier du Dernier Soupir ; saint Riri le Fraudeur ; saint Dormidor, chiffreur de Rêves ; saint Adalbert, hacker ; et de bien d’autres encore. Inoubliables rencontres.
Lidia Amejko, femme de théâtre et écrivain polonais, aime Borges, et sait se servir de la langue. Ses pièces de théâtre (dont la plus célèbre est Farrago) ont été traduites dans de nombreuses langues et sont souvent jouées sur les scènes polonaises, mais aussi à l’étranger (Angleterre, Autriche, Allemagne). Roman, est-il mentionné sur la couverture de La vie des saints de la Cité de la polonaise Lidia Amejko. Vilain mensonge : il s'agit plutôt de très courts récits (une quarantaine) liés à un même lieu, chacun d'entre eux consacré à un personnage de cette cité bétonnée "bénie" de Dieu. Le livre est pittoresque et plutôt amusant, du moins dans un premier temps, car on se lasse assez vite de cette galerie de saints originaux dont l'action sur terre se perpétue au Ciel. L'auteur balance entre réalisme et onirisme, trouvant parfois le juste équilibre, mais le plus souvent pas. Inégal, déconcertant, sardonique, La vie des saints de la cité oublie de faire simple et direct,se perd dans un dédale de péripéties et débouche sur une impasse. Dommage : du béton et des rêves, la promesse était alléchante. | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Lun 11 Jan 2010 - 22:02 | |
| Hester Albach, Léona, héroïne du surréalisme. L'auteure, pour fuir des événements douloureux, se réfugie à Paris. Dans son nouvel appartement, elle trouve, derrière un radiateur, une édition originale de 1928 de Nadja d'André Breton. Elle passe la nuit à lire ce livre et elle éprouve une singulière fascination pour la figure de Nadja. Elle décide de partir sur ses traces, de découvrir qui elle est, pourquoi elle a fini à l'asile. Elle va donc établir sa biographie, se lier avec l'une des descendantes de Nadja dont le vrai prénom est Léona. Tout cela est très intéressant car cela prend la forme d'une (en)quête, parce que l'auteur fait revivre le Paris des années 20, l'histoire d'une famille qui va taire le nom de Léona pendant longtemps. J'ai moins aimé, en revanche les passages qui concernent l'alchimie. En effet, l'auteur entreprend de déchiffrer les codes hermétiques, kabbalistiques contenus dans le texte de Breton. On apprend des choses sur les symboles ésotériques mais je trouve qu'Hester Albach les prend un peu trop au pied de la lettre. A part cela, j'ai passé un bon moment de lecture.[img] | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 12 Jan 2010 - 8:31 | |
| merci pour tes impressions Maddy.. je crois que je peux laisser ce livre encore un moment dans ma LAL | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 12 Jan 2010 - 8:37 | |
| Effectivement, Kenavo, ce n'est pas une priorité mais tu peux toujours y jeter un oeil le jour où tu ne sais pas quoi lire (même si je crois que cela ne dois pas t'arriver souvent). Au fait combien de livres comporte ta PAL (curiosité malsaine)? | |
| | | Eve Lyne Sage de la littérature
Messages : 1936 Inscription le : 08/08/2008
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mer 13 Jan 2010 - 9:19 | |
| La Danse de Rachel par Monique Zerdoun.L’histoire se déroule dans la communauté juive d’Algérie, de 1924 à 1939, exception faite de l’épilogue qui se passe en 1962 au moment du départ, définitif pour la plupart, des Juifs d’Algérie. Il s’agit d’une union désirée et non d’un mariage forcé comme l’Algérie en connaît tant alors. Nous suivons ce couple qui se trouve confronté à la stérilité de Rachel, dans une Algérie où les émeutes anti-juives s’installent. C’est une ambiance typiquement orientale, avec des personnages divers hauts en couleurs : Danobruno, un prince juif déchu et simplet ; Madame Coco, une tenancière de bordel