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| Atiq Rahimi | |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Jeu 29 Avr 2010 - 23:42 | |
| - Harelde a écrit:
- Tiens... je suis surpris de trouver Rahimi dans les auteurs français. Je me serais plutôt attendu à le voir dans la section asiatique.
Oui, en effet, cela fait plutôt drôle.. on devrait le changer peut être.. Le fil a été ouvert lors de la lecture d'un de nos membres de son livre Syngue sabour, écrit en français par lui.. je pense que c'était l'idée initiale de le mettre ici..
Dernière édition par kenavo le Ven 1 Oct 2010 - 14:22, édité 1 fois | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Ven 30 Avr 2010 - 9:40 | |
| - kenavo a écrit:
- Harelde a écrit:
- Tiens... je suis surpris de trouver Rahimi dans les auteurs français. Je me serais plutôt attendu à le voir dans la section asiatique.
Oui, en effet, cela fait plutôt drôle.. on devrait le changer peut être.. Le fil a été ouvert lors de la lecture d'un de nos membres de son livre Syngue sabour, écrit en français par lui.. je pense que c'était l'idée initiale de le mettre ici.. Pour privilégier la langue d'écriture plutôt que son pays d'origine ? Ca se tient : mais ce classement à deux entrées ne risque-t-il pas de rendre plus compliqué la recherche d'un fil ? J'imagine le casse-tête pour le rangement du fil de Dany Laférrière : auteur haïtien émigré au Canada qui écrit en français... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Ven 30 Avr 2010 - 10:37 | |
| - Harelde a écrit:
- Ca se tient : mais ce classement à deux entrées ne risque-t-il pas de rendre plus compliqué la recherche d'un fil ?
en quelque sorte, oui.. mais puisqu'on a un super index de nos fils auteurs qui ne se souci pas de l'emplacement mais seulement du nom de l'auteur, les chances de se retrouver sont assez grandes index - Harelde a écrit:
- J'imagine le casse-tête pour le rangement du fil de Dany Laférrière : auteur haïtien émigré au Canada qui écrit en français...
oui, en effet.. on a eu la discussion et pour l'instant il se sent très bien chez les auteurs canadiens.. donc
Dernière édition par kenavo le Ven 1 Oct 2010 - 14:23, édité 2 fois | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Jeu 26 Aoû 2010 - 13:23 | |
| J'ai lu à mon tour Terre et cendres...D'une grande densité mais très court...Peut-être, pour atteindre, cette intensité ne pouvait-il pas être plus long? Un beau récit aux termes très évocateurs d'images (tout autant que de pensées): pas étonnant que son auteur soit aussi réalisateur. | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Jeu 26 Aoû 2010 - 14:46 | |
| ça me fait penser que j'ai lu son livre qui a été prix goncourt - Syngue sabour - c'est aussi un livre très court mais bien écrit, et il a admirablement bien cerné tout ces mélanges de sentiments que cette femme porte en elle dans ce pays en guerre et en ruine ou elle veille sur son mari qui est mourant. Et comme dit Coline : Un beau récit aux termes très évocateurs d'images (tout autant que de pensées): Je suis tout a fait de ton avis | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Atiq Rahimi – Le retour imaginaire Lun 31 Jan 2011 - 19:46 | |
| Le retour imaginaire
Original du texte: Persan (Afghanistan), 2005
Traduction : Sabrina Nouri Avec une cinquantaine de photos…
Présentation de l'éditeur-Je veux photographier ces blessures. -Avant toi de grands photographes sont venus ici et ont tiré de superbes photos de ces blessures... -Mais moi ce n'est pas la beauté que je cherche. Je cherche à faire revivre le sentiment que l'homme éprouve en regardant une cicatrice. Chaque fois que nous voyons une cicatrice nous ne pouvons nous empêcher d'en repenser la douleur. -S'il s'agit de ta propre cicatrice. Justement ce sont mes cicatrices que je cherche à retrouver.
Remarques:Comme nous le savons, l’auteur a du fuir son Afghanistan natal en 1982n et là, il revient après de longues années en exil. Dans des textes lyriques il parle d’un drame, peut-être le drame de tant de déplacés et exilés : un être séparé, blessé, dont une partie est resté sur la terre des ancêtres, une autre, volé de ses racines, a du lutter à l’étranger avec le manque des paroles, de l’enracinement… Maintenant il traverse sa ville, Kaboul, et veut photographier les blessures. Les textes courtes sont lyriques, poétiques, mais aussi empreintes de douleurs, de nostalgie.
