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| Un bon début, ça aide... | |
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Auteur | Message |
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colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Sam 9 Oct 2010 - 21:19 | |
| - bix229 a écrit:
- On peut parler de la bonne santé mentale de Van Gogh qui, dans toute sa vie, ne s' est fait cuire
qu' une main et n' a pas fait plus, pour le reste que se trancher une fois l' oreille gauche dans un monde où on mange chaque jour du vagin cuit à la sauce verte ou du sexe de nouveau né flagellé et mis en rage, tel que cueilli à sa sorti du sexe maternel. Antonin ARTAUD - Van Gogh, le suicidé de la société Oh, oh, oh, ça a l'air savoureux ce programme dis-moi ! J'aime bien ce qu'écrit Artaud... Le livre dont tu parles est une biographie (romancée ?) de Van Gogh ? Elle tend à le rabaisser quoiqu'il en soit | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Dim 10 Oct 2010 - 13:16 | |
| - colimasson a écrit:
- bix229 a écrit:
- On peut parler de la bonne santé mentale de Van Gogh qui, dans toute sa vie, ne s' est fait cuire
qu' une main et n' a pas fait plus, pour le reste que se trancher une fois l' oreille gauche dans un monde où on mange chaque jour du vagin cuit à la sauce verte ou du sexe de nouveau né flagellé et mis en rage, tel que cueilli à sa sorti du sexe maternel. Antonin ARTAUD - Van Gogh, le suicidé de la société J'aime bien ce qu'écrit Artaud... Le livre dont tu parles est une biographie (romancée ?) de Van Gogh ? Elle tend à le rabaisser quoiqu'il en soit C'est curieux que tu dises ça parce qu'en lisant cette phrase on a plutôt l'impression au contraire qu'il veut dire qu'en dehors de ces 2 gestes "spectaculaires" et potentiellement des signes d'une mauvaise "santé mentale", Van Gogh n'allait pas plus mal que la plupart des gens dans un monde un peu fou lui-même... Il faut dire qu'Artaud était schizophrène et qu'il a passé pas mal de temps en hôpital psychiatrique dans des périodes très délirantes. Il fait partie de ces penseurs qui ont mené au discours antipsychiatrique en exprimant que la folie n'était que relative dans un monde instable qui pourtant se targuait d'en définir les critères. Vaste débat sur la relativité de la "folie". | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Dim 10 Oct 2010 - 18:20 | |
| Oui, j'ai sans doute mal interprété ce qu'Artaud a voulu dire car je n'étais pas au courant de ses problèmes psychiatriques. Merci de m'avoir éclairé, ça me permet de considérer ce début autrement. Je pensais qu'il s'agissait d'une simple provocation... - Citation :
- C’était par une nuit de tempête sur la côte ouest de l’Ecosse. Mais que nous importe puisque l’action de cette histoire ne se situe pas en Ecosse ? D’a illeurs, le temps était tout aussi mauvais sur la côte est de l’Irlande. Non, le lieu de ce récit est le sud de l’Angleterre, et plus précisément Knotacentinum Towers (à prononcer comme si c’était écrit Nosham Taws), la résidence de Lord Knotacent (à prononcer comme si c’était écrit Nosh). Mais il n’est pas nécessaire de prononcer ces noms en les lisant.