qui détient les secrets de tant de villageois qu’ils en sont muselés ; un barbier d’origine alsacienne ; une jeune fille Léa qui veut sortir de cette condition de femme soumise et non instruite ; Hakim, le marabout ; Saliha, une employée de maison très philosophe qui vivra avec El-Turkey, un bourrelier anatolien dont la langue a été tranchée ; Meriem, une guérisseuse qui utilise le langage des sourds-muets pour prédire l’avenir ; Ma’Hafsa, une guérisseuse qui chasse le mauvais sort ; Nessim, un enfant qui va et vient et que Rachel surnomme son enfant hirondelle car il n’est toujours que de passage ; la directrice de l’école laïque ; le crieur public ; le bedeau de la synagogue ; etc. Face à cette stérilité qui devient le principal sujet de conversation du village, les femmes ont recours aux méthodes usuelles pour la vaincre : incantations, mixtures diverses, marabout, cabaliste, guérisseur. Rien ne fonctionne. Un voyage à Paris confirme la stérilité de Rachel. Or, face aux rumeurs annonçant le divorce inévitable, Rachel impose la bigamie à son mari afin de ne pas le perdre. Cette bigamie n’étant pas reconnue par la loi française qui régente alors l’Algérie, le mariage se fait à Tunis. Le temps passe. La Guerre 39-45 décime le village. Et en cette terrible année 1962, toute la famille de Rachel doit quitter définitivement ce pays qui les rejette pour l’Inconnu. Le style est typiquement oriental. Nous plongeons tout de suite dans cette Algérie du temps jadis où les différentes nationalités et croyances se côtoyaient, avec des personnages divers et variés qui rendent le récit croustillant. L’écriture est fluide, agréable et remplie de poésie. Cela aurait pu être un conte si la persécution des Juifs n’était en toile de fond. Un beau moment d'évasion, qui rappelle la plume de Naguib Mahfouz. Un extrait de l'épilogue qui résume la trame principale : - Citation :
- Dans cette Rue perdue de ce coin perdu de ce pays désormais perdu où le rhume de l’un devenait épidémie, où l’enfant de l’un pouvait être l’enfant-cadeau offert à l’autre, où les entrailles scellées d’une femme transformaient une assemblée de douces vieilles dames sensées en une horde de harpies impudiques et sauvages, où l’histoire d’un homme pris dans une nasse d’amour tissée à petits points par deux folles femmes atteignait l’histoire universelle du partage…
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| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Ven 15 Jan 2010 - 2:59 | |
| Les taiseuxJean- Louis Ezine Editions Gallimard Écrivain, journaliste et chroniqueur radio, Jean-Louis Ezine est né en 1948 à Cabourg. Critique littéraire au Nouvel Observateur, il est membre de la tribune littéraire du Masque et la plume sur France Inter et tient une chronique quotidienne sur France Culture. Il a publié un roman en 2003, Un ténébreux (Seuil), ainsi que plusieurs livres d’entretiens avec des écrivains. Les Taiseux est son premier livre aux Éditions Gallimard. - Citation :
- « Je ne me suis pas toujours appelé du nom que je porte, et c’est comme si j’avais vécu une autre fois. C’est comme si j’avais été un autre. Mais de cet autre, je n’ai aucun souvenir. Rien qui puisse se dire tel, plutôt les ombres floues des réminiscences où s’évanouissent, aux limites de la mémoire, les ultimes rayons d’un monde éteint. J’étais trop jeune pour les souvenirs, quand j’ai cessé d’être lui. Et cependant il a toujours occupé ma pensée, toute ma pensée. Il ne m’arrive rien d’important, ou de misérable, ou de triste ou d’heureux que je n’aie le sentiment étrange de recevoir par délégation. Nous sommes pourtant très différents, lui et moi. Pour commencer, lui avait un père, tandis que moi, je n’ai eu que le manque. Tout, depuis toujours, a gravité autour de ce trou noir.
