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| Patrick Grainville | |
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Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 26 Jan 2009 - 1:08 | |
| - coline a écrit:
- L’orgie, la neige
J’aurai découvert en lisant ce roman avant tout un style, un grand style, comme j’aime. Une écriture poétique pour un récit extrêmement sensuel. L’évocation nostalgique d’une adolescence. Celle d’un garçon fasciné par la neige qui sublime toutes ses perceptions. Et encore! Dans ce roman comme dans "les Anges et les Faucons" il est très sobre côté sensualité. ça se corse dans l'atelier du peintre, Colère ( à Rio) ou La caverne céleste (entre autres!) Content que tu apprécies | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 26 Jan 2009 - 1:11 | |
| - Marko a écrit:
-
Content que tu apprécies Je lirai d'autres romans de Patrick Grainville...Merci de m'avoir incitée à le découvrir... | |
| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Patrick Grainville Sam 31 Jan 2009 - 22:53 | |
| Je n'ai lu qu'un seul Patrick Grainville dans le cadre de mes études. Ce fut L'Atelier du peintre.
Ce que j'en retiens ?
Une lecture intense, forte en émotions, vibrante, troublante, sensuelle. Un livre sur la création et ce qui permet à l'artiste de créer. C'est aussi un livre sur la névrose de l'artiste. C'est un livre fort qui aborde des thèmes violents.
L'atelier du peintre nous invite dans l'atelier d'un peintre à Los Angeles dont le but est de reproduire les époux Arnolfini modernes. Il utilise ses modèles qui sont ses élèves et qui vivent chez lui. Il regroupe dans son atelier des personnalités très fortes. C'est aussi un livre assez érotique.
Lors de la lecture, je fus une des rares personnes à avoir apprécie ce texte. Beaucoup était dégoûté, écoeuré voire même choqué. Il est vrai que ce livre n'est pas 'moral' mais il est puissant.
Je n'ai jamais plu acheté de livres de Grainville. Peut-être voulais-je rester sur une excellente lecture. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Sam 31 Jan 2009 - 23:22 | |
| - LaurenceV a écrit:
Je n'ai jamais plu acheté de livres de Grainville. Peut-être voulais-je rester sur une excellente lecture. Tu en dis l'essentiel! Merci Laurence Pour ma part je n'y vois aucune immoralité, juste de la sensualité qui s'exprime de multiples façons... | |
| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Patrick Grainville Sam 31 Jan 2009 - 23:25 | |
| Je n'y vois pas non plus d'immoralité... C'est juste que ce roman heurtait mes amies... Pour moi, il s'agit d'un roman au-delà de la morale. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 21 Déc 2009 - 20:19 | |
| Patrick Grainville sort le 7 Janvier son dernier livre: Le Baiser de la pieuvreInspiré par la célèbre estampe d' Hokusai, Le rêve de la femme du pêcheur. - Citation :
- Le Rêve de la femme du pêcheur d’Hokusai est l’estampe érotique japonaise la plus connue. La plus énigmatique aussi. Union de la femme et de la bête marine. Scène d’hypnose, de sexe, de vigilance animale et de volupté surnaturelle. Patrick Grainville n’aborde pas le sujet par le biais d’une biographie d’Hokusaï et d’une reconstitution de son époque. Il va droit au cœur du motif et raconte l’histoire de ce couple impossible d’amantes : femme et pieuvre.
Au gré des péripéties très concrètes, affleure le sens de cette aventure inédite. C’est d’abord l’évocation réaliste d’une île asiatique, perdue dans la mer où vivent quelques villages de pêcheurs et de paysans au pied d’un volcan enveloppé de rizières… Allan, un naturaliste américain se livre à des recherches mystérieuses dans la forêt tandis qu’un moine géant et truculent passe de la peinture des paysages à celle des corps.
