Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Parfum de livres… parfum d’ailleurs

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 "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]

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bix229
Parfum livresque
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MessageSujet: a   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyMar 23 Nov 2010 - 19:42

LA PETITE MORTE : Cornelio Penna. - Métailié

.... la fazenda était un immense et rustique palais, la forteresse campagnarde d' un seigneur féodal sud-américain, et tout ceci était grand et austère, d' un luxe à la fois sobre et somptueux, mais dans ces vastes pièces aux plafonds si hauts, remplies de meubles qui
semblaient faits pour des géants, il fallait vivre sans pouvoir compter sur rien ni dans le présent ni dans le futur.
Celesta ignorait quelle position était la sienne au milieu de tous ces parents et domestiques qu' elle cotoyait avec la crainte d' etre à tout moment rappelée à son rang, n' ayant jamais
pu savoir les limites de sa liberté dans le cercle étroit où elle évoluait.
Rien ici ne lui appartenait, pas meme les vetements qu'elle portait sur le triste corps, et qui
provenaient toujours de cadaux faits avec une indifférence glacée.

Celle qui s' exprime ainsi est une blanche, une parente pauvre des féodaux qui gèrent la fazenda.
Tel est l' univers clos que présente cette fazenda dans le Brésil de la fin du 19e siècle.
La richesse matérielle est le café mais la vraie richesse est en fait le travail forcé des esclaves
ramenés d' Afrique.
Univers régi par une hirérchie dont l' ordre meme, est la raison d' etre de sa survivance.
A sa tete, un couple et ensuite des parents pauvres qui sont accueillis apparemment par charité

en apparence.
Mais en réalité, ils ont tous perdu leurs biens dilapidés par leur propre famille. Le maitre de la

fazenda accueille les naufragés mais "gère" ce qu' il reste de leur fortune.
Le roman se situe peu avant la chute de l' Empire et de l' émancipation des esclaves. Mais la
fazenda est déjà entrée en agonie.
Une petite fille est morte, la fille des maitres vient de mourir. Et d' un seul coup, l' ordre artificiel

qui régnait s' effondre. C' est comme si cette mort avait précipité une décomposition latente.
L' angoisse, le désordre, une sorte de menace obscure mais très forte croissent de jour en jour.
Les membres du couple de maitres se séparent et quittent la fazenda chacun de leur coté.
La fille ainée, agée de dix sept ans, et seule hériière arrive dans cet empire à la dérive.
Elle est animée des meilleurs intentions, notamment vis à vis de l' ordre établi, mais trop faible

et trop seule pour agir au mieux.

Telle est l' histoire de cette micro société en pleine décrépitude. Où tout le monde se tait, où tout
le monde s' épie et quite le bord avant la chute finale.
Dans une atmosphère pesante, mortifère et violente où toute humanité est moins bannie que
cachée, empechée, empoisonnée.

Ce livre est remarquablement écrit et tenu et les personnages minutieusement décrits. L' auteur
a utilisé ses propres souvenirs, tout en développant une histoire dont tout ne sera pas révélé.
Une part d' ombre qu' il semble avoir passé volontairement sous silence.


Ce livre a été le livre de la vie de l' auteur. Tout comme le Guépard de Lampedusa.
Tous deux sont les témoins de la fin d' une époque vue de l' intérieur.
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Chatperlipopette
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptySam 4 Déc 2010 - 10:44

J'en avais parlé un peu à Aériale lors de l'escapade bruxelloise. Je viens, enfin!!, de "pondre" ma chronique sur "Serpula" de Mathias Ollivier Rolling Eyes

Roman d'anticipation dont le fil rouge est la mérule (nom scientifique, latin: serpula lacrymans), métaphore de notre société moderne, étouffée par la course effrénée à la consommation, à l'accès, souvent illusoire, au cercle fermé des détenteurs du pouvoir économique et politique.

