Olivier Adam

Hank a écrit:

Le problème avec Moix, c'est qu'il me semble dénigrer ce qu'il fait lui-meme. Je ne l'ai pas lu (peut-etre aurais-je des surprises en le lisant ?), mais il ne m'a jamais donné l'impression, en faisant la promo de ses bouquins, d'avoir des choses particulièrement mémorables à raconter, et de se distinguer des habituels vendeurs de soupe qui se croisent sur les plateaux télé ; pour tout dire, je le plaçais au meme niveau que Adam... et à des années lumière de Céline qu'il cite en référence dans son texte.

C'est sans doute parce qu'il n'a rien d'autre à dire qu'il balance à tout va.
Ce type m'horripile et c'est clair qu'il n'est pas le mieux placé pour discerter sur cette différence littérature/ littéraire.

...Et je m'arrête car c'est encore lui faire trop d'honneurs que de le citer sur le fil Adam

Olivier Adam fut l'invité de Monique Atlan pour son émission Dans quelle étagère sur France 2.
Profitez-en, cette émission est visible pendant quelques jours : c'est par ici que ça se passe.

sentinelle a écrit:

Olivier Adam fut l'invité de Monique Atlan pour son émission Dans quelle étagère sur France 2.
Profitez-en, cette émission est visible pendant quelques jours : c'est par ici que ça se passe.

Il passe à la fnac de Lille vendredi 30/01 après-midi à 17h30 pour une rencontre avec le public...

sentinelle a écrit:

Olivier Adam fut l'invité de Monique Atlan pour son émission Dans quelle étagère sur France 2.
Profitez-en, cette émission est visible pendant quelques jours : c'est par ici que ça se passe.

Merci Sentinelle...Je vais la visionner!
Dommage qu'il ne vienne pas à Lille le 17 avril quand on y est

FALAISES.

Vingt ans après le suicide de sa mère, Olivier convoque ses fantômes, tous ces êtres morts ou partis sans laisser d'adresse. Il a 31 ans, vit avec Claire et leur fille Chloé.
Il se souvient d'abord de sa mère, cet être tellement fragile, qui après un séjour de six mois en psychiatrie, a préféré quitté volontairement ce monde en se jetant des falaises d'Étretat. Olivier a alors onze ans et c'est une autre vie qui commence, sombre, vide d'amour et de tendresse familiale, marquée par une profonde solitude et un terrible enfermement sur lui-même. Il assiste seul à l'enterrement de sa mère, son père devant conduire son autre fils Antoine à l'hôpital, où il restera six semaines dans le coma. La famille n'est pas là pour les entourer d'affection. Bien au contraire, ils se retrouvent tous les trois, sans parvenir à communiquer et à faire face au deuil. Le père se réfugie dans la violence et les colères noires. Antoine tente l'évasion dans des paradis artificiels : drogue, alcool, sexe. Olivier, plus jeune, se raccroche à son frère comme à une bouée de sauvetage. Mais le groupe d'amis, auquel tous deux font partie, se sépare après le suicide de Nicolas, âgé de seize ans. Olivier a bien une petite copine, Lorette, à laquelle il tente de se raccrocher, mais elle l'abandonne elle aussi, atteinte d'une sévère anorexie mentale, qui la conduira dans une clinique psy où elle finira de se couper du monde. Seul, Olivier se tourne vers Antoine. Sauf que ce dernier, après s'être effacé de plus en plus du monde, part un jour pour ne revenir que très rarement, puis disparaître sans laisser d'adresse. Est-il mort ? Nous ne le saurons pas.
Olivier décide alors de fuir cette ville de mauvais souvenirs et, après un court séjour dans une ville marine, s'installe à Paris. Là il se lie d'amitié avec Léa. Or celle-ci vit dans le souvenir d'une grand-mère déportée à Auschwitz, jusqu'au jour où la vie lui devenant insupportable, elle décide d'y mettre un terme. Par chance, elle lui a présenté Claire, qui deviendra la trouée de lumière dans un monde perdu pour Olivier.

C'est un roman d'êtres abîmés par la vie. L'espoir est très faible. Lorsque la lumière surgit, les ténèbres ne tardent pas à réapparaître. Olivier parviendra-t-il à se reconstruire ? On en doute. Une mort en entraînant une autre, le monde s'efface petit à petit et il est difficile de prendre un nouveau départ, avec tous ces fantômes qui hantent le narrateur nuit et jour. La solitude serait-elle le meilleur refuge ? Les liens entre les êtres sont-ils donc si ténus ? Un roman du désespoir, du deuil difficile, de la nécessité pour un enfant d'avoir des parents aimants pour surmonter les écueils de la vie. La plume rend bien compte de toutes ces difficultés et de ces vies ravagées. On ne peut lâcher le livre tant on espère que le narrateur trouvera enfin un bonheur serein.

