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| Luis Sepulveda [Chili] | |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Ven 27 Mar 2009 - 22:00 | |
| Les chroniques de Luis Sepulveda dans le journal La Montagne: ce journal est LA référence en Auvergne et je comprends mieux pourquoi il est venu faire quelques librairies par ici (en Auvergne je veux dire...)... ICI! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Ven 27 Mar 2009 - 22:24 | |
| La Lampe d'Aladino et autres histoires pour vaincre l'oubliEn attendant des commentaires (dont le mien), voici une des histoires dans son intégralité: accordez-vous un moment de lecture (c'est court) dans l'univers de Sepulveda. Vous allez prendre l'enviede lire toutes les autres... Café Miramar
A la mémoire de Naguib Mahfuz
Le vent sableux du désert s’est arrêté au crépuscule et la vieille Méditerranée a mêlé son odeur saline au parfum subtil des magnolias. C’était le meilleur moment pour quitter la maison musée de Kavafis, aussi pauvre que digne, et aller se promener dans les ruelles d’Alexandrie avant de rentrer à l’hôtel. L’air était enivrant, j’ai eu soif et je me suis rappelé qu’une bouteille de cava achetée à l’aéroport de Madrid m’attendait dans le minibar de ma chambre. Cela m’a semblé une bonne raison de presser le pas et je suis passé sans m’arrêter devant plusieurs bars aux terrasses accueillantes : je n’avais pas envie de boire le café sirupeux des Égyptiens ou l’horrible bière sans alcool, aussi rébarbative que les préceptes religieux qui l’imposaient.
Dès mon arrivée à l’hôtel, je suis allé vérifier l’existence de la bouteille. Elle était là, horizontale et fraîche, et semblait ne pas avoir échappé aux regards du personnel de service car des mains anonymes et laïques avaient eu la délicatesse de poser deux coupes à champagne sur la console.
– Qui que tu sois, je te bénis, ai-je murmuré en ouvrant les portes donnant sur le balcon. J’avais acheté le cava pour célébrer ma visite de la Bibliothèque d’Alexandrie, un édifice ultramoderne construit par un architecte norvégien qui, pour avoir privé l’édifice de la présence de la mer, m’a finalement déçu. Je suis donc sorti sur le balcon disposé à trinquer en l’honneur du poète Constantin Cavafis.
Je suis allé chez toi, mon vieil ami, un homme triste et somnolent m’a demandé quelques lires puis m’a donné la clé de la porte en me faisant signe de la déposer en partant sous le paillasson en alfa. Devant ma surprise, je suppose qu’il a murmuré : personne ne vient voler chez un poète, et il est parti en traînant ses vieux os fatigués qui se plaignent peut-être en alexandrins. Je me suis assis sur ta chaise et j’ai ouvert, sur ton bureau, des livres rédigés dans la langue d’Homère et de Kazantzakis, autrement dit je me suis comporté comme l’un des Barbares et j’ai donc occupé ta couche, fermé les yeux et déploré mon sort de Barbare inconséquent. Alors, à la tienne, mon vieil ami !
Le soleil couchant teintait la mer d’une couleur argentée et mélancolique et je m’apprêtais à lever ma coupe pour la deuxième fois quand, du balcon voisin, s’est élevée une voix de femme qui, même si elle chantait d’une voix très basse une chanson de Kurt Weill, ne pouvait cacher son accent berlinois.
“Surabaya Johnny, warum bist du so roh
Un muret couvert de pots de fleurs nous séparait et je n’ai pas eu à faire plus de deux pas pour la voir : étendue sur une chaise longue, elle portait une robe blanche, en lin, l’étoffe qui m’a toujours semblé la plus noble pour habiller une femme, et ses pieds nus reposaient sur un tabouret.
