Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Olivier Adam

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coline
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptySam 24 Nov 2007 - 22:39

sentinelle a écrit:
Il me semble bien dommage de se contenter d'une adaptation télévisuelle ou cinéma pour se faire une idée d'un auteur.
Le livre m'a bien plus interpellée que le film, les personnages ont plus de nuances et de profondeurs dans le roman.
Lisez le que diable, et faites votre opinion ensuite (en espérant que vous sachiez faire table rase de vos préjugés acquis lors de la vision du film/téléfilm).

Comme je suis un peu crevée pour m'exprimer ce soir (j'étais en répé jusqu'à maintenant), je me contenterai de dire que je suis en accord total avec ce post de Sentinelle.
Je me suis assez exprimée sur ce livre et sur ce téléfilm. Je les défendsn chacun à leur niveau.
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Mirandoline
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyLun 26 Nov 2007 - 14:41

jypeurien Même si je pense qu'Isabelle Carré n'est jamais décevante, je ne regrette pas d'avoir raté l'adaptation!
J'arriverai donc "vierge" devant le livre! (je l'ai réservé à la Médiathèque, il me tarde! miammiam )
Bon, comme je ne l'ai pas vu ce téléfilm, je ne peux donc pas entrer dans le débat évidemment... innocent

(❤ ps: Coline j'adooooore ton dernier avatar!!)
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyVen 30 Nov 2007 - 19:35

D'Olivier Adam, j'ai lu "On ira voir la mer" il y a quelques mois. J'ai trouvé ça pas mal mais sans plus. Ceci dit, j'ai entendu dire le plus grand bien de "Falaises" et maintenant de "A l'abri de rien". Alors, je me laisserai sûrement tenter par un de ces deux titres un de ces jours.
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyDim 2 Déc 2007 - 21:35

"Passer l'hiver"

Ils sont bien esquintés les personnages que met en scène Olivier Adam dans ce recueil de neuf nouvelles. Fatigués, cabossés par la vie. Chaque journée qui commence est un combat contre la poisse, un combat qui les laisse un peu plus seuls, un peu plus usés par les injures de l'existence.

Neuf nouvelles, neuf portraits d'hommes et de femmes d'aujourd' hui, neuf solitudes qui tentent tant bien que mal de passer l'hiver.
Ces neuf textes ont effectivement l' hiver en toile de fond, l'hiver saison du dépouillement, saison difficile et cruelle à ceux qui n'auront pas la force de voir venir le printemps.
Mais c'est surtout l'hiver métaphorique qui s'installe en chacun de nous que nous décrit ici Olivier Adam, cet hiver intérieur qui nous étreint après la mort d'un proche, la perte d'un emploi, d'un amour, ou tout simplement de nos illusions piétinées par le sort.
Olivier Adam nous fait partager quelques heures ou quelques jours de ces vies brisées ou en passe de le devenir. Il nous raconte ces hommes et ces femmes aux prises avec l'adversité du quotidien, avec ces douleurs muettes qui se cachent derrière les fenêtres des cités pavillonnaires éclairées par les écrans de télévision, avec ces chagrins refoulés sous les néons de ces zones commerciales dont on ne sait plus où elles commencent et où elles prennent fin, avec ces envies de tout foutre en l'air qui survient lors de ces nuits interminables passées à contempler derrière une vitre les lumières de ces villes glacées.

« [...] et c'est la nationale et les enseignes alignées, les feux, les voitures, les restaurants, les cubes en tôle, Saint-Maclou, But, La Halle aux chaussures, les zones commerciales, les zones d'activité, les zones industrielles, plus haut l'hopital et la gare RER, plus bas la maison de quartier, l'ANPE et les alignements de pavillons, les jardins, les terrains vagues. C'est là que je vis. »

Ils sont tous là, ceux qui ne passent pas l'hiver à Megève ou aux Caraïbes. Ils sont chauffeurs de taxi, employés de supermarché, vendeuses dans une station-service, infirmières, professeurs des écoles, taulards récemment libérés, ouvriers, employées de bureau...
Tous essaient à leur façon de passer l'hiver, soit en rentrant les épaules et en attendant que cela se passe, soit en décidant de tout envoyer paître et d'abandonner un quotidien devenu insupportable.

