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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Il y a des livres dans lesquels on aime se perdre, prendre son temps et ce fut le cas pour moi avec Hérétiques. Il est inévitable d'évoquer certaines longueurs, à l'image de l'ancien policier Mario Conde qui interpelle son "client" Elias Kaminsky au milieu de son récit familial, ne comprenant pas où ce dernier veut en venir et ce qu'il recherche vraiment. J'ai aimé la sensation de doute, d'errance, qui se dégage de ces échanges et des multiples allers-retours entre deux périodes historiques.
Padura prend cependant des risques et le bloc narratif que représente l'incursion dans l'atelier de Rembrandt m'a semblé plus difficile à suivre, pourtant fascinant mais trop détaché et isolé de l'ensemble. Le fil conducteur demeure cependant le vécu de la communauté juive de Cuba, lié au traumatisme de l'échec du débarquement du paquebot Saint-Louis en 1939. L'enjeu est la tentative d'une affirmation individuelle, la nécessité abrupte d'une rupture quand un équilibre personnel menace de s'effondrer. La jeune emo dont Conde suit la trace dans le dernier tiers du roman partage alors, dans sa révolte solitaire, une colère face à un monde dont le chaos précipite une exclusion et une déchirure.
Hérétiques trace des liens entre des moments tumultueux, bouleversants pour mieux saisir la fragilité d'une vie humaine qui se construit autour d'une absence, face à un aveuglement.
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Jeu 11 Juin 2015 - 9:12
L'écrivain Leonardo Padura reçoit le prix Princesse des Asturies
Le prix Princesse des Asturies de littérature, l'un des plus prestigieux d'Espagne, a été décerné mercredi à l'écrivain cubain Leonardo Padura pour son oeuvre symbole de «dialogue et de liberté», a annoncé le jury.
source et suite
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Mer 6 Jan 2016 - 11:54
Surpris de découvrir un article de Léonardo Padura dans le Géo de Janvier 2016 consacré à «Cuba jamais vu» (de ce «jamais vu» on pourrait en parler ailleurs...), un Padura quitté avec les «Hérétiques» et qui nous livre dans «le paradoxe de la Peugeot» sa vision de la réalité absurde de Cuba au travers de l’achat d’un vehicule automobile (cela aurait été de même pour l’achat d’une télé ou d’un ordinateur, que voulez vous à Cuba tout le monde ne peut consommer, est ce un bien, est ce un mal..?). Cette réalité ceux qui m’ont «subi» sur le fil «Havane» l’ont survolée avec moi, ce ne devrait pas être une découverte, et pourtant, alors, une confirmation..? un peu tardive..? et pourquoi maintenant..? l’expression d’une libéralisation de la paole et des écrits, même à l’étranger où les Cubains sont quand même suivis faut pas être angéliques..? due à quoi..? au fait que le pouvoir des old Castro est en pleine déliquescence après le changement politique au Vénézuela..? à la sénélité inéluctable de ces vieillards qui détenaient la parole depuis plus de cinquante ans..? je vous laissé juge, hé hé...? Alors, son article..? il commence par la narration de la découverte par un français ami de l’auteur désireux d’acquérir un véhicule à Cuba, un historique de l’imbroglio de l’accession à la propriété dans ce pays où les autorités n’acceptent les étrangers que pour alléger leur portefeuille en proclamant bien haut que la propriété c’est le vol (enfin, pas pour tout le monde:mdr2: ...). Dans «le paradoxe de la Peugeot» Padura nous livre le prix (non sans humour) d’une Peugeot 206 (la moins chère) soit 85.000 euros et la plus chère une Peugeot 508 = 245.000 euros (euh le salaire moyen d’un cubain = 21 euros). Et dire qu’il y a encore des personnes qui croient que tout a changé à Cuba, l’embargo, l’enrichissement des cubains etc...etc..(dans nos rêves, à part pour certains...tient donc je pensais que le principe d’égalité?...), mais c’est vrai qu’on est dans la période du Père Noel, Ah bin non, Fidel a resolu le problème du réchauffement climatique...
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Mer 6 Jan 2016 - 14:14
donc tu t'étonnes du "retard" de Padura à reconnaître la réalité ?
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Mer 6 Jan 2016 - 15:20
Bédoulène a écrit:
donc tu t'étonnes du "retard" de Padura à reconnaître la réalité ?
il la connaît surement depuis longtemps, lorsque l'on vit là bas on ne peut l'ignorer, cet auteur a jusqu'à ce jour écrit sur le fil d'un rasoir qui pour d'autres les auraient réduits au silence ou à l'exil, non, je cherche les raisons pour lesquelles maintenant il dit clairement des choses qu'autrefois il aurait pris le soin de suggèrer...