– Ce Johnny devait être terrible. “Du bist kein Mensch, Johnny”, lui ai-je dit en guise de salut en lui montrant la bouteille et les deux coupes. Elle a chanté en m’indiquant le tabouret. – “Aber ich liebe dich so.” Je lui ai demandé en lui tendant le verre : – Berlinoise ? Avant de répondre, elle a fait tinter sa coupe contre la mienne et en a bu une gorgée, puis elle l’a posée sur la petite table, a glissé ses doigts dans l’épaisse chevelure blonde qui lui descendait jusqu’aux épaules pour la rejeter en arrière dans un mouvement d’eau couleur d’or. Elle était grecque mais avait vécu plusieurs années à Berlin. Elle était, m’a-t-elle assuré avec une pointe de nostalgie, l’une des dernières Grecques d’Alexandrie. La compagnie de certaines femmes invite au silence car elles savent le partager et il n’y a rien de plus difficile et de plus généreux. Nous buvions lentement et regardions la mer. Tout près de là, quelque part sous la surface, se trouvait la statue du Colosse, également silencieux et, dans leur silence, les livres détruits de la Grande Bibliothèque d’Alexandrie, éparpillés tout le long de la côte, constituaient peut-être le substrat fertile sur lequel poussaient les palmiers de la promenade bordant la mer.
A l’ouest, le soleil a succombé et les ombres ont étendu leur voile sur la Méditerranée. Je l’ai invitée à dîner, certain qu’elle devait connaître un restaurant où nous pourrions boire du bon vin.
– Aujourd’hui ce n’est pas possible, mais je vous attends demain au café Miramar, m’a-t-elle dit en se levant, puis elle a croisé les bras et posé les mains sur ses épaules nues pour me faire comprendre qu’elle commençait à avoir froid.
Le jour suivant, j’ai fait ce que je devais faire : nouvelle visite à la bibliothèque, conférence à l’institut Cervantès, café sirupeux avec des étudiants égyptiens et, vers six heures de l’après-midi, j’ai demandé à la réception où se trouvait le café Miramar. – Vous êtes sûr ? Il n’y a pas de café Miramar. Il y en avait un à l’époque des Grecs, mais il est fermé depuis des années, m’a affirmé le réceptionniste.
Je me suis dit que si le café s’appelait Miramar, c’est qu’il devait se trouver sur le front de mer, et je me suis mis en route en posant la question dans différents bars fréquentés par des individus qui jouaient au backgammon en fumant le narguilé et en soufflant de grosses bouffées de fumée aromatique. Personne ne savait où se trouvait ce café.
A minuit, je suis rentré à l’hôtel. A la place du réceptionniste, j’ai trouvé un vieux veilleur de nuit et je lui ai demandé si la dame qui occupait la chambre contiguë à la mienne était déjà montée. Le vieux m’a jeté un regard étonné et, dans un anglais assez maladroit, m’a dit que c’était impossible, cette chambre n’était jamais occupée, on y rangeait les meubles de l’ancienne propriétaire, une Allemande qui…
Je l’ai interrompu: – Grecque, une des dernières Grecques d’Alexandrie. – Vous avez raison, elle était grecque, a-t-il convenu; et il a voulu me raconter l’histoire mais je l’ai fait taire d’un geste. Je vis avec mes fantômes, je les accepte et les convoque. Peut-être les vers de Cavafis m’ont-ils fait boire du champagne avec un inoubliable fantôme venu d’autres vies. Peut-être le désert m’a-t-il offert ce beau mirage, précisément au bord de la mer, ce territoire de salut ou de désarroi. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Sam 28 Mar 2009 - 23:11 | |
| Merci Coline pour le partage de ce texte.. cela donne vraiment envie de poursuivre.. et je vous donne encore le lien pour une interview avec lui: evene.fr | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Dim 29 Mar 2009 - 13:51 | |
| - kenavo a écrit:
- Merci Coline pour le partage de ce texte.. cela donne vraiment envie de poursuivre..
C'était le but... J'espère que d'autres prendront le temps de lire cette histoire... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Mar 7 Avr 2009 - 18:16 | |
| LA LAMPE D’ALADINO
Recueil de douze histoires« pour vaincre l’oubli ». Douze histoires tantôt fantaisistes voire fantasques, tantôt bouleversantes, peuplées de personnages rencontrés ou rêvés par Luis Sepulveda. « Tant que nous prononcerons leur nom et raconterons leurs histoires, nos morts ne mourront jamais. » dit un des personnages.
On retrouve avec grand plaisir dans la première, La reconstruction de la cathédrale, Antonio José Bolivar Proaño, le Vieux qui lisait des romans d'amour, et son ami le dentiste. Tous deux décident de rentrer dans leur village de El Idilio alors que la guerre fait rage entre le Pérou et l’Equateur. Ils veulent reconstruire la cathédrale ! … « Peu importait que deux gouvernements merdiques aient anéanti El Idilio, détruit la Cathédrale, expulsé vers nulle part ceux qui n'avaient jamais eu la moindre part. Eux, ils étaient revenus au nom de tous et resteraient là au nom de tous. » Mais quels drapeaux brandir ? … -Celui du Pérou et celui de l'Equateur. On ne sait pas quelle armée arrivera la première. - Ne dites pas de conneries. Les seuls drapeaux valables sont ceux de la Texaco et de la Shell. Ils sont derrière cette sale guerre."