A première vue ce « peu de textes » et une certaine façon de photographier (les photos sont des fois floues, imprécises) peuvent déboussoler le lecteur : le tout vaut quand même 25,- Euro. Mais éventuellement on pourra jeter un coup d’œil et se former une opinion ?
A la limite on pourrait mettre ce livre dans les rubriques « Poèsie, Voyages, Témoignages, Photosgraphes… »
Détails sur le produit Broché: 120 pages Editeur : POL (17 novembre 2005) Collection : FICTION Langue : Français ISBN-10: 2846821127 ISBN-13: 978-2846821124
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| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Mar 1 Fév 2011 - 11:10 | |
| Je reviens sur SYNGUE SABOUR
En 2008, j'avais été très violemment prise à parti par un chroniqueur tenant un blog «A contre courant» pour avoir trouvé de l'intérêt à Syngué Sabour d'Atik Rahimi , un commentaire tiré de ma critique s'étant même vu décerner la palme de l'imbécillité! Pendant plus d'un an, il me poursuivit de sa hargne me traitant de "précieuse ridicule" qui s'extasierait devant un "écrivain aliéné n'hésitant pas à exprimer son sentiment de supériorité raciste à l'égard de l'Autre, y compris sa propre nation et son peuple considéré comme arriérés"...
Pour moi, Syngué Sabour, c'est avant tout un livre sur l'enfermement , sur l'aliénation des femmes, mais aussi des hommes. L'auteur y porte un éclairage très dur sur une société privée de parole, confinée dans la peur, dans l'asservissement de femmes muettes, brisées par la domination masculine, et d'hommes «bègues», ployant sous l'obscurantisme religieux, ne sachant s'exprimer que par la violence du sexe ou celle des armes. Atiq Rahimi y révèle la grande solitude de ces femmes et de ces hommes, dépossédés d'eux-mêmes, de leur sensualité, de leur humanité, que l'impossibilité de l' accès à l'autre, à l'échange , conduit à la folie. Et, malgré le contexte dans lequel il a écrit ce livre (le sauvage assassinat de la poétesse afghane Nadia Anjuman par son mari ), il aborde l'obscurantisme religieux en ne se limitant pas à ses cruelles conséquences sur le sort des femmes et en portant aussi un regard compatissant sur celui de leurs "bourreaux", au travers de ce jeune adolescent bègue...
La froideur, la sécheresse du style me semble parfaitement adaptée au propos , mais sa crudité m'a déplu car elle n'est pas inventive et reprend un langage très ordinaire. Néanmoins, la force du livre est telle que j'ai été emportée. Par ailleurs, après avoir lu l'article de Nadja sur Mediapart, j'y ai découvert une certaine poésie qui m'avait été masquée par mes réticences. D'où l'intérêt de croiser les regards ... http://www.mediapart.fr/club/blog/nadja/151208/pierre-de-patience | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Mar 1 Fév 2011 - 11:15 | |
| - Emmanuelle Caminade a écrit:
- Je reviens sur SYNGUE SABOUR
En 2008, j'avais été très violemment prise à parti par un chroniqueur tenant un blog «A contre courant» pour avoir trouvé de l'intérêt à Syngué Sabour d'Atik Rahimi , un commentaire tiré de ma critique s'étant même vu décerner la palme de l'imbécillité! Pendant plus d'un an, il me poursuivit de sa hargne me traitant de "précieuse ridicule" qui s'extasierait devant un "écrivain aliéné n'hésitant pas à exprimer son sentiment de supériorité raciste à l'égard de l'Autre, y compris sa propre nation et son peuple considéré comme arriérés"... - Emmanuelle Caminade a écrit:
- Pour moi, Syngué Sabour, c'est avant tout un livre sur l'enfermement , sur l'aliénation des femmes, mais aussi des hommes.
