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| Fernando Pessoa | |
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Auteur | Message |
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colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 17 Fév 2013 - 21:24 | |
| J'ai parcouru toutes tes précédentes contributions au fil, Coline, mais je dois bien avouer que je reste hermétique à la plupart des poèmes de Fernando Pessoa... et pourtant, dès que je lis sa prose, je suis subjuguée !
Encore une fois, j'ai du mal avec la poésie. Je crois que je n'arrive pas à me plier au rythme imposé. Comme en musique. D'ailleurs, ce n'est peut-être pas un hasard. Mais je ferais quand même l'effort de lire un recueil de ses poèmes... Lequel me conseillerais-tu en priorité ? | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Lun 18 Fév 2013 - 1:39 | |
| - colimasson a écrit:
- J'ai parcouru toutes tes précédentes contributions au fil, Coline, mais je dois bien avouer que je reste hermétique à la plupart des poèmes de Fernando Pessoa... et pourtant, dès que je lis sa prose, je suis subjuguée !
Encore une fois, j'ai du mal avec la poésie. Je crois que je n'arrive pas à me plier au rythme imposé. Comme en musique. D'ailleurs, ce n'est peut-être pas un hasard. Mais je ferais quand même l'effort de lire un recueil de ses poèmes... Lequel me conseillerais-tu en priorité ? Tu peux essayer Le gardeur de troupeaux qui est tellement différent des autres... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mar 19 Fév 2013 - 21:21 | |
| D'accord, je le note | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mar 19 Fév 2013 - 21:42 | |
| ... Et sinon Le livre de l'intranquillité, un livre unique et qui renvoie à l' oeuvre de Pessoa en l' éclairant. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 21 Fév 2013 - 21:36 | |
| Tu as deviné, il me fait bien envie également ! | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 22 Fév 2013 - 9:04 | |
| Vous m'avez peut-être convaincu de me pencher encore plus sur l'oeuvre de Pessoa. Je viens de me procurer plusieurs de ses titres à la bibliothèque. Entre autres, il est question d'Érostrate, Ode maritime, un lexique des hétéronymes et d'autres choses dans le genre... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 24 Fév 2013 - 13:09 | |
| L'Heure du Diable (1988) Fernando Pessoa avait-il lu son texte à voix haute avant de lui donner son titre ? Toujours est-il que L’heure du Diable porte bien son nom puisque sa lecture s’écoule en si peu de temps que le Diable semble nous avoir filé sous le nez avant que nous n’ayons eu le temps de l’attraper. Ce Diable est bien mystérieux et ne ressemble absolument pas à la figure que nous avons l’habitude de rencontrer –cette antithèse de Dieu qui serait contre son image un ricaneur malsain et un tentateur sans scrupules. Fernando Pessoa prend le prétexte d’un dialogue pour donner à son personnage l’occasion d’exprimer ses idées sur le monde terrestre. « En bas, à une distance plus qu’impossible, il y avait des astres éparpillés, comme de grandes taches de lumière –sans doute des villes de la terre. Le Diable les lui montra. Ce sont les grandes villes du monde : Voici Londres –et il en désigna une autre. Tout au fond, là-bas, c’est Paris. Ce sont des taches de lumière dans les ténèbres, et nous, sur ce pont, nous passons bien au-dessus d’elles, pèlerins du mystère et de la connaissance. »On imagine Fernando Pessoa tout aussi éloigné du monde que le Diable. On comprend d’ailleurs très rapidement que ce dernier n’est qu’un prétexte : s’il revêt cette apparence diabolique connue de tous, c’est pour s’assurer une compréhension univoque. Un personnage quelconque, trouvé au coin de la rue, aurait eu moins d’impact puisqu’il aurait fallu se mettre d’accord sur les postulats de sa personnalité, au risque que chaque lecteur entende la chose d’une manière différente. Avec un symbole, personne ne devrait risquer de se tromper sur la personnalité du personnage.
« Nous vivons dans ce monde de symboles, dans le même temple clair et obscur –ténèbres visible, pour ainsi dire ; et chaque symbole est une vérité qui peut se substituer à la vérité jusqu’à ce que le temps et les circonstances restituent la véritable vérité. »L’intrigue tient en quelques mots : au sortir d’un bal masqué, le Diable raccompagne une femme enceinte jusqu’à son domicile. Il échange avec elle une conversation –plutôt monologue puisqu’elle se contente d’écouter et d’émettre quelques répliques qui orientent le discours- qu’elle attribuera peut-être à l’ivresse, ou dont elle ne s’étonnera pas, déjà abrutie par la fatigue. Le Diable ne lui en tiendra pas rigueur et malgré le manque de réceptivité visible de sa compagne de route, il ne désespère pas à crier des oh ! et des ah !, à se dévoiler jusque dans les remarques les plus étonnantes qui constituent le foin de son quotidien, à parler métaphysique, ontologie et symbolisme à l’heure où tout le monde dort ou danse sur Terre… C’est que le Diable ne s’adresse pas vraiment à cette femme, comme la chute de l’histoire nous le fera comprendre. La chute, d’ailleurs, même si elle est originale, n’est pas particulièrement surprenante, et qui connaît un peu les aspirations et les idées de Fernando Pessoa pourrait presque la deviner au terme de la confession touchante et désespérée du Diable. Confession qui aurait également pu être celle de l’auteur, celle du poète : Paul Delvaux « Vous avez l’avantage d’être des hommes, et, je crois, parfois, du fond de ma fatigue de tous les abîmes –que mieux vaut le calme et la paix d’une nuit en famille, au coin du feu, que toute cette métaphysique des mystères à laquelle nous, les dieux et les anges, sommes condamnés par substance. »