J’ai tout particulièrement aimé les histoires d’amour où Sepulveda se dévoile tendre et romantique
-« Ding Dong ! Ding Dong ! Son las cosas del amor » qui emprunte son titre à une comptine chilienne évoque un amour d’avant le terrible coup d’État de Pinochet.
- Dans une autre,« L'île », il raconte comment un homme s'est épris follement de la femme de son ami, le vieux Kurt, à Hambourg.
Ma préférence va aussi aux histoires marquées fortement par les liens de l’amitié rompue par la guerre :
- L’une d’entre elles est L'hotel Z : un hôtel aux confins de l'Equateur, de la Colombie et du Brésil, lentement dévoré par la forêt amazonienne. Cette histoire,Luis Sepulveda la dédie à son ami Julio Garcia, « Le Sept », journaliste chilien, photographe et dessinateur talentueux à qui un militaire a tranché trois doigts dans le stade de Santiago, puis que la police de Quito a assassiné. " Je le sais, la forêt gagne chaque jour du terrain sur l'hôtel Z. A l'heure où j'écris ces souvenirs aux couleurs fanées, il a peut-être succombé à l'assaut des lianes et il est possible que les animaux soient maintenant ses deniers clients. Peut-être la pluie et les iguanes sont-ils les seuls à hanter ses terrasses et ses interrupteurs vétustes ne font-ils jaillir que la lumière incertaine des vers luisants.
L'hotel Z a peut-être définitivement intégré l'album des souvenirs de tous ceux qui, comme moi, sont passés par là, ont écrit leurs noms dans le registre, occupé des chambres avec le tournoiement paresseux des ventilateurs pour seule compagnie, bu du rhum et de la cachaça, mis de l'ordre dans leurs passions et leurs idées, bercés par la pluie, et décidé de ce qu'ils allaient faire de cette foutue habitude de vivre. "
- Dans Un dîner en compagnie de poètes morts l’auteur rend hommage à ses compatriotes morts suite au coup d'État de 1973, parmi lesquels Hugo Araya, dit "Le Sauvage", son ami assassiné par les militaires chiliens . Hugo Araya était un poète, un acteur, un passionné d'image qui avait réussi à être le meilleur caméraman de Canal 9, la chaîne rebelle de l'Université du Chili.
Je suis désolée de ne pas savoir faire court lorsque je rédige mes commentaires. L’exercice m’est toujours difficile… Pourtant je voudrais que vous fassiez à votre tour le voyage, embarqués par la langue lyrique et poétique de Luis Sepulveda, à travers ces histoires souvent mélancoliques mais cependant pas tristes. Lorsque j’ai rencontré Sepulveda, il parlait des Chiliens comme du « peuple triste le plus joyeux du monde »... "Rechazan la melancolia" disait-il..."Ils rejettent (de toutes les façons possibles) la mélancolie"... Il citait Tomaso de Lampedusa:"La melancolia es la felicidad de estar triste.".("La mélancolie est le bonheur d'être triste"...On a vérifié depuis que Victor Hugo a dit la même chose...) Alors ces histoires sont certes marquées par la guerre, l’exil et la mort… Elles sont aussi marquées par la fraternité, l’amitié, l’amour, l’espoir et tout le vin que l’on peut boire à tout cela !…
Dernière édition par coline le Mar 7 Avr 2009 - 18:53, édité 3 fois | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Mar 7 Avr 2009 - 18:44 | |
| Merci pour ta présentation.. je n'ai plus besoin de noter, c'est déjà fait - coline a écrit:
- Il citait Tomaso de Lampedusa:"La melancolia es la felicidad de estar triste.".("La mélancolie est le bonheur d'être triste"...On a vérifié depuis que Victor Hugo a dit la même chose...)