L'auteur y porte un éclairage très dur sur une société privée de parole, confinée dans la peur, dans l'asservissement de femmes muettes, brisées par la domination masculine, et d'hommes «bègues», ployant sous l'obscurantisme religieux, ne sachant s'exprimer que par la violence du sexe ou celle des armes. Atiq Rahimi y révèle la grande solitude de ces femmes et de ces hommes, dépossédés d'eux-mêmes, de leur sensualité, de leur humanité, que l'impossibilité de l' accès à l'autre, à l'échange , conduit à la folie. Et, malgré le contexte dans lequel il a écrit ce livre (le sauvage assassinat de la poétesse afghane Nadia Anjuman par son mari ), il aborde l'obscurantisme religieux en ne se limitant pas à ses cruelles conséquences sur le sort des femmes et en portant aussi un regard compatissant sur celui de leurs "bourreaux", au travers de ce jeune adolescent bègue... Je te rejoins. Ce livre est une incursion dans ce monde contraint au silence. Il donne (enfin) la parole à ceux qui doivent habituellement se taire et supporter la tyranie des "dominants". | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Sam 8 Oct 2011 - 18:10 | |
| Maudit soit Dostoïevski
Français, 2011
CONTENU : « Le nouveau roman d'Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008, s'inspire de Crime et châtiment, de Dostoïveski – d'où son titre. Il s'en inspire quant à la trame, à certains des personnages mais, qu'on ne s'y trompe pas, c'est un Crime et châtiment largement revu et corrigé et de plus immergé dans la réalité afghane d'aujourd'hui...
Ainsi le héros, Rassoul vient d'assassiner une rentière, à la fois pour la punir du sort qu'elle fait subir à Souphia, sa fiancée (elle la prostitue), et pour lui dérober son argent, afin de venir en aide aux siens, ainsi qu'à Souphia et à sa famille. Son forfait commis, il est rongé par le remords et la culpabilité. Lui vient aussi l'intuition que son crime a quelque chose d'exemplaire dans le contexte de guerre civile et d'effondrement de toutes les valeurs qui est celui de l'Afghanistan actuel et de Kaboul où règnent sauvagerie et corruption. Alors, il veut se livrer à la police, à la justice. Peine perdue, pour commencer, personne ne s'intéresse à son cas, d'ailleurs police et justice existent-elles encore ? Il finira cependant, à force d'obstination puis de passivité, à se faire juger dans des conditions quasi rocambolesques mais révélatrices de la déliquescence de la société afghane et de la religion qui lui sert de ciment.
Bien sûr, il se produit quantité d'événements dans ce roman, les péripéties sont nombreuses, les retournements et les coups de théâtre aussi, comme sont nombreux les personnages qui tous ont quelque chose à signifier sur la guerre, sur l'amour, sur la vénalité, sur le courage ou la couardise, sur la résignation ou la révolte. Atiq Rahimi, sans perdre de vue son modèle russe, en organise le ballet, n'oubliant pas ses fameux détours par le corpus des contes et légendes persans, n'oubliant pas non plus son humour ni ses convictions, notamment quand à la condition des femmes dans le monde musulman. » (Source : POL – éditeur http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-2-8180-1343-4 )
REMARQUES : Encore une fois : Après l'aperçu du contenu et le titre il est déjà évident que Rahimi écrit en ayant constamment le grand roman du Russe en tête : « Crime et chatiment ». Pas seulement que certains sujets de base, actions, caractères (et même une ressemblance dans leurs noms!) apparaissent ici dans un contexte afghan, mais aussi le roman original en soi est une référence DANS le roman de Rahimi. Ainsi deux personnages principaux ont lu le roman du Russe et s'y inspirent, le ressentent comme un chef d'oeuvre. Cette référence envers le Russe va si loin chez Rassoul qu'il se sent quasiment persecuté par les descriptions de celui-ci. Ainsi, au moment d'abattre l'usurière (et bizarrement pas avant) il doit penser à Raskolnikov et comment il se met dans les pas de celui-ci. Alors « maudit soit Dostoïevski » qui crée d'un même coup en lui la fièvre !
Il avait connu le livre, la Russie et l'auteur lors d'un séjour d'études à Léningrad. Pour les combattants divers et les talibans par contre, un tel livre écrit dans la langue de l'ennemi (on est au milieu des années 90) ne peut que susciter la haine et la suspicion ! Impossible d'y associer un message spirituel de valeur !