Ils sont comme ça les personnages que nous dépeint Olivier Adam dans ces neuf nouvelles qui sont autant de facettes de nos vies dérisoires, neuf tableaux qui décrivent avec une froide lucidité la France d'en bas, celle qui se lève tôt et qui souvent ne se couche même pas tant elle ressasse les crachats et les affronts de l'existence.
Pour eux, pour nous, l'hiver est toujours là, dans ces nuits d'insomnie, dans ces moments où tout ce qui nous entoure semble se réduire en cendres parce que quelqu'un nous a quitté, parce qu'un être cher meurt d'un cancer sous nos yeux, parce qu'il faut chaque jour se faire humilier par un petit chef pour ne pas se retrouver dans la rue, parce que la vie, finalement, se présente parfois comme notre pire ennemie.

Avec « Passer l'hiver », Olivier Adam s'est vu décerner le Prix Goncourt de la Nouvelle en 2004. Les neuf textes qui composent ce recueil n'incitent certes pas à la gaudriole mais sont, par certains aspects, le reflet sans fard de la réalité sociale de notre pays.
Une réalité crue, dure, et qui fait mal.
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyDim 2 Déc 2007 - 22:25

Le Bibliomane a écrit:
"Passer l'hiver"

Ils sont bien esquintés les personnages que met en scène Olivier Adam dans ce recueil de neuf nouvelles. Fatigués, cabossés par la vie. Chaque journée qui commence est un combat contre la poisse, un combat qui les laisse un peu plus seuls, un peu plus usés par les injures de l'existence.

Neuf nouvelles, neuf portraits d'hommes et de femmes d'aujourd' hui, neuf solitudes qui tentent tant bien que mal de passer l'hiver.
Ces neuf textes ont effectivement l' hiver en toile de fond, l'hiver saison du dépouillement, saison difficile et cruelle à ceux qui n'auront pas la force de voir venir le printemps.
Mais c'est surtout l'hiver métaphorique qui s'installe en chacun de nous que nous décrit ici Olivier Adam, cet hiver intérieur qui nous étreint après la mort d'un proche, la perte d'un emploi, d'un amour, ou tout simplement de nos illusions piétinées par le sort.

Un univers bien noir que celui d'Olivier Adam...Il m'intéresse...
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyDim 2 Déc 2007 - 22:52

Au contraire de Coline (et c'est un peu ce qui nous sépare dans nos choix de lecture Wink ) ce n'est pas du tout mon univers. Mais ce type a vraiment quelque chose de spécial, une façon de parler à vif qui fait qu'il me touche beaucoup. Je suis donc très tentée par ton commentaire Biblio, merci...Basketball
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyVen 7 Déc 2007 - 21:33

Quelqu'un a-t-il regardé l'émission Le bateau Livre du jeudi 6 décembre sur France 5 ?
Olivier Adam faisait partie des invités.
Je trouvais que l'actrice Elsa Zylberstein parlait très bien de ses romans (c'est une fan vraie de vraie, savez-vu le regard qu'elle portait sur l'auteur aime).
Pour rappel, l'émission est visible pendant une semaine sur ce lien.
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptySam 8 Déc 2007 - 0:37

sentinelle a écrit:
Quelqu'un a-t-il regardé l'émission Le bateau Livre du jeudi 6 décembre sur France 5 ?
Olivier Adam faisait partie des invités.
Je trouvais que l'actrice Elsa Zylberstein parlait très bien de ses romans (c'est une fan vraie de vraie, savez-vu le regard qu'elle portait sur l'auteur aime).
Pour rappel, l'émission est visible pendant une semaine sur ce lien.

Merci pour ce lien Sentinelle, je vais pouvoir me rattraper...Wink
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptySam 8 Déc 2007 - 1:19

super sentinelle, je regarde en cemoment même.
Zylberstein qui aime adam, c'est fabuleux... mais bon, depuis le début de l'émission j'ai envie de tout lire moi....

