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| LC Padura L'homme qui aimait les chiens | |
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Auteur | Message |
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shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Ven 22 Avr 2016 - 16:13 | |
| Puisque nous sommes deux à lire ce livre en même temps et qu'il a l'air particulièrement touffu : ouvrons lui un fil !! (puisque topocl a lu ce livre récemment elle pourra peut-être nous lire avec intérêt et participer ! ainsi que tous les autres intéressés !) L'homme qui aimait les chiensLa première page du livre est la retranscription (un extrait très court) de l'interrogatoire du meurtrier de Trotski. On commence dans le vif du sujet (à coup de piolet, donc). Bizarrement, j'étais persuadé que Trotski avait été tué par balle... le piolet est donc déjà un premier choc et le reste est à l'avenant mettant le lecteur bien mal à l'aise (le cri de fou, la surprise de l'assailli, etc.). Premier chapitre : 2004-Cuba- l'enterrement d'Ana. Le narrateur Ivan raconte le décès de sa compagne, femme aimée et morte d'un cancer des os dû à des carences (qu'on devine liées aux nombreux problèmes de nourriture, de ravitaillement à Cuba). Il est aussi question dans ce chapitre de la rencontre entre Ana et Ivan grâce à un chien, ce qui permet au narrateur d'évoquer (sans la raconter) sa rencontre, 14 ans plus tôt, avec un homme dont on devine qu'il s'agit de Trotski (l'homme qui aimait les chiens). Tout cela est bien mystérieux et nous fait entendre combien la vie était dure à Cuba (années 90, chute du communisme). | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Ven 22 Avr 2016 - 18:34 | |
| Deuxième chapitre : nous sommes à alma-Ata au Kazhkstan, en début 1929, Trotski, sa femme et son fils ont été déportés par Staline et apprennent qu'ils sont désormais soumis à l'exil vers... la Turquie, un pays où les Russes blancs se sont réfugiés après la révolution menée par... Trotski. Le chien Maya accompagne ses maîtres.
Troisième chapitre : Padura semble s'amuser à perdre son lecteur, ou du moins à lui laisser quelques cailloux digne d'un Petit-Poucet (à capeline rouge) pour se repérer. Nous sommes maintenant avec Ramon Mercader (et son chien ; du coup la question de l'homme qui aimait les chiens se double d'un second protagoniste) qui sera le bras armé contre Trotski, un bras armé par sa mère elle-même, l'incroyable personnage de roman (et pourtant bien réel au vue de sa page impressionnante sur le wiki espagnol) : Caridad Mercader, bourgeoise dévoyée, héroïnomane et anarchiste ! | |
| | | Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Ven 22 Avr 2016 - 18:38 | |
| je termine Orsenna et je te rejoins | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Ven 22 Avr 2016 - 19:03 | |
| également surprise par le coup de piolet !
Je suis entrée aussi de plain pieds dans ce livre. Ivan l'étudiant montre l'état de Cuba pendant la crise de 90 alors que l'Union Soviétique agonise.
On voyage aussi avec l'auteur et les descriptions de paysage sont fortes.
Je ne suis pas sure qu' Ivan ait rencontré Trotski à Cuba, à suivre donc.
ce livre est porté par plusieurs voix, après Ivan nous entendons celle de Lev Davidovitch plus connu sous le nom de Trotski (nom d'emprunt) en exil à Alma-Ata avec sa femme, son fils Liova et la chienne Maya. Une lettre de la GPU annonce son expulsion de l'Union Soviétique dans les 48 H ; nous traversons de beaux paysages durant la traversée des steppes glacées du Kirghizstan, Frounze, Samarkande pour parvenir à odessa et de là en Turquie, seul pays qui veut bien accueillir "le contre-révolutionnaire" Trotski comme le nomme Staline.
Lev se remémore les derniers évènements, ses adversaires l'avaient effacé de l'histoire, l'édition de son dernier livre, suspendue, son nom disparu des écrits, des journaux....................Il maugréait contre Staline qui a fait de la révolution prolétaire, qui devait s'accompagner des "plus beaux idéaux de la pensée humaine" un despotisme.
Evidemment à ce moment là le lecteur découvre un homme qui lui parait honnête, un révolutionnaire consciencieux....
Quel personnage effectivement que celui de Caridad, une bourgeoise qui devient une véritable Pasionaria ! quelle emprise sur son fils Ramon, mais se doute t-il où le mènera son "oui", acceptation de tout abandonner pour le parti Communiste.
Il est terrible son geste pour éprouver Ramon : tuer le chien !
finalement des hommes qui aime les chiens nous en rencontrons plusieurs ! il s'amure Padura !
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| | | Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Sam 23 Avr 2016 - 18:20 | |
| - Bédoulène a écrit:
Je ne suis pas sure qu' Ivan ait rencontré Trotski à Cuba, à suivre donc.
Plutôt Ramon Mercader, mort à La Havane en 1978, je ne crois pas que Trotsky se soit rendu à La Havane à moins de me tromper je reprend la lecture de ce livre passionnant | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Dim 24 Avr 2016 - 0:23 | |
| je répondais au message 1 de Shanidar qui pensait que l'homme au chien que rencontre Ivan était Trotski.
