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| Fernando Pessoa | |
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Auteur | Message |
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jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 11:26 | |
| Je reprends du Pessoa. Il paraît qu'il appréciait Shakespeare. Je vous livre cette page d'Alvaro de Campos : - Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux, 2006 (1987), Poésie/Gallimard, p. 246. a écrit:
- Si une chose a été, pourquoi n'est-elle plus?
Être, n'est-ce donc pas être?
Les fleurs des champs de mon enfance, ne les aurai-je donc pas éternellement, dans une autre façon d'être? Vais-je perdre à jamais les affections que j'eus, et jus- qu'aux affections que j'ai cru avoir? Est-il quelqu'un qui détienne la clé de la porte de l'être - lequel n'a pas de porte, et qui puisse m'ouvrir avec des arguments l'intelligence du monde? | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 19:03 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
- Je reprends du Pessoa. Il paraît qu'il appréciait Shakespeare. Je vous livre cette page d'Alvaro de Campos :
- Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux, 2006 (1987), Poésie/Gallimard, p. 246. a écrit:
- Si une chose a été, pourquoi n'est-elle plus?
Être, n'est-ce donc pas être?
Les fleurs des champs de mon enfance, ne les aurai-je donc pas éternellement, dans une autre façon d'être? Vais-je perdre à jamais les affections que j'eus, et jus- qu'aux affections que j'ai cru avoir? Est-il quelqu'un qui détienne la clé de la porte de l'être - lequel n'a pas de porte, et qui puisse m'ouvrir avec des arguments l'intelligence du monde? Joli Jack-Hubert! Je savais que tu allais finir par trouver un poème sans en avoir l'air! Merci pour ce belle promenade à travers ta vision poétique des auteurs qui te touchent. | |
| | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 20:34 | |
| - Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux, 2006 (1987), Poésie/Gallimard, p. 246. a écrit:
- Si une chose a été, pourquoi n'est-elle plus?
Être, n'est-ce donc pas être?
Les fleurs des champs de mon enfance, ne les aurai-je donc pas éternellement, dans une autre façon d'être? Vais-je perdre à jamais les affections que j'eus, et jus- qu'aux affections que j'ai cru avoir? Est-il quelqu'un qui détienne la clé de la porte de l'être - lequel n'a pas de porte, et qui puisse m'ouvrir avec des arguments l'intelligence du monde? Qu'est-ce que c'est beau ça !! | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mar 2 Juil 2013 - 10:25 | |
| Extrait des Fragments d'un voyage immobile : - Fernando Pessoa, Fragments d'un voyage immobile, 2005, Rivages Poche, p. 95-96. a écrit:
- 183
En tant que poète, je sens; en tant que poète dramatique, je sens en me détachant de moi-même; en tant que dramaturge (sans poète), je convertis automatiquement ce que je sens en une expression étrangère à ce que j'ai ressenti, en construisant dans l'émotion une personne inexistante qui la ressentirait vraiment et qui, ainsi, éprouverait, dérivées de moi, d'autres émotions que moi - celui qui n'est que moi - j'ai oublié de sentir. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mar 2 Juil 2013 - 13:04 | |
| Nous pouvons saisir ici un des paradoxes de la démarche de Pessoa : - Fernando Pessoa, Fragments d'un voyage immobile, 2005, Rivages/Poche, p. 94. a écrit:
- 175
Je suis profondément convaincu de l'inutilité absolue de tout effort et de la dérisoire incongruité de l'acte fondamental d'écrire. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mar 2 Juil 2013 - 13:52 | |
| Spontanément à la lecture du premier fragment, j'ai pensé à La lettre du voyant de Rimbaud, il faudrait que je penche plus sérieusement sur le cas Pessoa pour avoir un avis plus éclairé. En quoi vois-tu un paradoxe dans la démarche de Pessoa? | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 3 Juil 2013 - 10:37 | |
| Esperluette, nous pouvons poser la question de l'incongruité entre :
La notion radicale de l'effort et son inutilité
versus
l'acte d'écrire, effort suprême ou non.
Surtout quand nous connaissons la plume de Pessoa. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 3 Juil 2013 - 12:43 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
- Esperluette, nous pouvons poser la question de l'incongruité entre :
La notion radicale de l'effort et son inutilité
versus
l'acte d'écrire, effort suprême ou non.
