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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Sujet: Re: Murakami Haruki Sam 10 Sep 2011 - 12:40
Il ne me reste plus que 100 pages. J'ai basculé d'un monde à l'autre. Je suis membre de la secte et je vénère chaque chapitre. Un meurtre qui dure plus d'une centaine de pages et qui se transforme en dialogue philosophique, il faut le lire pour le croire. Tengo et Aomamé n'ont jamais si proches et tellement éloignés. Les deux lunes éclairent le monde. Je transe avec les loups. Little People, je vous vois, je vous sens, je vous entends.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Murakami Haruki Sam 10 Sep 2011 - 16:34
1Q84, Livre 2 juillet-septembre
Le Livre 1 de 1Q84 plantait le décor. Une introduction de 535 pages, fascinante et énigmatique, dont l'opacité troublait nos sens. Mais ce n'était rien à côté du Livre 2. On y apprend une multitude de choses qui éclairent notre lanterne : le lien entre Tengo et Aomamé, dont Murakami raconte les destinées en parallèle, le mystère des Little People, le contenu de La Chrysalide de l'air, roman dans le roman qui est pour beaucoup dans le basculement entre le monde réel et un autre, qui possède deux lunes, entre autres caractéristiques. Des réponses, enfin, mais Haruki Murakami fait surgir de son chapeau de nouveaux questionnements. Est-ce bien sérieux de nous martyriser ainsi, de nous faire croire un instant que la vérité approche alors que ce n'est qu'un leurre ? Lecteur de 1Q84, tu es l'esclave d'un auteur qui t'embarque sans préavis vers un (deux) monde(s) où rien de ce qui est certain n'est moins sûr. Ce deuxième Livre surpasse de loin le premier. Il suffit d'accepter d'être ballotté, et alors le plaisir concomitant a quelque chose d'exquis, comme une friandise dont le goût nous était jusqu'alors inconnue. De quoi être inquiet et de frissonner d'aise de se retrouver dans un tel état, dans tous ses états. Et mon Dieu, de cette grande machinerie onirique et métaphysique qu'est 1Q84, l'on ressort abasourdi et dénué de tout esprit critique. C'est un voyage, par delà les frontières du réel, en terre inconnue, la destination ne sera révélée qu'en 2012, avec la parution du troisième et ultime Livre. Même les yeux bandés, on lui suivra dans l'enfer du décor, Murakami, ce génial Tour Operator, maître ès hypnose et psychose.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Murakami Haruki Lun 31 Oct 2011 - 21:20
Le Passage de la nuit (After Dark, en nippon dans le texte, 2004). Traduit du japonais par Hélène Morita avec la collaboration de Théodore Morita en 2007. 10/18. 230 pages. Il n'y a pas tromperie sur la marchandise, on va passer une nuit, le temps s'égrenant visuellement par une horloge reproduite régulièrement dans le livre. Au début du roman, il est minuit moins quatre minutes. Voici le début :
Citation :
"La ville s'offre à notre regard. Ce paysage urbain, nous l'observons à travers les yeux d'un oiseau de nuit qui volerait très haut dans le ciel. Depuis ce point de vue panoramique, la ville apparaît comme une gigantesque créature. Ou même comme un agrégat de corps vivants. S'étendant jusqu'à d'insaisissables confins, des vaisseaux sanguins, innombrables, irriguent les cellules, les régénèrent inlassablement." (page 7).
Le style est cinématographique dès le début, et ça continuera. Indication du mouvement de la caméra (le mot "caméra" apparaît explicitement), description des décors façon mise en scène...
Citation :
"Nous sommes dans un restaurant Denny's. Eclairage banal, efficace néanmoins ; décoration inexpressive et vaisselle neutre ; plan des sols calculé méticuleusement, jusque dans les moindres détails, par des pros en techniques organisationnelles ; musique d'ambiance inoffensive ; employés formés à appliquer fidèlement les procédures décrites dans le manuel." (pages 8-9).
Un fille lit. La musique d'ambiance est précisée, "c'est « Go Away, little girl » par l'orchestre de Percy Faith." (page 10). J'imagine que dans la version pour livre électronique, on aura les musiques avec. Comme le CD de Janacek qui n'est pas loin de 1Q84 dans les rayonnages des grandes surfaces de la culture.
