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| "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] | |
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Auteur | Message |
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Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 13 Avr 2010 - 10:08 | |
| Merci Nathria pour cette présentation. J'avais repéré le lire à sa sortie et j'en étais restée là. Tu m'as donné envie de le lire vraiment. Je suis allée sur le site de l'auteur que tu as donné et j'ai extrait un passage du livre où A.J. tente de lapider quelqu'un qui ne respecte pas le shabbat (et il est sûr d'en trouver) avec du gravier. C'est très drôle. - Citation :
- A few days ago, I gathered a handful of small white pebbles from Central Park, which I stuffed in my back pants pocket. Now all I needed were some victims. I decide to start with Sabbath breakers. That’s easy enough to find in this workaholic city. I noticed a pot-bellied guy at the Avis down our block had worked on both Saturday and Sunday. So no matter what, he’s a Sabbath-breaker.
Here’s the thing, though: Even with pebbles, it is surprisingly hard to stone people.
My plan had been to walk nonchalantly past him and chuck the pebbles at the small of his back. But after a couple of failed passes, I realized it was a bad idea. A chucked pebble, no matter how small, does not go unnoticed.
My revised plan: I would pretend to be clumsy and drop the pebble on his shoe. So I did.
And in this way I stoned. But it was probably the most polite stoning in history – I said ‘I’m sorry,’ and then leaned down to pick up the pebble. And he leaned down at the same time, and we almost butted heads, and then he apologized, then I apologized again.
Highly unsatisfying.
J'adore la fin: "Ce fut sans doute la lapidation la plus polie de l'Histoire". Sur le site, il y a une traduction automatique. Une question Nathria: comment fait-il pour les sacrifices? | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 13 Avr 2010 - 10:34 | |
| Merci Nath pour ton commentaire, quelle rapidité ! Merci aussi à Madame B. pour l'extrait, je le trouve hilarant. Je note donc ce titre, cette expérience m'intéresse énormément. | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 13 Avr 2010 - 19:00 | |
| Moi aussi Epi, c'est vraiment le genre d'humour que j'apprécie. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mer 21 Avr 2010 - 12:20 | |
| Melodrama de Jorge Franco - Citation :
- Vidal, un joli garçon colombien, a invité sa très jeune mère à Paris. Il a un plan : faire épouser Perla, mal élevée, agitée, rebelle, en principe la femme la moins faite pour cela, par son ami et protecteur raffiné, le vieux comte Adolphe de Cressay. Ce qui permettrait à ce dernier de tenir la promesse qu’il a faite à sa femme sur son lit de mort, faire de Vidal leur héritier pour le récompenser de la façon dont il a su l’aider dans sa longue agonie.
Chapitrée et contrôlée par Vidal, Perla joue son rôle auprès du comte, jusqu’à ce que la mort accidentelle du vieil homme soit remise en cause par son sinistre neveu, Clementi, bien décidé à empêcher ces parvenus d’hériter de la fortune familiale. Vidal, malade du sida, ne peut plus lutter et hante l’appartement et le roman comme un fantôme, tandis que Perla et Anabel, son esclave depuis l’enfance, vont devoir livrer des batailles qui feront exploser toute bonne éducation. Jorge Franco est né en 1962 à Medellin. Après la parution de La fille aux ciseaux (gros succès en Amérique latine), Garcia Marquez l'a salué comme l'un des plus talentueux écrivains de la nouvelle vague colombienne. Melodrama, son nouveau roman, est effectivement écrit dans une langue riche et bigarrée et son objectif de mélanger intrigue de telenovela et haute ambition littéraire est plutôt alléchant sur le papier. Drôle de cocktail en vérité que ce récit où toutes les époques se superposent, où l'on se perd comme dans un jungle, où certains sujets plus que sensibles (dont la pédophilie) sont traités de façon crûe et choquante. Ce roman est un maelström dont le rythme s'accélère au fil des pages comme si tous ses personnages devaient nécessairement s'agiter comme des pantins jusqu'à la mort. Ce roman transgressif est assez inconfortable et franchement déplaisant à certains moments, plus convaincant quand Jorge Franco y injecte un peu d'humour. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 25 Mai 2010 - 22:41 | |
| Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio
J'ai toujours aimé les romans aux titres alambiqués ou longs: celui d'Amara Lakhous n'a pas mis longtemps avant de rejoindre mon cabas lors d'un des mes passages à la médiathèque...d'autant plus que la directrice des lieux m'a incitée à le découvrir en m'en faisant une rapide présentation. Autre point positif, l'action se déroule à Rome, la ville éternelle qui m'a enchantée, et tourne autour d'un microcosme haut en couleurs.
