Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Orson Welles Mer 30 Nov 2011 - 11:31
Citizen Kane(1940)
Au risque de paraître ingrate envers ce grand monument du cinéma que représente Citizen Kane, il me semble que ce film n’est rien de plus qu’un moment de cinéma agréable, qui se regarde avec un certain plaisir mais qui ne provoque pas l’extase cinématographique.
Que cela soit clair : ce problème ne vient pas de la qualité technique ni même scénaristique de Citizen Kane. Ce film est vraiment bien ficelé. Il n’a ni le défaut d’être linéaire, ni celui d’être incompréhensible (ce qui n’est pas toujours compatible). Les scènes sont calibrées à la seconde près et relèvent d’une efficacité incroyable : elles ne durent jamais trop longtemps, sans être bâclées pour autant. Les scènes retournent sur les étapes décisives du passé de Charles Foster Kane, avant qu’un retour au temps présent ne tente d’éclaircir certains passages troubles de son existence désormais achevée en l’éclairant sous un autre jour. Les personnages sont drôles, intelligents, charismatiques. Ils détiennent tous les attributs nécessaires à ce qu’ils deviennent des éléments clés aptes à renforcer l’intérêt dramatique de l’histoire. Certaines répliques sont mémorables.
Mais malgré tout ces aspects extrêmement positifs, il manque à ce film cette impression d’ouverture qui donne au spectateur le sentiment qu’un réalisateur souhaite entrer en communication avec lui. Il semble au contraire qu’Orson Welles se contente uniquement de lui proposer une réalisation cinématographique purement technique qui se serait efforcé d’effacer tout élément irrationnel. Il ne reste rien à élucider, Orson Welles règle toutes les problématiques au fur et à mesure qu’elles sont posées. Je ne vois pas l’intérêt de regarder plusieurs fois ce film, et à moins d’être un Charles Foster Kane Bis, difficile de se retrouver un instant dans une des scènes.
Citizen Kane est un film beau, mais d’une beauté formelle et univoque. Impossible pour moi, en tant que spectatrice, d’enrichir ce film de mes propres impressions : il y est hermétique. Et derrière toute cette grande beauté et cette mise en scène impressionnante, il ne reste finalement qu’une impression de vacuité.
sylvain- Envolée postale
Messages : 129 Inscription le : 29/05/2011
Sujet: Re: Orson Welles Sam 3 Déc 2011 - 15:12
ce qu'on à tendance à oublier maintenant, c'est qu'à sa sortie ce film à remis en cause bon nombres de crédos du cinéma d'alors - il y a eu un avant et un après "Citizen Kane", dans la façon d'utiliser les travellings, dans la manière qu'à eu Wells de monter ses images, ou tout simplement l'utilisation, ce qui était un anathème pour l'époque, du grand angle, il y a une foultitude de nouveautés qui influenceront une génération de cinéastes.
un film majeur donc, anachronique et Wells un surdoué de.... 26 ans !
le sujet en lui même est une sorte de mise en abîme du pouvoir et de l'image à travers le portrait du magna de la presse Randolph Hearst.
évidemment il faut se plonger dans le contexte pour bien saisir tout cela et même aujourd'hui, je trouve que c'est une oeuvre qui ne prend pas une ride. un chef d'oeuvre.
parler de "vacuité" c'est excessif et injuste
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Orson Welles Sam 3 Déc 2011 - 16:57
sylvain- a écrit:
ce qu'on à tendance à oublier maintenant, c'est qu'à sa sortie ce film à remis en cause bon nombres de crédos du cinéma d'alors - il y a eu un avant et un après "Citizen Kane", dans la façon d'utiliser les travellings, dans la manière qu'à eu Wells de monter ses images, ou tout simplement l'utilisation, ce qui était un anathème pour l'époque, du grand angle, il y a une foultitude de nouveautés qui influenceront une génération de cinéastes.
un film majeur donc, anachronique et Wells un surdoué de.... 26 ans !
le sujet en lui même est une sorte de mise en abîme du pouvoir et de l'image à travers le portrait du magna de la presse Randolph Hearst.
évidemment il faut se plonger dans le contexte pour bien saisir tout cela et même aujourd'hui, je trouve que c'est une oeuvre qui ne prend pas une ride. un chef d'oeuvre.
parler de "vacuité" c'est excessif et injuste
Je suis bien d'accord avec toi, Sylvain !