Gertrude la gouvernante tiré du recueil Le plombier kidnappé de Stephen Leacock | |
| | | Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Lun 11 Oct 2010 - 0:07 | |
| - colimasson a écrit:
- Gertrude la gouvernante tiré du recueil Le plombier kidnappé de Stephen Leacock
Je ne connais pas. Tu peux m'en dire plus ? Le ton me parait assez étonnant pour un auteur de cette époque. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mar 12 Oct 2010 - 8:55 | |
| - Hank a écrit:
- colimasson a écrit:
- Gertrude la gouvernante tiré du recueil Le plombier kidnappé de Stephen Leacock
Je ne connais pas. Tu peux m'en dire plus ? Le ton me parait assez étonnant pour un auteur de cette époque. Mis à part ce recueil de nouvelles, je ne connais pas trop Stephen Leacock moi non plus... Je l'ai découvert dans le guide des 100 livres les plus drôles (j'en parle très souvent et ce livre peut largement prétendre à remplacer la Bible ) Je sais qu'il est canadien mais son humour est très proche d'un humour british qu'on pourrait rapprocher de celui des Monty Python ou de Robert Benchley (dans ce qu'il fait de meilleur). Sur mon ordi personnel, j'ai un fichier Word dans lequel j'ai reproduit tous les passages de ce bouquin que je préfère. Il y en a une bonne petite floraison Lorsque je serais de retour chez moi, je t'en recopierai quelques uns si tu veux te donner une idée. En attendant, voici un extrait choisi par leur maison d'édition Le dilettante pour représenter la nouvelle phare du recueil, Le plombier kidnappé (pour ma part, c'est étrangement la nouvelle qui m'a le moins enthousiasmée ) : - Citation :
- Nous étions confortablement installés – un petit nombre d’entre nous – autour du feu de cheminée du club des Bons Tuyaux. Notre conversation s’était orientée, comme cela se produit toujours avec des gens du métier, vers des sujets plus ou moins techniques. Je n’irai pas jusqu’à affirmer que nous parlions boutique, le mot a un caractère insultant et il pourrait être mal interprété. Mais nous devisions comme seuls des plombiers professionnels – parmi lesquels figuraient les pointures de la corporation – peuvent deviser. A l’exception d’Everett, barbier-conseil de réputation nationale, et de Thomas, expert en aspirateurs, nous appartenions tous à la même profession. Nous venions de participer à un salon et, cet après-midi-là, Fortescue, un des plus gros vendeurs de chaudières du pays, nous avait lu un article – une chose tout à fait révolutionnaire – sur « les diagnostics externes des conduites d’amenée défectueuses », ce qui avait naturellement entraîné une discussion. Fortescue, un des hommes les plus brillants du métier, avait vigoureusement défendu la thèse selon laquelle la seule méthode pour diagnostiquer un dysfonctionnement dans une chaudière est de s’asseoir devant et de l’observer pendant trois jours. Mais certains parmi nous jugeaient préférable de la démonter et de la rapporter chez soi pour un examen approfondi quand d’autres affirmaient qu’en cognant sur la zone incriminée avec une clé à molette, il était possible de casser le tuyau et de prouver ainsi sa fragilité. C’est à cet instant précis que Thornton plaça sa remarque au sujet de son refus d’intervenir dans les caves.
J'aime beaucoup ce talent qu'a Leacock de dire des choses qui n'ont parfois ni queue ni tête tout en conservant un ton très sérieux. C'est un des aspects les plus intéressants de son œuvre | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mar 12 Oct 2010 - 15:16 | |
| Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une ile déserte. Ce n' est pas une raison pour ne pas se consoler, ce soir avec des mots. Oh le pauvre perdu qui, devant sa table, se console avec des mots et le téléphone décroché, car il a peur du dehors, et le soir, si le téléphone est décroché, il se sent tout roi et défendu contre les méchants du dehors, si vite méchants, méchants pour rien. Albert COHEN. - Le Livre de ma mère Ce début-là rappelera des bons souvenirs, je le sais, je les ai lus. Moi, j' ai de la chance, je ne l' ai pas encore lu ! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mar 12 Oct 2010 - 16:43 | |
| Un texte d'un autre amateur d'oiseaux qui ne devrait pas laisser Bix indifférent... Ernesto Sabato, Avant la fin (Mémoires) Je ne cesse d'accumuler les doutes, tristes doutes sur le contenu de cette espèce de testament qu'on m'a si souvent incité à publier; j'ai finalement décidé de le faire. On me dit: "Il est de votre devoir de le terminer, les jeunes sont désespérés, angoissés, et ils croient en vous; vous ne pouvez pas les décevoir." Je me demande si je mérite cette confiance, j'ai de graves défauts qu'ils ne connaissent pas, j'essaie de le leur dire de la façon la plus délicate possible, pour ne pas les blesser, eux qui ont besoin d'avoir foi en quelques personnes au milieu de ce chaos, non seulement dans notre pays mais dans le monde entier. Et la façon la plus délicate est de les prévenir, comme je l'ai souvent écrit, qu'ils ne doivent pas s'attendre à trouver dans ce livre mes vérités les plus atroces; ils ne les trouveront que dans mes romans, dans ces sinistres bals costumés où les personnages, à l'abri de leur masque, disent ou révèlent des vérités qu'ils n'oseraient pas avouer à visage découvert. Les grands carnavals d'autrefois étaient eux aussi comme une grande purgation collective, quelque chose d'essentiellement salutaire, qui permettait aux gens de supporter de nouveau la vie, d'affronter l'existence, et je suis allé jusqu'à penser que si Dieu existe, il porte un masque.