Lev et sa famille sont sur l'ile de Prinkipo, Livio partira à Berlin, sa fille Zina aussi. Seul le petit fils de Lev le réconforte par sa présence, mais lui aussi devra rejoindre Berlin.
Le sort s'acharne sur Trotski, il apprend le suicide de Maïakoski, celui de sa fille Zina ; trahisons, défections le minent. Staline démembre l'opposition, les nouvelles de Russie qui parviennent sur l'ile l'accablent. Dans un journal Trotski qualifie publiquement Staline de "fossoyeur de la révolution".
L'agent secret Blumkine qui rentre de mission vient rendre visite à Trotski, lequel l'avait soutenu il y a quelques années, mais à son retour à Moscou il est fusillé pour avoir rencontré le "contre-révolutionnaire Trotski". Lev se rend compte qu'il est de plus en plus seul à vouloir continuer la lutte idéologique qui l'oppose à Staline.( https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1930/05/300500a.htm)
Il revient souvent sur son passé et il se demande s'il avait eu le pouvoir à la place de Staline s' il aurait agi comme lui ? Il est conscient que "Par son appartenance à l'appareil du pouvoir il avait lui aussi contribué à assassiner la démocratie (écrasement des marins de Kronstdt par exemple) qu'il réclamait aujourd'hui depuis l'opposition.
"Au moment où les masses cessèrent de croire il fallu les faire croire de force et ils usèrent de cette force."
Apprenant la montée d'Hitler en Allemagne Trotski se doute que les communistes seront les premiers à subir aussi dans ses lettres à son fils il explique et recommande une alliance avec les socialistes et les démocrates, mais les communistes écoutent la voix de Moscou.
En 1933 la chienne Maya meurt, c'est encore un perte qui le touche. Puis il apprend que finalement grâce à la ténacité de ses amis, la France accepte de le recevoir, mais uniquement dans le sud de la France.
à suivre | |
| | | Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Dim 24 Avr 2016 - 5:26 | |
| - Bédoulène a écrit:
- je répondais au message 1 de Shanidar qui pensait que l'homme au chien que rencontre Ivan était Trotski.
ok, je pensais pouvoir aider... | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Dim 24 Avr 2016 - 9:07 | |
| mais bien sur Chamaco, n'hésite pas à intervenir.
Trotski arrive à Paris, malgré sa faiblesse il se rend compte de l'impossibilité actuelle de déclarer la IVe Internationale, son Internationale ; il demande à Liova qui l'a rejoint avec la famille, d' y surseoir. L' auteur évoque une visite de Malraux à Trotski à St-Palais ( Malraux osera porter un toast pour Trotski alors qu'il rencontre Gorki - rapporté par Clara Malraux) (Gorki sa biographie pourrait être déroutante ?)
C'est agréable ce passe-passe entre les différents protagonistes.
Pendant qu'Ivan rencontre "l'homme aux chiens" qui dit se nommer Lopéz ( Ramon (?) en 1990. Le lecteur retrouve Ramon Mercader en Espagne, pendant la Guerre, lequel s' est engagé auprès de Kotov et qui mesure le poids de son engagement pour la République d'Espagne mais sous les ordres de Staline ; des ordres qui mal compris, mal exécutés risquent des conséquences dramatiques (Kotov évoque la menace des procès de Moscou à Ramon.
L' exposé de la situation par l'auteur en ce qui concerne les conflits entre le POUM, les Anarchistes et le PC, éclaire bien les décisions prises par le PC, alors qu' Orwell dans (Hommage à la Catalogne) faisait l'inverse ( mais ce n'est pas étonnant de sa part puisqu'il s'est battu dans les rangs du POUM et a refusé l'invitation des Communistes). Le choix : la guerre avec la révolution ou la guerre avec la victoire mais sans la révolution, le PC confisquera donc la révolution.
Il est précisé notamment que les crimes ont été commis par les Anarchistes.
Qu'en penses tu Shanidar ? | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Lun 25 Avr 2016 - 11:22 | |
| J'en pense que Padura réussit un quadruple exploit, celui de nous raconter pas à pas l'exil de Trotski (qui ne restera pas longtemps en France puis en Norvège pour partir vers le Mexique -toujours suivi par sa femme, admirable !), de nous raconter en creux la politique de Staline (et en particulier les grands procès qui ont émaillé son règne), de nous raconter la vie de Ramon Mercader (soldat de la guerre civile espagnol puis tueur à la solde des soviétiques) et enfin à travers le personnage du narrateur de nous raconter le Cuba des années 70-80... Le plus étrange étant que l'on ne se perd pas dans le dédale des narrations, chaque chapitre étant consacré à l'un des protagonistes mais les 'histoires' des uns et des autres se chevauchant parfois...
