Andrei Zviaguintsev

Il y a un côté parodique quand même un peu. Kafka sous vodka! Mais c'est un rire qui masque le désespoir. Ils sont effrayants.

C'est réconfortant de se dire que c'est parodique, mais je ne suis pas si sûre que ce soit l'intention de Zvaguintsev. Dans une interview reproduite par le Courrier International, il dit "Je voudrais pouvoir regarder au fond des yeux la personne qui m'accusera de calomnie".

Il dit aussi, et ça me parle:
"Mais qui est Nikolaï? C'est la projection de nos peurs, de nos espoirs, de notre compassion, de notre amour. Nikolaï, c'est nous-même. Vous et moi, nous sommes les témoins de l'ouragan qui déferle sur le monde."

possible qu'il use d'un certain humour, plutôt noir. en tout cas pour les nombreuses scènes d'abus d'alcool et d'états catastrophiques je ne pense pas (même si ça peut faire rire, jaune ?).

un peu hors sujet mais je repensais à Zhit et je me disais que c'était dommage que ce film (et d'autres on peut le penser) n'ait pas accès à ce genre de diffusion (plus ténu mais au moins aussi fort sur le scénario et sa mise en oeuvre, des images plus brutes mais... etc.).

Marko a écrit:

Il y a un côté parodique quand même un peu. Kafka sous vodka! Mais c'est un rire qui masque le désespoir. Ils sont effrayants.

J'ai vu ça aussi.

Très très bon film !
Même pas long en plus !

Un jour, si j'ai le temps, j'en parle plus.

Et toi, Avadoro, tu ne parles pas d'humour mais de "situation grotesque". Tu peux nous dire comment tu vois cela ? Si tu penses que Zvaguintsev fait de la surenchère ou est dans une triste réalité?

Personne ne dit qu'il ne montre pas la réalité. Mais il le fait comme dans ses autres films avec une dimension de parabole. C'est le côté biblique des références qu'on retrouve dans ses 4 films avec en plus dans ce dernier film l'intrusion inédite de traits d'humour noir qui accentuent la désespérance du propos par contraste. Il y a un mélange détonant  de gravité pesante et d'humour noir (ne serait ce que la scène où les personnages tirent sur les portraits des hommes politiques parmi quelques autres). Dans les précédents films il n'y avait aucun humour et c'est ce qui m'a frappé ici. Cette nouvelle dimension qui s'ajoute aux autres et qui rend l'histoire encore plus cruelle.

Citation :

Film noir, "Léviathan" est néanmoins ponctué de notes d'humour, "une dose de comique pour que ce soit supportable", soulignait le cinéaste. A commencer par la consommation totalement immodérée de vodka par tous les protagonistes.

Je trouve aussi qu'il s'agit toujours d'une représentation de la réalité, déformée et détournée. Dès la première apparition du maire, l'excès et l'exagération accompagnent la représentation d'un symbole destructeur, d'un monde sans âme. Il est vrai que cette dimension est plutôt neuve dans le cinéma de Zviaguintsev.

Une idée cadeau pour les fêtes...