Oui, j'écris ceci surtout pour les adolescents et les jeunes, mais aussi pour ceux qui, comme moi, approchent de la mort, et qui se demandent pour quelle raison et à quelle fin nous avons vécu et souffert, rêvé, écrit, peint ou, simplement, rempaillé des chaises. C'est ainsi que, quelles que soient mes réticences à écrire ces pages finales, je m'y décide à cette heure où mon moi le plus profond, le plus mystérieux et irrationnel, m'incline à le faire. Peut-être pourrai-je ainsi aider à trouver une signification transcendante à ce monde rempli d'horreurs, de trahisons, de jalousies; de détresses, tortures et génocides. Mais aussi d'oiseaux qui me redonnent courage lorsque j'entends leurs chants à l'aube; comme lorsque ma vieille chatte vient se lover sur mes genoux; ou quand je contemple la couleur des fleurs, parfois si minuscules qu'il faut les observer de tout près.
Très discrets signaux que la Divinité nous envoie de son existence. Et non seulement à travers ces innocentes créatures de la nature, mais aussi des héros anonymes, tel ce pauvre homme qui, lors de l'incendie d'un bidonville, entra trois fois dans une baraque de tôles où étaient restés enfermés des petits enfants - que leurs parents avaient laissés là pour aller au travail - et mourut à sa dernière tentative. Pour nous montrer que dans cette vie tout n'est pas misérable, sordide et sale, et que cet être anonyme, tout comme ces fleurs minuscules, est une preuve de l'Absolu. | |
| | | Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mar 12 Oct 2010 - 20:02 | |
| - colimasson a écrit:
Je sais qu'il est canadien mais son humour est très proche d'un humour british qu'on pourrait rapprocher de celui des Monty Python ou de Robert Benchley (dans ce qu'il fait de meilleur). C'est peut-être ce qui pourrait finir par me lasser. Un humour à la Tom Sharpe aussi peut-être ? - Citation :
- Sur mon ordi personnel, j'ai un fichier Word dans lequel j'ai reproduit tous les passages de ce bouquin que je préfère. Il y en a une bonne petite floraison Lorsque je serais de retour chez moi, je t'en recopierai quelques uns si tu veux te donner une idée.