Car tout commence par la révélation qui frappe un bel adolescent, voyeur aveuglé par la nudité d’une femme … L’apparition, l’emprise de la pieuvre et de la passion naîtront de ce dévoilement de la beauté interdite et de sa profusion intime et sensuelle. Celui-là je le sens bien! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Dim 17 Jan 2010 - 23:08 | |
| Je l'ai presque terminé et il est magique! Un des meilleurs Grainville. Alice Ferney en a fait une très belle critique: - Citation :
- La belle endormie et la pieuvre géante
Alice Ferney
«Le baiser de la pieuvre» de Patrick Grainville - Dans l'océan Pacifique, un village est menacé par l'éruption d'un volcan. En attendant le désastre, un bel adolescent épie chaque nuit les étreintes interdites d'une jolie veuve…
Le nouveau livre de Patrick Grainville s'ouvre sur la reproduction d'une estampe japonaise : une femme nue, pâmée dans les tentacules d'une pieuvre. Le romancier raconte l'histoire que suscite en lui ce Rêve de la femme du pêcheur, comme s'il cherchait quelle aventure rassemble le tableau. En prenant ainsi son envol du motif érotique d'Hokusai, l'écrivain trouve un sujet qui l'habite et se laisse habiter, le galvanise, et fait étinceler une écriture dont, dès la première page, la signature artistique autant que la beauté singulière sont identifiables.
L'auteur des Flamboyants ou du Paradis des orages, qu'on dit baroque pour résumer, est surtout un styliste inspiré, un voyant, qui regarde les choses en les aimant. En vingt-deux romans, son œuvre a délimité le territoire d'un imaginaire passionnel. Les femmes, les corps, le sexe et l'amour, les bêtes et les arbres, l'Afrique, la mer, la forêt, la chasse, la neige sont autant de beautés à quoi il a offert et confronté sa littérature. Avec Le Baiser de la pieuvre, on est saisi par l'adéquation parfaite entre le talent que détient le romancier et l'objet qu'il se donne : le style audacieux, absolument original, se déploie sur une matière qu'il enrichit et devient non pas la simple enluminure d'un récit, mais sa texture même. Poétique, analogique, imagé et, à mon avis, inégalé. Il y a du Giono dans l'inattendu des alliances verbales, un génie de l'image inédite qui, en déplaçant l'usage d'un terme, le recrée, fait choc, embrase le vocabulaire pour faire de chaque mot une «aigrette de feu», comme le dit Flaubert.
Une île dans l'océan Pacifique, un village, un volcan, une déferlante, une pieuvre géante, un naturaliste dévoyé, une forêt, un monastère, voici le décor autour de la jolie veuve Tô et du bel adolescent Haruo. Toutes les nuits, Haruo épie Tô, endormie dans sa maison lacustre. Dans la persévérante ardeur de son guet, Haruo surprend (ou rêve) l'étreinte de Tô et de la pieuvre géante Oruyi. Il entend le chant du plaisir de cette femme qu'il aime sans le dire. L'union répétée de Tô et de la bête le fascine, le trouble, le révulse. Haruo en protège le secret, au milieu des villageois qui labourent, sèment, récoltent, occupés à leurs histoires, leurs fêtes, leurs croyances.
Force fantasmatique Une éruption menace leur île. Le sage Hô, qui dispense ses enseignements de vie, sera l'intercesseur de l'amour. Le naturaliste Allan, retors et perfide, mène ses trafics, pilleur sans morale, méprisant. Car le monde pollueur, industrieux, électronique, chasseur, sillonne les eaux alentour. Le livre dévide l'écheveau des histoires humaines autour de la femme silencieuse et aimée. Patrick Grainville écrit ce qui le captive comme un feu lèche son bois : les phrases ici caressent une vie primitive des insulaires, la nudité, la nature dans ses atours de mer et de montagne, ses luxuriances, ses moiteurs, et l'élan des corps en prise avec la terre.