Un homme est trouvé mort, assassiné sans aucun doute, dans l'ascenseur d'un immeuble sis Piazza Vittorio, au coeur d'un quartier dit multi-ethnique de la Rome historique. Cet homme était surnommé Il Gladiatore, Le Gladiateur, et faisait l'unanimité contre lui en raison de ses divers petits trafics. Qui a bien pu lui faire la peau de si vilaine manière dans l'ascenseur, lieu objet de nombreuses diatribes, disputes et discussion entre la concierge, une napolitaine gironde et au verbe coloré, et la copropriété? Ce ne peut être qu'un étranger et surtout pas Amadeo, autre habitant de l'immeuble, apprécié de tous, aimable, serviable, le seul à ne pas emprunter l'ascenseur (et à trouver grâce aux yeux de la concierge) et connaissant Rome comme sa poche! Pourtant, les soupçons pèsent sur lui car il a aussi disparu. L'enquête est orchestrée par les récits des habitants de l'immeuble et le point de vue du commissaire Mauro Bettarini, en une musique aux accents les plus divers, scandée par les apartés enregistrés d'un Amadeo qui est là sans être présent, tel un filet discret et essentiel au centre d'une cascade bondissante. Les vérités de chaque témoins, proches d'Amadeo, convergeront vers la vérité inattendue sur la mort du Gladiateur, après avoir embarqué le lecteur dans le labyrinthe de la cohabitation de différentes cultures et de la peur, parfois inconsciente, de l'autre, de la différence. L'auteur tisse son récit en un patchwork bigarré, truculent, de personnages aussi dissemblables sur leur approche de l'autre qu'unanime sur leur appréciation de l'absent qu'est Amadeo. Que dire sur ce roman sinon qu'il est enchanteur, qu'il emporte le lecteur dans la magie d'un récit tricoté au cordeau, un récit digne d'une grande comédie italienne au goût acidulé de l'ambiance mêlant le comique au tragique. L'histoire d'un homme qui parvient à se fondre dans le paysage romain, connaissant sur le bout des doigts la géographie particulière de la ville, son histoire, l'environnement politique et administratif; un homme lien invisible mais tangible entre les altérités et les cultures venues des quatre coins du monde. Amadeo, un ange pacificateur, dénoueur d'entrelacs et fédérateur des idées et des points de vue, Amadeo, celui qui a compris que la meilleure cachette réside dans le fait de se fondre au coeur d'une culture, l'assimiler et la faire sienne et vivre au grand jour sans être différent. Amara Lakhous brode au fil des vérités les contours sinueux de la peur de l'autre, de l'incompréhension face à ce qui si dissemblable de nos habitudes de vie et de penser, des philosophies de comptoirs installées par des médias peu regardants et des politiques dont l'intérêt est que la méfiance envers l'autre soit un réflexe. Une photographie de tout ce qui peut séparer et réunir les hommes se révèle à mesure que les témoignages se succèdent, point de couleurs par point de couleur, celle d'un occident qui a su accueillir en son temps les disparités pour en faire une richesse et émerger un horizon plus large. Cependant, lorsque l'on décide de quitter son pays, sa culture et les siens, doit-on faire table rase d'un passé qui a construit chaque molécule de son être, qui a fait ce que l'on est devenu? L'altérité doit-elle s'oublier pour se mouvoir au gré de la nouvelle rivière qui accueille l'âme et le corps de celui qui est parti presque sans un regard en arrière? Doit-on devenir amnésique pour prendre un nouveau départ...au risque de connaître les hurlements intérieurs d'un coeur oublié? "Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio" est le chant d'une différence qui se libère jusqu'à se fondre dans le quotidien et en devenir un élément essentiel. Une jolie leçon pour ouvrir les yeux et voir derrière le miroir qui masque une réalité que l'on n'a pas vraiment envisagée. Une très belle réussite où le rire naît d'une amertume pour se transformer en un fugace soupir entre les portes qui claquent et les vitupérations des matrones engoncées dans leur importance.