Un auteur que j'ai bien aimé, mais dont je n'abuserai pas. Si tous les écrits sont dans la même veine, à consommer avec modération.

Le personnage s'appelle Olivier...comme lui...Est-ce (même partiellement)autobiographique?

coline a écrit:

Le personnage s'appelle Olivier...comme lui...Est-ce (même partiellement)autobiographique?

Il semblerait que ce soit une autobiographie romancée. Voici ce qu'en dit Evene.

Citation :

Olivier Adam nous livre ici son passé. L'enfance, marquée par la mort de la mère, remonte à la surface, l'auteur se la remémore pour y trouver les clefs de sa vie d'adulte. "Toujours la même histoire" direz-vous, certes, mais 'Falaises' possède bien des atouts cachés : son style notamment. Une mélancolie (très) poétique entrecoupée d'une violence (soudaine) débordante. La rage de comprendre, l'envie farouche d'avancer, les regrets amers qu'il faut surmonter... font de ce livre un roman touchant. Sans se faire plaindre, sans s'apitoyer, l'auteur nous déverse ses flots de souffrances et de moments tragiques. Depuis 'Passé l'hiver' que nous avions déjà beaucoup aimé, Olivier Adam n'a pas perdu sa finesse et il nous prouve ici qu'il maîtrise l'art du roman aussi bien qu'il maîtrise l'art de la nouvelle. Un auteur à suivre.

L'écriture est dense et pointue. Tout n'a pu être inventé.

Merci pour ton beau commentaire Eve-Lyne.
Son roman le plus fort surement et aussi le plus important pour lui (d'après ce qu'il m'en avait dit )
Je crois donc bien qu'il a mis beaucoup de lui dans cette histoire car cette fascination pour les abîmés de la vie, comme tu le dis si justement, vient surement d'un traumatisme ancien.

Eve Lyne a écrit:

Un auteur que j'ai bien aimé, mais dont je n'abuserai pas. Si tous les écrits sont dans la même veine, à consommer avec modération.

Là je te rejoins.
C'est une des raisons pour lesquelles je n'ai toujours pas lu son dernier qui pourtant est très beau d'après Kenavo.
A l'abri de rien m'avait tellement bouleversée qu'il faut être prêt pour ce genre de plongée...

aériale a écrit:

Merci pour ton beau commentaire Eve-Lyne.
Son roman le plus fort surement et aussi le plus important pour lui (d'après ce qu'il m'en avait dit )

Eve Lyne a écrit:

Un auteur que j'ai bien aimé, mais dont je n'abuserai pas. Si tous les écrits sont dans la même veine, à consommer avec modération.

Là je te rejoins.
C'est une des raisons pour lesquelles je n'ai toujours pas lu son dernier qui pourtant est très beau d'après Kenavo.

Le vécu se sent dans ce roman Falaises. On ne peut pas décrire les sentiments et sensations aussi fortement sans les avoir côtoyés à défaut de les avoir vécus soi-même. La description de la plongée de Lorette dans l'anorexie m'a bluffée.

Une écriture accrocheuse. En lire un de temps en temps c'est une bonne optique. Deux à la suite, c'est trop déprimant. Il ne fait pas qu'aborder, il explore à fond et on en sort bouleversé(e)s.

Eve Lyne a écrit:

coline a écrit:

Le personnage s'appelle Olivier...comme lui...Est-ce (même partiellement)autobiographique?

Il semblerait que ce soit une autobiographie romancée. Voici ce qu'en dit Evene.

Citation :

Olivier Adam nous livre ici son passé. L'enfance, marquée par la mort de la mère, remonte à la surface, l'auteur se la remémore pour y trouver les clefs de sa vie d'adulte. "Toujours la même histoire" direz-vous, certes, mais 'Falaises' possède bien des atouts cachés : son style notamment. Une mélancolie (très) poétique entrecoupée d'une violence (soudaine) débordante. La rage de comprendre, l'envie farouche d'avancer, les regrets amers qu'il faut surmonter... font de ce livre un roman touchant. Sans se faire plaindre, sans s'apitoyer, l'auteur nous déverse ses flots de souffrances et de moments tragiques. Depuis 'Passé l'hiver' que nous avions déjà beaucoup aimé, Olivier Adam n'a pas perdu sa finesse et il nous prouve ici qu'il maîtrise l'art du roman aussi bien qu'il maîtrise l'art de la nouvelle. Un auteur à suivre.