Certaines pages prennent une ampleur qui transporte : une pêche à la baleine, une séance de dessin, une marche sur les flancs du volcan, des étreintes amoureuses, les travaux des champs. À la fertilité de son regard, Patrick Grainville ajoute une force fantasmatique qui magnifie ses personnages : Allan incarne la perversité, Hô l'énergie vitale et la joie de l'être, Tô le ravissement de la féminité, Haruo la tentation et la beauté. Le beau couple est saisi dans le mystère de l'attraction amoureuse et la magie de la jouissance, sur le chemin de l'amour.
Il faut aller vers ce livre rare, que l'on peut dire à haute voix, somptueuse étoffe de mots et d'images dans laquelle le lecteur s'épanouit comme la femme du tableau.
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| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 18 Jan 2010 - 0:00 | |
| Avant de faire mon propre post, un extrait fantasmagorique de cet étonnant roman:
Il n'osa pas glisser un regard par une petite lucarne latérale qui faisait écho à la fenêtre frontale. Il resta collé à la paroi de claies. Dans la pénombre que pâlissait l'éclat des eaux réverbérées par deux ouvertures de la chambre, il vit poindre le doigt, le tentacule lisse, son tâtonnement méticuleux, sensible. Le bras palpait les parois de la demeure. Puis un autre reptile surgit, s'étirant plus bas, cherchant, auscultant avec une agilité sagace, une compréhension de l'espace et de ses moindres contours. Un troisième ruissela doucement, de biais, avec la même intelligence. Toutes ces sondes exploraient, enlaçaient la chambre de Tô. Et la tête apparut, le corps s'engouffra, déformé, fuselé, visqueux, dans l'orifice béant de la fenêtre. Tout le volume orangé et rutilant coula vers le sol, se répandit, avança dans la pièce. Tô reposait nue dans son sommeil, allongée sur le dos, au sein de sa chevelure épandue que perçaient les bouts noirs de ses seins. Tout à coup, Haruo comprit qu'elle était réveillée, paralysée, écartelée sur sa couche, dans l'écoute du froissement, dans la vision déjà des vivantes lianes qui parurent phosphorescentes au moment où la lune se montra de l'autre côté du volcan Gû. Elles venaient de toutes parts, voluptueuses et tenaces. Elles s'étoilaient dans la pénombre. Et le corps qui les commandait semblait flotter avec une légèreté aérienne, tel un nuage d'organes. Haruo entendit le bruit de gorge de Tô. Mais la terreur et la fascination le clouaient derrière la claie. Les rayons d'Oryui auréolèrent le lit et l'inondèrent de leur chevelure. Les cuisses étaient prises dans les anneaux, puis les épaules, les flancs. Le flot multiplié montait, submergait Tô avec la délicatesse d'une plante arachnéenne. Un gémissement s'échappa de la bouche de Tô quand elle reconnut les deux yeux de la pieuvre fixés sur elle. Un cri étranglé tant se déployait sur sa peau blanche la voûte inconnaissable et douce des membres de la déesse. Les lobes se frayaient des sillons le long de ses seins, entre ses fesses, entre ses cuisses. Et c'était comme la nuit du séisme, le même ciel béant sur le tonnerre du volcan et de la mer, le même musc sauvage, toutes les bouches de feu des abysses lâchant leurs énergies liquides. L'île la recouvrait de ses entrailles et de son coeur. Tous ses sexes de braise s'ouvraient à elle. Et cela se glissait, entrait, la caressait, la prenait, la vrillait, l'élançait, faisait danser ses membres sur la roue d'une torture sans nom. Haruo ne pouvait plus distinguer le corps lunaire de la veuve de la fleur vorace et tentaculaire qui l'envahissait. Alors, ce fut un chant qui monta du magma de la couche, celui de la jeune veuve Tô tordue de délices. Et ce chant rabattit Haruo au pied des pailles rêches. Ecroulé sous le coup de ce ravissement qui l'excluait de la vie, du centre du monde et de son radical mystère. Oui du vrai corps, du seul corps inouï de Tô. Haruo fut terrassé comme par la foudre de l'extase de Tô qu'il avait perdue à jamais dans ce noeud luminescent des peaux, cet écheveau gonflé de muqueuses ardentes, cette constellation qui faisait régner l'absolu de la bête inaccessible.