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| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mer 2 Juin 2010 - 12:18 | |
| Richard Asplin - L'arnaqueur Neil est un fana de héros de comics (son idole est Superman) et tient une sympathique petite boutique dans le quartier londonien de Soho. Les affaires vivotent malgré la richesse du fonds qui a de quoi faire rêver les collectionneurs: entre son beau-père, aristocrate anglais dans toute sa splendeur, méprisant ce gendre, loin d'être idéal à ses yeux, et ses maigres rentrées financières, Neil peine à atteindre une sérénité méritée. En effet, son union, heureuse, avec son épouse Jane, concrétisée par la naissance de leur petite fille Lana, est assombrie par les démêlées administratives avec son assurance, suite au dégâts des eaux qui a dévasté la cave du magasin et laminé des cartons entiers d'objets de collection. Neil tombe de Charybde en Scylla, empêtré dans une cascade de mensonges plus insoutenables les uns que les autres, provoquant une fuite en avant et des catastrophes en série. Aussi, lorsqu'un drôle de bonhomme, Christopher, capable de déguisements plus vrais que nature, affublé d'accolytes également atypiques, lui propose une jolie arnaque à condition qu'il mette en jeu la somme, coquette, versée par son beau-père pour les études de Lana, Neil ne résiste pas longtemps aux chants des sirènes et envoie balader sa morale pour faire son entrée dans le monde, pittoresque, des arnaqueurs. Comment résister à l'envie de fabriquer un faux plus vrai que nature et escroquer un avide collectionneur américain? Or, bien mal lui en prend: la somme en question part dans les poches de Christopher et sa bande, laissant, exangue notre Neil, plus pitoyable que jamais.Une série d'évènements, plus loufoques et dingues les uns que les autres, s'enchaîne sans laisser le pauvre Neil maître de la situation, coincé entre sa naïveté déconcertante et son envie d'effacer les abominables ardoises menaçant sa vie familiale et amoureuse. Au cours de multiples péripéties, Neil rencontre Laura, serveuse dans un bar, attentive à sa détresse, lui apportant le réconfort en lui offrant cafés et pains au chocolat, laissant sur ses vêtements les effluves, discrètes mais tenaces, d'un parfum sensuel, installant, insidieusement, les prémices de la jalousie chez Jane. Puis, ce sont les retrouvailles, inattendues, avec un ancien camarade d'université, Ben, ancien militant écologiste reconverti dans l'immobilier. Celui-ci, lorsqu'il apprend les déboires et les arnaques dont Neil a été victime, se propose de revêtir son costume de héros vengeur en montant une contre-arnaque afin de gruger les grugeurs....le tout avec l'aide, inattendue, de Laura qui semble dégoûtée par les procédés de Christopher et sa clique. L'énergie du désespoir peut provoquer des choix bien inhabituels et Neil ne coupe pas à la règle. Dans un ultime round, Neil, aidé par ses amis, tente de récupérer son argent et par la même occasion sa crédibilité auprès de son beau-père....un dernier combat dont l'issue laisse le lecteur stupéfait, ébahi, amusé et admiratif par la menée de cette hsitoire rocambolesque.Vous l'aurez compris, "L'arnaqueur" est un roman qui m'a séduite, amusée et menée, avec art, sur des sentiers tortueux qui ne dévoilent, qu'à l'ultime détour, leur but. Richard Asplin manie adroitement les ficelles du suspense et de la comédie pour concocter un récit où l'humour, l'ironie des situations et l'amertume de certaines conséquences de nos actes, se mêlent en un cocktail étonnant qui laisse en haleine le lecteur de bout en bout jusqu'au final des plus extraordinaire! Une lecture où les surprises sont pléthores, où les rebondissements permettent de dissimuler les indices aux yeux du lecteur (hahahaha, le pouvoir de l'auteur est intact!) qui suit le rythme endiablé des aventures, rocambolesques, d'un Neil qui pourrait être un personnage plus retors qu'il n'y paraît....en effet, même si je ne peux dévoiler le "deus ex machina" final, Neil ne serait-il pas un double, secret, une mise en abyme, de l'auteur qui joue de notre naïveté de lecteur avec une redoutable efficacité....pour notre plus grand plaisir? | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 5 Juin 2010 - 21:49 | |
| Après avoir eu un aperçu de la Science-Fiction russe, j'ai souhaité regarder de plus près la SF sud-américaine avec "Dimension latino" édité chez La Rivière Blanche.