Mais en tous ces parallèles avec le maître russe et l'hommâge évident, Rahimi élabore aussi sa propre version avec des soulignements à lui. Certains personnages ne sont pas seulement adaptés, transposés au contexte afghan, mais sont porteurs d'autres expériences et idées. Ainsi on peut se demander si la motivation de Rassoul est orientée autrement ? Si chez lui la fuite vers l'autodénonciation n'est pas plus rapide, directe et autre. Un endroit aimé dans le roman est le bar à tabac/hachich : peut-être une partie de la fièvre y trouve ses origines et les changements de conscience entre rêve et réalité...
Un questionnement intéressant pendant la lecture serait, si Rahimi ne met pas l'accent dans ce roman beaucoup plus sur des aspects sociaux, politiques, culturels. Est-ce que le Russe n'aborde pas prioritairement Raskolnikov comme une âme tourmenté, décrivant la « psyché » ?
Souvent, surtout au début, le narrateur se tourne questionnant, invitant, défiant envers les personnages du roman. C'est partiellement comme un dialogue.
Roman intéressant, à la suite d'une lecture de Dostoïevski ou pas. Moi-même, je dois avouer qu'il m'était assez difficile de faire abstraction de l'original que je considère après trois lectures comme un chef d'oeuvre absolu. Après une telle influence, comment lire encore innocemment Rahimi ? Et finalement le roman russe reste pour moi indépassable (mais cela ne devrait pas être a question)...
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| | | Ouliposuccion Envolée postale
Messages : 236 Inscription le : 06/09/2011 Localisation : ouzbekistan
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Ven 23 Déc 2011 - 5:03 | |
| J'"ai lu "Terre et Cendres " et "Syngué sabour pierre de patience". Le genre de livres que l'on referme afin de mieux écouter le silence pour un ultime hommage à cette écriture dépouillée et si admirable. Pas besoin de beaucoup de mots ni de grandes envolées pour décrire deux oeuvres remarquables. Le style Rahimi est d'une justesse à vous glaçer le sang , conteur d'un Afghanistan si cruel et si chaleureux.
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| | | Cassiopée Main aguerrie
Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Ven 23 Déc 2011 - 9:15 | |
| Pierre de patience, Syngue Sabour - Citation :
- « Je possède ton corps et toi mes secrets. Mes secrets te font vivre. J’ai trouvé ma pierre de patience »
« Ce qui me libérait, c’était de tout te dire….toi, tu ne pouvais rien me répondre, tu ne pouvais rien faire contre moi …tout ça me réconfortait, m’apaisait… » « Cette voix qui émerge de ma gorge, c'est la voix enfouie depuis des milliers d'années. » Le souffle de cet homme, immobile, rythme le livre. Sa femme parle, s’en veut de parler mais continue … C’est un monologue en huis clos. Elle dit, déverse tout ce qu’elle n’a jamais osé dire…Cherche-t-elle le pardon, l’absolution de cet homme qui ne peut pas réagir ? Il ne répond pas alors elle peut tout dire, parfois de façon très dure, elle se révolte, se met en colère. A d’autres moments elle parle avec des mots crus ou bien avec tendresse …. Elle passe, repasse par tout une palette de sentiments, d’émotions et nous les fait ressentir à travers ses mots. Elle souffre parce qu’il semble ne pas souffrir alors qu’elle est malheureuse. Malheureuse de ne plus le sentir vivant à ses côtés, malheureuse de ne pas avoir eu la vie dont elle avait rêvé… Parfois quelques phrases. Très courtes ; Saccadées, présentées Comme un poème. Pourquoi ? Pour parler d’elle, de ce qu’elle ressent et des événements qui ont lieu à l’extérieur de cette maison. Cette femme est la voix des femmes afghanes, des femmes pour qui on choisit, des femmes qui se taisent et qui, un jour, se décident à parler. C’est magnifiquement écrit. Le rythme parfois lent, parfois saccadé, parfois rapide, parfois poétique … nous rappelle sans cesse, l’homme allongé et l’on croit entendre, derrière les mots, sa respiration …. | |
| | | MartineR Main aguerrie
Messages : 364 Inscription le : 10/09/2010 Localisation : essonne
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Dim 29 Jan 2012 - 9:39 | |
| - tom léo a écrit:
- Maudit soit Dostoïevski
Français, 2011
CONTENU : « Le nouveau roman d'Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008, s'inspire de Crime et châtiment, de Dostoïveski – d'où son titre. Il s'en inspire quant à la trame, à certains des personnages mais, qu'on ne s'y trompe pas, c'est un Crime et châtiment largement revu et corrigé et de plus immergé dans la réalité afghane d'aujourd'hui...