Youpi !! ils parlent du roman de mathias malzieu, la mécanique du coeur, le chanteur de dionysos (j'ai l'album : trop trop bien)
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptySam 8 Déc 2007 - 5:54

Queenie a écrit:
super sentinelle, je regarde en ce moment même.
Zylberstein qui aime adam, c'est fabuleux... mais bon, depuis le début de l'émission j'ai envie de tout lire moi....
Moi aussi Shocked
C'est terrible ces émissions, trop difficile de résister aux livres qu'ils présentent miammiam
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptySam 8 Déc 2007 - 19:20

"A l'abri de rien"

« Pas besoin de préciser. Nous sommes si nombreux à vivre là. Des millions. De toute façon ça n'a pas d'importance, tous ces endroits se ressemblent, ils en finissent par se confondre. D'un bout à l'autre du pays, éparpillés ils se rejoignent, tissent une toile, un réseau, une strate, un monde parallèle et ignoré. Millions de maisons identiques aux murs crépis de pâle, de beige, de rose, millions de volets peints s'écaillant, de portes de garage mal ajustées, de jardinets cachés derrière, balançoires barbecues pensées géraniums, millions de téléviseurs allumés dans des salons Conforama. Millions d'hommes et de femmes, invisibles et noyés, d'existences imperceptibles et fondues. La vie banale des lotissements modernes. A en faire oublier ce qui les entoure, ce qu'ils encerclent. Indifférents, confinés, retranchés, autonomes. Rien : des voitures rangées, des façades collées les unes aux autres et les gosses qui jouent dans la lumière malade. Le labyrinthe des rues aux noms d'arbres absents. Les lampadaires et leurs boules blanches dans la nuit, le bitume et les plate-bandes. La ville inutile, lointaine, et le silence en plein jour. »

C'est ici, près de Calais, que vit Marie avec Stéphane son mari, et ses deux enfants, Lise et Lucas.

Depuis qu'elle a été licenciée, elle reste toute la journée dans ce pavillon encastré au milieu d'un de ces innombrables lotissements sans âme qui poussent comme des verrues et qui s'étalent comme des chancres dans le paysage. Marie se sent inutile. Entre les tâches domestiques et les allers-retours pour déposer et rechercher ses enfants à l'école, elle a l'impression de devenir transparente, d'être un fantôme, une silhouette sans relief qui accomplit chaque jour les mêmes gestes et prononce les mêmes paroles.
Marie voit peu à peu ses rêves de jeunesse s'étioler, ses fous rires et ses espoirs d'adolescente disparaître inexorablement entre les courses à Auchan, la planche à repasser et le ronronnement stupide de la télévision.Quelque chose s'est brisé et Marie en a assez, elle n'en peut plus de cette existence artificielle, de ces gesticulations quotidiennes inutiles et incohérentes qui rendent l'existence pire que la mort elle-même.

C'est par hasard que son chemin va croiser celui d'êtres qui, plus encore qu'elle, vivent comme des fantômes.
Eux, ce sont les « Kosovars » comme on les appelle par ici, ces réfugiés de partout et d'ailleurs venus s'échouer sur ces côtes du Pas-de-Calais dans l'hypothétique espoir d'atteindre un jour l'Angleterre.

Ils ont parcouru des milliers de kilomètres, seuls ou en groupes, ils ont bravé de multiples dangers, ils ont dépensé tout ce qu'ils avaient pour finalement se retrouver bloqués ici, face à la mer grise, condamnés à errer dans le froid et la nuit, devenus des sans-abris parce qu'une crapule devenue ministre de l'intérieur a un jour décidé de fermer le centre de Sangatte.

Depuis, ils vivent comme des ombres, avec la peur pour seule compagne, peur des policiers, de leurs insultes, de leurs chiens et de leurs matraques, peur d'être expulsés et renvoyés vers leurs pays d'origine qu'ils n'ont pas fui par simple envie de faire du tourisme.

Alors ils rôdent, de jour comme de nuit, comme des spectres, sous la pluie, dans le froid, à l'abri de rien.