Cette anthologie de textes, aussi variés que plaisants, révèle l'imagination débordante et la richesse de l'imaginaire des écrivains sud-américain chez lesquels le questionnement sur la technologie, l'emprise du pouvoir sur la population, ou le regard porté sur la tendance auto-destructrice de l'Homme, est un régal à lire. Quatorze nouvelles qui transportent le lecteur dans des récits parfois comiques, souvent graves et toujours incitatrices à réfléchir sur soi, sur la place de l'homme sur la planète mais aussi dans l'univers. Elle apporte le regard sud-américain sur les sujets incontournables de la SF: le voyage dans le temps, le monde post-apocalyptique, le monde cyberpunk, la rencontre extra-terrestre, les découvertes scientifiques ou les guerres intergalactiques. "Timbouctou" est une transposition dans le futur d'une favella ou d'un quartier sordide, un no man's land, où tout est permis d'essayer et de faire, un monde interlope sous l'emprise d'une drogue exclusive, "La Dame Noire", celle qui s'implante dans la moindre molécule du corps mais aussi de l'âme de celui qui s'y adonne, même une seule et unique fois. Elle ravage, elle rince, elle hébète jusqu'à ce que l'on ingère une nouvelle dose, moment extatique où la fulgurance du flash est indicible. Sam est esclave de cette dangereuse maîtresse et à la botte d'un inspecteur de police qui lui fournit, le temps d'une courte liberté, sa dose. Des meurtres horribles ont eu lieu dans le quartier de Timbouctou, le lieu de tous les extrêmes, et Sam y est dépêché pour couper court au carnage. Le lecteur suit Sam dans une balade où l'espoir et l'innocence sont absents: un enfer lentement se dévoile, un enfer tant intime que social...les ravages de la dépendances, l'exploitation des addictions pour permettre à la société bien pensante nettoyer ses latrines de temps à autre. La délivrance est souvent un leurre ou au mieux un jeu de dupe. Une ambiance à la "Blade runner" dans laquelle on aime frissonner et s'interroger. Le voyage dans le temps est une composante essentielle de la SF et les écrivains sud-américains ont abordé ses rivages. Deux textes, "Gu ta gurrarak" et "Le secret", offre deux versions de ce genre de voyage: celui pour connaître ses origines, une famille basque en fait l'expérience, drôle, afin de démontrer la supériorité des basques dans moults domaines. Entre les enfants plus surdoués les uns que les autres et les parents, dont une mère au sens pratique très développé, et les amitiés sélectionnées, un voyage jusqu'aux débuts de l'humanité se met en place pour asseoir les certitudes des uns et des autres. "Le secret", lui, emporte le lecteur au coeur du mystère de la civilisation maya et de son calendrier très particulier, voire hermétique. Un chercheur allemand, en pleine seconde guerre mondiale, se retrouve happé dans une spirale temporelle qui lui fait saisir l'essence incompréhensible pour les hommes d'aujourd'hui des Mayas. Si l'histoire avait été différente, le devenir de la civilisation maya aurait-il été différent? Sommes-nous, Occidentaux, passés à côté de splendeurs immatérielles, en ayant opté pour une destruction massive d'un Autre qui avait tant à apporter? Un voyage dans les légendes pré-colombiennes qui donne envie de remonter le Temps. La SF ne serait plus ce qu'elle est si la découverte scientifique n'était pas un des déclencheurs d'imaginaire. "Apolvénusia" une pilule miraculeuse qui peut transformer celui qui l'utilise en personne dont il rêve! Cette nouvelle est très originale car