Aïe. Inoffensif, je ne sais pas. C'est terrible. Il vaut mieux imaginer la musique que l'entendre.
Passons vite et reprenons. Nous disions donc que la jeune fille lisait.
Citation :
"Elle espère seulement que la nuit passera plus vite en lisant son livre, seule, en allumant une cigarette de temps à autre, en buvant machinalement son café. Mais il va sans dire qu'avant l'aube il reste encore pas mal de temps." (page 10).
Arrive un jeune homme. Bien sûr. On est chez Murakami Haruki, il faut qu'il y ait une petite histoire d'amour ou assimilée.
Citation :
"« Excuse-moi, lui demande-t-il, je me trompe peut-être, mais tu ne serais pas la petite soeur d'Eri Assaï ? » La fille ne répond rien. Elle l'observe comme on le ferait d'un arbuste, au fond de son jardin, qui aurait poussé de manière démesurée." (page 12).
Bien sûr, comme on est chez Murakami, on a quelques réflexions (si l'on peut dire ; en fait, ce sont juste des interrogations, les mêmes qu'on s'est cent fois posées sans avoir de réponse, ce n'est pas grave, cela fera la cent unième ; on sait qu'il n'y a aucune réponse possible, du coup la question ne se prolonge pas en réflexion, c'est juste une question comme ça, une sorte de coup d'épée dans l'eau métaphysique) :
Citation :
"« Pourquoi le déroulement de la vie de chacun de nous est-il si différent ? En somme, pour prendre votre exemple, vous êtes nées des mêmes parents, vous avez grandi dans le même foyer, vous êtes toutes les deux des filles ; qu'est-ce qui fait que vous avez des personnalités si distinctes ? Où est-ce que vos chemins se sont séparés ?" (page 20).
Le jeune homme et la jeune fille papotent, notamment jazz (le dada de Murakami).
Citation :
"Au collège, j'ai acheté par hasard un vinyle de jazz, Blues-ette, chez un disquaire d'occasion. Un très très vieux disque. Pourquoi je l'ai acheté ? Je ne m'en souviens plus. Parce que que je n'avais jamais écouté de jazz avant, peut-être. En tout cas, le premier titre de la face A s'appelle "Five Spot After Dark" et c'est puissant. Au trombone, il y a Curtis Fuller. La première fois que je l'ai écouté, j'en ai presque pleuré. Je me suis dit : "Ça, c'est mon instrument". Le trombone et moi, c'est une rencontre du destin.» Il fredonne les première mesures. " (page 25).
Pleurons presque avec lui :
C'est vrai que, comparé à Percy Faith, il n'y a pas photo. On notera que, comme souvent, la psychologie est un peu réduite, la réduction engendrant, ou voulant engendrer, un mystère. Quelle est la motivation de l'achat du disque ? On ne le sait pas. C'est le mystère, le destin qui a fait qu'il a finalement joué du trombone, comme il aurait pu avoir une vie entièrement différente. C'est le destin. Le héros de Un Jour, cette douleur te servira (l'excellent roman de Peter Cameron) l'avait dit aussi, de façon plus directe : "Je crois que c'est ce qui m'effraie : que tout soit aléatoire. Que ceux qui pourraient compter pour vous passent à côté. Ou que vous passiez à côté. Comment savoir ?" (Un jour cette douleur te servira, Rivages, page 200).
Murakami fait toutefois preuve d'un peu d'humour, certes facile. En faisant dire "Un très très vieux disque", il met à la fois une quasi-niaiserie dans la bouche de son personnage (et la niaiserie, c'est une des marques de la jeunesse, en tout cas dans les bouquins), et en même temps, le disque date de 1959, ce qui fait que le disque est dix ans tout juste plus jeune que l'auteur. Ah, on aura bien sûr remarqué que ce titre de jazz, c'est aussi le titre du bouquin, enfin, celui en anglais, c'est-à-dire en japonais, c'est pareil.