Surtout quand nous connaissons la plume de Pessoa. Je croyais que tu faisais un parallèle entre les deux poèmes. Mais Pessoa, ne veut-il pas suggérer que les poèmes s'écrivent en lui, qu'ils les portent en quelque sorte? Maintenant, le poète connaît des moments d'illumination et d'autres moins fastes. Comme tu le soulignais dans un poste sur Char, le poète peut perdre sa part de spontanéité en retravaillant et gagner en densité ou lourdeur (au choix) en réécrivant. L'acte d'écrire demande un minimum d'effort, cela va de soi. Et cette notion de paradoxe te gêne-t-elle? | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 3 Juil 2013 - 12:56 | |
| - Esperluette a écrit:
- Mais Pessoa, ne veut-il pas suggérer que les poèmes s'écrivent en lui, qu'ils les portent en quelque sorte?
Maintenant, le poète connaît des moments d'illumination et d'autres moins fastes.
Comme tu le soulignais dans un poste sur Char, le poète peut perdre sa part de spontanéité en retravaillant et gagner en densité ou lourdeur (au choix) en réécrivant. L'acte d'écrire demande un minimum d'effort, cela va de soi.
Et cette notion de paradoxe te gêne-t-elle?
Je me nourris du paradoxe et il me nourrit. En fait, pour Pessoa, je voulais surtout mettre de l'avant la thèse selon laquelle il est un écrivain de l'esthétique des écrivains négatifs. Mais dans la loi du moindre effort, l'écriture vient-elle seule pour autant? Ça, c'est ma réponse à ta question, Esperluette. Et oui, une autre question vient d'être posée. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 3 Juil 2013 - 13:10 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
- Esperluette a écrit:
- Mais Pessoa, ne veut-il pas suggérer que les poèmes s'écrivent en lui, qu'ils les portent en quelque sorte?
Maintenant, le poète connaît des moments d'illumination et d'autres moins fastes.
Comme tu le soulignais dans un poste sur Char, le poète peut perdre sa part de spontanéité en retravaillant et gagner en densité ou lourdeur (au choix) en réécrivant. L'acte d'écrire demande un minimum d'effort, cela va de soi.
Et cette notion de paradoxe te gêne-t-elle?
Je me nourris du paradoxe et il me nourrit.
En fait, pour Pessoa, je voulais surtout mettre de l'avant la thèse selon laquelle il est un écrivain de l'esthétique des écrivains négatifs.
Mais dans la loi du moindre effort, l'écriture vient-elle seule pour autant? Ça, c'est ma réponse à ta question, Esperluette. Et oui, une autre question vient d'être posée. Oh Jack-Hubert, on pourrait parler à l'infini de l'acte d'écrire (enfin, j'arriverais bien à caler, à court d'arguments). Mais une chose est sûre, je n'ai jamais fini de me poser des questions. Concernant le paradoxe, je partage ton point de vue. Il est essentiel pour rester éveillé, attentif, pour garder un œil critique et neuf sur le monde. Jack-Hubert, tu es terrible! J'attends alors que tu développes ton analyse sur ce point : En quoi Pessoa est-il un écrivain esthétiques des écrivains négatifs? (D'ailleurs, y a-t-il des écrivains négatifs? Qu'est-ce qu'un écrivain négatifs? Qu'entends-tu par là? ... ) ** Bon, je vais me restaurer, toute cette discussion m'a ouvert l'appétit! ** | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 3 Juil 2013 - 13:20 | |
| Écrivain négatif... Patrick Tillard a fait une thèse sur le sujet à l'UQÀM, mon université. Il en a fait un livre, De Bartleby aux écrivains négatifs. Une approche de la négation.
Selon cette même approche, nous pouvons dire d'un écrivain négatif qu'il fuit la renommée littéraire, l'acte même d'écrire et de se faire publier, et ainsi de suite.
Une bonne partie de l'approche de Patrick Tillard est centrée sur l'étude de l'oeuvre d'Enrique Vila-Matas.
Il a cité, je te dirais de souvenir, 6 à 8 écrivains. Il parlait de Pessoa et de certains méconnus... Un québécois... Jean-Pierre Issenhuth. Finalement, Jacques Brault a manifesté sa sympathie autour de ce qui participe à ce phénomène, à mon sens.