Merci de ces précisions Eve Lyne!...
Et si en plus Aériale tient de l'auteur lui-même le fait que c'est pour lui le plus important!...
J'apprends des choses sur Olivier Adam aujourd'hui...

DES VENTS CONTRAIRES.

Olivier Adam nous raconte la vie d’un père –Paul- et de ses deux enfants –Manon et Clément- dont l’épouse et mère –Sarah- a disparu. De nombreuses questions hantent Paul : est-elle partie pour un autre homme ? a-t-elle eu un accident ? a-t-elle été enlevée ? est-elle morte ? L’enquête policière n’a rien donné. Sarah est partie sans laisser de traces. Nous ne saurons ce qu’elle est devenue qu’à la fin du roman, sinon il n’y aurait plus matière à écriture. Olivier Adam nous raconte l’histoire de ces trois êtres perdus et brisés à partir du moment où il quitte leur maison pour aller vivre en bord de mer.

Citation :

Il nous fallait fuir, je ne voyais plus d’autre issue, j’avais mis la maison en vente et nous étions là, c’était ici que nous allions tenter de vivre, dans cette ville au bord de la mer, j’y avais passé mon enfance et sans même avoir pris la peine d’y réfléchir, c’était à elle que je nous confiais désormais.

La maison était comme un lieu neuf et sans mémoire. Elle ressemblait à ce que j’aurais voulu faire de mon cerveau : des murs blancs, des sols et des plafonds clairs, des fenêtres où entrait une lumière de verre.

Il nous narre le manque que rien ni personne d’autre ne peut combler, l’attirance de Paul pour des êtres eux aussi en perdition et/ou en souffrance. Les deux enfants sont profondément perturbés : Clément, neuf ans, peine à dormir, vit replié sur lui-même, ne communique pratiquement plus. Manon a remplacé son hyperactivité d’avant par une angoisse excessive. Quant à Paul, il trouve trop souvent refuge dans la boisson, a du mal à reprendre une activité professionnelle, est déboussolé et doute de ses qualités de père.

Les avis divergent quant aux raisons de cette disparition.

Citation :

Tout le monde semblait considérer son départ comme une évidence, un acte inéluctable et prévisible. Son boulot, mon caractère impossible et les quantités d’alcool que je m’envoyais, mes coups de sang et ma capacité invraisemblable à m’engueuler avec la moitié du monde et à me faire détester du reste, tout paraissait y concourir. Une seule question demeurait en suspens : Pourquoi n’avait-elle pas embarqué les enfants et combien de temps mettrait-elle avant de revenir les chercher ?

Elle ne reviendrait pas parce qu’elle n’était pas partie. C’était impossible. Elle ne pouvait pas nous avoir quittés, ni les enfants ni moi. Je le savais mieux que quiconque.

Ce roman est plus abouti que ses précédents. Le style est plus fluide, moins sombre. O. Adam offre une galerie de portraits mêlée à un lieu accidenté et froid, Saint-Malo l’hiver. Le paysage est en harmonie avec les ressentis. Un coup de maître !

On entre d’autant plus dans le roman que dans le premier chapitre l’auteur nous décrit la scène figurant en première couverture : les deux enfants dorment à terre, sur une couverture, dans leur ancienne maison.

Les vents contraires

Eve-Lyne a écrit:

Ce roman est plus abouti que ses précédents. Le style est plus fluide, moins sombre. O. Adam offre une galerie de portraits mêlée à un lieu accidenté et froid, Saint-Malo l’hiver. Le paysage est en harmonie avec les ressentis. Un coup de maître !

On entre d’autant plus dans le roman que dans le premier chapitre l’auteur nous décrit la scène figurant en première couverture : les deux enfants dorment à terre, sur une couverture, dans leur ancienne maison.

Vrai tout ça Eve lyne!
J'y suis rentrée encore davantage avec ces paroles d'une chanson de Stephen Eicher mise en exergue. (Tu ne me dois rien)

Et pourtant je redoutais un peu de le lire. J'adore Olivier Adam mais je sais que ses écrits sont des coups de poing, que ce n'est pas une expérience anodine. Il a cette façon très particulière de parler au plus près, d'allier le dur et le tendre, mais c'est surtout parce qu'il parle vrai. Ses personnages nous renvoient des émotions brutales, confuses et on se retrouve plongé avec eux dans cette réalité.

