Fernando Meirelles

Blindness de Fernando Meirelles




Résumé (Allociné):
Le pays est frappé par une épidémie de cécité qui se propage à une vitesse fulgurante.
Les premiers contaminés sont mis en quarantaine dans un hôpital désaffecté où ils sont rapidement livrés à eux-mêmes, privés de tout repère. Ils devront faire face au besoin primitif de chacun : la volonté de survivre à n'importe quel prix.
Seule une femme n'a pas été touchée par la " blancheur lumineuse ". Elle va les guider pour échapper aux instincts les plus vils et leur faire reprendre espoir en la condition humaine.


Très beau film inspiré du roman de Saramago. Il est dans la mouvance de ces paraboles spirituelles post-apocalyptiques visionnaires comme La route de Cormac Mc Carthy, Malville de Robert Merle, Les fils de l'homme d'Alfonso Cuaron (et PD James!) ou même 28 semaines plus tard de Juan Carlos Fresnadillo ...

Il y a donc un fléau (cet aveuglement métaphorique), puis le chaos généré par les humains (la dictature, la barbarie), puis la recréation d'un lien entre les hommes grâce à un guide qui est une figure christique (Julianne Moore qui voit), une purification (belles scènes finales de pluie et de partage) et enfin une élévation. Ce n'est pas nouveau mais c'est un thème fort et le traitement est ici très original. Le travail formel est impressionnant et nous plonge dans le même égarement visuel que ses protagonistes.

Ma seule réserve est la distance que crée ce procédé avec les personnages. On a parfois du mal à s'y attacher et on voit trop l'expérimentation et le travail photographique (certains plans sont de vrais tableaux).

Mais c'est un film fort et un réalisateur à suivre! (j'avais nettement moins aimé la Cité de Dieu, un peu plus The Constant Gardner)

Blindness de Fernando Meirelles : merci markofr! J'ignorais que Saramago avait fait l'objet d'une'adaptation. Après La Lucidité, je n'ai pas lu L'Aveuglement mais je voudrais bien aller direct au film. Je note Saramago/Fernando Meirelles.

J'entends enfin une critique positive du film Blindness !
J'avais envie de le voir mais toutes les critiques entendues jusqu'à présent m'avait un peu refroidie

sentinelle a écrit:

J'entends enfin une critique positive du film Blindness !

J'ai l'impression qu'il y a une tendance actuelle à dénigrer des films ambitieux et au style très affirmé. Ils sont tout de suite taxés de prétentieux, poseurs, faussement intellectuels. Les plus grands de la nouvelle génération y ont droit: Reygadas, Zviaguintsev, Inarritu... Jalousie? Incompréhension? Bêtise? Besoin de faire des bons mots et d'avoir l'air plus malins que les artistes?

En ce qui concerne Blindness, il y a des défauts et j'ai même failli m'endormir vers le début (le côté un peu froid et désincarné), mais j'aurais eu tort car le cheminement est vraiment intéressant et la démarche esthétique jamais gratuite. On part dans le glauque et on va vers quelque chose de lumineux. Mais les métaphores spirituelles n'ont pas bonne presse. On les trouve souvent trop lourdement symboliques. Tant pis pour eux!

sentinelle a écrit:

Vu ton enthousiasme pour Babel, je commence à me demander si j'ai bien fait de t'écouter pour l'adaptation de Saramago

En plus un critique a dit de Blindness que c'était du Romero (les morts vivants et tout ça) filmé par Inarritu! C'est pas faux!

markofr a écrit:

sentinelle a écrit:

Vu ton enthousiasme pour Babel, je commence à me demander si j'ai bien fait de t'écouter pour l'adaptation de Saramago

En plus un critique a dit de Blindness que c'était du Romero (les morts vivants et tout ça) filmé par Inarritu! C'est pas faux!

Romero et Inarritu (je rappelle que son meilleur film à ce jour est Amours chiennes ) comme références, je suis POUR !

markofr a écrit:

Blindness de Fernando Meirelles



Très beau film inspiré du roman de Saramago. Il est dans la mouvance de ces paraboles spirituelles post-apocalyptiques visionnaires comme La route de Cormac Mc Carthy, Malville de Robert Merle, Les fils de l'homme d'Alfonso Cuaron (et PD James!) ou même 28 semaines plus tard de Juan Carlos Fresnadillo ...

Il y a donc un fléau (cet aveuglement métaphorique), puis le chaos généré par les humains (la dictature, la barbarie), puis la recréation d'un lien entre les hommes grâce à un guide qui est une figure christique (Julianne Moore qui voit), une purification (belles scènes finales de pluie et de partage) et enfin une élévation. Ce n'est pas nouveau mais c'est un thème fort et le traitement est ici très original. Le travail formel est impressionnant et nous plonge dans le même égarement visuel que ses protagonistes.

Ma seule réserve est la distance que crée ce procédé avec les personnages. On a parfois du mal à s'y attacher et on voit trop l'expérimentation et le travail photographique (certains plans sont de vrais tableaux).

Mais c'est un film fort et un réalisateur à suivre! (j'avais nettement moins aimé la Cité de Dieu, un peu plus The Constant Gardner)

Vu aussi et j'ai vraiment bien aimé, le traitement visuel, quelques scènes marquantes, Julianne Moore parfaite, bref mon seul regret est de ne pas avoir lu le livre avant d'aller voir le film !