Je veux bien oui. Ca m'aidera peut-être à trancher. | |
| | | Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mar 12 Oct 2010 - 22:06 | |
| Mes parents ne peuvent plus faire autrement. Tout le monde le leur dit. On les y pousse de tous les côtés. Mme Dubourg a laissé entendre à ma mère qu'il était grand temps ; et ma tante Augustine, en termes voilés, a mis mon père au pied du mur. - Comment ! des gens à leur aise, dans une situation commerciale superbe, avec une santé florissante, vivre seuls ? Ne pas avoir d'enfant . De gueux, de gens qui vivent comme l'oiseau sur la branche, sans lendemains assurés, on comprend ça. Mais, sapristi !... Et la fortune amassée, où ira-t-elle ? Et les bons exemples à léguer, le fruit de l'expérience à déposer en mains sûres ?... Voyons, voyons, il vous faut un enfant - au moins un. - réfléchissez-y. Le médecin s'en mêle : - Mais, oui : vous êtes encore assez jeune ; pourtant, il serait peut-être imprudent d'attendre davantage. Le curé aussi : - Un des premiers préceptes donnés à l'homme... Que voulez-vous répondre à ça ? - Oui, oui, il vous faut un enfant. Eh! bien, puisque tout le monde le veut, c'est bon : ils en auront un. Il l'ont. Je me présente - très bien (j'en ai conservé l'habitude) - un matin d'avril, sur le coup de dix heures un quart. - Je m'en souviendrai toute ma vie, disait plus tard Aglaé, la cuisinière; il faisait un temps magnifique et le baromètre marquait : variable. Quel présage ! Et là-dessus, si vous voulez bien, nous allons passer plusieurs années. (...) Georges Darien, Le voleur (1897) | |
| | | Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mer 13 Oct 2010 - 9:24 | |
| Une casquette de chasse verte ensserait le sommet du ballon charnu d'une tête. Les oreillettes vertes, pleines de grandes oreilles, de cheveux rebelles au ciseau et des fines soies qui croissaient à l'intérieur même desdites oreilles, saillaient de part et d'autre comme deux flèches indiquant simultanément deux directions opposées. Des lèvres pleines, boudeuses, s'avançaient sous la moustache noire et brousailleuse et, à leur commissure, s'enfonçaient en petits plis pleins de désapprobation et de miettes de pommes de terre chips. A l'ombre de la visière verte, les yeux dédaigneux d'Ignatius J. Reilly dardaient leur regard bleu et jaune sur les gens qui attendaient comme lui sous la pendule du grand magasin D.H. Holmes, scrutant la foule à la recherche des signes de son mauvais goût vestimentaire. Plusieurs tenues, remarqua Ignatius, étaient assez neuves et assez coûteuses pour être légitimement considérées comme des atteintes au bon goût et à la décence. La possession de tout objet neuf ou coûteux dénotait l'absence de théologie et de géométrie du possesseur, quand elle ne jetait pas tout simplement des doutes sur l'existence de son âme. Ignatius, quant à lui, était confortablement et intelligemment vêtu. La casquette de chasseur le protégeait des rhumes de cerveau. Son volumineux pantalon de tweed était durable et permettait une liberté de mouvement peu ordinaire. Ses plis et replis emprisonnaient des poches d'air chaud et croupi qui mettaient Ignatius à l'aise. Sa chemise de flanelle à carreaux rendait inutile le port d'une veste et le cache-nez protégeait ce que Reilly exposait de peau entre col et oreillettes. La tenue était acceptable au regard de tous les critères théologiques et géométriques, aussi abstrus fussent-ils, et dénotait une riche vie intérieure. (...)John Kennedy Toole, La conjuration des imbéciles (196?) ; traduction de Jean-Pierre Carasso (1981). Désolé si quelqu'un l'a déjà posté, mais mes recherches n'ont abouti à rien et je n'ai pas le temps ni le courage de remonter la cinquantaine de pages du sujet. Au fond, je ne suis même pas sûr que cet incipit ait sa place dans un fil intitulé "un bon début", parce que je ne le trouve pas particulièrement bon comparé au reste du livre. Je me souviens même m'être un peu ennuyé sur les premières pages à l'époque où je l'ai lu. Et en même temps, il plante le personnage, on découvre peu à peu son allure ridicule, ses manies, ses obsessions grotesques, son état d'esprit, etc... Il y a une chose qui me frappe en relisant ces lignes : c'est un récit à la troisième personne et en même temps, on a l'impression que le propos sort de l'esprit même d'Ignatius lorsqu'il évoque ses théories obsessionnelles sur la théologie et la géométrie par exemple (ou plus loin lorsqu'il parle de son anneau pylorique). | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mer 13 Oct 2010 - 15:49 | |
| Bon, d' accord, je vais regarder de plus près Avant la fin de Sabato, Marko. J' avoue que ce titre m' effrayait un peu ! Peut etre relirai-je un jour Alejandra... Les lecteurs ont plusieurs vie, c' est ben connu, dont une pour relire ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mer 13 Oct 2010 - 21:10 | |
| - Hank a écrit:
- colimasson a écrit:
Je sais qu'il est canadien mais son humour est très proche d'un humour british qu'on pourrait rapprocher de celui des Monty Python ou de Robert Benchley (dans ce qu'il fait de meilleur). C'est peut-être ce qui pourrait finir par me lasser. Un humour à la Tom Sharpe aussi peut-être ?