conçue comme une longue notice d'utilisation doublée d'un article publicitaire. On sourit beaucoup en pensant, forcément, aux nombreux "marchands de sommeil" que notre société consummériste ne cesse de proposer pour accéder à une vie plus facile, meilleure et plus heureuse. Mieux que la pilule amincissante, voici la pilule qui peut vous clôner en star sexy du moment....attention bien lire le protocole d'utilisation et les contre-indications avant de se la mettre, 5 seconde pas plus, sous la langue puis la cracher! "Les interférences" est l'histoire, burlesque, d'un père de famille vivant dans "un petit pays" (que l'on identifie très vite comme étant Cuba) qui a une manière très personnelle de réparer son antenne lorsque la réception s'avère aléatoire: il se saisit de son marteau, en frappe ladite antenne et tout redevient normal jusqu'au jour où la méthode provoque un étrange phénomène. Les épisodes des séries habituelles, mornes d'ordinaire, s'accélèrent un peu, deviennent d'un coup plus palpitants: pourquoi? Comment? Très vite, Mr Perez s'aperçoit que son poste de télévision transmet des évènements du futur proche. Branle-bas le combat dans le quartier où interviennent, pas vraiment discrets, les sbires du régime, un cordon de sécurité est mis en place, les interrogatoires musclés commencent pour finalement déterminer que la famille Perez n'est pas une opposante au régime. Le petit pays et son "affable dictateur (Guide Eclairé du Peuple)" se voient possésseurs d'une découverte révolutionnaire que "le Leader suprême, Le Guide Illuminé de son peuple" utilise au profit de son pays. Au début c'est la risée puis peu à peu le reste du monde s'aperçoit que "le petit pays" détient un pouvoir extraordinaire. Au bout de nombreuses péripéties, l'assemblée internationale décide de détruire la découverte afin que le monde recouvre sa sérénité et sa liberté de s'entredéchirer sans connaître l'avenir. La chute de la nouvelle est assez amusante rappelant que l'on peut toujours tomber de Charybde en Scylla...même comiquement. Le récit est émaillé de descriptions dont la coloration comique suggère la pesanteur de la mise sous surveillance de tout une population, éreinte le culte de la personnalité et gratte le quotidien du citoyen toujours à la merci d'une dénonciation...une facétie mielleuse et doucement ironique, pied de nez à une dictature sclérosante. Une autre composante fondamentale de la SF est la rencontre avec les E.T. Trois textes, trois possibles contacts, "Le clown de porcelaine", "Notre Jerry Garcia" et "Kaishaku". Le premier emmène le lecteur dans l'univers du cirque, lieu de l'imaginaire, de la poésie et de l'illusion, où un journaliste voit un clown-enfant que les autres spectateurs n'ont pas vu. Rencontre imaginée, rêvée, rencontre iréelle, celle qui n'a pour but que celui de côtoyer autrui afin de mieux le connaître, de parler, d'échanger avec lui, d'illuminer un moment sa vie, de se sentir bien et de faire le bien. Le don d'un bout de soi pour apporter un peu de soleil à celui que l'on croise, l'espace d'un instant. Le second a une tonalité un peu douce amère: Jerry Garcia est un conteur que tout le monde souhaite et aime rencontrer car ses histoires sont le reflet de la beauté du monde, d'un monde qui n'est plus; Jerry est le dernier hippie, est le dernier homme, celui qui vit dans une réserve...histoire que l'on oublie pas le passé. Il y a une petite note du "Meilleur des mondes" d'Huxley, celle de la nostalgie de ce que l'on a irrémédiablement perdu. Le