depuis quelques jours déjà ma signature 'du moment'.. drôle qu'elle revient ici | |
| | | coline Parfum livresque
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| | | | kenavo Zen Littéraire
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| | | | eXPie Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Ven 22 Oct 2010 - 22:50 | |
| Le vieux qui lisait des romans d'amour. (Un viejo que leia novelas de amor, 1992, traduit de l'espagnol par François Maspero). Points. 121 pages. Dans sa présentation, Pierre Lepape écrit qu'un livre qui plaisait à tout le monde (prix des Relais H et Prix de France Culture...) "ne pouvait donc être aimé que pour de mauvaises raisons [...] Comment Le Vieux qui lisait des romans d'amour a-t-il créé cet improbable consensus, non dans la mollesse des concessions et des indifférences, mais dans l'enthousiasme et le plaisir ? Le sujet du roman n'y est pas pour rien. [...] Le livre est une dénonciation impitoyable, bien que sans emphase, de la destruction aveugle, systématique, cruelle et stupide de cette forêt-continent qu'est l'Amazonie et, à travers elle, des équilibres fragiles et vitaux qui lient l'homme et son environnement naturel. Sepulveda n'entonne pas la vieille antienne du bon sauvage qui s'oppose au méchant civilisé [...] ". (pages I-II) C'est ce qui fait la différence. Il nous montre un monde difficile à vivre. Il fait chaud, moite, la nature n'est pas tendre avec l'Homme. "Le ciel était une panse d'âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au-dessus des têtes. Le vent tiède et poisseux balayait les feuilles éparses et secouait violemment les bananiers rachitiques qui ornaient la façade de la mairie." (page 13). Nous sommes à El Idilio, le mal nommé : "El Idilio était resté deux ans sans autorité pour faire respecter la souveraineté de l'Equateur sur cette forêt où toute frontière est une vue de l'esprit, avant que le pouvoir central n'envoie le puni." (page 24). Le puni, c'est le maire : - Citation :
- "Le maire, unique fonctionnaire, autorité suprême et représentant d'un pouvoir trop lointain pour inspirer la crainte, était un personnage obèse qui transpirait continuellement. [...] Depuis une époque impossible à préciser il vivait avec une indigène qu'il battait sauvagement en l'accusant de l'avoir ensorcelé, et tout le monde attendait le jour où la femme l'assassinerait. On prenait même les paris.
Dès le moment de son débarquement, sept ans auparavant, il s'était fait unanimement détester. Il était arrivé avec la manie incompréhensible de lever des impôts sous des prétextes incompréhensibles." (pages 23-24) Le train-train est interrompu par un cadavre qu'on amène. Les indiens sont accusés de l'avoir tués, mais un vieux, Antonio José Bolivar Proaño, tel un Sherlock Holmes Sud-Américain, démontre qu'il n'en est rien, et désigne un autre coupable. Et c'est le début de l'histoire à proprement parler, dont le vieux est le personnage principal. - Citation :
- "Antonio José Bolivar Proaño lisait des romans d'amour et le dentiste le ravitaillait à chacun de ses passages.
- Ils sont tristes ? demandait le vieux. - A pleurer, certifiait le dentiste. - Avec des gens qui s'aiment pour de bon ? - Comme personne ne s'est jamais aimé. - Et qui souffrent beaucoup ? - J'ai bien cru que je ne pourrais pas le supporter. A vrai dire, le docteur Rubincondo Loachamin ne lisait pas les romans. Quand le vieux lui avait demandé de lui rendre ce service, en lui indiquant clairement ses préférences pour les souffrances, les amours désespérées et les fins heureuses, le dentiste avait senti que la tâche serait rude. Il avait peut de se rendre ridicule en entrant dans une librairie de Guayaquil pour demander : « Donnez-moi un roman d'amour bien triste, avec des souffrances terribles et un happy end... » On le prendrait sûrement pour une vieille tante. Et puis il avait trouvé une solution inespérée dans un bordel du port." (pages 30-31). Ce vieux est devenu un vieil habitué de la jungle et de ses dangers. Il traque parfois les serpents venimeux. - Citation :
- "Il savait s'en approcher en sifflant sur un ton aigu qui les désorientait, pour se retrouver finalement face à eux. Alors son bras répétait les mouvements du reptile jusqu'à ce que celui-ci, désorienté puis hypnotisé, finisse par répéter à son tour ces mouvements qui imitaient les siens... C'est à ce moment que l'autre bras intervenait, implacable." (page 45).