Ce qui est également intéressant c'est de lire l'histoire de l'Europe à travers les yeux d'un cubain, lequel était alors soumis à une censure aussi drastique que celle des soviétiques à l'époque. Le traître Trotski était effacé des mémoires à grand coup de burin et sa participation à la révolution d'Octobre devenait anecdotique. On voit là, le travail de sape des pseudo historiens et des pseudo journalistes travaillant à reconfigurer la pensée des individus. Il serait extrêmement intéressant en tant qu'historien de comparer les 'Unes' des journaux de l'époque pour voir la manière dont une même information (les procès de Moscou par exemple) pouvait être traité et de regarder ensuite dans les manuels d'histoire, comment dans chaque pays le sujet est repris...
En tout cas, le brassage historique de Padura (un peu à l'image de l'ouragan Ivan qui ouvre le livre) est à la fois extrêmement lisible, détaillé et complexe.
Pour revenir à la question de l'homme aux chiens, j'en conclus comme vous, Bédou et Chamaco, que Lopez ne peut être Trotski (assassiné à Mexico) et que l'homme se défend farouchement d'être Mercader tout en laissant planer le doute... En attendant, les barzoïs courent sur les plages cubaines et nous apprenons de grandes et nécessaires pages d'histoires ! | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Lun 25 Avr 2016 - 11:33 | |
| tu es déjà au Mexique ? je ne suis qu'en Finlande ! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Lun 25 Avr 2016 - 11:41 | |
| Norvège ??? Bédou, tu me demandais ce que je pensais de la propagande antitrotskiste pendant la Guerre d'Espagne ou tu me demandais plus généralement ce que je pensais du roman ?? je n'ai pas compris | |
| | | Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Lun 25 Avr 2016 - 12:27 | |
| Merci, vous êtes passionnantes !!! p.s : je peux me tromper mais je pense que le narrateur raconte l'histoire de Cuba pendant les années terribles de la période spéciale (dont Cuba n'est toujours pas sortie) soit, après les années 90...Mais cela mérite d'être approfondi...Belles fresques historiques et lecture enrichissante... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Lun 25 Avr 2016 - 12:38 | |
| - Chamaco a écrit:
- Merci, vous êtes passionnantes !!!
p.s : je peux me tromper mais je pense que le narrateur raconte l'histoire de Cuba pendant les années terribles de la période spéciale (dont Cuba n'est toujours pas sortie) soit, après les années 90...Mais cela mérite d'être approfondi...Belles fresques historiques et lecture enrichissante... Merci de nous lire et de nous faire réagir Chamaco !! Le narrateur raconte son expérience à la faculté (il écrit : En 1973, une fois terminées mes études universitaires...) puis dans le trou paumé de Baracoa (dont il revient dépendant à l'alcool) puis sa rencontre avec Lopez en mars 1977 ; j'en conclus que ce qu'il nous dit de l'université et des règles imposées par le régime castriste datent des années 70... Ensuite, il parle aussi au début du texte (ce qui serait le temps zéro de l'écriture, celui de l'instant présent du narrateur) des années 90 au moment de la mort de sa femme Ana et donc de cette période spéciale que tu évoques Chamaco. Ces sortes d'enchâssements dans le temps me font beaucoup penser au merveilleux livre de Louis Aragon Le fou d'Elsa (qui est un roman et pas de la poésie) et qui mêle également avec beaucoup de brio les temps et les éléments biographiques... J'aime beaucoup cette manière de lier les récits les uns aux autres. J'ai aussi beaucoup pensé à Alejo Carpentier et à son livre La danse sacrale avec la relation à Cuba, la guerre d'Espagne et les femmes... mais Padura semble citer plus volontiers Chandler (que je ne connais pas). | |
| | | Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Lun 25 Avr 2016 - 13:50 | |
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| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Padura L'homme qui aimait les chiens Lun 25 Avr 2016 - 18:49 | |
| oui Norvège Effectivement la rencontre d'Ivan se déroule en 77. Pour les années 90 c'est la crise au moment où l'US est à l'agonie. http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-486_fr.html Je faisais la réflexion que Padura se concentre plus sur les actions et les raisonnements du PC alors qu'Orwell nous décrivait plus le POUM et les Anarchistes (ce qui est bien normal vu dans le camp où il s'était engagé) Les intrigues, les disparitions organisées par le PC en Espagne pour se débarrasser du POUM et des anarchistes nous pourrions les classer dans l'un de nos fils "Quand l'imaginaire rencontre la réalité". Le renoncement d'Africa à son amour, à sa fille illustre bien l' abandon de l'Individu au profit du Parti. Après avoir été impliqué dans l'enlèvement d'Andreu NIN (POUM) Ramon qui prend le nom de Roman Pavlovitch et arrive en U Soviétique. Padura est maître à décrire les atmosphères et l' intériorité des personnages. Ce qui fait que malgré ce qu' a pu faire Trotski le personnage est attachant. Je peux aussi admirer sa pugnacité à vivre, à lutter, malgré le "contrat" lancé par Staline. La pression de Staline sur le gouvernement Norvégien ainsi que celle du parti-national-socialiste pour agir à l'encontre de Trotski reflète la position de (presque) tous les pays occidentaux il me semble. Le président du Mexique veut bien accueillir Trotski. L'écriture de Padura m'emporte, quelle justesse, quelle finesse dans les mots. J'ai encore du plaisir à venir puisque je n' en suis qu'à la page 200 | |
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