Le héros, Marcus,un jeune informaticien de haut vol, devient un desperado, un solitaire, luttant à sa manière contre le rouleau compresseur qu'est "Le Centre", ce point infime irradiant le reste du pays de son attraction mortifère. "Le Centre", quintessence d'un capitalisme devenu une boîte de Pandore que personne n'ose plus refermer et encore moins orienter autrement.
Marcus traîne son mal être, entre Paris et Bruxelles, dans un décor d'empire décadent qui rappelle la chute de l'Empire romain, et l'auteur laisse transpirer, subtilement, une lecture de Suétone. Le Colisée est la télé qui offre du pain et des jeux pour anihiler la conscience, la volonté des citoyens, les gavant d'un artifice démocratique qui leur fait oublier qu'une seule chose compte: plier sous le joug d'une servitude inconsciente. Entre Paris et Bruxelles, l'agonie des hommes s'opère dans la solitude, dans l'estime de soi en déliquescence et dans la renonciation aux idéaux humanistes.
La mérule ronge lentement, patiemment mais sûrement, opiniâtre entité dont l'invisibilité met en lumière la désespérance des hommes. Marcus, tel un gladiateur rdevenu anonyme, tente d'oublier qu'il fut un terne papillon amoureux d'une étoile, factice, icône d'un "Centre" qui peut offrir des compagnes de choix à ceux qui le rejoignent sans se poser de question et surtout en laissant derrière eux leurs ultimes principes. Vera, une étrange "escort girl" sur le retour, une "Poster Girl" réservée aux revues des VIP, débarque dans sa vie et lui fait découvrir les tourments d'un amour construit sur u apprentissage aussi explosif que destructeur: les relations Sado-Masochistes poussées à l'extrême par cette femme qui ne peut éprouver de plaisir autrement que dans la douleur, la torture tant physique qu'intellectuelle, déviance outrancière d'une relation à soi-même exempte d'amour propre et d'estime de soi...la mérule ronge jusqu'aux joutes amoureuses.
"Serpula" est un roman qui, dès les premières pages, intrigue puis dérange avant de se laisser lire par un lecteur ballotté entre fascination et nausée. Fascination pour la description d'une monde qui se meurt, rongé par une mérule peut-être salvatrice, éveillant quelques consciences; nausée devant un langage souvent très crû, mais pas forcément vulgaire, qui met mal à l'aise car pointant du doigt un certain degré de pourriture dans la société moderne. Je n'ai pu m'empêcher de faire, sans cesse, le parallèle avec la décadence de l'Empire Romain et ses empereurs plus fous furieux les uns que les autres, entraînant dans leur folie une civilisation à bout de souffle. Un vent de soufre, de luxure, de peur et de rédemption souffle sur le roman, sur les héros ordinaires qui prônent la Révolution du bonheur, un bonheur sans contrepartie auquel tout être humain est en droit d'exiger. Un vent glacial, celui d'une dictature qui n'a aucun égard pour les libertés fondamentales de l'être humain...Il fut un temps où la dystopie éreintait le communisme triomphant, maintenant, elle fustige un capitalisme qui a depuis longtemps jeté aux orties ce qu'il pouvait avoir de meilleur dans l'Homme.
"Serpula" est-il un roman d'anticipation ou doit-il être apparenté à la dystopie, au même titre que "Le meilleur des mondes" d'Huxley ou "Farhenheit 451" de Bradbury? Elle s’oppose à l’utopie et au lieu de présenter un monde parfait, propose le pire qui soit.
Citation :
La différence entre dystopie et utopie tient moins au contenu qu’à la forme littéraire et à l’intention de son auteur. D’autant que nombre d’utopies positives se sont révélées effrayantes. L’impact que ce type de roman a sur la science-fiction amène à qualifier de « dystopie » tout texte d’anticipation sociale décrivant un avenir sombre.
Toujours est-il que le roman est sombre, très sombre, où le glauque est la toile de fond d'une intrigue qui se construit lentement, au rythme des murs rongés d'une société aveugle, muette et sourde, et qu'il ne laisse qu'un infime espoir, celui porté par des hommes de bonne volonté qui osent dire un jour "NON".
"Serpula" ne laisse pas indifférent, perturbe un peu et interpelle beaucoup: en ces temps de crise économico-financière qui ébranlent les hommes à l'échelle planétaire, l'argument littéraire développé dans le roman est loin d'être une anticipation sociale, ce qui lui ajoute une dimension tangible.
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Nathria
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyJeu 9 Déc 2010 - 17:20