Blindness.


Un film époustouflant. Je n'ai pas senti de distance réellement. J'ai trouvé que l'esthétique n'était pas du tout esthétisante mais collait parfaitement avec la trame de l'histoire.
Tout ce blanc partout, ces couleurs froides et métalliques, qui à la fois reflètent le handicap des personnages et la perte progressive de leur humanité.
Le monde devient barbare (je comprends le lien avec Sur la Route de McCarthy que cite Marko) lorsque l'Homme est livré à lui-même. Et il y a des scènes assez intenses et violentes.

J'ai pas mal pensé, au début, à Phénomènes de Shyamalan (clik), un mal étrange qui touche la population de manière apparemment hasardeuse, sans explication, des groupes qui luttent pour leur survie et sont confrontés à un mal beaucoup plus dangereux que le fléau "naturel" : l'Autre.
Sauf que là où Phénomènes n'était qu'un pamphlet tout beau et moral, Blindness creuse plus loin dans la psychologie, dans la décadence, dans le réel.

La dégradation progressive du lieu de vie des aveugles est filmée avec un talent ahurissant : en quelques plans on voit la déchéance, la saleté, la colère, le mépris, la perte de dignité.

Mais Meirelles parvient à ne pas s'attarder trop longtemps sur ces "belles" images, sur ce travail photographique extrêmement précis, du coup je trouve que le spectateur ne se retrouve jamais détaché de l'action et de l'histoire. (Vraiment pas ressenti de distance moi)

Et il y a des touches d'humour surprenantes. ça surgit soudainement, et on rit au milieu de l'horreur. C'est parfois un rire un peu coincé au fond de la gorge parce qu'on est encore plongé dans l'horreur de tout ce qu'il y a autour, mais ça fait un bien fou !


Un film excellent. Je n'y met aucune réserve.

Pourvu que je puisse le voir...

Tu as bien fait d'ouvrir un fil pour ce film Queenie ! Un des meilleurs vu ces derniers mois...

Quelques scènes m'ont fait penser à La parabole des aveugles de Pieter Brueghel...

Queenie a écrit:

Blindness.
Un film excellent. Je n'y met aucune réserve.

Même enthousiasme. Ma réserve était très discrète...

Au fait , l'affiche officielle:

C'est vraiment dommage que je ne voie pas les films au même moment que vous..
Je n'ai pas le même enthousiasme!

Citation :

Il est dans la mouvance de ces paraboles spirituelles post-apocalyptiques visionnaires comme La route de Cormac Mc Carthy, Malville de Robert Merle, Les fils de l'homme d'Alfonso Cuaron (et PD James!) ou même 28 semaines plus tard de Juan Carlos Fresnadillo ..

Oui, et c'est là où je coince un peu.. Peut être un surdosage? J'ai trouvé la métaphore un peu lourde. C'est la femme qui rayonne de bonté qui n'est pas atteinte par la cécité collective, aimez-vous les uns les autres et la lumière vous sera rendue, enfin, bref.. Et dans un dortoir, ils sont tous gentils, dans l'autre, ils sont tous méchants?
Par contre, certaines images sont magnifiques, c'est vrai. Et cela m'a donné envie de très vite lire le roman , j'aimerais savoir si le message est aussi appuyé.
Et pourquoi Blindness, comme titre, et non L'aveuglement??

La femme... Je n'ai pas trouvé qu'elle rayonnait de bonté... disons qu'elle se retrouve seule à voir, et se retrouve coincée à aider (surtout son mari d'ailleurs, non?).
J'ai pas tellement senti de message hyper moralisateur... Juste ce qu'il fallait.

Les méchants d'un côté et les gentils de l'autre... Est-ce que les méchants ne sont pas juste un petit groupe qui prend le pouvoir sur la masse mouton ?


Parce que ça sonne mieux Blindness ?

Citation :

Parce que ça sonne mieux Blindness ?

Je trouve, au contraire , qu'au niveau message pour un public francophone, c'est important, comme titre, L'aveuglement, une action , une sanction dans cette fable philosophique, et non un état..

Citation :

La femme... Je n'ai pas trouvé qu'elle rayonnait de bonté... disons qu'elle se retrouve seule à voir, et se retrouve coincée à aider (surtout son mari d'ailleurs, non?).
J'ai pas tellement senti de message hyper moralisateur... Juste ce qu'il fallait.

Et bien.. j'ai eu le même souci en lisant La route, pour le message. C'est quand même un personnage de femme très aimante,très généreuse, Julianne Moore , dans ce film. Avec son mari, bien sûr , mais aussi avec tout le groupe. Il y a des scènes très belles, d'ailleurs, quand elle console presque la jeune femme qui vient de faire l'amour avec ce même mari, ou quand toutes ces femmes lavent le corps de celle qui n'a pas survécu au viol collectif.

Citation :

Les méchants d'un côté et les gentils de l'autre... Est-ce que les méchants ne sont pas juste un petit groupe qui prend le pouvoir sur la masse mouton

Symboliquement, sans doute. Mais dans la construction, ils sont tous rassemblés dans le même dortoir, le 3!

A suivre quand j'aurai lu le roman, sans doute.