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Mer 6 Jan 2016 - 18:33
c'est ainsi que je le comprenais
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Mer 6 Jan 2016 - 18:35
Bédoulène a écrit:
c'est ainsi que je le comprenais
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Ven 4 Mar 2016 - 12:05
l'homme qui aimait les chiens
Lévrier barzoï
Citation :
Ce fut le temps où se concrétisa la grande désillusion.
Padura se fait une fois de plus virtuose, scrutant l'histoire, emmêlant les destins. Il relate la biographie sur plusieurs décennies de Léon Trotski, de son assassin Ramon Mercader, et d'un jeune, puis moins jeune écrivain cubain fictif qui a perdu ses illusions. Il relate avec ambition, et réussite, pas moins que les grandes purges de Staline, la guerre d'Espagne, la dictature cubaine.
Ce roman extrêmement riche, instructif, passionnant, foisonnant, parfois un peu trop car Padura est un grand bavard, qui ne connaît guère les limites, aime les détails à n'en plus finir Il quitte le romanesque au profit de l’encyclopédique, et noit ainsi parfois l'ampleur de son texte. Cela donne des longueurs, d'autant que le récit est souvent fait de deux points de vue successifs sur les mêmes faits (celui de Trotski et de son assassin) mais c'est addictif, et… terrorisant, comme tout ce qui parle de l'histoire du XXe siècle.
Merci à Chamaco, car le positif l'emporte de loin!
Ramon Mercader
Trotski et les siens à Mexico
Dernière édition par topocl le Ven 4 Mar 2016 - 18:11, édité 1 fois
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Ven 4 Mar 2016 - 16:07
merci pour ton commentaire Topocl, je le lirai c'est sur (au départ à cause du mot chiens mais là je vois beaucoup d'intérêt dans le contenu la guerre d'espagne, Staline, Cuba... )
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Ven 4 Mar 2016 - 17:04
ah mais c'est clair : un commentaire qui donne vraiment envie ! merci topocl !
pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
Sujet: Re: Leonardo Padura [Cuba] Sam 5 Mar 2016 - 15:21
Moi aussi je voulais le lire. Un peu comme Bédou, le titre m'avait attirée. Mais pourquoi un Barzoi? Il faut que je le lise pour savoir j'imagine?
Ils ne sont pas si nombreux les livres qui nous parlent de la 'compassion', de ce sentiment complexe situé entre la pitié et la sympathie, de cette sensation de proximité et en même temps non pas de condescendance mais de retrait, de recul, qui permet de plaindre l'autre. Et c'est exactement ce que j'éprouve pour Ivan, le narrateur de ce fabuleux roman sur l'assassinat de Trotski et sur Ramon Mercader, l'assassin du révolutionnaire.
Nous le disions pendant notre Lecture Commune , ce livre est foisonnant, mélangeant les histoires, les temps narratifs et les interrogations ; tout en se gardant bien de prendre en otage son lecteur. C'est là sans doute, la grande subtilité de l'auteur : ne pas juger, donner des pistes et laisser la porte entrouverte pour que le lecteur, à sa guise, en son temps, saisisse ou non la main tendue. Une main tendue non pas pour absoudre (nous n'avons pas cette prétention de croire que les grands personnages de l'Histoire comme les inconnus de la petite attendent de nous quoi que ce soit) mais une main tendue vers cette 'compassion'. Et cette 'compassion' pose question quand il s'agit de l'étendre à des hommes, des assassins, des 'croyants', des soldats d'une cause perdue.
Que dire de Ramon Mercader, l'homme qui aimait les chiens et qui pendant trois ans a attendu le feu vert de son mentor, de sa mère et de Staline pour planter un piolet inutile dans la tête de Trotski ? Doit-on le plaindre ou le mépriser, doit-on chercher à le comprendre sans pour autant excuser son aveuglement, doit-on questionner cet aveuglement à l'aune de ce que nous savons sur les hérétiques (ceux qui ont dénoncé les crimes de Staline tout en restant communistes), ceux qui ont perdu leurs illusions en quittant le système et que dire de ceux qui y restèrent ?
On croise dans ce livre une ribambelle d'acteurs marquants, dont chaque mot, chaque geste s'inscrit dans une grande fresque dont la maîtrise étonne puis ravit. On lit des pages puissantes, des rendez-vous brûlant, des histoires d'amour et de haine, de rage et de misère ; qu'il s'agisse de la belle et sauvage Africa, de la troublante Caridad, de la laide Sylvia, de l'admirable Natalia, les femmes qui passent dans ce roman (et il ne faudrait pas ici oublier la fantomatique présence d'Ana, femme du narrateur) sont des étais à la volonté des hommes, elles les guident, les soignent, les dirigent et parfois les oublient.
Car dans ce roman aux mille tiroirs, les folles histoires, les tensions, les mensonges s'enchevêtrent pour réinventer une manière de dire par la littérature, avec elle, les mille aventures d'un XXème siècle de feu, de sang et de vodka !