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Vallgren Carl-Johan
Les aventures fantastiques de Hercule Barfuss
1813, Königsberg :
Le docteur Götz est appelé d’urgence au chevet de deux prostituées de la même maison close. L’une met au monde une charmante petite fille : Henriette Vogel, l’autre perdra la vie en la donnant à un garçon : Hercule Barfuss. Hercule, nain bossu, n’est que difformités, plaies béantes en plus d’être sourd et muet. Malgré leurs extrêmes différences, les deux enfants évoluent dans un monde d’attentions et de tendresse de la part des filles de joie. Il s’avère que Hercule possède un don : celui de lire dans les pensées d’autrui jusqu’au tréfonds de l’âme. Ainsi, il communique avec Henriette sans problème. Par ailleurs, Hercule est profondément érudit et devient vite un claviste hors-pair.
Henriette et Hercule grandissent et se vouent une amitié, puis un amour sans faille. Jusqu’au jour où la propriétaire de la maison de passe est assassinée.
Henriette et sa mère sont vendues à un bordel de Berlin, Hercule se retrouve au couvent de Heisterbach en Haute- Silésie. Bien que le corps d’Hercule provoque le rejet, la répugnance, le dégoût, le moine jésuite Julian Schuster le protège car il l’intrigue. Le don d’Hercule s’intensifie, agit sur ceux qui l’entourent, les déroute jusqu’à provoquer une grave émeute. Alors qu’Hercule voue une foi inébranlable à la vie et est animé d’une volonté farouche de retrouver le sens de sa vie, c'est-à-dire Henriette, il aura maille à partir avec l’inquisition, découvrira via une troupe de monstres ambulants qu’il n’est pas seul à vivre le drame de la différence et parcourra un chemin semé d’embuches plus douloureuses les unes que les autres jusqu’à parvenir malgré tout à une espèce de félicité avant de retrouver l’amour de sa vie. Autant le don d’Hercule lorsqu’il tend vers l’espoir de revoir Henriette est porteur de bienfaits, autant lorsque la vengeance et la haine inspireront Hercule, il devient un instrument de destruction massive. Difficile de raconter sans trop dévoiler. Ce texte est dense, riche en informations. Les ellipses narratives rythment le texte.
Je pense bien sûr à « Freaks » de Tod Browning, « Elephant Man » de David Lynch et « Le Parfum » de Süskind.
Un roman d’aventures captivant !

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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyJeu 9 Déc 2010 - 17:32

Merci Nathria pour tes commentaires qui donnent envie de partager tes lectures... :)

Nathria a écrit:

Je pense bien sûr à « Freaks » de Tod Browning, « Elephant Man » de David Lynch et « Le Parfum » de Süskind.



Voilà les références qu'ils me fallaient ! Very Happy Ce livre doit être un grand cru pour arriver à mélanger de si bonnes influences !

Nathria a écrit:


J’associe volontiers les mots de Joyeux – Bonne humeur – Drôle – Plein d’humour à ce texte que l’on quitte le sourire aux lèvres ! Un régal de lecture !


A lire à l'occasion... :)
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyJeu 9 Déc 2010 - 18:26

colimasson a écrit:
Merci Nathria pour tes commentaires qui donnent envie de partager tes lectures... :)
C'est un plaisir pour moi, tu penses bien! Wink
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyMar 21 Déc 2010 - 11:49

Sacha Guitry

C'est le titre qui apparaît sur le volume emprunté à la bibliothèque. A l'intérieur, un(e) roman/nouvelle et un grand nombre (toutes ?) de pièces de théâtre.
Avoir emprunté ce livre, sous ce format-là, était une première erreur. Le livre pèse lourd, très lourd. J'ai eu beaucoup de mal à trouver la position adéquate pour le lire. A part assis devant une table, le livre posé devant. Seulement, je ne lis jamais comme ça, préférant les fauteuils ou le lit. Bref, trop lourd serait ma première impression. Pour les pièces de théâtre, souvent des comédies en un, deux, trois actes, l'impression s'est confirmée : trop lourd. J'y reviendrai.

La partie qui m'interessai était "Mémoires d'un tricheur". Le roman s'attache au parcours du narrateur qui nous compte comment il a fait fortune dans le jeu, en trichant et comment un fait, une rencontre, a transformé son envie de gagner en amour du jeu, lui rendant du coup impossible de tricher. A cours de sa narration, nous rencontrons des figures des casinos, hommes mais surtout femmes. Il y a surtout une description réjouissante de la principauté de Monaco et des Monégasque, croupiers de père en fils...

