Un bon début, ça aide...

Marie a écrit:

J'allais répondre à ta place, Lara, c'est une des phrases que j'ai retenue de Camus.
J'aime beaucoup aussi celle que tu as en signature,

Citation :

"L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde."

C'est extrait de quoi?

Du mythe de Sisyphe!
J'en ai relevé plein!
Celle-ci me plaît aussi:
"Toute pensée est anthropomorphique."

L'absurde c'est très attirant! C'est intéressant! Et Camus est plus qu'accessible!

Il est des gens dont la vie n' est qu' un rond dans l' eau.
On ne les voit pas, on ne les entend pas, ils sont irréels, leurs pas ne s' impriment point sur le
désert de sable de l' humanité. Nous ignorons d' où ils viennent et, lorsqu' ils disparaissent, où ils sont partis
et pourquoi.
Quand les dieux fréquentaient encore la terre, on les reconnaissait à cela. Depuis qu' ils nous ont quittés, le seul de leurs pouvoirs q' ils ont légué aux hommes est cette faculté de vivre sans etre.

Borislav PEKIC. - L' homme qui mangeait la mort.

Celui-là, je ne l' ai pas encore lu, mais le début est intrigant...

Janvier 1895

Parfois dans la nuit, il revait des morts -visages familiers et d' autres, à demi oubliés, fugitivement
invoqués par la mémoire.
Là au réveil, il comprit que l' aube était encore loin ; il n' y aurait aucun bruit, aucun mouvement
avant plusieurs heures. Il toucha les muscles engourdis de sa nuque, les trouva durs et solides
sous ses doigts, mais pas douloureux. En bougeant l tete, il les entendit grincer.
"Je suis comme une vieille porte", se dit-il.

Ceux qui ont lu le livre reconnaitront le début du livre de Colm Toibin : Le Maitre...
Et aussi celui qui monologue ainsi, Henry James.
Sinon, lisez-le !

Il y avait de corbeaux dans ses yeux quand il lacha le morceau tout à trac, confesssant
tout à trac, que le meurtrier c' était lui.
On les voyait, ils battaient des ailes là-dedans. Et par moments, le miroitement d' un bec.
Vous n' allez rien m' apprendre sur les corbeau que je ne sache déjà, à quatre vingts ans.
Ni sur lui d' ailleurs.

Rodney HALL - Secrets barbares

En 1898, un crime fut commis le jour de Noel 1898. Deux soeurs et un frère furent assassinés
et violés.
Soixante ans plus tard, sur son lit de mort, un voisin s' accuse.
Tel est le point de départ de ce roman qui s' inspira de ce fait d' une extreme violence.
Roney Hall est australien et ce livre vous secoue durement.
Salman Rushdie écrit que ce livre est "tellement superbe qu' on voudrait l' avoir écrit."

AVIS

Quiconque essayera de découvrir un mobile à ce récit sera poursuivi devant les tribunaux ;
quiconque viendra y découvrir une morale sera condamné à l' exil ; et quiconque cherchera
à y découvrir une intrigue sera fusillé.

Par ordre de l' auteur.

Et l' auteur, c' est Mark Twain, grand humoriste et grand écrivain américain. Le livre c'est
Huckleberry Finn et c' est peut etre son meilleur livre...

Début novembre. Il est neuf heures. Les mésanges viennent se cogner à la fenetre.
Un peu assommées, il leur arrive de reprendre leur vol, mais parfois elles tombent et se
débattent un moment dans la neige fraiche avant de retrouver l' usage de leurs ailes.
Je me demande ce qu' elles peuvent bien venir chercher chez moi.
Je jette un regard par la fenetre donnant sur la foret. Près du lac il y a une lueur rouge au dessus des arbres. Le vent se lève. Je vois la forme du vent dans l' eau.

Per Petterson - Pas facile de voler les chevaux

Per Petterson est norvégien. De lui, j' ai seulement lu Jusqu' en Sibérie, mais je ne l' ai pas oublié.
C' est l' un des plus beaux portraits de femme que j' ai lu.

Très beau "Pas facile de voler les chevaux". On a du en discuter quelque part...

Marko a écrit:

Très beau "Pas facile de voler les chevaux". On a du en discuter quelque part...