dernier récit est le plus pessimiste, le plus terrible. En quelques jours, l'humanité est réduite à peau de chagrin par des entités aux lumières rouges. Les hommes, après avoir pressuré la Terre, sont partis à la conquête de l'espace, ont pris d'assaut Vénus et Mars qu'ils surexploitent, ils ont installé des stations spatiales, sont en passe de détruire la ceinture d'astéroïdes et ont parsemé de déchets l'espace. Après l'échec de la mission diplomatique japonaise, Ivana est l'ultime envoyée, la dernière chance pour la poignée d'hommes survivante, la Terre est devenue un vaste désert humain, la végétation a repris ses droits, les vestiges de la civilisation humaine ne sont plus. Elle emporte avec elle la dernière parole de l'émissaire japonais "kaishaku", l'acte de compassion de celui, choisi par le candidat au harakiri, qui donnera le coup de grâce au mourant, mourant ayant lavé son honneur de son sang. Jusqu'à la fin, Ivana ne saisit pas l'essence de ce mot... lorsqu'à l'issue de son entretien télépathique avec les entités, elle découvre que l'Humanité a toujours su faire preuve d'auto-destruction et qu'aucune création artistique ou découverte scientifique bénéfique ne pourra racheter cela sauf si par "kaishaku" elle réussit à ouvrir les yeux des Hommes. La rencontre extraterrestre après avoir été dramatique se révèle être une possibilité de rédemption: les entités lumineuses partent comme elles sont venues...leur tâche de passeur achevée. L'espoir luit un peu et le lecteur ne peut qu'espérer que les héros feront le bon choix: celui de recommencer sans commettre les erreurs du passé....un voeu pieu? Pour terminer, on ne peut oublier un des points d'orgue SF: les mondes post-apocalyptiques, "Décombres" et "Comme des poissons dans la nasse" en sont leur déclinaison. "Décombres", le narrateur est accro à la machine "de drainage mental, l'holomécanisme du temps chromosomique" et travaille dur pour obtenir de quoi se payer un voyage dans un Mexique qui n'existe plus....la vie humaine se passe sous terre, car, à l'air libre il n'y a plus que désolation et amas chaotiques d'un monde qui a vécu il y a très longtemps, celui des légendes. La douleur des souvenirs inscrits dans les gènes n'empêche pas l'addiction aux images d'un lointain passé, jusqu'à ce que l'envie d'aller voir de plus près soit irrépressible. Une lueur, celle d'un espoir, ponctue ce court texte. "Comme des poissons dans la nasse" présente un monde qui a basculé dans le désastre: les pays de l'hémisphère nord ont connu l'apocalypse et leurs populations, exangues et affamées, errent sur des embarcations de fortune pour tenter d'atteindre les rivages plus cléments des pays du Sud. Finney, après avoir perdu sa famille, s'est engagé dans l'armée d'un pays du Sud et est affecté à une équipage marin. Un jour, ils croisent un navire nord américain dont les occupants tentent un marché avec l'équipage militaire...mais les ordres sont parfois inébranlables. Un récit dur où l'on prend la mesure d'une misère humaine qui est le lot de nombreuses populations, celles qui échouent, victimes d'escrocs, sur les côtes européennes, portes d'un Eldorado qui n'est plus. Une nouvelle qui renverse le schéma habituel de l'image du réfugié...pourquoi ne regarde-t-on pas autrement ces drames humains car, un jour, la situation pourrait s'inverser!
"Dimension latino" est un recueil de nouvelles plus plaisantes les unes que les autres (bien que certaines soient plus inégales), offrant un moment de lecture des plus réjouissants!