Je connaissais le Guitry des petites phrases, fulgurantes, efficaces, drôles. Dans ce roman, plus long, je n'ai pas retrouvé l'invention dans le style, dans la langue. C'est assez quelconque, avec quelques réussites.
Pour les pièces de théâtres, je ne les ai pas toutes lues. Je peux juste dire que ce n'est pas le théâtre que j'aime. Je pense qu'il y a du théâtre qui peut-être lu, sans problème, avec beaucoup de plaisir ( Le Cyrano de Rostand, Caligula de Camus, Le malentendu du même....) quelque soit le genre. Mais celui que j'ai lu là est terriblement daté, reposant sur un ou deux ressorts, sans inventivités dans la langue. DU vaudeville qui ne sait pas s'affranchir de la mise en scène. Sur les trois-quatre que j'ai lu (Nono - Deux couverts - Un soir quand on est seul - Le mari, le femme l'amant) j'ai trouvé ça répétitif, avec des personnages stéréotypés, trop prévisibles. Les deux lourdeurs associées m'ont fait abandonner ce livre avant d'en avoir fini, mais sans regret.
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shanidar
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyVen 21 Jan 2011 - 18:33

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Philippe Vasset Journal intime d'une prédatrice

Le réchauffement climatique est peut-être une aubaine pour Elle, femme entreprenante qui décide de spéculer sur la fonte des glaces.
Le livre est très documenté (Ph. Vasset est journaliste) mais aussi très bien écrit. Quel dommage donc qu'il soit si glacial, désincarné. J'ai peu appris, peu vibré, heureusement le livre est vite avalé. Dommage le sujet traité avec un peu plus d'empathie aurait pu être passionnant. La scène finale est surprenante mais ne suffit pas à faire passer l'iceberg...
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darkanny
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyVen 4 Fév 2011 - 21:43

one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 413naz10
Helen Zahavi, Dirty week-end

Voici l'histoire de Bella qui se réveilla un matin et s'aperçut qu'elle n'en pouvait plus.

Bella n'a rien de particulier. L'Angleterre est pleine de gens blessés. Qui étouffent en silence. Qui hurlent à voix basse pour ne pas être entendus des voisins. Vous les avez sans doute vus. Vous les avez probablement croisés. Vous leur avez certainement marché dessus. Trop de gens n'en peuvent plus. Ce n'est pas nouveau. Seule compte la façon dont vous réagissez.


Et c'est ainsi que débute ce roman qui fit l'objet d'interdiction au Parlement de Londres pour cause d'immoralisme.

De quoi s'agit-il ?
D'une jeune femme épiée puis harcelée par un voisin (propos salaces, menaces etc....)
La coupe qui fait déborder le vase et qui la transforme en psychopathe.

Ce qui frappe avant tout, c'est son écriture et son style tragi-comique qui sont loin d'enlever au récit toute l'horreur de la situation, mais c'est là que je ne comprends pas cette censure, car après tout un roman comme American Psycho de Breat Easton Ellis aurait pu subir les mêmes foudres.

Mais là il est question de meurtres commis par une femme sur des hommes qui n'apparaissent pas au premier abord comme des monstres sauf celui cité plus haut, est-ce la raison qui a motivé les censeurs ?

Bella possède une personnalité sans grande envergure, plutôt gentille et bien éduquée et offre un territoire idéal pour prédateurs en tout genre, seulement voilà, son seuil de tolérance à la douleur est extrêmement bas et d'agneau elle se transforme en loup.
De son petit entre-sol à Brighton qui ne laisse pas passer la lumière, elle va se projeter dehors et dézinguer à peu près tout mâle qui fera la moindre faute, même si ceux qu'elle rencontre après son pervers de voisin semblent plus "normaux".

Bella réfléchit. A ses yeux tous les chiens sont des mâles, comme tous les chats sont des femelles. Les chiens chassent en meutes, empestent la maison et rampent devant leur maîtresse. Ce sont les fascistes naturels du monde animal. Caressez les, ils vous mordent la main. Battez-les, ils vous aimeront pour toujours.

Réflexion suite à une rencontre de Bella avec Stan, propriétaire d'un pit bull, dans une armurerie où elle cherche à se procurer un flingue.
Stan se verra épargné, car la rencontre tourne court, celui-ci trouvant la conversation peu à son goût.