Oui, un fil avait meme été ouvert par Bellonzo...et j' avais parlé de Jusqu' en Sibérie.

Romulus et Romus

(Histoire du temps où une passoire à thé coutait 3, 60 couronnes)

Alors qu' en songe, ailes déployées, Belka était en passe d' atteindre le corps enflammé d' une
blonde grassouillette ag rémentée d' une tache de naissance sur le sein gauche, alors que l' affaire
était presque dans le sac, le réveil a sonné sur la table de nuit.

"Dylina !" a dit Belka, il était quatre heures et demie du matin. "Oi", et tel qu' il était, dans un demi
sommeil, il a rogné ses ailes, s' est calmé puis a tourné le bouton de radio.

Vlastimil Tresnak - On ne parle pas la bouche pleine

A Prague, on aime bien plaisanter de tout et de rien, surtout quand les choses vont mal.
Hasek était comme ça et Bohumil Hrabal aussi.
Trenak a pris la relève après avoir été tabassé par les policiers communistes, il est revenu
d' exil et s' est mis à écrire des chansons, des nouvelles et des récits.
Sacrés cabochards les Pragois !

J' ai rencontré la fille brune au meme moment et dans les memes circonstances que la
blonde.
C' était le premier hiver après la guerre. je venais d' etre démobilisé et engagé par un grand quodidien de Belgrade ciomme correspondant dans le Nord de la Backa.

Alexandre TISMA - la Jeune fille brune

La jeue fille est un très beau roman. Pas un roman d' amour. Ou plutot un souvenir,
le souvenir d' une nuit passée dans une harmonie parfaite.
Comme Milos Tsernianski, comme Miroslav Krleza, ou Andrich, Alexandre Tisma est un grand nom de la littérature Yougolslave.
Seul Andrich est connu en France.
Tisma a été traduit par l' Age d' homme et Le Serpent à plumes...

Une fois la porte fermée, après la dernière visite, Carmen appuie légèrement la nuque contre
le mur pour en sentir la gfraicheur et ellle cligne des yeux à plusieurs reprises, comme si elle
était éblou. Sa main droite est endolorie et ses lèvres gonflées à force d' embrassser.

Miguel DELIBES Cinq heures avec Mario

Ainsi commence ce livre douloureux. Méditation d' une femme de l' ombre, abandonnée aux taches
ménagères et qui se pose enfin des questions sur sa vie et sur elle meme en veillant son mari mort.

Souvenirs, souvenirs : ce titre peut paraitre un peu nostalgique et pompeux de la part d' un homme encore valide et surtout préoccupé d' avenir.
En effet, les tabelles d' espérance de vie des assurances me donnent encore huit ans d' existence
dont je ne souhaite pas perdre une minute.
Ensuite, un de mes écrivains favorits, l' Américain Henry Miller, écrit dans Jours tranquilles à Clichy : "la mission de l' homme sur terre est de se souvenir."

Nicolas BOUVIER - La Guerre à huit ans.

Trois petits textes sur son enfance. Juste un rappel pour ceux qui ne le connaitraient pas encore...

Parallèlement aux lectures habituelles, j'entame l'essai d'Alex Ross sur la musique au XXe siècle (The rest is noise) et c'est captivant comme un roman. Les premières phrases:

Au printemps 1928, George Gershwin, le créateur de la Rhapsody in Blue, parcourait le Vieux Continent à la rencontre des principaux compositeurs européens du moment. A Vienne, il frappa à la porte d'Alban Berg, dont l'opéra Wozzeck, oeuvre de sang, de stridences et de ténèbres, avait été donné en première audition à Berlin trois ans auparavant. En guise de bienvenue, Berg fit jouer sa Suite Lyrique
par un quatuor à cordes de ses amis. L'essence du lyrisme viennois paraissait s'y vaporiser en un puissant narcotique. Gershwin s'assit ensuite au piano dans l'intention de jouer quelques uns de ses songs. Il hésitait: le chef-d'oeuvre de son confrère lui avait coupé bras et jambes. Que valaient ses propres piécettes face à ces sonorités aussi troublantes qu'opulentes? A la fin de l'exercice, Berg le regarda avec une certaine sévérité et dit: "Monsieur Gershwin, la musique est la musique...".