Face à la détresse de ces hommes Marie va s'investir à fond et intégrer un réseau d'aide aux réfugiés afin de leur apporter un peu de nourriture, de chaleur et de compréhension. Elle va donner tout ce qu'elle a : temps, argent, nourriture, vêtements, afin de venir en aide à ces parias que l'on traite de pire manière que les animaux. Dans cette activité, Marie qui se sentait si peu exister auparavant, va finalement trouver dans les regards de reconnaissance de ces hommes la preuve de sa non-irréalité.

Chargée d'une mission envers les autres, envers ceux qui, bien plus qu'elle, ont perdu toute reconnaissance de la société, Marie va enfin pouvoir retrouver une épaisseur, une image d'elle-même qu'elle croyait à jamais disparue.

Mais, à trop s'investir pour les autres, Marie en vient à négliger de plus en plus sa propre famille et très vite l'incompréhension, le doute et la douleur vont s'installer dans le cercle familial. Quant à l'entourage, les voisins, les camarades de classe des enfants, ce seront l'hostilité, les insultes et le mépris qui vont s'exprimer et se déchainer à l'encontre de Marie.

Mais rien ni personne ne fera céder la jeune femme qui ira jusqu'au bout de sa mission, quitte à endurer les crachats, à risquer sa vie et à frôler la folie.

« À l'abri de rien », le dernier roman d'Olivier Adam, dresse le portrait d'une femme qui s'engage dans un combat désespéré contre l'indifférence et l'arbitraire de notre société contemporaine. Dans cette lutte inégale contre les préjugés, le racisme et l'intolérance, cette jeune femme si ordinaire, va engager toutes ses forces et dépenser toute son énergie pour une cause qui lui aurait valu autrefois un statut proche de la sainteté mais qui, dans notre société actuelle pétrie d'égoîsme, lui vaudront d'être considérée comme une demie-folle, une marginale et une irresponsable.

Car à l'instar de ces personnages du passé qui abandonnaient toutes leurs possessions pour venir en aide à leurs prochains, Marie va se lancer à corps perdu dans un combat contre les forces de l'exclusion et de l'intolérance. Ce combat, dans un monde où règne le cynisme et le mépris de l'autre ne peut bien évidemment qu'être perdu d'avance devant les murailles d 'incompréhension et d'égoïsme dressées par l'accumulation de mesures politiques rigoristes destinées à encourager les sentiments les plus bas et les plus méprisables d'une société toute entière vouée à la stigmatisation et au rejet des plus faibles.

C'est un aspect de ce combat que nous décrit Olivier Adam dans ce roman plein d'ombres et de lumières, ce récit âpre et douloureux où s'expriment toutes les contradictions et toutes les carences d'une société basée sur la prédominance de la notion de l'Avoir sur celle de l'Être. Un très grand roman.
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyDim 9 Déc 2007 - 19:52

L'émission repasse toujours le dimanche qui suit la diffusion du jeudi, à 8h 45. Je l'ai donc vue ce matin.
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyMar 11 Déc 2007 - 19:37

J'ai enfin lu ce petit bijou grâce à Coline et je n'en suis pas déçu. Merci Coline.

Je ne pensais pas que le quotidien des réfugiés était si dur... j'en avais qu'une vague idée...
Ce livre m'a beaucoup touché, et m'a fait réfléchir et prendre conscience de beaucoup de choses...

Merci donc à Coline de m'avoir fait découvrir ce roman. Et merci bien entendu à Monsieur Olivier Adam, d'avoir écrit ce chef d'oeuvre et pour m'avoir permis de prendre conscience que la vie était parfois injuste et que je pouvais, à mon échelle, essayer de l'améliorer.
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyDim 16 Déc 2007 - 17:29

"A l'abri de rien"


