Paul Nizon [Suisse]

Paul Nizon est un écrivain suisse, né le 19 décembre 1929 à Berne (originaire de Bonfol). Il commence à publier vers la fin des années 1950. Il vivra à Berne et Zurich comme assistant de musée et critique d'art au quotidien Neue Zürcher Zeitung et à partir de la fin des années 1970 il s'installera définitivement à Paris en tant qu'écrivain libre.

Bibliographie:

Stolz ;
L'Année de l'amour
L'œil du coursier
L'Envers du manteau
Chien: confession à midi
Figurants fugitifs
La République Nizon, (entretien avec Philippe Derivière)
Les premières éditions des sentiments, journal 1961-1972
Adieu à l'Europe
Maria Maria (avec Colette Fellous)
La Fourrure de la truite.

« La littérature ne sert à rien. A rien. C'est comme un petit vent qui passe.»
Voilà une phase qui résume bien l'univers de Paul Nizon : nihiliste, extremiste, tourmenté mais ou l'écriture est tout, belle, poétique et profonde.

L'écriture :
Paul Nizon envisage « l'écriture comme un engagement existentiel total ».
« L'écriture est sa force. L'écriture est sa raison de vivre. L'auteur de Stolz a tout sacrifié à la littérature: le confort suisse et la stabilité familiale. Connaissez-vous Nizon? Méfiez-vous, il brûle ».
Catherine Argand (Lire)

« De tous les écrivains suisses qui commencent à publier vers la fin des années cinquante, Paul Nizon (1929) est le plus envoûtant par la magie et la musicalité de son style. Un premier recueil de proses brèves dit les splendeurs de l'existence (Die gleitenden Plätze, 1959, Suhrkamp) et manifeste déjà d'étonnantes qualités expressives. Le talent éclate, sans être d'emblée reconnu comme il le mérite, dans le roman Canto (1963, Jacqueline Chambon). Devant les splendeurs de Rome, un narrateur qui n'atteint à la plénitude de l'être que s'il assouvit sa passion de l'écriture, s'agrippe à "la syllabe au vol capricieux" pour que "quelque chose existe sur quoi il puisse tenir". Son texte se fonde sur l'antithèse : au "je" en quête de soi-même s'oppose le père défunt auquel il s'adresse, aux pulsations de la Ville éternelle l'étroitesse provinciale de Berne, son lieu d'origine. Surabondantes, les images esquissent une dialectique du clair et de l'obscur, de l'immobile et du mouvant, du temporel et de l'intemporel : elles suggèrent l'affrontement entre la vie et la mort. »
Wilfred Schiltknecht (www.culturactif.ch/invite/schiltknecht3.htm)

Tu fais bien d'ouvrir ce fil...Il y a longtemps que je veux le lire...

Oui, merci pour ce fil Cachemire.
J'ai lu de lui Im Bauch des Wals - et je me demande comment ils ont traduit cela et un Journal de lui (il en a publié plusieurs) - mais là je dois dire que je ne me rappelle pas moi-même le titre.. je vais le vérifier..
En tout cas je veux lire prochainement le dernier livre de lui La Fourrure de la truite - et ce sera une première - je vais le lire en français (j'aime trop cette couverture et la collection Babel et c'est Diane Meur qui a fait la traduction... donc, pleins de raisons pour changer de langue )

La Fourrure de la Truite

La couverture de ce livre est de André Kretész, La Danseuse burlesque – on n’a pas son fil, mais de celui à qui il a appris la photographie – Brassaï ICI

Citation :

Présentation de l'éditeur
Stolp est un marginal, un sympathique bon à rien qui aime sa liberté avant tout. Ayant hérité d'un minuscule appartement à Paris, il y pose ses bagages un peu malgré lui et, plutôt que de prendre possession des lieux, laisse Paris l'apprivoiser. A travers rues et cafés, il faut fuir l'atmosphère pesante de ce nouvel habitat, mais aussi les désespoirs latents d'un amour perdu. En chemin, il croise et recroise Carmen, esquisse avec elle les figures d'un duo éphémère. Car Stolp descend d'une lignée d'acrobates audacieux. Il veut jeter du lest. Ses pensées se délient, se libèrent, bondissent. Dans le nouveau roman de Paul Nizon, les intuitions les plus existentielles sont portées par une écriture aérienne : une voltige littéraire où l'humour entraîne le lecteur dans l'élan d'un récit qui mot à mot s'invente. Comme la vie.