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| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Dim 6 Juin 2010 - 20:26 | |
| Merci pour tes commentaires Chappy, L'arnaqueur me tente bien. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Dim 4 Juil 2010 - 18:21 | |
| Passion et oubli d'Annastassia Lizavetta de Juan Carlos Mondragon - Citation :
- Anastassia Lizavetta, belle Uruguayenne de 32 ans qui appartient à la
classe moyenne, travaille à la Caisse de crédit et vit dans une HLM confortable et moderne avec son époux et son fils, se saisit un beau matin d’un couteau de cuisine et, avant le petit déjeuner, assassine sauvagement son mari endormi. Après avoir refermé la porte de la chambre, elle décide de consacrer sa journée à être enfin elle-même. En reconstruisant minutieusement les douze heures de son errance dans la ville après le meurtre, son cousin tente de comprendre qui est véritablement cette jeune femme qu’il chérit et les raisons de son brutal passage à l’acte. Passion et oubli d'Anastassia Lizavetta est censé être le récit par un psychanalyste, cousin de ladite Anastassia, du crime commis par celle-ci, puis de sa journée d'errance entre lucidité et fantasmes. Dans la tête d'une meurtrière, en quelque sorte, et Dieu sait s'il y en a des choses qui se pressent dans cette caboche de femme aliénée par la vie domestique. L'auteur uruguayen, Juan Carlos Mondragon, semble beaucoup s'amuser à décrire son paysage intérieur. C'est assez répétitif, bourré de notations sur une société capitaliste codifiée et dictatoriale. De là à trucider son mari de sang froid ! De quoi rester circonspect devant cet exercice de style, parfois brillant, souvent saturé d'images érotiques, lassant par ses tentatives d'explication pour mieux dire qu'il n'y en a pas d'explications, ou alors des tonnes. Ah, bon ! | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Ven 23 Juil 2010 - 16:39 | |
| Les domestiques de Gustavo Bossert Petit livre qui se lit très vite et qui déroule une histoire bien étrange. Un couple, jeune, Sofia et Javier, arrive à San Francisco, petit village de la campagne argentine, pour répondre à une offre d'emploi de Pablo et Isabel Marti. Pablo et Isabel, retraités, vivent dans leur maison, La captive, isolés de tout. Ils n'ont jamais rédigé l'annonce.... mais il est tard, Isabel propose au couple de passer la nuit chez eux. Ils repartiront le lendemain. Le lendemain, Javier, habillé en majordome les réveille pour leur annoncer que le petit déjeuner est servi.... Et vaquent aux occupations d'un domestique malgré les protestations de Pablo. Pablo et Isabel voient les domestiques, qui deviennent très vite des intrus, puis les ennemis, s'installer s'incruster chez eux.... Cette situation de départ est extrèmement riche. Mais l'auteur en dénoue les fils très vite, trop vite à mon avis. C'est un peu regrettable. Le face à face entre Pablo et Isabel et le duo de domestiques - qui deviennent un trio - est extrèmement bien écrit, les ressorts psychologiques actionnés au bon moment ; la détresse du couple de retraités soumis aux désirs et à la volonté de Sofia, Javier et Dorotea est palpable. Il semble que l'auteur, avec cet ouvrage, donne sa propre version de "Lîle aux exclaves" de Marivaux". Une version moderne dont on attend le dénouement, un dénouement qu'on voit arriver, sans grande surprise. Le livre fonctionne bien, sans plus. L'auteur arrive quand même à surprendre, lors de la mise en place de l'intrigue et lors du dernier paragraphe. Quant aux nains, ils ont leur rôle, au jardin ; rôle mineur mais signifiant. | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 27 Juil 2010 - 16:14 | |
| - Maryvonne a écrit:
J. Eric Miller, Défense des animaux & pornographie - rivela a écrit:
- Ahhhh!!! c'te couverture, on peut l'interpreter de mille façons différentes
Je viens de voir quelques résumer de ce livre, et bin Maryvonne c'est pas Alice au pays des merveilles que tu as choisis. - rivela a écrit:
- ça a l'air d'être achement hard si c'est pas trop poussé dans la caricature et le grotesque ça va.
Enfin on verra bien ton commentaire si c'est ou Je l'ai donc fini vite fait, quelques nouvelles qui s'enchaînent plutot bien, avec au choix, soit du sesque, soit des animaux, soit les deux au centre de l'intrigue. Que ce soit un coup d'un soir avec un femme qui porte un manteau de vison, un homme qui drague une ancienne prostituée dans un groupe supposé l'aider à raccrocher, un groupe de copines qui soulent un pauvre type dans un bar pour l'abuser par la suite, un campagnard qui découvre le milieu de la nuit dans une grande ville, ou le super pigeon qui ne voulait pas mourir (nouvelle fantastique). Ca plante un peu de décor. Hard ? Je ne trouve pas, mais ce n'est sans doute pas le type de lecture qui va plaire à tout le monde. On retrouve parfois, comme chez William T Vollmann (lui aussi traduit par Claro), une humanité qui te saute à la gueule dans les moments les plus inattendus, quand t'es tout poisseux de sécrétions humaines (ou animales). Après, c'est sûr que c'est cru, parfois génant. Sûrement pas une lecture de tout repos. Gros coup de coeur pour l'histoire du chimpanzé qui déprime dans animalerie. La dernière nouvelle " faim" est tout simplement terrible... l'histoire d'un homme qui impose du camping sauvage à sa femme afin qu'elle perde du poids et qu'elle redevienne à ses yeux désirable. Au passage, je viens de voir que le dit Claro sort son premier roman pour la rentrée littéraire, "Cosmoz". J'ai hâte de voir ce que ça donne... - Citation :
- Réclamés à parts égales par la fiction et le réel, échappés de l'univers mythique du Magicien d'Oz, quelques orphelins du siècle traversent, des tranchées de 14-18 au champignon atomique d'Hiroshima, un demi-siècle de barbarie. Mise à mal par les diverses tornades de l'histoire, la petite tribu des 'Oziens' se confronte aux politiques monstrueuses qui transformèrent l'Europe en une galaxie de camps de concentration et le reste du monde en parcs d'attraction ou en camps retranchés.
