Un bon début, ça aide...

Chimère a écrit:

Ah bravo Bulle, maintenant j'ai envie de relire Le temps où nous chantions c'est malin.

C'est l'idée du fil

c'est bien ce fil , car oui justement ces lectures de " un bon début ça aide' donne envie. merci Bix229 et tous ceux qui le garnissent.

... Une pierre, une feuille, une porte introuvable ; une pierre, une feuille,
une porte. Et tous les visages oubliés.
Nus et solitaires, nous sommes en exil. Dans l'obscurité de ses entrailles,
nous n'avons pas connu le visage de notre mère ; de la prison de sa chair
nous sommes passés dans l'indicible, l'incommunicable prison de cette terre.
Qui d'entre nous a connu son frère ? Qui d'entre nous a pénétré dans le coeur de son père ? qui donc n'est resté à jamais prisonnier de sa prison ?
Lequel n'est à jamais un étranger, et seul ?
Oh, déserts où l'on se perd dans les brulants labyrinthes, parmi les étoiles qui brillent, perdus sur cette terre de cendre grise et terne, perdus !
Muets devant nos souvenirs, nous cherchons le grand langage oublié, le
bout du chemin perdu qui mène au ciel, une pierre, une feuille, une porte introuvable. Où ? Quand ?
Oh, esprit perdu, meurtri par le vent, reviens.

Thomas WOLFE - Aux sources du fleuve

Qui se lamente ainsi ? Le pauvre Thomas Wolfe dont la seule réalité
dans la vie fut l'écriture. La réalité et aussi la malédiction.
Faute de pouvoir l' apprivoiser et la maitriser, l' écriture finit par le noyer.
J'essaierai de parler de lui un de ces jours...

bix229 a écrit:

... Et lui, c' est Pierre Michon, peut etre le plus grand écrivain français
vivant. Et Vie de Joseph Roullin est dans la ligne et la continuité des
célèbres Vies minuscules qui apportèrent la reconnaissance en tant qu'écrivain de Michon.
Et Michon, c'est l' affaire de Coline... Suivez le guide.

Là tu vas faire très plaisir à Coline!
Mais je jetterai un oeil un jour ...
Parle-t'il dans cette Vie de Joseph Rollin beaucoup de de Van Gogh ou est-ce juste une entrée en matière Bix?

Je donne la parole à Michon, Aériale :

" Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d'alors aparussent comme des apparitions " écrivait Van Gogh il y a un demi siècle.
Ces portraits on peut douter qu'ils apparaissent aujourd'hui ; comble de la valeur marchande, ils sont aussi peu visibles que les effigies des billets de
banque. C'est que Van Gogh, qui accessoirementétait peintre aussi, est
une affaire en or. Dans cette affaire, il est bien au delà de son oeuvre,
nulle part.
J'ai voulu le voir en deçà de l' oeuvre ; par les yeux de quelqu'un qui ignore
ce qu'est une oeuvre, si ce phénomène était encore possible à la fin du
siècle dernier ; quelqu'un qui vivait dans un temps et un milieu où la mode
n'était pas encore que tout le monde comprit la bonne peinture ; ce facteur Roulin qui fut l'ami d'un Hollandais pauvre, peintre accessoirement,
en Arles en 1888.
Et bien sur, je n'y suis pas parvenu. Le mythe est beaucoup plus fort, il
absorbe toute tentative de s'en distraire, l'attire dans son orbite, ajoutant
au capital de cette affaire en or, sempiternellement.
Cet échec est peut etre réconfortant : il me permet de penser que le facteur Roulin se tient nécessairement devant qui l'évoque à la façon d'une apparition, comme le voulait celui qui le fit exsiter.

Mais si tu veux vraiment en savoir plus sur Van Gogh lui meme, lis ses
lettres à son frère Théo. Je crois qu'on doit les trouver dans la collection
L'Imaginaire.

bix229 a écrit:

Et bien sur, je n'y suis pas parvenu. Le mythe est beaucoup plus fort, il
absorbe toute tentative de s'en distraire, l'attire dans son orbite, ajoutant
au capital de cette affaire en or, sempiternellement.
Cet échec est peut etre réconfortant : il me permet de penser que le facteur Roulin se tient nécessairement devant qui l'évoque à la façon d'une apparition, comme le voulait celui qui le fit exsiter.

Mais si tu veux vraiment en savoir plus sur Van Gogh lui meme, lis ses
lettres à son frère Théo. Je crois qu'on doit les trouver dans la collection
L'Imaginaire.