On a du mal, maintenant, à voir les innovations techniques dans les films du passé (comme l'utilisation de la steadycam dans le Shining de Kubrick...), on les voit avec nos yeux d'aujourd'hui, ce qui n'est pas le cas pour la peinture, enfin je crois, on replace la toile dans le contexte de l'évolution de l'art.
Et puis, il y a des films qu'il faut voir, laisser passer quelques années, et revoir. Et alors, ton avis changera, Coli, j'en suis quasiment sûr !
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Orson Welles Sam 3 Déc 2011 - 18:03
D'accord mais une innovation technique dans un film, ça ne fait pas tout, si ? La question n'est pas seulement technique. Une invention de ce point de vue peut susciter des émotions, mais si ce n'est pas le cas, je ne pense pas que ce doive être le seul critère de reconnaissance d'un film...
sylvain- Envolée postale
Messages : 129 Inscription le : 29/05/2011
Sujet: Re: Orson Welles Dim 4 Déc 2011 - 22:59
colimasson a écrit:
D'accord mais une innovation technique dans un film, ça ne fait pas tout, si ? La question n'est pas seulement technique. Une invention de ce point de vue peut susciter des émotions, mais si ce n'est pas le cas, je ne pense pas que ce doive être le seul critère de reconnaissance d'un film...
là où Welles à innové ce n'est pas dans la technique à proprement parlé, mais dans la manière avec laquelle il a laissé libre court à sa créativité en tordant le cou à des techniques cinématographiques qui formaient un véritable dogme, à Hollywood notamment.
il y a aussi tout à la fois aussi une maîtrise ainsi qu'une totale remise en cause dans les prises de vues, plongées/contre-plongées, La profondeur de champ, l'utilisation des flashbacks et de certains trucages, tout cela n'avait jamais été vu auparavant, le tout en ne cédant jamais au récit, car WELLS était avant tout un raconteur d'histoire (que l'on se souvienne de ses débuts retentissants à la radio, dans les années 30, à l'époque de sa mise en "ondes" de la guerre des mondes...d'un autre Wells - il y a eu des scènes de paniques aux USA lors de la diffusion de cette pièce radiophonique) WELLS est un cinéaste qui peut être comparé à Eisenstein pour la créativité et l'impact que son oeuvre à eu sur l'histoire future du cinéma.
un film total, novateur et une merveilleuse parabole sur la vanité de toute chose: de l'argent, de la célébrité, du pouvoir... que l'on se souvienne de cette scène somptueuse de citizen Kane avec ce mot, cet ultime mot lâché par Charles Foster Kane, homme le plus puissant du monde, ou presque... "rosebud".... le nom de la luge qu'il possédait enfant alors qu'il vivait misérablement.
un film que je ne me lasse jamais de voir et revoir, il y a dans cette oeuvre une densité rare, exceptionnelle.
l'un des plus grands films du XXéme siécle.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Orson Welles Dim 4 Déc 2011 - 23:13
colimasson a écrit:
D'accord mais une innovation technique dans un film, ça ne fait pas tout, si ? La question n'est pas seulement technique. Une invention de ce point de vue peut susciter des émotions, mais si ce n'est pas le cas, je ne pense pas que ce doive être le seul critère de reconnaissance d'un film...
Non, bien sûr que ça ne fait pas tout, mais disons que c'est un aspect des choses. Il faudra que je le revois pour mieux pouvoir en parler ; mais effectivement le "rosebud" est devenu mythique... En ce qui concerne les émotions, peut-être que la Slendeur des Ambersons te donnera plus de satisfactions, Coli, si tu ne l'as pas déjà vu !
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Orson Welles Dim 4 Déc 2011 - 23:26
On sent quand même un peu dans Citizen Kane une envie d'en faire un peu trop, et un peu gratuitement, qui peut être le propre d'un premier film. Mais évidemment pas que ça.
Tu pourrais peut être tenter La soif du mal Coli.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Orson Welles Lun 5 Déc 2011 - 6:59
ouaip bonne idée La soif du mal ! dans ceux que j'ai vus Citizen Kane n'est pas non plus mon préféré, incontestablement marquant et monstrueusement joueur mais peu-être un peu... éclaté ?
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Orson Welles Lun 5 Déc 2011 - 7:48
Oui, il fait un peu de frime, dans Citizen Kane, il fallait qu'il se fasse remarquer ! Mais dans la Soif du Mal aussi, il fait des trucs incroyables : le plan-séquence du début...