Donc, le jeune homme et la jeune fille. Mais ce n'est pas tout ça. En alternance, on est plongé dans une chambre étrange. "La chambre est sombre. Notre regard s'habitue peu à peu à l'obscurité. Une femme dort dans le lit. Une belle jeune femme ; Eri, la soeur aînée de Mari. Eri Assaï. Personne ne nous l'a dit mais nous avons deviné. Un torrent de cheveux noirs déborde de son oreiller." (page 29).
A plusieurs reprises, il est fait mention d'un "autre monde", dans différents contextes. L'autre côté de la télévision, du miroir, de la frontière entre les victimes et les accusés au tribunal. C'est un thème récurent chez Murakami, le monde parallèle.
Parfois, c'est rigolo. Par exemple, Takashi (c'est le jeune homme) parle de Love Story, le film.
Citation :
"« La pauvreté, avec Ryan O'Neal, c'est tout de même plutôt stylé. Il fait une bataille de boules de neige avec Ali Mac Graw ; elle porte un gros pull blanc ; en fond, on entend la musique sentimentale de Francis Lai. Mais si moi je faisais la même chose, je crois que ça n'aurait pas autant d'allure. Dans mon cas, la pauvreté, c'est juste la pauvreté. Même la neige, je suis sûr qu'elle ne tomberait pas comme il faudrait." (page 114).
On est dans le référentiel. Ça papote gentiment. Parfois, les dialogues sont un peu faibles. Ou alors ils reflètent ce que sont les personnages : des jeunes gens sympathiques, avec leur fêlures, tout ça, mais somme toute un peu banals. Des jeunes gens, quoi.
Les passages dans la chambre sont mystérieux, l'atmosphère nocturne est bien rendue, le temps passe lentement, comme lors d'une vraie nuit blanche à attendre, à regarder les aiguilles avancer. Dans Les Amants du Spoutnik, c'était également l'atmosphère qui était l'élément le plus réussi du roman. Deux atmosphères très différentes. Murakami les réussit bien. Quant à l'histoire du Passage de la nuit, eh bien... il n'y en a pour ainsi dire pas. Il y a une nuit à passer, on va la passer, sans trop d'ennui, le livre se lisant vite. Ce qui est mystérieux le restera passablement. Comme Murakami n'avait pas pris la peine d'expliquer les mystères des Amants du Spoutnik. C'est peut-être profond, allez savoir.
Un peu de sentimental, un peu de nostalgie, un peu de peur du Vaste Monde (peur de la vie, donc : peur de quitter l'adolescence), un peu de mystère qui le restera, bref, tous les ingrédients habituels de l'auteur, et on a un Murakami pas mauvais, mais ce n'est pas ce qu'il a écrit de meilleur. A moins que, à force d'en lire, on ne voit de plus en plus les recettes qu'il utilise ?
Vincent-Marie Posteur en quête
Messages : 74 Inscription le : 03/10/2011 Age : 39 Localisation : Nice
Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 1:09
J'ai du mal a lire ce que j'aimerais lire ces temps ci. Je viens de m'offrir les deux premiers livres de 1Q84. Achat à l'aveugle, c'est une première pour moi. Mais je cherche quelque adjectif sur le style et l'ambiance sans un mot sur l'histoire (Ce qui est dur à trouver). Bonne lecture? Est ce que c'est cohérent?
J'ai du mal a lire ce que j'aimerais lire ces temps ci. Je viens de m'offrir les deux premiers livres de 1Q84. Achat à l'aveugle, c'est une première pour moi. Mais je cherche quelque adjectif sur le style et l'ambiance sans un mot sur l'histoire (Ce qui est dur à trouver). Bonne lecture? Est ce que c'est cohérent?
Peut etre te-poses-tu trop de questions... Le but d' une lecture est d'abord d' en retirer du plaisir sans l' analyser et tant pis si c' est incohérent !
