"One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]

Citation :

Cet ouvrage est édité suite au concours de nouvelles et d’illustrations, organisé par la médiathèque Jean-Jaurès de Nevers, à l’occasion de son trentième anniversaire.

Concours de nouvelles :
Premier prix, Marie Barthelet, Le rêve de Tâyr
Deuxième prix, Clémence Chanel, La bibliothèque des rêves
Troisième prix, Christine Choffey, Gosto muito de viajar

Concours d’illustrations :
Premier prix : Alexandre Barbier
Deuxième prix : Alexine d’Hautefeuille

www.chemindefer.org


Au carrefour des rêves

One shot multi auteurs pour ce tout petit livre édité par les éditions du chemin de fer à l'occasion du trentième anniversaire de la médiathèque Jean Jaurès de Nevers. Deux illustrations et trois petites nouvelles dans ce joli petit objet. Il s'agit des lauréats d'un concours organisé pour l'occasion. C'est une assez jolie initiative et le résultat est à la fois léger et tout à fait convaincant, en effet les auteurs n'ont pas manqué d'esprit pour chacun à leur manière mettre en scène leur médiathèque adorée et ses livres, une dose de SF, une autre de fantastique avant de conclure sur une belle cuillerée de poésie.

Vite avalé certes mais absolument charmant !

Adolfo Caminha : Rue de la miséricorde. - Métailié

Bom Crioulo est beau, fort, courageux, généreux.Et noir.Marin émérite,sauf quand il a bu un peu trop de cachaça.
Il a trente ans et bosse sur un voilier. Il tombe amoureux fou du mousse, un gamin de 15 ans.
L' histoire se passe au Brésil en 1895. L' émancipation des esclaves vient d' intervenir mais dans
les fazendas, elle tarde à se matérialiser.

Bom Crioulo s' en est évadé et s' est engagé sur un navire en tant que matelot. La discipline à
bord est rude, mais l' homosexualité est monnaie courante, meme si elle reste prohibée et punie.
Les chatiments  corporels sont violents et fréquents. Et l' auteur ne se gène pas pour les dénoncer, les ayant connu en tant que soldat.

L' histoire des amours d' un noir et d' un jeune blanc est en soi une preuve de courage intellectuel
et je suppose qu' elle a provoqué des remous à  sa publication.
Le livre est assez bien écrit, et les faits racontés d' une manière crue, typique du naturalisme.
Mais il en a les faiblesses.
De plus, le discours de l' auteur vis à vis du noir et de l' homosexualité reflète les préjugés sociaux
de l' époque.

Comme le souligne la préfacière, Célia Piza, "le Brésil de l' époque souffre d' un décalage entre la réalité
vécue et les idées ou les théories prenant naissance parmi les intellectuels, les artistes"...
Et Caminhan, malgré le choix assumé de son malheureux héros, -l' histoire se termine mal-  tient compte de l' opinon générale sur l' homosexualité. Il critique ce qui échappe aux règles sexuelles admises et  partage les poncifs du racisme régnant.

Il faut quand meme lui reconnaitre l' audace d' avoir abordé un sujet alors totalement tabou en Europe
et d' avoir présenté un personnage de Noir -Bou Crioulo- assez loin des clichés d' alors.

tu veux dire que l'auteur participe aux préjugés en vigueur à l'époque et de plus dois-je comprendre qu'il est raciste ?

Bédoulène a écrit:

tu veux dire que l'auteur participe aux préjugés en vigueur à l'époque et de plus dois-je comprendre qu'il est raciste ?

Oui, il partage les préjugés de son époque et  on a l' impression qu' il est embarrassé par la hardiesse
de son sujet et qu' il cherche à se faire pardonner en quelque sorte.
Mais  les écrivains brésiliens de l' épqque réagirent de la meme façon.

Dans la classe, Alain Amariglio (2014)

l'enseignement. Après les mois de préparation, il intègre une école primaire. Ce sera une ZEP. Sa classe sera une double niveau : CE2-CM2. Il pensait que ce genre de poste était uniquement pour les instituteurs expérimentés. Eh bien non.
Commence alors cette histoire : une année scolaire en compagnie de Yacouba, Mamadou, Divina, Amadou, Fabien, Stella... et j'en passe.

Ce livre est superbe.
Les enfants prennent vie sous la plume de Amariglio, à travers des anecdotes touchantes, drôles, pleine d'humanité, et d'empathie pour ces petits filous pas toujours bien partis dans la vie.
Amariglio a l'air d'un bon prof, celui qui écoute, essaye de trouver la voie pour transmettre un savoir, attentif aux failles, aux réussites. Il essaye toujours de bien faire. Malgré toutes les difficultés. Malgré les terribles défaillances du système.