130 pages pour faire connaissance avec Stolp qui passe ses journées à se poser des questions, qui rode dans les quartiers de Paris aux alentours de l’appartement de sa tante dont il ne sait pas s’il veut rester ou pas, il fait quelques rencontres avec des gens mais il ne veut pas s’engager pour plus..
C’est de la solitude au plus haut niveau et on est en quelque sorte enfermé avec le narrateur dans sa tête qui ne s’arrête même pas la nuit à entendre des voix, des bruits.. je ressors de ce huis clos plutôt convaincu !
Même si j’aime plus la solitude de Paris chez Modiano.. mais cela est une autre histoire


Extrait

- Alors, comment va?
- Vous n’auriez pu me poser de question plus difficile, Ghislaine, répondis-je, pour la bonne raison que c'est impossible à savoir. Tout ce qu’on peut savoir, à la rigueur c’est comment on allait la veille ou les jours précédents ; si les choses sont allées de travers ou ont bien marché, si on a été malade ou non. Mais pour ce qui est de l’instant présent ça ne se décide que plus tard. Est.-ce que nous savons ce que l’avenir nous réserve ? Je me pose rarement la question, car tout est fluctuant.

Qu'est-ce que c'est compliqué!

Je viens de faire une recherche sur ce forum; il y a aussi un fil sur Paul Nizan A en perdre son latin.

NizAn, je connais, enfin je possède des romans de l'auteur mais n'ai pas encore eu le temps de les lire (comme c'est étonnant).

Et maintenant je découvre NizOn, qui me tente bien, notamment avec sa Fourrure de la truite dont le titre me fait penser à une page d'un livre "surréaliste" achetés récemment.

Sophie a écrit:

Qu'est-ce que c'est compliqué!

Moi qui connaissais Paul NizOn a confondu au début quand quelques Parfumés ont parlé de Paul NizAn et je pensais qu'ils faisaient une faute de frappe

Sophie a écrit:

Et maintenant je découvre NizOn, qui me tente bien, notamment avec sa Fourrure de la truite dont le titre me fait penser à une page d'un livre "surréaliste" achetés récemment.

je pourrais le cercler

kenavo a écrit:

Sophie a écrit:

Qu'est-ce que c'est compliqué!

Moi qui connaissais Paul NizOn a confondu au début quand quelques Parfumés ont parlé de Paul NizAn et je pensais qu'ils faisaient une faute de frappe

Sophie a écrit:

Et maintenant je découvre NizOn, qui me tente bien, notamment avec sa Fourrure de la truite dont le titre me fait penser à une page d'un livre "surréaliste" achetés récemment.

je pourrais le cercler

Je ne dis pas non mais pas tout de suite

Sophie a écrit:

Je ne dis pas non mais pas tout de suite

C'est noté

Chien

Quatrième de couverture :Chien est le livre de la plus radicale des ruptures, l’histoire d’un homme qui a rompu les amarres, quitté sa famille, dénoué tout lien amoureux, répudié les valeurs du travail et de l’appartenance civique. Posté à l’angle d’une rue, déambulant sur les trottoirs, solitaire dans un jardin public, il fouille les poubelles à la recherche d’un vieux journal, savoure les destinées de compagnons lointains : exclus et marginaux, escrocs ou criminels. Exégète de la dissidence, il observe l’absurdité frénétique de la ville. S’emplit les yeux et les oreilles de sensations : bruissement urbain, silhouettes qui fourmillent, merveilleux spectacle de l’effervescence quotidienne. Et il se souvient. De ses Chiens. De son Chien tant aimé. Qu’il a abandonné un beau jour, lui aussi. Pour en finir. Pour ne plus être tenu en laisse par quoi que ce soit.Chien est également le livre le plus radical de Paul Nizon : un contre-portrait de l’artiste par le personnage, une réplique à l’autofiction comme à ceux (les diseurs de bonnes aventures, ou l’écrivain croisé ici même) qui veulent faire entrer tout et tout le monde dans leurs histoires.
Chien est un roman anti-romanesque et superbement asocial, un éloge émouvant de l’absolue liberté, le capriccio d’une solitude intense, délibérée, conduite par la nécessité extrême de la littérature.

Citation :

Extrait:
« J 'avais toujours l'impression que la vie passait à côté de moi, inaccessible, ou que je trottinais à côté de la vie sur des chemins de traverse »

« Je suis là comme un meuble oublié et superflu. Parfois je peux entendre le temps gronder en moi comme dans un tuyau de chauffage. Parfois je suis un cinéma et le film passse pour moi. Je trouve que mon existence n'est ni dure ni aride. Je ne ressens rien du tout. »

Ce roman agit un peu sur le lecteur comme un met acide : surprenant, rafraîchissant, puis piquant et finalement écoeurant...Nizon est pour moi le pendant romanesque du philosophe et aphoriste Cioran : les deux auteurs parlent avec style de l'angoisse ontologique de l'homme...

“Je suis un vagabond de la langue, je cours après les mots et les phrases, parfois je suis à la recherche d’un poisson perdu. Fable et fil narratif ne m’intéressent pas, mon cas est celui d’un explorateur au moment où il appareille."
“Mon véhicule est la langue : je pars en voyage à bord de la langue. Ce voyage me fait parcourir la jungle du quotidien comme les étendues du souvenir, mais aussi les espaces du rêve, les fonds poissonneux et les abysses du monde d’en bas. Passer les douanes de la réflexion et les écluses de l’émotion, chercher le bonheur et traverser la solitude.”