Ainsi le héros, Rassoul vient d'assassiner une rentière, à la fois pour la punir du sort qu'elle fait subir à Souphia, sa fiancée (elle la prostitue), et pour lui dérober son argent, afin de venir en aide aux siens, ainsi qu'à Souphia et à sa famille. Son forfait commis, il est rongé par le remords et la culpabilité. Lui vient aussi l'intuition que son crime a quelque chose d'exemplaire dans le contexte de guerre civile et d'effondrement de toutes les valeurs qui est celui de l'Afghanistan actuel et de Kaboul où règnent sauvagerie et corruption. Alors, il veut se livrer à la police, à la justice. Peine perdue, pour commencer, personne ne s'intéresse à son cas, d'ailleurs police et justice existent-elles encore ? Il finira cependant, à force d'obstination puis de passivité, à se faire juger dans des conditions quasi rocambolesques mais révélatrices de la déliquescence de la société afghane et de la religion qui lui sert de ciment.
Bien sûr, il se produit quantité d'événements dans ce roman, les péripéties sont nombreuses, les retournements et les coups de théâtre aussi, comme sont nombreux les personnages qui tous ont quelque chose à signifier sur la guerre, sur l'amour, sur la vénalité, sur le courage ou la couardise, sur la résignation ou la révolte. Atiq Rahimi, sans perdre de vue son modèle russe, en organise le ballet, n'oubliant pas ses fameux détours par le corpus des contes et légendes persans, n'oubliant pas non plus son humour ni ses convictions, notamment quand à la condition des femmes dans le monde musulman. » (Source : POL – éditeur http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-2-8180-1343-4 )
REMARQUES : Encore une fois : Après l'aperçu du contenu et le titre il est déjà évident que Rahimi écrit en ayant constamment le grand roman du Russe en tête : « Crime et chatiment ». Pas seulement que certains sujets de base, actions, caractères (et même une ressemblance dans leurs noms!) apparaissent ici dans un contexte afghan, mais aussi le roman original en soi est une référence DANS le roman de Rahimi. Ainsi deux personnages principaux ont lu le roman du Russe et s'y inspirent, le ressentent comme un chef d'oeuvre. Cette référence envers le Russe va si loin chez Rassoul qu'il se sent quasiment persecuté par les descriptions de celui-ci. Ainsi, au moment d'abattre l'usurière (et bizarrement pas avant) il doit penser à Raskolnikov et comment il se met dans les pas de celui-ci. Alors « maudit soit Dostoïevski » qui crée d'un même coup en lui la fièvre !
Il avait connu le livre, la Russie et l'auteur lors d'un séjour d'études à Léningrad. Pour les combattants divers et les talibans par contre, un tel livre écrit dans la langue de l'ennemi (on est au milieu des années 90) ne peut que susciter la haine et la suspicion ! Impossible d'y associer un message spirituel de valeur !
Mais en tous ces parallèles avec le maître russe et l'hommâge évident, Rahimi élabore aussi sa propre version avec des soulignements à lui. Certains personnages ne sont pas seulement adaptés, transposés au contexte afghan, mais sont porteurs d'autres expériences et idées. Ainsi on peut se demander si la motivation de Rassoul est orientée autrement ? Si chez lui la fuite vers l'autodénonciation n'est pas plus rapide, directe et autre. Un endroit aimé dans le roman est le bar à tabac/hachich : peut-être une partie de la fièvre y trouve ses origines et les changements de conscience entre rêve et réalité...
Un questionnement intéressant pendant la lecture serait, si Rahimi ne met pas l'accent dans ce roman beaucoup plus sur des aspects sociaux, politiques, culturels. Est-ce que le Russe n'aborde pas prioritairement Raskolnikov comme une âme tourmenté, décrivant la « psyché » ?
Souvent, surtout au début, le narrateur se tourne questionnant, invitant, défiant envers les personnages du roman. C'est partiellement comme un dialogue.