J'ai lu ce livre-là et il m'a littéralement happé. Dès ce moment-là, je me suis dit que je devais acquérir un sens de ce qui fait l'écrivain négatif. Pessoa en est un, c'est indéniable. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 3 Juil 2013 - 13:35 | |
| Pour pas trop s'égarer avec le propos du fil, je reviens à une citation qui vous sera instructive sur la démarche de Pessoa et vous amènera à vous interroger sur lui : - Fernando Pessoa, Le gardeur des troupeaux, 2006 (1987), Poésie/Gallimard, p. 234. a écrit:
- 6 juillet 1935
Je ne pense à rien, et cette chose centrale, qui n'est rien, m'est agréable comme l'air de la nuit, frais en contraste avec le jour caniculaire.
Je ne pense à rien, et que c'est bon!
Ne penser à rien, c'est avoir une âme à soi et intégrale. Ne penser à rien, c'est vivre intimement le flux et le reflux de la vie... Je ne pense à rien. C'est comme si je m'étais appuyé dans une fausse posture. Un mal aux reins, ou d'un côté des reins, mon âme a la bouche amère : c'est que, tout bien compté, je ne pense à rien, mais vraiment à rien, à rien... | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 3 Juil 2013 - 17:01 | |
| Merci pour toutes ces informations et ce partage, Jack-Hubert, je ne connaissais pas ce concept d'écrivains négatifs. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 4 Juil 2013 - 9:00 | |
| De rien, Esperluette. Je reprends sur ce, avec une autre citation de Fernando Pessoa, cette fois dans les Poèmes païens. - Fernando Pessoa, Poèmes païens, 2007, Poésie/Points, p. 50. a écrit:
- XIV
Je ne me soucie point des rimes. En aucun cas Il n'y a deux arbres pareils, l'un à côté de l'autre. Je pense et j'écris comme les fleurs sont en couleur Mais avec moins de perfection dans ma façon de m'exprimer Parce qu'il me manque la simple simplicité D'être tout entier mon propre extérieur seulement.
Je regarde et je m'émeus, Je m'émeus comme l'eau court lorsque le sol est en pente, Et ce que j'écris est naturel comme le surgissement du vent... Comme j'avais lu ces vers hier, j'y suis revenu aujourd'hui. Ils faisaient partie intégrante du Gardeur de troupeaux. J'ai consulté la traduction donnée dans l'autre version de Gallimard : - Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux, 2006 (1987), Poésie/Gallimard, p. 62. a écrit:
- XIV
Peu m'importent les rimes. Rarement il est deux arbres semblables, l'un auprès de l'autre. Je pense et j'écris ainsi que les fleurs ont une couleur mais avec moins de perfection dans ma façon de m'ex- primer parce qu'il me manque la simplicité divine d'être en entier l'extérieur de moi-même et rien de plus.
Je regarde et je m'émeus. Je m'émeus ainsi que l'eau coule lorsque le sol est en pente. Et ma poésie est naturelle comme le lever du vent. Dites-moi, quelle version vous préférez...? | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 4 Juil 2013 - 12:53 | |
| Voici le texte original...pour pouvoir un peu comparer aussi... XIV - Não me Importo com as Rimas
Não me importo com as rimas. Raras vezes Há duas árvores iguais, uma ao lado da outra. Penso e escrevo como as flores têm cor Mas com menos perfeição no meu modo de exprimir-me Porque me falta a simplicidade divina De ser todo só o meu exterior
Olho e comovo-me, Comovo-me como a água corre quando o chão é inclinado, E a minha poesia é natural como o levantar-se vento...Que je traduirais au plus près ainsi (mais je ne suis pas traductrice...et encore moins de poésie! ) Les rimes ne m'importent pas. Il arrive rarement qu'il y ait deux arbres semblables, l'un à côté de l'autre. Je pense et j'écris comme les fleurs ont une couleur Mais avec moins de perfection dans mon mode d'expression Parce qu'il me manque la simplicité divine D'être entier dans mon seul moi extérieur. Je sens et je m'émeus, je m'émeus comme une eau cours quand le sol est incliné Et ma poésie est naturelle comme le vent qui se lève (le lever du vent). A lire les deux traductions que tu indiquais Jack-Hubert, on voit que le traducteur de poésie apporte sa touche poétique personnelle.Notamment dans la première version. Je préfère la deuxième, celle de chez Gallimard. Plus proche me semble-t-il de l'essence pessoesque. | |
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