Troisième rencontre, fatale là, un universitaire qu'elle suit dans une chambre d'hôtel (Pourquoi vous me direz ? parce qu'elle en a envie)

Il possédait le torse le plus lisse qu'elle ait jamais vu chez un homme fait. Son corps offrait un aspect plumé, ciré et défolié, comme s'il ne restait plus qu'à l'arroser de beurre fondu et à le mettre dans le four, thermostat 6, avec une pomme dans la bouche.

L'universitaire commet une faute, exit le bonhomme.

Suite à cette rencontre, Bella a la mâchoire en sang et doit consulter un dentiste en toute urgence.

Faute du praticien, il refuse de l'anesthésier pour le soin , elle souffre, première croix noire dans le carnet de Bella, deuxième croix quand le dentiste sous prétexte de la ramener vers chez elle, s'engouffre avec sa Mercedes dans un parking souterrain désert, et bientôt une troisième croix ..... exit le dentiste.

Non ce n'est pas un catalogue de crimes, chaque rencontre fait l'objet de réflexions diverses.
C'est donc un roman noir, dérangeant, mais et là je pèse mes mots, divertissant, tout dépend comment on aborde le sujet et comment on le traite.
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Marie
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyDim 6 Mar 2011 - 3:52

Nos étoiles ont filé
Anne Marie Revol
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Mes étoiles filantes,

C'est étrange... Dans le vocabulaire courant, quand on perd son père, sa mère ou ses deux parents, on dit qu'on est «orphelin». Quand on perd sa femme, on dit qu'on est «veuf». Ou «veuve», quand c'est son époux. En revanche, quand on perd ses enfants, on ne dit rien. Il n'y a pas de mot pour désigner cet état.


Anne Marie Revol est journaliste. Le 11 août 2008, alors qu'elle rentrait d'un voyage en Grèce avec son mari , ses deux petites filles, confiées à ses parents , sont mortes brûlées dans un incendie. Il y avait deux filles, et il n'y a plus rien. Un vulgaire fait divers et tout s'écroule. Pourquoi? Où est-ce qu'on a déconné ?
Passée la première envie, celle d'en finir aussi tous les deux, Anne Marie Revol a essayé de poursuivre. En parlant à ses filles comme elle leur parlait quand elles étaient vivantes. En leur écrivant et en racontant, au jour le jour les maladresses des proches, des moins proches, les impairs de l'administration fiscale, le désarroi, le réconfort et la douleur.Tous les détails pratiques à affronter, toutes les petites réflexions qui viennent à l'esprit, avec beaucoup de naturel et souvent d'humour. Tout ce qui finalement fait la vie .
C'est bien sûr un livre émouvant, touchant , très honnête et lucide aussi ( elle ne s'épargne pas, Anne Marie Revol!)mais il frappe surtout , et c'est ce qui m'intéresse dans ces témoignages, par la capacité de résistance de cette jeune femme et son don pour retranscrire en mots tous les sentiments qui la traversent au fil du temps.
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MessageSujet: one shot   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyDim 20 Mar 2011 - 18:40

one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 9782742793181

Il faut absolument lire Sols, cet étonnant premier roman de Laurent Cohen qu'il convient de saluer comme un brillant acte de résistance !
Erudit, exigeant - ce qui n'exclue pas l'humour ni la poésie -, il met en effet l'esprit et la spiritualité au centre de son sujet.

Après une longue introduction foisonnante au rythme alerte et à la dérision savoureuse narrée alternativement par deux intellectuels patentés , un historien schizophrène et un « angélologue », on atteint le coeur du livre, ce fameux récit mi-historique mi-religieux écrit par un Juif érudit anonyme qui réussit à survivre sous l'Occupation en commentant Le livre biblique de Job, caché dans un appartement ami .
Un document dont le décryptage a nécessité la collaboration de nos deux héros et dont la présentation du texte ,encadré des commentaires de l'un dans une double marge et lesté de l'appareil de notes de l'autre en bas de page, a contraint Actes Sud à modifier son format !
L'ouvrage se termine sur une chute surprenante, quoique longuement préparée , nous révélant le sort de nos deux héros une fois leur travail terminé. Quant au récit bâtard objet de leur collaboration, il ne semble pas si sûr qu'il puisse un jour être réellement décrypté : le mystère reste entier...
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyMer 6 Avr 2011 - 5:22

one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 Le-der10
Raphaëlle Bacqué, Le Dernier Mort de Mitterrand

