Murakami Haruki

Dans La fin des temps, Murakami reprend le principe de la double narration , un peu comme Pérec dans W ou le souvenir d'enfance. Le parallèle peut être poussé plus loin puisque, comme Perec, Murakami décrit un monde (la ville de la fin du monde) qui semble parfait. Mais petit à petit ce monde parfait se révèle être un monde erroné.
Ce récit croise l'autre récit en alternant les chapitres. Dans ce autre récit, la pays des merveilles, le narrateur, (programmateur ? informaticien ? codeur ?) va à la rencontre du vieux savant et de sa petite-fille. (Dans ce livre, aucun des personnages n'est désigné par un nom, mais soit par leur fonction - le vieux savant, la fille de l'information -, soit par une caractéristique physique - la rondouillette, la potelée...)
Les étapes de cette rencontre nous révèlent bien des surprises. Ce début est hallucinant de qualité. Il perdra un peu de cette qualité dans le milieu du roman au moment des explications confuses du vieux savant. Mais le roman redécollera à la fin, lorsque le personnage principal, mis au courant de son destin, résigné, vivra ses heures jusqu'au bout....
Pendant ce temps, dans la ville de la fin du monde, monde "parfait", le narrateur se trouve prisonnier de cette ville onirique ; une ville peuplée de licornes au rôle fondamental. Une ville peuplée d'individus sans coeur et sans mémoire....
Ce roman de Murakami m'a beaucoup plu, avec un début fascinant avec l'épisode de l'ascenceur et du laboratoire caché... Et le destin du narrateur est aussi étrange et fascinant..

Citation :

"Même s'il n'y avait personne pour s'attrister de ma disparition, même si je ne laissais de vide dans aucun cœur, ou même si presque personne ne s'apercevait que je n'étais plus là, c'était uniquement mon problème. C'est sûr, j'avais déjà perdu trop de choses dans ma vie. Au point qu'il ne me restait à peu près plus que moi même à perdre. Mais, tout au fond de moi, la trace des choses perdues continuait à irradier sa lumière, et c'est ce qui avait nourri ma vie jusqu'à maintenant. Je ne voulais pas disparaître de ce monde."

Queenie a écrit:

Et moi je comprends vraiment pas cet enthousiasme... tout court...
J'ai lu quand même deux livres... et ça m'agace d'avoir l'impression que tant de gens différents y trouvent un truc merveilleux alors que moi je m'y suis limite ennuyée...

Je crois que je finirais par tenter les nouvelles un de ces 4... et puis si ça marche toujours pas, ben je retournerais dans ma grotte.

Merci Queenie! J'en ai lu un et pour l'instant ça m'a suffi.

Nous sommes donc au moins trois à ne pas comprendre l'engouement que provoque Murukami
Je me dis aussi que les auteurs qui semblent faire comme cela une sorte d'unanimité à un moment donné, sont aussi souvent qu'on oublie très vite.

Arabella a écrit:

Je me dis aussi que les auteurs qui semblent faire comme cela une sorte d'unanimité à un moment donné, sont aussi souvent qu'on oublie très vite.

Tu as peut-être raison, mais au moins ils nous auront enchantés pendant quelques années, et c'est bien l'essentiel

Je doute que l’on oublie Haruki Murakami dans l’avenir. On peut ne pas aimer mais son écriture est vraiment trop peu commune pour ne plus s’en rappeler.

Il ne se contente pas de raconter une histoire, il construit un monde imaginaire, on se retrouve alors comme en apesanteur dans un lieu irréel et totalement inconnu, sans repaire, perdu !
Il faut accepter le voyage sans s’accrocher au connu et se laisser porter par les courants créés par son écriture… le voyage fait, je ne crois pas que l’on oublie ce genre…d’ailleurs.

Dans La fin des temps notamment, comme le dit Steven, l’ailleurs est hallucinant. Quant au vieux savant, il se comporte un peu comme tous les vieux savants qui ne sont pas souvent les meilleurs pédagogues …de toute façon avec Haruki Murakami, il ne faut pas être rationnel et vouloir une explication à tout…

Pourquoi l’oiseau vole ? Parce qu’il est beau, avec toutes ses ailes déployés…

Je reste sous le charme des romans et nouvelles de Murakami Haruki que j'ai lus...Parce que je n'avais rien lu de semblable dans le genre auparavant...et parce qu'il m'a littéralement embarquée...
On peut ne pas être séduit mais on ne peut pas nier son talent...C'est un auteur...Et c'est de la littérature!

Je pense moi aussi que Murakami n'a rien d'un auteur éphémère, et pas seulement parce que je l'apprécie. (il y a des auteurs célébrés qui me laissent complètement froide - ex A. Ernaux - et pourtant je ne nie pas qu'elle passera à la postérité).
Murakami fera date dans l'histoire de la littérature car ce qu'il a commencé à publier à la fin des années 70 se démarquait vraiment, à l'époque, à la fois de la production de ses compatriotes et des auteurs occidentaux. Ses œuvres étaient influencées par les romanciers américains et le roman d'apprentissage occidental, mais avec une approche zen et contemplative bien asiatique.
Maintenant il y a une flopée d'auteurs qui font dans le réalisme magique, l'intrusion inquiétante et poétique de l'insolite dans le quotidien, etc, ce qui peut banaliser Murakami. Mais il ne faut pas oublier qu'il a été un des initiateurs de ce courant et qu'il maîtrise ce type de récit, que l'on accroche, ou pas.