Roman intéressant, à la suite d'une lecture de Dostoïevski ou pas. Moi-même, je dois avouer qu'il m'était assez difficile de faire abstraction de l'original que je considère après trois lectures comme un chef d'oeuvre absolu. Après une telle influence, comment lire encore innocemment Rahimi ? Et finalement le roman russe reste pour moi indépassable (mais cela ne devrait pas être a question)...
Un << grand >> roman qui nous entraine dans la cruauté de vie de l'Afghanistan et des afghans. La banalité de la mort, la corruption, la prostitution,la drogue, l'obscurantisme, l'amour filial et la quête de l'être aimé Ce *petit* roman a un souffle d'intemporalité et d'universalité. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Dim 29 Jan 2012 - 13:13 | |
| - MartineR a écrit:
- tom léo a écrit:
- Maudit soit Dostoïevski
Français, 2011
CONTENU : « Le nouveau roman d'Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008, s'inspire de Crime et châtiment, de Dostoïveski – d'où son titre. Il s'en inspire quant à la trame, à certains des personnages mais, qu'on ne s'y trompe pas, c'est un Crime et châtiment largement revu et corrigé et de plus immergé dans la réalité afghane d'aujourd'hui..."
[...] Roman intéressant, à la suite d'une lecture de Dostoïevski ou pas. Moi-même, je dois avouer qu'il m'était assez difficile de faire abstraction de l'original que je considère après trois lectures comme un chef d'oeuvre absolu. Après une telle influence, comment lire encore innocemment Rahimi ? Et finalement le roman russe reste pour moi indépassable (mais cela ne devrait pas être a question)...
Un << grand >> roman qui nous entraine dans la cruauté de vie de l'Afghanistan et des afghans. La banalité de la mort, la corruption, la prostitution,la drogue, l'obscurantisme, l'amour filial et la quête de l'être aimé
Ce *petit* roman a un souffle d'intemporalité et d'universalité.
Tu fais bien d'en reparler MartineR...Je l'oubliais...Et pourtant sa sortie avait attiré mon attention... | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Dim 5 Mai 2013 - 17:01 | |
| Je referme" Syngué sabour "d'ATIQ RAHIMI ............
Sidérée .....je suis ......... de constater qu'avec une telle économie des mots , on puisse parler de "style" .......... bien écrit , mal écrit ? Ce serait irrévérencieux de juger une telle oeuvre sous cet angle là ! Pour moi la force de ce livre , c'est justement d'avoir outrepassé les règles habituelles des procédés d'écriture ..... Pour nous offrir, à travers ce huit-clos, Cette atmosphère oppressante , Ce rythme scandé des phrases , quasi incantatoire , Cette montée en puissance de la tension .....dans une sorte de souffle expiatoire ........
"une histoire rédemptrice", par l'expulsion de LA SOUFFRANCE au travers de la "confession "de cette femme....... qui met en lumière , l'aberration de ce système aliénant , autant pour l'homme que pour la femme, .......
Quant à la fin , pour moi c'est le début d'une nouvelle ère !!! et celle ci naîtra de la femme .........
Une oeuvre à part , riche d'interprétations multiples , et de symboliques ......... J'ai été touchée .....mais aussi troublée ......
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| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Atiq Rahimi Sam 16 Nov 2013 - 22:05 | |
| Syngué Sabour
J’ai longtemps repoussé la lecture de ce livre, d’abord à cause de toute la publicité qui a été faite lorsqu’il a obtenu le Goncourt (ça me gonflait vraiment) et ensuite à cause du sujet qui me tentait moyen.
Maintenant, c’est lu et je ne sais pas vraiment si j’ai beaucoup aimé ou juste un peu, ça reste flou. Je n’ai pas été particulièrement touchée par cette histoire qui pourtant a tout ce qu’il faut pour émouvoir. Je pense que c’est sans doute à cause du style, dépouillé, froid, qui est sans doute nécessaire compte tenu du sujet très sombre mais qui ne m’a pas franchement emballée. Je n’aime pas le style larmoyant et appuyé mais pour le coup, là j’ai trouvé qu’il aurait pu montrer un peu moins de distance. Bref, je serais assez tentée de lire autre chose de lui juste par curiosité parce que je crois qu’il y a pas mal de choses quand même qui retiennent l’attention. | |
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| Sujet: Re: Atiq Rahimi | |
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| | | | Atiq Rahimi | |
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