Cela aurait pu faire un excellent sujet de roman, cette histoire plutôt d'emprise que d'amour entre deux hommes , François Mitterrand et François de Grossouvre, retrouvé mort dans son bureau de l'Elysée le 7 avril 1994. Suicide contesté par la famille.Apparemment pas de doute pour Raphaëlle Bacqué qui construit son récit , j'imagine quand même bien documenté ( elle a rencontré une cinquantaine de personnes poches) , de telle sorte que le lecteur ne puisse, lui, ne pas avoir de doute. Ego blessé, vexations, éloignement progressif sans vraie et franche rupture, la méthode Mitterrand qui disait " Il faut créer les conditions pour que les gens ne puissent pas faire autrement que partir"Il a fini par partir à sa façon, Mr de Grossouvre.
Ce livre-enquête n'a pas un intérêt majeur, il éclaire simplement un peu mieux l'homme Mitterrand , il n'en sort pas grandi, bien sûr .Mais ce n'est pas le but..
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shanidar
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyJeu 7 Avr 2011 - 9:11

Léger mieux de Shoshana Rappaport (Lactmem)

Trois portraits de femmes : Virginia Woolf, Sylvia Plath et Marina Tsvetaïeva, trois destins, trois souffrances dont S. Rappaport tente de donner un aperçu en miroir. Le livre (entre méditation et portrait) cherche à extraire la quintessence de ces trois femmes. En se construisant autour de phrases brèves, de très (trop) courts extraits des journaux de chacune, en cherchant à dire au plus près de l'intime ce qui fit la fibre entre folie et dépression de ces femmes, ce livre n'a finalement qu'un intérêt très mince. Ceux qui connaissent bien ces trois auteures, ces trois abîmes auront surtout envie de revenir à leurs livres, ceux qui les connaissent mal feront de même...
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traversay
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyMar 12 Avr 2011 - 18:45

one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 Arton24150-22757

Le jour où tu vas mourir de Marc Charuel
Citation :
Sur le Bassin d’Arcachon, au détour d’une piste cyclable dans la forêt, Duncan, ex-grand reporter et paparazzo à ses heures, découvre le corps atrocement mutilé d’une jeune fille. Quelque jour plus tard, sa petite amie disparaît sans laisser de traces. Le journaliste est vite convaincu que les deux affaires ont un lien avec une affaire ancienne jamais élucidée.

Céki, Marc Charuel ? Un photographe de guerre, qui a peu publié, et rien depuis 1998. Si Le jour où tu vas mourir a une qualité, c'est bien celle d'être très documenté et fouillé sur les conflits de la deuxième moitié du XXe siècle, de l'Indochine à l'ex-Yougoslavie. Le roman est un thriller extrêmement ambitieux qui passe d'un personnage à l'autre, une grosse vingtaine au total, dans une course contre la mort haletante, dont on ne perd jamais le fil, et qui sait ménager ses effets. Il est indéniable que Charuel a le sens du suspense et l'intérêt ne faiblit pas, sauf peut-être sur la fin, aux côtés des Karens qui luttent contre la junte birmane, mais il est vrai qu'on a déjà dépassé les 600 pages. Du bassin d'Arcachon à Bangkok, le lecteur suit les traces d'un journaliste, d'un tueur, du chef de la police thaïlandaise, de membres d'une triade chinoise, d'une petite famille française en vacances, d'hommes d'affaires belges, d'un vendeur du BHV, on en passe et de tous les genres. Le livre, c'est une toile d'araignée, qui part d'un fait divers sanglant pour nous immerger peu à peu dans l'univers glauque des snuff movies. C'est là où réside le malaise. Que l'auteur tartine des pages sur la jouissance qu'éprouvent les clients devant ces films est déjà insupportable. Mais il va plus loin, en décrivant lui-même, avec force détails, les tortures et mutilations que subissent les victimes filmées par des caméras, jusqu'à l'agonie. Complaisantes, ces pages ? Ressenties comme telles, en tous cas, et pénibles à lire, à moins d'être un inconditionnel de la littérature gore. A côté, les autres défauts dans la trame du livre sont bénins : un enchaînement de hasards et coïncidences pas très crédible, une théorie du complot un soupçon démagogique, genre : ceux qui nous gouvernent depuis trente ans sont tous pourris et l'armée française est un ramassis de malades mentaux. Passons. Quant à la police thaïlandaise, elle pourrait faire un procès à Charuel tant ses méthodes expéditives, assassinats en cascade, sont montrées du doigt, dans leur présumée cruauté dénuée d'états d'âme. En résumé, un bouquin qui nous met le nez dans les immondices, d'autant plus désagréable qu'il est d'une efficacité redoutable et qu'il se dévore comme dans un rêve. Ou plutôt un cauchemar.
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyLun 18 Avr 2011 - 2:39