Heureusement non ! Mais c'est vrai que si tu as détesté le style de Sharpe, Leacock risque de ne pas totalement te plaire non plus, parce que tous deux possèdent le même genre d'humour un peu détaché et pas toujours très pertinent, mais l'avantage de Leacock tient dans sa brièveté. Tandis que Sharpe en tartine des tonnes pour une petite vanne qui tombe à plat, Leacock n'a besoin que de quelques lignes pour mettre en place une suite d'évènements loufoques et au dénouement souvent brillant ! Quelques extraits : - Citation :
- -Un problème ? demandai-je. /-Oui, répondit-il en essayant de donner le change (mais il roulait son œuf au plat entre ses doigts avec une telle nervosité qu’il faillit le casser en deux). J’ai le regret de vous annoncer que nous avons perdu le maître d’équipage. / -Le maître d’équipage !m’écriai-je. /-Oui, dit le capitaine Plouf d’un ton plus calme, il est passé par-dessus bord. C’est de ma faute, en partie. C’est arrivé tôt ce matin. Je le portais dans mes bras pour lui montrer un iceberg et je l’ai laissé tomber à la mer. Mais je vous assure que c’était un accident. /-Capitaine Plouf, demandai-je, avez-vous tenté de lui venir en aide ? /-Non, pas encore, répliqua-t-il, l’air gêné.
- Citation :
- Je m’installai sur l’île. J’y menai une existence misérable, m’habillant de feuilles de cactus, me nourrissant de sable et de gravier. Mais, au fil des années, ce régime mina peu à peu ma robuste constitution. Je tombai malade. Je mourus. Je m’enterrai. Que ceux qui écrivent ce genre d’histoires en fassent autant.
- Citation :
- Horrod posa devant moi une tourte à la viande froide, une oie froide, un fromage et une grosse cruche de cidre. Mon appétit m’avait abandonné. Je mangeai l’oie mais, après en avoir terminé avec la tourte, je n’avais plus de place pour le fromage que je finis sans enthousiasme. Le cidre avait un goût aigre, et après avoir laissé Horrod remplir deux fois la cruche, je m’aperçus qu’il me rendait maussade et décidai de ne plus y toucher.
Et des descriptions sympathiques du genre : - Citation :
- C’était un fier marin de trente à soixante ans, rasé de près à l’exception d’une énorme paire de favoris, d’une longue barbe et d’une épaisse moustache. De forte constitution, il devait se pencher en arrière pour ne pas tomber sur le ventre. Il portait un pantalon de coutil dont le fond était si large qu’on aurait pu y écrire toute l’histoire de la marine britannique.
- Hank a écrit:
Georges Darien, Le voleur (1897) Et voilà ! Encore un début qui me plaît ! Je vais finir par croire que tu le fais exprès ! - Hank a écrit:
John Kennedy Toole, La conjuration des imbéciles (196?) ; traduction de Jean-Pierre Carasso (1981).
Désolé si quelqu'un l'a déjà posté, mais mes recherches n'ont abouti à rien et je n'ai pas le temps ni le courage de remonter la cinquantaine de pages du sujet.