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Orson Welles Lun 5 Déc 2011 - 21:35
La soif du mal m'avait attiré suite à vos commentaires. Je poursuivrais la découverte de ce réalisateur avec ce film. Il faut dire que si Citizen Kane ne m'a pas trop branchée, j'ai adoré en revanche Le procès. J'ai donc encore mes chances avec le grand Orson...
(et puis bon, le message sur la vanité des choses, résumé par l'éclatant "Rosebud", ne m'a pas paru si frappant que ça...)
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Orson Welles Lun 5 Déc 2011 - 21:50
colimasson a écrit:
La soif du mal m'avait attiré suite à vos commentaires. Je poursuivrais la découverte de ce réalisateur avec ce film. Il faut dire que si Citizen Kane ne m'a pas trop branchée, j'ai adoré en revanche Le procès. J'ai donc encore mes chances avec le grand Orson...
(et puis bon, le message sur la vanité des choses, résumé par l'éclatant "Rosebud", ne m'a pas paru si frappant que ça...)
Il a fait des oeuvres bien différentes. Son Othello est remarquable, aussi. Et connaître les circonstances du tournage, ça ajoute un "plus". Tu vois une scène, les personnages se retournent... et la scène suivant a en fait été tournée des mois plus tard, à des centaines de kilomètres de là. Il n'avait plus assez d'argent, qu'à cela ne tienne, hop, il tourne une scène dans un bain de vapeurs, comme ça on fait des économies sur les vêtements... et le résultat est sans doute meilleur que s'il avait croulé sous l'argent ! La Splendeur des Amberson ressemble apparemment que très peu au film qu'il avait réalisé ; il a été charcuté et remonté par d'autres. Un jour que le film passait à la télé américaine, Orson est tombé dessus, et apparemment il en pleurait, a rapporté un de ses amis. Mais, même comme ça, je l'aime beaucoup. Ca me donnerait presque envie de lire le livre de Booth Tarkington, qui est théoriquement une oeuvre importante de la littérature.
Et, dans un style différent, plus Hitchcockien, il a réalisé Le Criminel (1946) de façon à prouver qu'il pouvait tourner un film en respectant le budget et le planning. Ce n'est pas son meilleur film, mais il y a quelques scènes de bravoure (vers la fin). Il joue un méchant, c'est toujours délectable.
J'ai eu plus de mal avec Vérités et mensonges. Et il faudrait que je revois Falstaff.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Orson Welles Lun 5 Déc 2011 - 22:03
Et il y a aussi le merveilleux Macbeth, et Une histoire immortelle, court, mais je pense que cela devrait bien plaire à Coli.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Orson Welles Mar 6 Déc 2011 - 21:30
Eh bien, je n'ai plus que l'embarras du choix avec tout ce que vous me proposez ! Du coup, je note en priorité La soif du mal, MacBeth et La splendeur des Amberson. Je verrais bien lequel tombe sous mes yeux en premier
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Orson Welles Mar 6 Déc 2011 - 21:51
colimasson a écrit:
Eh bien, je n'ai plus que l'embarras du choix avec tout ce que vous me proposez ! Du coup, je note en priorité La soif du mal, MacBeth et La splendeur des Amberson. Je verrais bien lequel tombe sous mes yeux en premier
De toute manière, les trois sont à voir, dans des styles très différents. Et, quand tu verras le plan séquence incroyable qui débute La Soif du mal, pense au type qui, vers la fin du plan, doit poser une question toute simple, je crois que c'est le douanier (je ne garantie pas que c'est lui), au minutage 3'24. Tétanisé par l'enjeu (s'il se trompe, il faut tout recommencer) il n'arrivait pas à dire son texte, pourtant très simple. Il a fallu recommencer la scène un grand nombre de fois...
Cette scène est la version fidèle aux intentions d'Orson Welles, apparemment ; car les studios, non content de supprimer un bon quart d'heure de film, de rajouter des séquences tournées par un autre, avaient gagné du minutage en plaquant le générique pendant cette scène, déconcentrant ainsi le spectateur...
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Orson Welles Mar 6 Déc 2011 - 22:00
Merci pour cette anecdote ! C'est le genre de petit détail toujours bon à savoir pour corser le visionnage d'un film