Un jour David Nicholls
traduit de l'anglais par Karine Reignier
Belfond

Présentation de l'éditeur:

Citation :
Comédie de moeurs, tableau social de l'Angleterre des vingt dernières années, mais surtout sublime histoire d'amour, Un jour est le livre qui a fait chavirer l'Europe tout entière. Superbement construit, un roman drôle et lucide sur l'amitié, le passage à l'âge adulte, les occasions manquées, les illusions perdues. Lui, Dexter, issu d'un milieu aisé, séduisant, sûr de lui, insouciant. Elle, Emma, d'origine modeste, charmante qui s'ignore, bourrée de complexes, de principes et de convictions. Nous sommes le 15 juillet 1988. Margaret Thatcher est au pouvoir, la new wave bat son plein, Dexter et Emma viennent de passer une nuit ensemble. Ces deux-là ne le savent pas encore mais ils ont vécu un coup de foudre. D'année en année, Dexter et Emma vont se chercher, se perdre, s'aimer, se détester, se séparer, et finir par comprendre qu'ils ne sont jamais aussi heureux que lorsqu'ils sont ensemble. Nous sommes le 15 juillet 2004. Tony Blair est Premier ministre, Robbie Williams cartonne et la vie, la vie qui va, réserve encore bien des surprises...

C'est peut être parce que je ne vis pas en Europe que ce roman ne m'a pas fait " chavirer"?? L'auteur a été scénariste pour la télévision, et ça se sent, on sent à la lecture que c'est un -très long, il faudra qu'il coupe!- scénario, destiné à être adapté, je crois d'ailleurs que c'est en cours. Et cela sera peut être une très bonne comédie anglaise, on pense beaucoup à Quatre mariages et un enterrement pendant cette lecture. En raison sans doute de la construction, chaque chapitre raconte une journée , toujours le 15 juillet, de 1988 à 2007 , de la vie des deux personnages . Ca, c'est plutôt bien fait, dans la description de l'évolution personnelle de chacun et de leurs rapports entre eux. Ce que j'ai trouvé plus gênant, et surtout bien long, , ce sont les personnages eux-mêmes et leur côté cliché tant au niveau appartenance sociale que sur le plan psychologique. mais bon...mon côté midinette très développé m'a fait terminer cette histoire à la je t'aime-moi non plus sans trop de déplaisir. Surtout, je crois, parce que je lis en même temps Thomas Bernhard et Javier Cercas, et que dans pareille situation, on ne refuse pas les récréations!
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MessageSujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]   one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 EmptyVen 6 Mai 2011 - 11:59

La poussette (2010) de Dominique de Rivaz

one shot - "One shot": Un auteur/un livre...  [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 20 Arton23595-74480

Présentation de l'éditeur

Citation :
J’aurais aimé expliquer à mon mari ce qui s’était passé, mais j’aurais dû lui expliquer les roues de la poussette et ça c’était la chose au monde que je pouvais plus jamais raconter à personne. " Une très jeune femme raconte son histoire. Avec une saine autodérision, elle essaie d’oublier (mais n’y parvient pas) l’épisode traumatique qui l’a pour toujours figée dans l’adolescence. Comment vivre après cela ? Même la compagnie de Newborn, arrivé par la Poste, adorable poupon nouveauné, taille 36, ne pourra changer la donne... Construit autour et à cause d’une blessure que notre société préfère taire, la stérilité, La Poussette ne cultive ni pathos ni apitoiement. Bien au contraire ! La voix singulière de la narratrice donne à ce court roman un ton à la fois naïf et cruel, tendre et inconfortable.

Présenté comme un roman en charge de dénoncer les pressions sociales subies par les femmes à l’âge de procréer, La poussette ressemble finalement davantage à un conte qu’à un pamphlet virulent.