Une livre court, une histoire vivante, des personnages haut en couleur, une foule d'anecdotes (la méthode employée par certains vieux Indiens Shuars pour se suicider, les dangers du fleuve... et la méthode pour capturer les petits singes !). Très sympathique ! | |
| | | Menyne Agilité postale
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| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Sam 18 Déc 2010 - 18:23 | |
| L'ombre de ce que nous avons étéTrente-cinq ans après le coup d' Etat de Pinochet au Chili, trois sexagénaires se réunissent de nouveau dans un entrepôt afin de préparer une nouvelle action révolutionnaire. Ils étaient des militants de gauche, ils ont souffert, ils ont vécu l'exil mais tous sont prêts à recommencer. Ils n'attendent plus que le Spécialiste : l'Ombre. Mais il y a aussi Coco et Concecion et leur fameuse dispute... ainsi que l'inspecteur Crespo et son adjointe Adelita, née après 1973 ... Elle ne peut donc pas tout comprendre. Trente-cinq ans après l'énergie est toujours là . En une nuit, la vie de chacun va prendre une autre tournure. Un roman très agréable et plein d'humour alors qu'il nous parle des heures sombres de la dictature. On s'attache à ses 'papis' qui rêvent encore de Révolution. On s'émeut, on rit. J'avoue avoir eu un peu de mal avec les prénoms et les références historiques mais j'ai aussi bien rigolé. Les personnages sont très 'typés' et les dialogues sont parfois savoureux, suréalistes. A propos d'un blocage de l'usine d'aliments pour les bêtes, Salinas travaillait alors dans une entreprise avicole. - Citation :
- Au dixième jour seule la moitié des poulets étaient vivants, les poules ne pondaient pas mais elles tenaient le coup et, même si ça semble incroyable aujourd'hui, une poule, une seule, pondait tous les jours son oeuf de rigueur. Je notais dans mon registre de production : oeufs, un.
- Cette poule avait une conscience de classe, affirma Arancibia. - Une héroïne du travail socialiste. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Sam 18 Déc 2010 - 19:40 | |
| - menine a écrit:
- Les personnages sont très 'typés' et les dialogues sont parfois savoureux, suréalistes.
A propos d'un blocage de l'usine d'aliments pour les bêtes, Salinas travaillait alors dans une entreprise avicole. - Citation :
- Au dixième jour seule la moitié des poulets étaient vivants, les poules ne pondaient pas mais elles tenaient le coup et, même si ça semble incroyable aujourd'hui, une poule, une seule, pondait tous les jours son oeuf de rigueur. Je notais dans mon registre de production : oeufs, un.
- Cette poule avait une conscience de classe, affirma Arancibia. - Une héroïne du travail socialiste. Hé, hé, effectivement ! | |
| | | coline Parfum livresque
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| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Sam 18 Déc 2010 - 23:13 | |
| - eXPie a écrit:
- menine a écrit:
- Les personnages sont très 'typés' et les dialogues sont parfois savoureux, suréalistes.
A propos d'un blocage de l'usine d'aliments pour les bêtes, Salinas travaillait alors dans une entreprise avicole. - Citation :
- Au dixième jour seule la moitié des poulets étaient vivants, les poules ne pondaient pas mais elles tenaient le coup et, même si ça semble incroyable aujourd'hui, une poule, une seule, pondait tous les jours son oeuf de rigueur. Je notais dans mon registre de production : oeufs, un.
- Cette poule avait une conscience de classe, affirma Arancibia. - Une héroïne du travail socialiste. Hé, hé, effectivement ! Morceau (bien) choisi! | |
| | | Menyne Agilité postale
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| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Ven 24 Déc 2010 - 12:56 | |
| En fait, je m'aperçois que les personnages me font penser à ceux de Jorn Riel dans les Racontars. Ils sont francs, directs et unis par une profonde amitié . | |
| | | Menyne Agilité postale
Messages : 864 Inscription le : 26/04/2008 Age : 53 Localisation : dis z'y mieux !
| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Sam 5 Fév 2011 - 19:56 | |
| Je viens de terminer un recueil constitué de 3 nouvelles policières. Trois histoires idéales pour se changer les idées. Journal d'un tueur sentimental :Un tueur à gages amoureux et cocu se pose de nombreuses questions sur son devenir mais il se doit de demeurer un professionnel. Un contrat, c'est un contrat ! - Citation :
- La journée avait mal commencé, ce n'est pas que je sois superstitieux mais je crois qu'il y a des jours comme ça où il vaut mieux ne pas accepter de contrat, même contre un chèque à six zéros, net d'impôts. La journée avait mal commencé et tard j'avais atterri à Madrid à 6h30, il faisait très chaud et sur le chemin de l'hôtel Palace le taxi s'était obstiné à me faire une conférence sur la Coupe d'Europe de football. J'avais eu envie de lui poser le canon d'un 45 sur la nuque pour qu'il ferme sa gueule, mais je n'avais pas ça sur moi et un professionnel ne fait pas d'histoires avec un crétin, même un taxi.