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| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 27 Juil 2010 - 16:25 | |
| Très bon commentaire Maryvonne, ce que tu en dis me suffit à penser que c'est plutôt pas mal mais comme en ce moment ce n'est pas trop le genre de littérature que j'ai envie de lire je ne le met pas dans mes futures lal. | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mar 27 Juil 2010 - 16:28 | |
| Oui, c'est clair qu'il faut être disposé.. soit super en forme, soit super maso ! | |
| | | Cliniou Sage de la littérature
Messages : 1116 Inscription le : 15/06/2009 Age : 54 Localisation : entre ici et ailleurs
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Ven 27 Aoû 2010 - 14:11 | |
| Rayon Auteurs russes, je passe les Dostoievsky, Tourgueniev et compagnie lorsque mes yeux se posent sur une couverture illustrée d'un dessin de Bertall "Le Diable à Paris" de 1845. Je prends le livre en mains et je lis: "Les Travailleurs de l'Enfer" d'Ossip Senkovski.
Table des matières: Avant-Propos Une grande réception chez Satan Notes d'un esprit du foyer.
Dans le premier texte, on trouve Satan dans un enfer délabré, dont le plafond fissuré laisse passer quelques malencontreux rais de lumière. Alors qu'il croque ses "biscuits", livres indigestes qu'il fait ainsi disparaître de la mémoire des hommes, il écoute ses démons lui faire rapports de leurs missions sur terre: tenter les hommes. Malheureusement, les démons ne sont pas très doués. Dans le second, un esprit de foyer échange des souvenirs avec un squelette sorti de sa tombe.Tout se passe au mieux jusqu'à l'arrivée d'un diablotin qui va semer une belle pagaille.
Ces petits textes cocasses et cyniques ont été publiés en 1830 en Russie par le Baron Brambeus, pseudonyme d'Ossip Senkovski. Avec son esprit satirique incisif, il tourne en dérision la sottise et les idées toutes faites. | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Dim 29 Aoû 2010 - 23:14 | |
| Les après-midi d'un fonctionnaire très déjanté d'Upamanyu Chatterjee - Citation :
- A travers les tribulations d'Agastaya, un jeune Bengali lettré, parachuté dans l'administration d'une province rurale, Upamanyu Chatterjee évoque avec une cocasserie irrésistible les difficultés de l'Inde d'aujourd'hui : son identité, mais aussi les tabous sexuels, les contradictions entre traditions et modernité, le choc entre Orient et Occident...
A travers ce livre, j'ai trouvé tout ça. Agastaya mène trois vie, une le matin dans son administration, une l'après-midi entre vapeur de cannabis et masturbation, une la nuit, ou très tôt le matin lorsqu'il parcours la ville endormie de sa foulée nerveuse. C'est très bien écrit souvent cocasse parfois grave. J'ai beaucoup aimé ce livre avec deux regrets : - Je ne connais que peu l'Inde, son mode de vie, les restes que la colonnisation anglaise a laissé... Le trait est sans doute forcé mais il doit y avoir une part de vérité dans la description féroce de la société indienne. - le titre, réducteur à mon sens alors que le titre original, English August, se suffisait à lui-même. | |
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