Je me heurte tous les jours au fantôme de celui que je fus quand je portais un autre nom. Jean -Louis Ezine, je l’entends régulièrement au Masque et la Plume. Ezine de Pontault- Combault et du Pays d’Auge, Ezine le cycliste, Ezine qui très souvent n’a pas lu le livre dont on parle. Ou l’a lu, mais parle de tout à fait autre chose.. Beaucoup d’humour, un petit côté j’men foutiste qui n’a rien pour me déplaire, et un grand amour de la littérature. Je ne l’écouterais plus de la même façon, Jean Louis Ezine. Lors de la fameuse tempête de 99, Jean Louis Ezine a foncé sur sa maison de Pontault-Combault voir si les arbres de son enfance avaient résisté. Ce sont les seuls témoins restants .Avec la tombe de sa mère, qui est allée se noyer bien calmement après des années d’internement et d’électrochocs. Ezine, il s’appelle, le nom d’un homme qu’il hait et auquel il n’a jamais adressé la parole . Ce monsieur Ezine, il buvait et cognait sec, et mère et fils se cachaient dans le chenil pour lui échapper. Et pourtant.. Il avait un père, Jean- Louis, un père qui l’a aimé , enfin, d’après les éléments que lui fournit sa mère progressivement, un mot, une photo, un ticket de bus. - Citation :
- Je t’ai tout donné. Elle m’a donné toutes les traces. Elle n’a rien gardé pour elle. Pourtant les mots me manquent. Pourquoi perd-on la mémoire de ce qui vous attache au monde? Pourquoi meurt-on à la mémoire? Je suis né d’une ombre. D’une ombre qui me photographie et me capture dan son incognito. Qui me suit partout comme mon ombre et ne me lâche jamais.
Et ce livre va être le récit d’une quête du père -et de ses origines réelles et non fantasmées comme elles l’ont été toute sa jeunesse jusqu’à ce que enfin- et une seule fois- il réussisse à croiser son père très peu de temps avant sa mort accidentelle. Parce que… - Citation :
- Chacun de ces papillons est la mémoire de l’espèce. A lui seul la mémoire infaillible de l’espèce entière. Et l’espèce, c’est l’unité c’est la durée, c’est l’harmonie. Pourquoi n’en va-t-il pas ainsi pour les hommes? Pourquoi l’homme est-il un animal qui ne sait plus du tout qui il est quand il ne sait pas-d’où il vient? Alors que le plus démuni des papillons ,ne se sachant pas papillon, est à lui seul la mémoire de son espèce tout entière, et donc la sienne tout singulièrement?
J’enjolive, j’extrapole, c’était l’idée. Aujourd’hui, je connais la réponse: à la différence du bombyx du mûrier, qui n’a pas eu l’idée de soumettre à concours l’agrégation de ver à soie, l’homme a besoin d’un miroir. Pour savoir ce qu’il fabrique sur terre, il a besoin de se regarder être. Un besoin vital du miroir. Le miroir est sacré. Il nous vient par les pères. Moi, mon miroir, on me l’avait cassé. Ou caché. Mais j’en avais l’ombre au front. La terrible honte du bâtard, ce besoin de reconnaissance continu: - Citation :
- Ce qu’il lui faut, au bâtard, c’est une légitimité. Il n’a pas été reconnu d’un seul. Aussi veut-il l’être par tous.C’est humain. Ce n’est jamais qu’un dédommagement, une indemnité symbolique, pas une réparation: il n’y a pas d’alternative au néant. C’est juste un fantasme, une façon de compenser. Quant au néant dont je traite ici, il n’a aucune saveur métaphysique . C’est simplement la certitude que rien ni personne ne eut vous apporter ce qui vous manque, et donc ne peut vous tirer de là.
- Citation :
- Maman aurait voulu que je fasse poète
C‘est peut être raté, quoi qu‘il n‘ait pas dit son dernier mot,ce Jean Louis Ezine,fils de Robert Demaine et de Jeannine Bunel, mais j’ai trouvé que ce magnifique récit autobiographique était celui d’un excellent écrivain. Avec cet éternel goût de la digression, qui le fait partir au fil des pages dans des histoires de traverse ,comme on s’engage dans les chemins normands. Comme celle de Lothar Unbekannt , - Citation :
- géant impétueux aux yeux pâles et larmoyants..qui disparut à Auberville un jour de grande lessive derrière un train de draps long comme un hangar, qu’une jeune femme alla le long de ce convoi frappait à l’aide d’une cuiller en bois.