C'est l'histoire de Marie, mère de famille, mère au foyer depuis la perte de son emploi, perdue au milieu de la vie et des autres. Un jour, en attendant la fin du cours de tennis de son fils, elle est témoin d'une scène cruelle pendant qu'elle se promène sur la plage: des policiers évacuent manu militari des réfugiés, hagards et perdus.
Marie voit sa vie s'écouler, terne, immobile, sans goût et sans saveur, entre sa maison, le lotissement, les tâches ménagères, la sortie de l'école, les enfants, les courses, le temps qui passe et qui ne revient pas.
Une fêlure fait de Marie la jeune femme perdue dans la vie qui vaque, sans rien voir, pour avoir l'impression d'exister. Pourquoi cette vie sordide, monotone, maussade, sans saveur depuis la disparition de sa soeur, Clara? Pourquoi son père ne disait-il jamais rien? Pourquoi ne sait-elle, en fait, rien de lui, de l'homme qu'il était vraiment?
Un jour, Marie pousse la porte du centre d'aide aux réfugiés: elle y rencontre des bénévoles et surtout Isabelle. A partir de là, Marie a l'impression que sa vie peut avoir un sens en aidant Isabelle à apporter soutien, réconfort, chaleur et nourriture aux réfugiés, abandonnés aux affres de la faim, de la peur et de la rue depuis la fermeture du Centre de Sangatte, depuis qu'une décision d'un ministre de l'intérieur "au sourire de reptile" a condamné ces hommes et ces femmes à errer dans le froid des rues. Marie trouve chaleur, humanité, attention et sentiment d'utilité auprès des bénévoles et des réfugiés, "les Kosovars", elle qui n'a pas grand-chose est nantie à côté du néant de ceux qui ne sont à l'abri de rien, ceux qui attendent un passage hypothétique vers l'Angleterre pour y rejoindre de la famille ou tenter de démarrer une autre vie. Ces ombres qui déambulent dans le noir, emmitouflées dans des superpositions de pulls et d'anoraks, superpositions qui n'ôtent pas le froid, la nuit de leur vie. On les appelle "les Kosovars", mais ils sont des silhouettes furtives dans l'ombre nocturne de la ville, du port, des silhouettes qui disent combien est fragile la vie et la quiétude, combien la frontière peut être mince entre ceux qui sont à l'abri, pour le moment, et ceux qui ne sont à l'abri de rien. Alors quand on possède un petit bout de quelque chose, même fragile, on aime détester "les Kosovars" que l'on ne doit surtout pas regarder (le sordide est peut-être contagieux!) et on aime aussi haïr ceux qui aident "les Kosovars", reflets inversés de l'inhumanité de ceux qui sont à l'abri.
Marie en vient à oublier les siens et à s'oublier elle-même et à se mettre en danger. Personne n'est à l'abri de quoi que ce soit: Clara n'a-t-elle pas basculé dans le néant? La vie des parents de Marie amputée d'un enfant, le temps d'un tonneau dans une voiture? Marie perdu son travail du jour au lendemain?
Marie ne faillira pas à sa mission: aider jusqu'au bout de ses forces les réfugiés abandonnés de tous, malgré les injures, les reproches de ses enfants, les regards malveillants des voisins, les mesquineries des camarades de classe de Lucas et Lise. Elle ira jusqu'au bout, au risque de détruire son couple, sa famille, son toit. Elle lutte contre les arcanes administratives, le mépris des autres même si elle sait, au fond d'elle, que tout est perdu d'avance puisque les décrets d'un ministre de l'intérieur "au sourire de reptile" laissent dans la misère la plus profonde des êtres humains qui bientôt ne seront que des ombres.
Olivier Adam livre un roman où les personnages peuvent être autant lumineux que sombres, où la main tendue voisine avec la matraque, où l'humanité côtoie la cruauté et l'indifférence. Il raconte le courage des petites gens pour leur survie mais aussi pour le respect qu'elles ont d'elles-mêmes, il raconte l'horreur d'une situation inacceptable, il raconte le combat de David contre Goliath...et le lecteur espére que l'issue sera identique.
Olivier Adam inscrit son écriture dans la vie, la vraie vie: il observe, comprend, saisit tout ce qui compose le quotidien des gens que l'on croise chaque jour. De sa plume acérée et tendre à la fois, il fait vivre à son lecteur la joie de donner comme la honte d'ignorer et d'accepter l'injustifiable.
Un livre coup de poing pour réveiller les consciences endormies.
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 EmptyDim 16 Déc 2007 - 17:30

Merci aériale pour cette histoire poignante empreinte d'humanité, d'humanisme et de souffrances. cat
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MessageSujet: Re: Olivier Adam   olivier adam - Olivier Adam - Page 5 Empty

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