Hot line :Suite à une affaire gênante, un inspecteur un peu cowboy est muté en ville dans un commissariat chargé des enquêtes sur les crimes sexuels. Il découvre les 'dessous' du téléphone rose. Yacaré :Cette fois, l'histoire nous emporte dans une sombre affaire d'assurance-vie où se mêlent l'argent, la nature et la sorcellerie. Trois histoires courtes et très agréables où l'on retrouve des personnages attachants et très 'typés'. L'Amérique du Sud est toujours présente en toile de fond. Malgré l'humour, il y a des allusions à la dictature et au passé douloureux de ces pays. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Luis Sepulveda [Chili] Ven 27 Mai 2011 - 11:33 | |
| "Quand on voyage avec lui, il raconte des histoires. Et c’est extraordinaire parce que – je me disais au début – mais cet homme ne rencontre que des gens extraordinaires. Tout prend un air épique quand il raconte, comme dans ses romans. Et puis un jour il a raconté devant moi une anecdote qui nous était arrivé à tous les deux, et tout d’un coup je me suis vue dans la peau d’une héroïne et c’était formidable. Il n’y a que les vrais écrivains qui sont capables de raconter la littérature. La réalité n’a pas d’importance, ce qui est important est la façon d'en rendre compte. Pour moi c’est un monde dans lequel il éveille en moi ce que j’ai de mieux. Cette capacité de voir les autres avec générosité, des personnages qui nous ouvrent des morceaux de nous qui sont plus tendres, plus beaux."Nous entendons la voix de Anne Marie Métailié, directrice des éditions Métailié, qui nous parle de sa rencontre avec Luis Sepulveda, invité d’honneur de L’humeur vagabonde sur France Inter à l’occasion de la sortie du recueil de nouvelles Histoires d’ici et d’ailleurs. Elle revient notamment sur son métier d’éditrice avec beaucoup d'émotions et de poésie je trouve. - Citation :
- Anne-Marie Métailié édite tous les livres du chilien Luis Sepulveda depuis le premier en 82 « Le vieux qui lisait des romans d’amour ». Le dernier « Histoires d’ici et d’ailleurs » vient de sortir. Il s’agit d’un recueil de textes dont certains sont parus dans le journal La Montagne en 2009.
Luis Sepulveda a appartenu à la garde rapprochée de Salvador Allende avant d’être emprisonné pendant plus de deux ans après le coup d’Etat militaire de Pinochet. Condamné à l’exil vers la Suède, il prend un avion mais descend lors de l’escale à Buenos Aires et commence alors pour lui un grand voyage sur le continent Sud américain. Une errance qui le mène en Bolivie, Argentine, Pérou, Equateur, Nicaragua, Colombie. Puis en Europe. Luis Sepulveda est un conteur. Et nous pouvons nous estimer heureux qu’il ait envie de partager avec nous ses souvenirs, ses rencontres. Il regarde notre vaste monde avec tendresse, humour et ironie. Avec douleur aussi. Et puis il nous écrit des histoires. Dans ce livre il est aussi question de ses amis très chers, ses frères de lutte, aujourd’hui disparus, d’un survol du détroit de Magellan dans un petit coucou, d’un chien qui ne voulait pas travailler dans la brigade des stups, de la jeunesse perdue un certain 11 septembre 1973 à Santiago du Chili, des indiens Shuars qui lui ont appris à lire la forêt amazonienne et à chasser à la sarbacane. Ce livre enfin nous donne des clefs sur comment naissent les histoires chez Sepulveda. Une heure donc en compagnie de Luis Sepulveda, dont les propos seront traduits par Paloma Goulemot. Sepulveda revient notamment sur sa rencontre avec Le vieux qui lisait des romans d’amour. Il nous donne bien envie de lire son petit dernier en tout cas ! Émission disponible en Podcast pendant 30 jours à partir de 23 mai 2011 : http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/humeurvagabonde/ |
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