En fait Murakami me fait penser un peu à Paul Auster (en mieux!). Par leurs univers qui se ressemblent parfois, et aussi par leur réservoir de fans tout acquis, ce qui peut agacer. Et pour moi, Auster n'est pas non plus voué à l'oubli et restera un des grands romanciers US de la fin du 20e siècle.

Je viens de finir "la ballade de l'impossible".

Je trouve que l'auteur nous fait parfaitement ressentir le malaise des jeunes japonais dans cette éprouvante période de révolution cultuelle de 1968. Il aborde aussi le problème du suicide, des maladies nerveuses, des deuils, de l'amour et de la sexualité. Il le fait sans tabou et pourtant avec beaucoup de délicatesse.

Très très beau livre

Ah oui, c'est mon Murakami préféré, mais comme ce fut mon premier et que je n'en ai pas encore lu beaucoup, je suis mauvais juge...

La course au mouton sauvage

J'ai remis le couvert avec Murakami ces derniers temps et je me suis lu ce livre qui attendait sur mon étagère. J'ai énormément accroché au style et à cet humour irrésistible dès le début du livre. Un sens de l'absurde encore plus présent que dans les autres romans de l'auteur que j'ai lus.
Malheureusement, je dirais que j'ai ressenti une grosse lassitude à partir de la moitié du bouquin environ. Ca devient vite, passé l'originalité du début, répétitif et lent, avec des descriptions qui n'apportent pas grand chose. Les personnages sont à un moment donné mis au devant de la scène avec des détails tous plus croustillants les uns que les autres sur leur vie, puis plus rien, ça tombe à l'eau (ou plutôt à l'arrière plan). J'avais déjà remarqué ça dans Chroniques de l'oiseau à ressort.

Et finalement que retiens-je de ce fameux mouton sauvage? Hmm, pas grand chose... Une histoire écrite sous acides, probablement, car j'ai vite laissé tomber... Enfin, comme je déteste abandonner un livre en court de route, et surtout aussi vu que c'est quand même Murakami, j'ai persévéré... Mais bon quand même! Petite déception!
Comme souvent dans ses romans, la thématique est l'errance et la solitude, la réalité noyée dans le rêve... Mais ce livre-ci exploite beaucoup moins bien le sujet que d'autres références du même auteur.

Je suis surprise que tous les livres de Murakami ne soient pas tous aussi bon

Hé ho, pas d'accord, c'est très bon, La course au mouton sauvage .

Sous la forme d'une enquête qui vire au métaphysique, c'est un de ses romans les plus scotchants, délirants et énigmatiques. Je ne me suis pas ennuyée lors de la 2e partie, au contraire...Le héros passe de l'autre côté du miroir et les rencontres qu'il y fait sont mémorables (l'homme mouton... ).

D'accord avec Nezumi. De toute façon La Course au mouton sauvage est mon Murakami préféré.
C'était le premier que le lisais de lui et le glissement vers le fantastique dans le nord du Japon m'avait semblé très fort. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Et puis, il vieillit bien car je le relis souvent.

J'ai tout juste fini Le passage de la nuit; au début je me disais "mais pourquoi est-il si court"? et en fait, cette brièveté lui va à merveille (pour des raisons évidentes, ceux qui l'ont lu comprendront facilement:)). Tous les thèmes que Murakami affectionnent sont là : la quête identitaire, la difficulté à être soi, la frontière ténue entre rêve et réalité...On ressort du livre en se disant "Est-ce que tout cela s'est bien passé ? N'aurait-on pas dormi, comme le personnage d'Eri ? J'ai lu sur d'autres sites des commentaires assez négatifs ("le plus mauvais roman de Murakami", etc) mais je n'ai pas été déçue, ce roman possède son charme bien à lui et on se laisse vite prendre par l'histoire...
Comme toujours, les personnages sont énigmatiques (dommage tout de même que l'on n'en apprenne pas davantage sur la jeune chinoise, sur Kaoru et les autres) mais le caractère éphèmère des rencontres possède beaucoup de charme. Bref, j'ai aimé, une fois de plus !

Fantaisie héroïque a écrit:

Comme toujours, les personnages sont énigmatiques (dommage tout de même que l'on n'en apprenne pas davantage sur la jeune chinoise, sur Kaoru et les autres) mais le caractère éphèmère des rencontres possède beaucoup de charme. Bref, j'ai aimé, une fois de plus !

Je n'ai pas pu être déçue, et bien au contraire même, car il m'a fait découvrir Murakami!
J'avais adoré tous ces thèmes ébauchés mais tu as raison Fantaisie...on aimerait en savoir davantage et en même temps c'est ce qui fait le charme de ce livre.
(J'allais dire de ce film, tant on le visualise d'ailleurs )