Au fond, je ne suis même pas sûr que cet incipit ait sa place dans un fil intitulé "un bon début", parce que je ne le trouve pas particulièrement bon comparé au reste du livre. Je me souviens même m'être un peu ennuyé sur les premières pages à l'époque où je l'ai lu. Et en même temps, il plante le personnage, on découvre peu à peu son allure ridicule, ses manies, ses obsessions grotesques, son état d'esprit, etc... Il y a une chose qui me frappe en relisant ces lignes : c'est un récit à la troisième personne et en même temps, on a l'impression que le propos sort de l'esprit même d'Ignatius lorsqu'il évoque ses théories obsessionnelles sur la théologie et la géométrie par exemple (ou plus loin lorsqu'il parle de son anneau pylorique). Cette fois je ne serais pas tentée (j'ai déjà cédé ) C'est vrai que le début n'est pas le meilleur mais il est déjà écrit dans un style plutôt agréable qui laisse présager du meilleur de tout ce qui suivra dans la suite du livre. Il est cependant un peu trompeur sur les relations qu'entretiennent Ignatius et sa mère. Le début laissait voir une relation plutôt maternelle et encore très puérile alors qu'elle finira en fin de compte par se détériorer très rapidement par la suite. D'accord pour dire que le narrateur semble se substituer au personnage principal. C'est certainement pour cette raison que le livre est si convaincant. | |
| | | Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Sam 16 Oct 2010 - 10:47 | |
| Les extraits de Leacock confirment un peu ce que je supposais. C'est assez agréable à lire sur quelques lignes, son sens de l'absurde est amusant comme ça, mais je pense que sur tout un bouquin, je décrocherais vite s'il n'y a rien d'autre à trouver dans ses histoires. | |
| | | Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Sam 16 Oct 2010 - 10:57 | |
| - colimasson a écrit:
-
Et voilà ! Encore un début qui me plaît ! Je vais finir par croire que tu le fais exprès ! Je vais essayer de trouver moins accrocheur. Hier, la mer luisait comme un miroir et aujourd'hui, elle luit comme un miroir. C'est l'été de la Saint-Martin et il fait chaud dans l'île - Oh! Quelle douceur et quelle chaleur ! - mais il n'y a pas de soleil. Il y a bien des années que je n'ai pas connu une telle paix, vingt ans, trente ans peut-être, peut-être dans une vie antérieure. Pourtant une fois déjà, j'imagine, j'ai bien dû goûter cette paix puisque me voici qui chantonne, ravi, tenant compte de chaque caillou, de chaque brin d'herbe, et eux, à leur tour, semblent tenir compte de moi. Nous sommes de vieilles connaissances. Quand je pénètre dans la forêt, par le sentier où l'herbe repousse, mon coeur tremble d'une joie non terrestre. Je me rappelle un endroit sur la côte orientale de la mer Caspienne où je fus une fois. Là, c'était comme ici, la mer était calme et lourde, gris fer, comme maintenant. Je pénétrai dans la forêt, je fus ému jusqu'aux larmes, j'étais ravi, je disais tout le temps : « Dieu du ciel ! Dire que je devais revenir ici ! » Comme si j'y étais déjà allé ? Mais une fois sans doute, j'ai bien dû y venir, d'une autre époque et d'un autre pays où la forêt et les sentiers étaient les mêmes. Peut-être étais-je une fleur dans cette forêt, peut-être étais-je un coléoptère qui logeait dans un acacia. Et donc, me voici ici. Il se peut que j'aie volé pour faire ce long chemin et que j'aie été un oiseau. Ou bien que j'aie été noyau dans un fruit expédié par un marchand persan... Me voici loin du vacarme et de la presse de la ville, des journaux et des gens, j'ai fui tout cela parce que, de nouveau, on m'appelait de la campagne et de la solitude dont je suis originaire. Je pense, plein d'espoir : Tu verras, tout va bien aller. Hélas! Je me suis déjà enfui de la sorte et je suis retourné à la ville. Et me suis de nouveau enfui. Mais à présent, j'ai pris la ferme résolution d'obtenir la paix à tout prix. Je me suis provisoirement loué une chambre ici ; la vieille Gunhild est mon hôtesse. (...) Knut Hamsun, Sous l'étoile d'automne (1906) ; traduction de Régis Boyer. C'est le premier livre que j'ai lu de Hamsun. Un ton désabusé, un récit de l'errance : sentimentale, existentielle, physique. Je pense qu'on retrouve ces thèmes dans tous ses livres. Il y a de ça dans La faim également, en tout cas. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Sam 16 Oct 2010 - 13:56 | |
| C' est une trilogie dont Sous L' Etoile d' automne est le 1er volet. Suivent Un vagabond joue en sourdine et La Dernière joie. Le personage est Knud Pdersen est, le vrai nom de l' auteur, qui hésite entre deux tentations : l' amour, ce reve d' absolu et la nature. Cette Norvège de lacs, de montagnes et de forets dont Hamsun parle si bien...
A lire cette trilogie ! | |
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