Ce livre est un bel hommage au difficile métier d'enseignant, une belle histoire pleine de personnages fabuleux, ces enfants qui avalent le monde, y veulent une place, ont toujours des mots qui surprennent, une intelligence naïve et observatrice.

Un livre qui fait rire, réfléchir, qui rappelle les bancs d'école, et peut permettre aux parents d'ouvrir cette petite porte derrière laquelle leurs enfants vivent de grands drames et font de merveilleuses découvertes.

Un petit régal d'intelligence et d'humanité.


Evidemment,  en lisant ce livre j'ai pensé aux Parf instit et profs, à leurs histoires, leurs brèves, autour de leurs journées. On vous y retrouve !

(Si vous êtes dans le coin, et avec une petite envie, il sera en dédicace à la librairie Maruani, bd Vincent Auriol, ce samedi 17, à partir de 15h. C'est aussi pendant l'heure du goûter, c'est parfait !)

Albatros de Deborah Scaling Kiley



Je mets ce livre dans le one-shot car d'une part je ne l'ai pas trouvé terrible, d'autre part Deborah Scaling Kiley n'est pas réellement un écrivain : ce livre étant une thérapie personnelle suite à son naufrage en mer a toutes chances de rester unique .

L'auteur raconte dans une première partie les préparatifs du bateau et le recrutement de l'équipage, avec tout ce qui aurait dû attirer son attention quant à la précarité de l'expédition. On est assez vite lassé par la multiplication des termes de voile. Dans la deuxième partie, c'est 5 hommes dans un canot de sauvetage, avec les antipathies qui s'exacerbent, les petites et grandes mesquineries, la solidarité par moment. Les vagues, les requins, la faim la soif, l'épuisement, l'angoisse…
C'est un récit linéaire, sans vrai recul, où aucun détail n'est omis, dans un style qui n'est pas époustouflant. Ca se lit, mais sans passion (presque sans intérêt réel, même).

Elle a vingt ans et lui trente. Elle est allemande, il est italien.Ils vivent tous les deux en Belgique.
L' action se situe en 1950, et la guerre est encore très présente partout et plus encore dans les esprits
Elle a vécu enfant les horreurs de la fin et les bombardements alliés qui ont fait des milliers de
morts dans les villes : essentiellement, des des femmes, des enfants et des vieux.
En elle  coexistent la douleur de ce qu' elle a vu et vécu et aussi l' indignation d' etre injustement
frappée d' ostracisme et de haine.

Ils se rencontrent dans un bal populaire à Bruxelles. D' instinct, ils se découvrent et s' attirent comme
deux naufragés.
Elle a une voiture et elle l' invite à passer un week end sur la cote, au Nord de la France.
Dans l' espace confiné, règne une tension à laquelle ils ne peuvent échapper. Pire, tout leur rappelle
la guerre, l' horreur, la haine.
Les haltes qu' ils font les soulagent  momentanénement, mais l' incommunicabilité s' installe de nouveau
dès qu' ils repartent.

En fin de journée, ils découvrent un cimetière ancien. Y sont enterrés des chinois ayant participé
à la Première Guerre Mondiale. Les tombes sont comme effacée par le temps et l' espace entièrement couvert de tulipes en fleurs.
On est en fin de journée et le soleil éclaire miraculeusement ce lieu de paix.
Un vieux Chinois, arrose les fleurs et leur raconte. Survivant de la guerre, il est resté pour entretenir le cimetière en trouvant du travail dans le voisinage.
Il raonte. Il a combattu en Belgique et tous ceux qui sont enterrés ici sont morts sur ce Front.
Ils l' écoutent et découvent avec surprise qu' il n' éprouve ni haine ni rancoeur.

Inge, l' allemande est profondément émue et l' on sent qu' elle, la plus bléssée, va peut etre faire
un pas vers l' oubli nécessaire à la vie. 