Unbekannt et disparu..Forcément, cela lui parle à Ezine! - Citation :
- Là s’arrête sa légende, quand bien même sa biographie se continuerait par des marches inconnaissables ,dans l’hypothèse où il aurait sauvé sa tête et fait retour au pays. Les archives concernant les combattants de la Première Guerre mondiale ont été détruites lors de la Seconde. Une guerre efface l’autre, malgré tout. Plus rien ne serait retrouvé de ce qui fut. Cependant, quel ressort soudain détendu dans l’âme de Robert le Maudit, son fils caché, lancera celui-ci dans la poussière allemande qu’il va mordre en vainqueur mortifié et le projettera tel un furieux ,en 1945, par les duchés de Souabe et de Bavière, jusque dans les montagnes d’Autriche, sans jamais demander son chemin ni laisser le moindre indice sous les chevilles de son blindé? De quel crime réclame-t-il vengeance? De la malédiction de vivre, lui qui avait demandé une corde à sa mère?
L’étrange aveuglement dans lequel chacun se tient ici-bas, vis-à vis de l’héritage qui le fait être ce qu’il est, n’est sans doute que la légitime conséquence de l’obligation d’avoir à vivre à son compte, malgré tout. Mais nous sommes les fantômes d’inconnus qui n’en ont pas fini avec la hantise. Ils déposent en nous un monde que nous feignons de gouverner en propriétaires, quand nous ne l’ignorons pas, et qui nous anime par de complexes procédures, aussi sûrement que le fil actionne la marionnette. Nous y revoilà.. Et le voilà aussitôt reparti pour un autre histoire, qui n‘a bien sûr rien d’innocent.Toutes parlent d’identité, et c’est très émouvant et beau. Alors, un extrait de la dernière ici: - Citation :
- Christian von Wolff, qui a créé tout le langage philosophique allemand, a dit que l’existence était complémentaire de la possibilité, une doctrine qui, me semble-t-il, remet l’existence à sa place. Qu’est-ce qu’une crise d’identité? C’est l’irruption d’un possible inattendu dans une existence laquelle elle offre un complément. Je n’ai pas mon pareil, dans ce genre de crise.
En réalité, j’ai mon pareil, bien sûr. J’ai mon double. Il aurait été à l’aise dans cette fête ,si seulement il avait vécu, celui que j’étais quand je portais un autre nom. E loin en loin, toutefois, il se réveille de son sommeil de mort. Chaque fois c’est vers moi qu’il se tourne. Il n’a que moi. Il sort de son étui un violoncelle et il joue pour moi seul, bien maladroitement, parce que son sommeil de mort lui a laissé les doigts gours, un lied de Schubert, toujours le même; Il torture alors cette mélodie, déjà déchirante quand elle est bien jouée, que Schubert a composée d’après ce fameux poème, Der Dopplelgänger,où Heine s’imagine marcher à côté de son double. Le violoncelle de mon pareil a la sonorité profonde des forêts du Schleswig-Holstein, mais je ne l’écoute pas jouer. Je regarde les petits nuages de colophane qui s’élèvent au dessus des cordes dans les aigus, ça m’évite de penser à tout ce chagrin massacré.