Je n'ai jamais lu Michon, mais j'aime bien sa façon de transcrire les choses.
La prochaine visite à la bibliothèque, je regarderai s'ils ont ce recueil

(Et merci à toi pour l'info sur Van Gogh ! )

aériale a écrit:

bix229 a écrit:

... Et lui, c' est Pierre Michon, peut etre le plus grand écrivain français
vivant. Et Vie de Joseph Roullin est dans la ligne et la continuité des
célèbres Vies minuscules qui apportèrent la reconnaissance en tant qu'écrivain de Michon.
Et Michon, c'est l' affaire de Coline... Suivez le guide.

Là tu vas faire très plaisir à Coline!
Mais je jetterai un oeil un jour ...
Parle-t'il dans cette Vie de Joseph Rollin beaucoup de de Van Gogh ou est-ce juste une entrée en matière Bix?

Oui, ça me fait plaisir lorsque le nom de Pierre Michon apparaît sur notre forum...

Huang Xing était gardien du relais de poste de Xinzheng. Etant sorti
par hasard, il revint à la nuit et, fatigué, fit halte dans un bois pour se reposer.
Alors, il avisa une renarde qui se coiffait d'un crane humain, se prosternait
en direction de la lune, puis se muait soudain en une jeune fille agée de
quinze ou seize ans, d'une exceptionnelle beauté, qui se mit à pleurer sur la route de Xinzheng, où elle s'engagea tout en larmes ! Xing la suivit sans la perdre de vue, et la jeune renarde, qui ne se doutait pas que Xing l'avait épiée pendant sa métamorphose, prit à dessein les attitudes les
plus gracieuses.
Cependant Xing se disait par-devers soi :
"Voici une marchandise extraordinaire, un trésor à mettre sous le boisseau" !
Alors il l'aborda en demandant :
"Qui donc etes vous, demoiselle, pour oser vous aventurer toute seule
sur cette route au coeur de la nuit " ?

En mouchant la chandelle. Nouvelles chinoises des Ming.

La suite ?

Eh eh ! C'est comme vous voudrez... Après tout le Chaperon rouge vu par Perrault ou Tex Avery, c'est assez différent...
Et puis, puisque les femmes ont le droit de se transformer naturellement
en renardes, pourquoi,- je vous le demande - les renardes ne pourraient
elles pas se transformer en femmes ?
Surtout en Chine et à l'époque Ming !

Ma vie ne ressemble pas à ma vie. Elle ne lui a jamais ressemblé.
Mais ce décalage entre moi et moi je le supportais assez bien, je le supporte de plus en plus mal.
Sylvia n'ccupe pas dans mon passé la place qu'elle tient dans mon esprit,
de meme les livres qui m'importent le plus ne sont pas ceux qui couvrent la plus grande surface dans ma bibliothèque ; mais je le trouvais naturel et
je le trouve à présent scandaleux.

Emmanuel BERL - Sylvia

Modiano a toujours apprécié Berl, l'écrivain Berl. Et on le comprend. Relisez
simplement ces phrases, vous y trouverez un certain écho...
Berl était préocupé par le passé et le souvenir des morts qu'on ne remplace pas et qu'on ne parvient pas à oublier.
Ou qu'on ne veut pas oublier.
Il y a un charme, un parfum qu'on ne trouve pas ailleurs dans Rachel et autres graces ou dans Sylvia...

En Afrique, on veut plus, je pense.
Les gens y sont pris d'avidité. Cet emportement peut emprunter diverses formes selon le tempérament, mais personne n'y échappe après un certain temps. Et cette avidité peut vous saisir soudainement. Je n'ai pas échappé à la règle.
Bien entendu, je parle ici des Blancs d'Afrique, et non des noirs africains. Le noir africain moyen est confronté au problème inverse: il ne veut jamais assez. Il existe une profession, l'Animation rurale, toute entière consacrée à inciter les villageois à vouloir plus, et à travailler davantage pour l'obtenir. Les Africains sont particulièrement peu avides- à l'exception des élites, naturellement. Les élites sont les élites.

Accouplement Norman Rush

Quand donc ai-je entendu pour la première fois parler d'Obasutéyama -
le mont où l'on se débarrasse des petites vieilles - et de la légende qui lui donne son nom ?
Ma famille est originaire d'un village de montagne situé au milieu de la péninsule d'Izu. C'est là que j'ai grandi. Or, sur la cote ouest de la péninsule, près de To.i, on raconte encore que jadis, on avait coutume
d'abandonner les vieillards dans la montagne.
L'histoire que j'ai entendue dans mon enfance melait sans doute tradition orale et légende. Elle me plongea dans la plus vive affliction.

Yasuchi INOUE - Obasute. Dans le Recueil Le Faussaire.

Peut etre Yasuchi Inoué et Shichiro Fukazawa - Narayama - ont ils eu accès à la meme légende. Les deux nouvelles ont été écrites à la meme
époque.
Inoué est un des grands romanciers du siècle précédent et il a abordé
presque tous les genres romanesques dans son oeuvre.
On en parle abondamment sur le forum...