Mauvais sang ne saurait mentir, Walter Kirn (2015)

L'histoire de ce livre avait tout d'intéressant, voir palpitant. L'histoire de cet homme, Clark Rockfeller, qui a changé d'identités plusieurs fois, a mystifié beaucoup de gens, s'est fait passer pour un homme richissime sans avoir un sou.
L'histoire du narrateur, Walter Kirn himself, qui se a une relation de dix ans avec Clark, et apprend du jour au lendemain la Vérité.
Un livre qui décortique beaucoup plus les mécanismes de crédulité des gens que la personnalité de Clark. Très introspectif, oscillant entre un intense intérêt et un rejet épidermique pour son sujet, Walter Kirn livre un roman bien construit, mais que je n'ai pas trouvé follement palpitant.
C'est plus une étude, une analyse, et des questionnements sur ce que l'on sait de l'autre. Sur quoi sont basés les rapports humains, jusqu'à quel point ça peut arranger de s'aveugler, fermer les yeux sur les irrégularités.
Le livre ne manque pas d'humour dans une certaine distance et d'autodérision.
Et l'ambiance piochée et citée des romans et films noirs est très bien rendue.
C'est donc un bon livre, avec une réflexion intéressante sur les apparences, comment on en joue, comment on accepte l'image que l'autre nous renvoie, mais je n'ai pas accroché plus que ça.

Les victimes du vent d'est / Manuel Lopes


Un très bon livre d'un auteur du Cap-Vert. Nous suivons quelques paysans se San Antonio face à la sécheresse, les inondations, enfin tous les malheurs qui peuvent s'abattre sur les paysans. La vie n'est pas facile, même pour les sages et prévoyants. Et la violence peut vite survenir.
Un excellent portrait de cette société paysanne, les personnages sont bien campés, les mécanismes en jeu bien décrits, un côté tragédie annoncée et inévitable très efficace. C'est à mon sens moins subtile que Nuit de vent, dans lequel on voit un panorama de la société plus complexe et plus poétique à la fois, mais cela reste vraiment une bonne lecture.
Le Cap-Vert mérite d'être découvert littérairement.

Entre frères de sang d'Ernst Haffner



Livre qu'on est de toute façon satisfait de lire, car, écrit en 1933, il a été systématiquement brûlé dans les autodafés nazis. Un rescapé donc.

L'auteur y  parle des misérables qui hantaient les villes d'Alllemagne dans les années 20, sans travail, sans domicile. Et tout particulièrement des mineurs, orphelins de guerre ou abandonnés par leurs parents, sans-papiers,  car ayant fui l'Assistance Publique, organisés en bandes acculées à la délinquance, l'alcoolisme, la prostitution etc.

C'est écrit dans un style très vif, dynamique, d'optimisme résolu malgré le sordide de ces situations, sans psychologie aucune, dans un désir manifeste de rester événementiel et descriptif. C'est donc  plus intéressant que poignant, C'est un point de vue inhabituelle sur l'histoire de l'Allemagne de cette époque, plus récit que roman.

sujet intéressant ! merci Topocl !

(même nom de famille que Sébastian, un autre Allemand)

Conception, Chase Novak

Un parfait couple de bourgeois new-yorkais n'arrive pas à avoir d'enfant. Ils trouvent un médecin miracle en Slovénie. Quelques douloureuses injections. Ils ont des jumeaux. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf que leurs corps et leurs esprits semblent subir des métamorphoses inquiétantes.

Chase Novak (pseudo de l'auteur Scott Spencer - que je ne connais pas pour autant) déroule son récit de façon linéaire, extrêmement détaillée, installant au fur et à mesure des pages un thriller des plus angoissants.
Rappelant les impressions de lecture que j'ai pu avoir avec de vieux Stephen King, ce livre plonge le lecteur dans un monde où le confort n'existe plus, où la traque est permanente, où l'humain est soumis à des influences plus fortes que lui et le conduisent à des agissements inhumains.

Comme tout bon livre frôlant avec le fantastique et l'horreur, Novak rend son récit probable, et permet des ouvertures d'interprétations métaphoriques au lecteur qui le tiennent collé à l'histoire : les dangerosités de la science, la perte d'identité, de soi, de ses propres besoins, lorsque l'on devient parent, l'aveuglement des institutions grâce à l'argent et la pression des qu'en dira-t-on...

Ce roman est bon, suivant une tradition de l'horreur que je croyais perdue (mais que je n'avais pas particulièrement recherchée non plus), bien écrit. Il souffre de quelques longueurs, et de quelques éléments déjà vus, mais, sans être d'un style époustouflant (mais d'une belle force visuelle) ni d'une grande originalité, il tient la route.

Oooooh que ça me plait tout ça !

Volume de Orion Scohy

Je vais paraître excessif mais je crois que c'est le second roman que je laisse tomber depuis que je sais lire. Et ce au bout de quarante pages.
Mal écrit, jouant sur l'humour (pas drôle) et l'absurde (mauvais).
Personnages peu réalistes, Effets de style inutiles.
Le récit n'est pas fluide, il est lourd d'un certain égo mal placé.

Vraiment à éviter.

Qu'est ce qui t'avait attiré dans ce livre, Hanta?