L’histoire nous parvient à travers les propos d’une femme de trente-et-un ans dont la croissance, tant physique que mentale, semble s’être figée à l’âge de quatorze ans et demi, alors que l’accident de la poussette, utilisé comme justificatif à toutes ses déceptions futures, survint lors d’un cours de puériculture. On devine facilement qu’à travers cet incident plutôt insignifiant, la narratrice se justifie d’une impossibilité à procréer qui ne doit rien au hasard d’une leçon de puériculture.
Le ton employé pour nous raconter son histoire –la rencontre avec son mari, le ramassage des balles de golf au fond des obstacles d’eau, le voyage de noces, suivis de la lente décrépitude qui s’accompagne, entre autres, de la « mort » du mari, de la perte du « morceau de foie », de la « naissance » de NewBorn- est celui d’une fillette tout juste sortie de l’enfance.
Naïve, elle s’émerveille des papillons qui viennent voler autour de ses cheveux…

« Les papillons devaient aussi aimer particulièrement mon shampooing adoucissant au mélaleuca d’Australie, ils venaient voleter autour de ma tête, se poser sur mes cheveux, les explorer de leurs longues antennes et quand ils comprenaient qu’il n’y avait rien à en tirer, à part qu’ils étaient brillants et souples, ils repartaient en voletant vers les vraies orchidées. J’ai testé à tour de rôle plusieurs adoucissants, la vanille bio de Madagascar, l’hibiscus du Burkina Faso, le fruit de la passion du Brésil… En fonction, ce sont d’autres papillons qui venaient, soit tous les jaunes, soit tous les multicolores, soit ceux avec une tête de mort sur les ailes. »

… et elle rêve d’avoir un enfant pour s’en occuper comme d’une poupée, déambulant devant les vitrines des magasins en imaginant de quels accessoires et de quels vêtements elle pourrait remplir son sac si, enfin, elle parvenait à être mère :

« Je faisais des trousseaux imaginaires avec une brassière en coton bio, une salopette multipoches, un cardigan zappé, une gigoteuse, un nid-d’ange… Dans les pharmacies, je demandais des échantillons de lait en poudre, de soins pour la peau, que l’assistante pharmacienne me tendait avec un sourire ému. Je les mettais dans l’aquarium en rentrant. »

Alors, oui, si l’accident de la poussette a figé cette jeune femme à l’âge de quatorze ans, il est en effet la cause de tous ses malheurs. Plus les pages du livre s’égrènent, plus les évènements qui traversent sa vie deviennent sinistres, mais ils semblent au contraire rapprocher la narratrice de l’idéal de la mère tel qu’elle se l’imagine et son discours se fait de plus en plus émerveillé, jusqu’au dénouement final qui signe la condamnation d’une jeune femme à ne jamais connaître la maternité.

Malheureusement, désirant rappeler à chaque page que la narratrice est encore une enfant, le style de l’écriture est lourd et ne laisse pas le lecteur se prendre au jeu, à la manière d’un Momo dans La vie devant soi. Les tournures de phrases sont lourdes à digérer et sentent bien trop le réchauffé :

« Au rayon de la supérette, je suis restée longtemps devant les Clearblue, Primastick, Predictor, First Response… Ils coûtaient tous la même chose, mais un seul disait « Enceinte » ou « Pas enceinte », écrit avec de vrais mots en vraies lettres et pas seulement avec un trait où il faut relire trois fois le mode d’emploi pour se souvenir si le trait doit être au milieu à droite ou à gauche pour que ça soit la preuve que oui ou que non. »

Difficile de s’attacher à cette jeune femme qui semble se moquer de nous, usant de son air de petite fille pour se justifier d’actes cruels et d’une absence de lucidité frisant l’exagération.
Et si certains passages, sincères au milieu de tout un ramassis de sornettes destinées à nous faire avaler des couleuvres, ressurgissent avec une telle force, ce n’est que pour mieux nous faire regretter que le reste du texte ne soit pas à leur hauteur :

« Je n’ai pas senti la colère tout de suite, elle a mis du temps à remonter, plusieurs jours, jusqu’à ce qu’elle arrive dans ma bouche et que je crie sans plus m’arrêter. La colère à cause de l’accident qui me courait après. La colère contre les suspensions qui se sont décrochées et qui m’ont empêchée pour toujours d’avoir un bébé à moi tellement j’avais eu peur. La colère contre mon ventre que je voulais plus, dans lequel je voulais enfoncer des ciseaux et qu’on en parle plus. »
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