Ici sa femme est partie, envolée on ne sait où. Paul est face au vide et pour lui pas de choix. Il lui faut assurer pour les enfants. Alors il va prendre sur lui, encaisser sans pouvoir crier, juste tenir, mais jusqu'où?

Tout le texte est dans cette urgence, cette sensation de vide et de plein. Cet amour très fort envers ses enfants, et qui lui donne la solidité d'un roc. Et le reste, la vie qu'il faut continuer, les autres qui ne comprennent pas, ou ceux qui s'épanchent, des blessés de la vie qu'il doit épauler aussi et qui luttent avec l'administration (qu'il n'a pas l'air de porter dans son coeur ) On les sent tous en équilibre, prêts à s'effondrer.

C'est toute cette capacité de décrire l'instant qui me plait tant chez lui. Cette façon de dire avec peu de mots ce qui bouillonne à l'intérieur. On est au plus juste, sur le fil du rasoir. Mais c'est là que jaillissent les plus belles lumières.

Citation :

Le chemin glissait le long de la falaise par les rochers on gagnait le sable et les voiliers à fond de cale.J'en ai choisi un blanc et bleu. Mes pieds s'enfonçaient dans la vase et dans certains creux, l'eau m'arrivait aux mollets. Je me suis hissé sur le pont, la cabine était ouverte et minuscule,j'ai sorti ma bouteille de la poche de mon manteau et je l'ai vidée allongé sur la banquette. Des hublots étroitsj'apercevais le désert de sable et l'embouchure du havre. La pluie avait cessé et la lumière jaune mangeait le ciel noir en surplomb des eaux vert-de-gris.J'ai fermé les yeux sans dormir etj'ai attendu. Que la marée me prenne et m'emporte. De temps à autrej'y jetais un oeil, je la voyais progresser. Bientôtj'ai senti le bateau s'élever. Il voguait immobile et cerné de toutes parts, un vent calme faisait tinter les filins d'acier le long du mât. Douces comme la soie, les vagues faisaient mine de m'emporter. Dans quatre ou cinq heures elles me déposeraient sur le sable etj'aurais le sentiment d'une traversé

Moi j'ai été traversée par son humanité. Merci à lui.

aériale a écrit:

Les vents contraires

Moi j'ai été traversée par son humanité. Merci à lui.

Alors il sera parfait pour cet été en vacances.

C'est noté alors, il fera partie de la prochaine fournée, vous donnez vraiment envie de le lire

Je viens de terminer le premier roman de Olivier Adam, je vais ne t'en fais pas. Je ne savais pas que c'était son prmier roman, le titre m'a plus et je l'ai acheté. J'ai vu le fil que ce n'était pas le seul. Tant mieux! Après cette entrée en matière pour signifier mon ignorance sur l'auteur, je me lance pour donner un avis : merci Kenavo, sans tes encouragements, je pense que j'aurai fui .
Comme il y a peu de choses que je n'ai pas aimées, je commence par le négatif : le langage très cru par moment, certes c'est pour rendre réel ce qui doit l'être, mais personnellement la vulgarité ne fait pas partie de ce que j'affectionne le plus en lecture. Une plus grande subtilité peut amener le lecteur à avoir le même avis sur les personnes désignées.
Les clients de magasin insultent, c'est vrai, et considèrent l'employée de magasin comme une moins que rien, c'est vrai aussi. Mais, nul besoin d'ajouter une couche à cet état de fait. Ecrit, ça parait presque normal que des personnes se permettent ce genre de choses. Lire Les tribulations d'une caissière de Anna SAM, permet de prendre la mesure de cette réalité. Mais Anna SAM le fait pour faire prendre conscience, et je ne suis pas persuadée de l'intention de Olivier Adam, il y a un loupé là!

Coté positif, le style est limpide, facile et emporte le lecteur dans le quotidien de leurs vies et de leurs ressentis. Mais, l'aspect le mieux mis en avant c'est la solitude. Pourtant, Claire ne semble jamais être seule, elle est avec sa famille, quelques connaissances, invitée, mais une solitude règne. La peinture de son état intérieur semble devenir une feuille d'argent. C'est précieux et nécessaire mais en même temps cache mal la dureté de la vie, des sentiments et du poids qu'elle porte.
Les personnages sont attachants mais pas très originaux, ce qui en fait une force, la simplicité des gens ordinaires peints dans une situation pénible mais elle aussi ordinaire. La vie dans toute sa théâtralité, avec une humilité qui respire l'être humain.