Paul Nizon, Le Ramassement de soi


Pour ceux qui auront la chance d'aller voir:
Rencontre le 27 septembre 2008 de 15h à 18h
MARCHER A L’ECRITURE
Un après-midi avec… Paul Nizon
Auditorium du Louvre

Source

Stolz

Présentation de l'éditeur
Stolz, comme chacun des écrits de Paul Nizon, est une œuvre emblématique, dont l'écriture lancinante et itérative impose de marcher sur les traces de son héros. Ce héros, Stolz, en quelque sorte un "dépossédé", cherche à s'identifier aux objets qui peuplent le monde, interroge la peinture de Van Gogh - dont il est, comme Nizon, un spécialiste -, demande à la femme de lui montrer l'issue du labyrinthe et, dans sa singulière solitude, tente de se rejoindre lui-même. Si Paul Nizon est aujourd'hui un écrivain de réputation internationale, c'est d'abord à Stolz qu'il le doit. Ce roman en effet - lors de sa parution en Allemagne en 1975 - porta Nizon au premier rang des auteurs de sa génération. Il lui valut aussi le prix France Culture de littérature étrangère en 1988.

Citation :

"La tentative de la réalisation de soi-même peut entraîner l'échec et se solder par une tragédie. Malgré les impulsions qu'il sent en lui-même et les modèles offerts par Soutine et dans la correspondance de Van Gogh, dont le roman intègre habilement des passages, Stolz n'a pas la force intérieure nécessaire pour créer et inscrire sa trace dans le temps, et meurt misérablement sous la neige, dans la forêt de Spessart."Wilfred Schiltknecht

Ce livre est le seul rédigé à la troisième personne par Nizon, comme si l'auteur voulait gagner de la distance avec ce personnage qui pourtant a beaucoup de lui. De nombreux lecteurs ont dit se retrouver dans ce roman d'apprentissage, dans le combat de Stolz pour comprendre le monde, trouver son identité et son chemin. Stolz malgré ses tentatives tombe toujours plus profondément à l'intérieur de lui-même, dans une sorte de chute progressive mais vertigineuse qui détruit tout lien extérieur et l'entraîne jusqu'à l'auto-destruction. La langue reproduit, amplifie, accentue tous les égarements de Stolz. Un roman exigeant, parfois déroutant et dérangeant mais qui laisse une très forte impression.

LA FOURRURE DE LA TRUITE:


Tout d'abord, merci Kenavo de me l'avoir envoyé.
Comme toi, j'adore la couverture, et j'aurais tout à fait été capable d'acheter ce roman, uniquement pour cette couverture.
Mais j'aurais été assez déçue.

Stolp est seul ans Paris, vit dans l'appartement de sa tante subitement décédée pendant des vacances. Il étouffe dans ce logement, trop exigu et rempli de meubles et de manteaux de fourrures. Alors Stolp sort: au Bar du football où il rencontre Carmen, au magasin de fournitures de bureau tenu par une amie de sa tante, à La bonne table, chez le couple homosexuels de la laverie...
Et il se pose des questions: pourquoi ma femme m'a quitté? Ou plutôt, pourquoi ai-je été si odieux avec elle? pour ai-je agi ainsi avec Carmen? pourquoi les gens qui s'aiment s'appellent-ils mon pigeon? pourquoi pas "mon hirondelle"?
Pourquoi, pourquoi, pourquoi?

Et moi je lui réponds: pourquoi m'a-t-il ennuyée avec ses questions sans queue ni tête?
J'ai adhéré à plus de la moitié du roman, car, même si Stolp est plutôt antipathique, qu'on n'a pas envie de le plaindre mais plutôt de le secouer, on le ent désemparé et pas du tout à sa place dans cet appartement et ce quartier de Paris. C'est une espèce de personnage asocial qui semble en souffrir.
Mais, un peu avant la 100ème page, Stolp a commencé à m'exaspérer avec ces questionnements qui tournent en rond, auxquels il n'amène pas de réponse et qui ne tournent qu'autour de sa petite personne.
Alors d'accord, il trouve une issue, que je n'approuve pas mais bon, ce personnage égoiste m'a dépassée, je l'avoue.

Merci pour ton commentaire

Sophie a écrit:

Mais, un peu avant la 100ème page, Stolp a commencé à m'exaspérer avec ces questionnements qui tournent en rond, auxquels il n'amène pas de réponse et qui ne tournent qu'autour de sa petite personne.
Alors d'accord, il trouve une issue, que je n'approuve pas mais bon, ce personnage égoiste m'a dépassée, je l'avoue.

Je dois dire que je me retrouvais après la lecture un peu moins ennuyée par Stolp.. mais j'ai réalisé maintenant que c'est un livre que j'ai déjà presque oublié.. donc.. je vais me repencher sur ses journaux que j'aime plus que ses romans