Der Doppelganger | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Jeu 28 Jan 2010 - 11:00 | |
| Mouton de Richard Morgiève C'est l'histoire de Michel Mouton un célibataire timide qui habite un quartier résidentielle il est écolo mange du bio et fait tout pour bien se faire voir par ses voisins. Mais un jour. Un dingue fait brusquement irruption dans sa vie et dit s'appeler comme lui Michel Mouton et qu'il est son frère. Ce Michel Mouton est un vrai dingue qui va complètement mettre le merdier dans la vie de Michel Mouton - Citation :
- « Il est pas méchant, il est seulement dingue. Je vais aller téléphoner, l’air de rien, pour pas l’exciter. Il ouvre à nouveau le réfrigérateur :
- On va se faire une omelette. - Vous n’êtes pas chez vous, je vous le rappelle et je vous prie de me laisser tranquille. - Tu me fais de la peine. Et tout ce que j’ai fait pour toi, ça compte pas ? Il jette sa cigarette par la baie vitrée ouverte, ça me révolte. Je vais la chercher. Je la trouve pas mais je marche dessus. Ça fait mal, je gémis. Il rigole. J’ai envie de lui mettre une bonne tarte. J’écrase le mégot dans le cendrier, m’assois sur le carrelage en tailleur, ausculte mon pied. Apparemment il n’y a rien de méchant, une rougeur c’est tout. Il me demande si je veux pas qu’il regarde parce que : - On attrape facilement une saloperie de nos jours. Un petit sida, une vilaine grippe aviaire, ça t’emporte vite. » C'est un livre à l'écriture déjantée il y a beaucoup de rythme une grande violence verbale qui emploie le langage actuel C'est drôle, c'est féroce, c'est désespéré - Citation :
- Merci maman ! Elle s’appelait Brisbille, parole. Solange Brisbille. Je la surnommais Cassecouilles. Je l’ai fait incinérer. J’ai jeté ses cendres en roulant dans la banlieue. Ah oui elle a été dispersée ! C’est ça la vie ordinaire d’un Mouton fils, je ne serai jamais Mouton père. Jamais je ne passerai le témoin à un autre malheureux. Le crime de l’espèce humaine, c’est la reproduction. C’est par ça que Dieu la tient au collet.
Il m’a marqué au fer. M’a gâché ce moment que je voulais exceptionnel, cet instant avant la tempête. Il a toujours une longueur d’avance. Jusqu’à maintenant. Maintenant c’est mon tour. C’est lui qui va crier au secours, et tout de suite je vais pas perdre de vaines heures en atermoiements.’ Cependant au lieu d’aller à ma Reno, je vais jusqu’à la boucherie halal, rue Brigitte Bardot. Je regarde les têtes de moutons écorchées. Maigres et aveugles, elles me dévisagent avec une sorte de haine qui me fait du bien. Je suis venu pour ça, pour me motiver. Il va raquer oui, Je marmonne tu vas crever Mouton. L’impératif que j’entends dans Mouton : c’est meurs donc ! Une vieille dame me demande son chemin. Je l’envoie à perpète, ça lui fera les varices. Il y a aussi une originalité dans la mise en page du texte au niveau typographique Bref,un roman déjanté, fou, rafraichissant, original, intriguant, qui sait faire preuve de mauvais goût. Une belle expérience ! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Jeu 28 Jan 2010 - 11:13 | |
| - rivela a écrit:
- Mouton de Richard Morgiève
C'est l'histoire de Michel Mouton un célibataire timide qui habite un quartier résidentielle il est écolo mange du bio et fait tout pour bien se faire voir par ses voisins. Mais un jour. Un dingue fait brusquement irruption dans sa vie et dit s'appeler comme lui Michel Mouton et qu'il est son frère. Ce Michel Mouton est un vrai dingue qui va complètement mettre le merdier dans la vie de Michel Mouton - Citation :
- « Il est pas méchant, il est seulement dingue. Je vais aller téléphoner, l’air de rien, pour pas l’exciter. Il ouvre à nouveau le réfrigérateur :
- On va se faire une omelette. - Vous n’êtes pas chez vous, je vous le rappelle et je vous prie de me laisser tranquille. - Tu me fais de la peine. Et tout ce que j’ai fait pour toi, ça compte pas ? Il jette sa cigarette par la baie vitrée ouverte, ça me révolte. Je vais la chercher. Je la trouve pas mais je marche dessus. Ça fait mal, je gémis. Il rigole. J’ai envie de lui mettre une bonne tarte. J’écrase le mégot dans le cendrier, m’assois sur le carrelage en tailleur, ausculte mon pied. Apparemment il n’y a rien de méchant, une rougeur c’est tout. Il me demande si je veux pas qu’il regarde parce que : - On attrape facilement une saloperie de nos jours. Un petit sida, une vilaine grippe aviaire, ça t’emporte vite. » C'est un livre à l'écriture déjantée il y a beaucoup de rythme une grande violence verbale qui emploie le langage actuel C'est drôle, c'est féroce, c'est désespéré - Citation :
- Merci maman ! Elle s’appelait Brisbille, parole. Solange Brisbille. Je la surnommais Cassecouilles. Je l’ai fait incinérer. J’ai jeté ses cendres en roulant dans la banlieue. Ah oui elle a été dispersée ! C’est ça la vie ordinaire d’un Mouton fils, je ne serai jamais Mouton père. Jamais je ne passerai le témoin à un autre malheureux. Le crime de l’espèce humaine, c’est la reproduction. C’est par ça que Dieu la tient au collet.