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 8:01
Quand on se pose "trop" de questions, c'est peut-être qu'on entre pas trop dans l'ambiance justement. Avec ce Murakami ça m'a fait pareil à chaque lecture, toujours un peu en dehors du truc, je ne pouvais m'empêcher de me demander où il voulait en venir, comme je m'ennuyais j'essayais de déceler les petites choses auxquelles m'accrocher.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 8:13
Queenie a écrit:
Quand on se pose "trop" de questions, c'est peut-être qu'on entre pas trop dans l'ambiance justement. Avec ce Murakami ça m'a fait pareil à chaque lecture, toujours un peu en dehors du truc, je ne pouvais m'empêcher de me demander où il voulait en venir, comme je m'ennuyais j'essayais de déceler les petites choses auxquelles m'accrocher.
J'ai l'impression que parfois, il ne veut en venir nulle part. C'est comme un voyage, certains disent que ce n'est pas la destination qui compte, que c'est le voyage en lui-même qui importe ; bien sûr, c'était valable à l'époque où on ne prenait pas l'avion ou le train super rapide. Murakami Haruki, ça m'a l'air souvent pareil. Après, si on n'accroche pas au voyage lui-même, il n'en reste rien, et ça n'est plus la peine de le lire. De ce que j'ai lu de lui, on n'en ressort généralement pas avec une impression psychologique profonde (ce n'est pas Tolstoï ou Dosto), ses personnages sont souvent un peu adolescents, il n'y a pas (ou rarement) de pensées profondes sur la condition de l'homme ou la société. C'est plus du divertissement très bien fichu qu'autre chose, il est bon pour les atmosphères, les trucs légèrement barrés mais pas trop, il me semble penser à ses lecteurs. Je tâcherai de lire La Fin des temps un de ces quatre, livre qui a obtenu le Prix Tanizaki, histoire de voir si j'accroche toujours. En tout cas 1Q84, ce n'est pas pour tout de suite...
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 9:36
bix229 a écrit:
Le but d' une lecture est d'abord d' en retirer du plaisir sans l' analyser et tant pis si c' est incohérent !
Oulà je ne me retrouve pas du tout dans ce type de lecteur.
Dernière édition par darkanny le Mar 8 Nov 2011 - 9:44, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 9:43
Setzene a écrit:
J'ai du mal a lire ce que j'aimerais lire ces temps ci. Je viens de m'offrir les deux premiers livres de 1Q84. Achat à l'aveugle, c'est une première pour moi. Mais je cherche quelque adjectif sur le style et l'ambiance sans un mot sur l'histoire (Ce qui est dur à trouver). Bonne lecture? Est ce que c'est cohérent?
Oui, c'est une bonne lecture, que je n'ai pas encore finie. Que veux-tu dire par cohérent exactement ? Cohérence narrative ? Il y a deux histoires qui sont racontées en parallèle, avec pas mal de mystère et de questions sans réponse pour le moment (le troisième tome à paraître début 2012 les éclaircirait...) mais ce n'est pas gênant, ça fait même partie du jeu. Cohérence stylistique ? Murakami (ou du moins la traduction) est toujours aussi agréable à lire, fluide et précis.
Mes bémols: l'abondance de dialogues un peu trop longs, et de scènes de sexe n'apportant rien à l'histoire.
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Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 10:36
A propos du roman Le Passage de la nuit :
eXPie a écrit:
Un peu de sentimental, un peu de nostalgie, un peu de peur du Vaste Monde (peur de la vie, donc : peur de quitter l'adolescence), un peu de mystère qui le restera, bref, tous les ingrédients habituels de l'auteur, et on a un Murakami pas mauvais, mais ce n'est pas ce qu'il a écrit de meilleur. A moins que, à force d'en lire, on ne voit de plus en plus les recettes qu'il utilise ?
Je ne pense pas, je pense tout simplement que Le Passage de la nuit est moins bon si pas trop léger et vaporeux, en tout cas il est celui que j'aime le moins de l'auteur.
Invité Invité
Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 10:48
nezumi a écrit:
Setzene a écrit:
J'ai du mal a lire ce que j'aimerais lire ces temps ci. Je viens de m'offrir les deux premiers livres de 1Q84. Achat à l'aveugle, c'est une première pour moi. Mais je cherche quelque adjectif sur le style et l'ambiance sans un mot sur l'histoire (Ce qui est dur à trouver). Bonne lecture? Est ce que c'est cohérent?