Le lecteur, avec la connivence de Fernando Pessoa, espère être un meilleur auditeur pour le Diable que la femme avec laquelle il s’entretient dans son livre. Il serait dommage, en effet, de n’ouvrir qu’à moitié ses écoutilles et de croire que ses confessions cherchent seulement à amadouer l’âme pieuse des derniers croyants qui se fourvoieraient encore en imaginant que le Diable est le Mal incarné. L’heure du Diable dissimule d’autres intentions, et on pourrait peut-être presque y déceler l’acte de naissance de Fernando Pessoa. D’une lecture agréable quoique extrêmement brève, L’heure du Diable constitue un nouveau support poétique à croiser avec les autres textes de l’auteur dans la constitution d’un édifice cohérent qui nous ouvre peu à peu les portes à l’univers fascinant de Fernando Pessoa. Ne pourrait-on pas comparer cette réflexion faite par le Diable : - Citation :
- « - Contrarier, c’est laid…
- Contrarier des actes, oui… contrarier des idées non. - Et pourquoi ? - Parce que contrarier des actes, aussi mauvais soient-ils, c’est gêner la rotation du monde, qui est action. Mais contrarier des idées c’est faire en sorte que l’on nous abandonne et tomber dans le découragement et, de là, dans le rêve et, donc, faire en sorte que l’on appartienne au monde. » ...à celle émise par Nietsche dans son Gai Savoir ? - Citation :
- « L’homme, même le plus nuisible, est peut-être encore le plus utile sous le rapport de la conservation de l’espèce ; car il entretient en lui-même ou par son influence, chez autrui, des impulsions sans lesquelles l’humanité se serait relâchée et aurait pourri depuis longtemps. La haine, la joie au malheur d’autrui, la soif de rapine et de domination, et tout ce qui est décrié comme méchant : tout cela appartient à l’étonnante économie de la conservation de l’espèce, à une économie sans doute coûteuse, gaspilleuse, et dans l’ensemble prodigieusement insensée ; -mais dont on peut prouver qu’elle a conservé notre espèce jusqu’à ce jour. »
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| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mar 19 Mar 2013 - 9:29 | |
| Antinoüs fut rédigé en anglais. Fernando Pessoa utilisait le niveau de langage que les élisabéthains utilisaient il y a plusieurs siècles de cela. L'auteur portugais y trouvait une manière de hisser le langage poétique et garder une certaine distance avec l'univers anglosaxon même s'il envisageait l'éventualité d'une renommée à venir en cette contrée. Pendant un certain temps, j'ai soupesé deux extraits avant d'en choisir un pour vous le présenter. Le voici : - Citation :
- Mais puisque l'homme voit des yeux plus que de l'âme,
C'est dans la pierre que je dirai mon immense douleur, Mais, désireux de donner à chacun la faim de ta présence, Je veux au marbre confier ce regret Qui dans mon coeur est serti comme un astre majeur. Ainsi, bien que de pierre, si grand se dressera notre amour, Essence incarnée et désincarnée de notre amour, Qui, semblable au clairon qui franchit l'océan Et se propage de continent à continent, Notre amour, à la mort tout mêlé, clamera son heur et son malheur Par-dessus les infinis et les éternités.
Fernando Pessoa, Antinoüs, 1991, Fata Morgana, p. 55. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 9:15 | |
| Je reprends mon périple poétique. Fernando Pessoa constitue un leitmotiv de mon parcours en littérature. J'ai pris mon exemplaire intitulé Le gardeur des troupeaux. J'ai pris une page au hasard. J'ai consulté les pages subséquentes. Fernando Pessoa y parle notamment de printemps : - Fernando Pessoa, Le gardeur de troupeaux, 2006 (1987), Poésie/Gallimard, p. 126. a écrit:
- Lorsque reviendra le printemps
peut-être ne me trouvera-t-il plus en ce monde. J'aimerais maintenant pouvoir croire que le printemps est un être humain afin de pouvoir supposer qu'il pleurerait en voyant qu'il a perdu son unique ami. Mais le printemps n'est même pas une chose : c'est une façon de parler. Ni les fleurs ne reviennent, ni les feuilles vertes. Il y a de nouvelles fleurs, de nouvelles feuilles vertes. Il y a d'autres jours suaves. Rien ne revient, rien ne se répète, parce que tout est réel. Le dit poème se trouve quelque part parmi les «poèmes désassemblés», qui constituent la troisième partie des poèmes d' Alberto Caeiro. Inutile de vous dire que la thématique du printemps trouve une résonance particulière pour moi. L'apothéose du printemps constitue une révolution à elle seule. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 10:06 | |
| Merci Jack-Hubert, bientôt viendra donc le tour de l'été? | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 10:08 | |
| Bonne question. Je ne prévois pas trop d'avance le choix de mes extraits. Les découvertes se font à mesure. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 10:16 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
- Bonne question. Je ne prévois pas trop d'avance le choix de mes extraits. Les découvertes se font à mesure.
Simple taquinerie de ma part. Je voulais te faire partager mes remarques quant à tes choix poétiques puisque tu as posté un poème d' Apollinaire sur l'automne, avec Pessoa, tu arrives au printemps, donc je me demandais si ta main allait te guider vers l'été ... | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 10:18 | |
| Comme je viens d'une contrée hivernale, je ne sais pas si ça va finir par fondre comme neige au soleil. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 10:22 | |
| Que veux-tu dire? Ton inspiration va fondre? Tu penses avoir fait le tour de Pessoa????? Tu es d'humeur hivernale?????? | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 30 Juin 2013 - 10:25 | |
| L'art de dire une chose et son contraire, bref. Artifice de communication et politique. L'hiver est une prédominante de la poésie québécoise et à vrai dire, quant à la poésie estivale, je n'ai pas trop de références précises en tête.
Je te répondais l'air de rien aussi. | |
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