Il m’a marqué au fer. M’a gâché ce moment que je voulais exceptionnel, cet instant avant la tempête. Il a toujours une longueur d’avance. Jusqu’à maintenant. Maintenant c’est mon tour. C’est lui qui va crier au secours, et tout de suite je vais pas perdre de vaines heures en atermoiements.’ Cependant au lieu d’aller à ma Reno, je vais jusqu’à la boucherie halal, rue Brigitte Bardot. Je regarde les têtes de moutons écorchées. Maigres et aveugles, elles me dévisagent avec une sorte de haine qui me fait du bien. Je suis venu pour ça, pour me motiver. Il va raquer oui, Je marmonne tu vas crever Mouton. L’impératif que j’entends dans Mouton : c’est meurs donc ! Une vieille dame me demande son chemin. Je l’envoie à perpète, ça lui fera les varices. Il y a aussi une originalité dans la mise en page du texte au niveau typographique
Bref,un roman déjanté, fou, rafraichissant, original, intriguant, qui sait faire preuve de mauvais goût. Une belle expérience ! Je ne sais pas trop si ça me plairait, mais ça interpelle. Je le note, au cas où. | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Jeu 28 Jan 2010 - 11:19 | |
| Je pense que certains penseront que c'est un gros foutage de gueule et d'autre auront une grande jubilation à la lecture de ce bouquin. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 2 Fév 2010 - 1:47 | |
| Guide de l'incendiaire des maisons d'écrivains en Nouvelle AngleterreBrock Clarke Albin Michel Quatrième de couverture - Citation :
- « Moi, Sam Pulsifer, je suis l’homme qui a accidentellement réduit en cendres la maison d’Emily Dickinson à Amherst, Massachussetts, et qui ce faisant, a tué deux personnes, crime pour lequel j’ai passé dix ans en prison. Il suffira sans doute de dire que parmi les grandes et sinistres tragédies qui ont frappé le Massachussetts il y a les Kennedy, les sorcières de Salem, et puis il y a moi. »
Dans ce roman brillant et jubilatoire, Brock Clarke réussit, avec un sens de l’humour déroutant, un véritable tour de force littéraire, hommage aux plus grands écrivains américains.
« Corrosif et inattendu. Un sommet de l’humour absurde. »The New York Times « La littérature, suggère Brock Clarke, est tout à la fois la douleur et le salut de nos existences. »The Washington Post Elle est bizarre, je trouve, la phrase du Washington Post.. Ils sont forts, en tout cas, parce que moi, je n'ai pas trouvé du tout ce qu'il voulait suggérer, cet écrivain. Mais je ne suis pas critique littéraire non plus, c'est un fait. Alors, c'est donc l'histoire d'un jeune homme qui ,après avoir mis le feu accidentellement à la maison d'Emily Dickinson et provoqué la mort de deux personnes, va, en sortant de prison , tomber dans un grand embrouillaminis familial, et très mal s'en sortir. Tellement grande, l'embrouille, que je n'y ai pas compris grand chose. Je ne suis pas certaine d'ailleurs que ce soit écrit pour être compris.. Mais que l'auteur a voulu donner dans le burlesque et l'anti-héros par excellence? Peut être..et peu importe. Toujours est il que si Irving a été capable de m'entrainer avec joie n'importe où , là, cela n'a pas marché du tout. Je me suis même ennuyée, et j'ai sauté des pages ( c'est peut être pour cela que je n'ai pas bien compris ), ce qui m'arrive très rarement. Peut être y aura-t-il un autre avis ici? | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 6 Fév 2010 - 17:17 | |
| Dit comme ça c'est très tentant. Jamais entendu parler... | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 6 Fév 2010 - 20:56 | |
| Je l'ai lu il y a longtemps également et j'avais beaucoup aimé. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] | |
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| | | | "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] | |
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