Oui, c'est une bonne lecture, que je n'ai pas encore finie. Que veux-tu dire par cohérent exactement ? Cohérence narrative ? Il y a deux histoires qui sont racontées en parallèle, avec pas mal de mystère et de questions sans réponse pour le moment (le troisième tome à paraître début 2012 les éclaircirait...) mais ce n'est pas gênant, ça fait même partie du jeu. Cohérence stylistique ? Murakami (ou du moins la traduction) est toujours aussi agréable à lire, fluide et précis.
Mes bémols: l'abondance de dialogues un peu trop longs, et de scènes de sexe n'apportant rien à l'histoire.
Je vais lire prochainement le deuxième opus mais j'aime beaucoup tout ce que j'ai lu jusqu'à présent. Il est trop tôt pour me prononcer mais cette trilogie est bien partie pour passer en tête des meilleurs Murakami que j'ai lus jusqu'à maintenant. J'avais un peu peur de me lancer vu le nombre de pages mais le style très fluide de l'auteur fait qu'on ne les sent même pas passer.
En ce qui concerne les scènes de sexe, elles sont froides, plaquées, mécaniques et pas du tout érotiques. A l'image des protagonistes qui ne veulent pas s'engager affectivement : le sexe est une marchandise, on le consomme tout simplement, en se déchargeant de temps en temps pour mieux passer ensuite à autre chose, en attendant que la tension sexuelle revienne. Très organique (pornographique ?), facile, sans prise de tête : pas d'engagement, pas de sentiment, rien qu'un accord tacite entre partenaires le temps d'une galipette. Très révélateur de notre société de consommation et du prêt à jeter, de notre difficulté à nous investir dans une relation sur le long terme. Mais la répétition inutile de ce genre de scènes peut lasser, j'en conviens : on ne peut pas s'empêcher de se dire qu'il en fait trop, qu'il tombe dans une certaine complaisance en utilisant finalement les mêmes filons qu'il dénonce en quelque sorte. Un peu comme dans un film plein de violence qui dénonce la violence, cela créé tout de même un certain malaise ou du moins un questionnement sur le procédé utilisé.
Invité Invité
Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 14:26
Tu as raison, cette complaisance lasse (les innombrables fois où la copine de Tengo lui "caresse les testicules" de façon machinale alors qu'ils devisent au pieu!) et déçoit un peu. Il y a toujours eu des scènes de sexe chez Murakami, et jusque là elles intervenaient plus ou moins pour une raison. Mais ici cette insistance assez gratuite fait se poser des questions.
krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 18:08
Moi j'ai beaucoup aimé 1Q84 . L'univers de Murakami est très plaisant avec ses personnages atypiques, solitaires, décalés. Mais cette fois le monde aussi est décalé, il y a de petits personnages pas trop bienveillants qui cherchent à entrer dans les gens ! Rien de bien gai et pourtant, on a toujours envie de sourire
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Murakami Haruki Mar 8 Nov 2011 - 18:15
darkanny a écrit:
bix229 a écrit:
Le but d' une lecture est d'abord d' en retirer du plaisir sans l' analyser et tant pis si c' est incohérent !
Oulà je ne me retrouve pas du tout dans ce type de lecteur.
Moi non plus, je crois de toute façon qu'il y a autant de lectures que de lecteurs, et qu'on a parfois tendance à prendre pour universel ce qui nous est particulier.
Le but d' une lecture est d'abord d' en retirer du plaisir sans l' analyser et tant pis si c' est incohérent !
Oulà je ne me retrouve pas du tout dans ce type de lecteur.
Moi non plus, je crois de toute façon qu'il y a autant de lectures que de lecteurs, et qu'on a parfois tendance à prendre pour universel ce qui nous est particulier.
Mais MOI NON PLUS je ne m' y retrouve pas, c' était juste un petit paradoxe pour essayer de mettre fin à un questionnement. Curieux comme on peut interpreter un détail ! Ceci dit, la notion de plaisir je la maintiens et puis meme, sommes nous toujours cohérents quand nous avons du plaisir ? Et devons nous l' analyser pour savoir s' il est justifié... Il y a comme un malentendu, je le sens !