Voilà comment Grainville s'inspire de cette estampe érotique. Pas mal, non? | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 18 Jan 2010 - 0:25 | |
| - Marko a écrit:
- Alice Ferney en a fait une très belle critique:
- Citation :
- La belle endormie et la pieuvre géante
Alice Ferney
«Il faut aller vers ce livre rare, que l'on peut dire à haute voix, somptueuse étoffe de mots et d'images dans laquelle le lecteur s'épanouit comme la femme du tableau.
Je voulais lire un autre Granville...Celui-ci peut-être... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 18 Jan 2010 - 0:29 | |
| - coline a écrit:
Je voulais lire un autre Granville...Celui-ci peut-être... Il pourrait te plaire je pense! L'atmosphère sur cette île volcanique a une dimension abstraite, onirique, mythologique, qui envoûte. A condition de se laisser emporter par le foisonnement et l'érotisme de ses visions. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 18 Jan 2010 - 21:46 | |
| En faisant quelques recherches sur l'estampe d'Hokusai je suis tombé sur cette vidéo d'un certain Ouraken qui crée des installations très étranges ou érotisme et mort se mêlent. Ici son illustration du "Rêve de La femme du pêcheur":
Ouraken et Hokusai
Une autre vidéo un peu macabre (Queenie jette un oeil!):
Ouraken: Dead Geisha's garden | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Mar 19 Jan 2010 - 14:03 | |
| Avec Le Baiser de la pieuvre je retrouve le plaisir que m'avait procuré "Comment Wang-Fô fut sauvé" de Marguerite Yourcenar. Cette beauté du style qui épouse l'atmosphère orientalisante de la fable. Mais chez Grainville l'érotisme est omniprésent et l'écriture plus voluptueuse.
Dans cet extrait, le moine bouddhiste Hô tente d'apaiser la solitude de l'adolescent Haruo qui est troublé par tous les désirs qui le hantent, du corps de la belle Tô possédée par la pieuvre à l'étreinte du naturaliste occidental Allan dans les sources chaudes de l'île. J'y retrouve la poésie orientale du conte de Yourcenar:
Quels que soient tes affres, tes secrets, je les devine et aussi je les aime, je les intègre dans le mouvement de l'île et de la vie qui peut tout comprendre, tout relier sans blessure, Haruo. Ta solitude est une illusion, ton histoire un moment du flot qui perpétuellement nous tisse à la fontaine du monde.
J'aurais envie de recopier toutes les pages du livre tellement les descriptions sont imagées, magiques, hypnotiques. A commencer par les descriptions du volcan Gû ou de la mer de Mâ et ses mureines... J'en mettrai quelques passages. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Mar 19 Jan 2010 - 18:45 | |
| Je continue mon post éclaté sur Le baiser de la pieuvre avec des descriptions du Volcan Gû: Une nuée noirâtre en couronnait la cime, ce cône décapité, béant sur les forges de la terre. Si l'on faisait le tour de la montagne, on dominait plus directement la mer. Là les ultimes rizières dessinaient des contours intermittents, irréguliers, puis s'arrêtaient net. Car, en dessous du cratère principal, une autre brêche s'ouvrait, en plein versant, tel un évent supplémentaire, une ouïe géante, écarquillée, rougeoyante de rubis dont la joiallerie fluait, épousait les accidents de la pente, usait des méandres entre les reliefs des ponces et des cendres, les croûtes jaunes des sulfures,jusqu'à l'explosion dans le brasier de la mer. Ainsi le volcan Gû érigeait ses deux faces contrastées. L'une habillée de fines rizières qui l'escaladaient jusqu'à mi-pente et qui tissaient, quand le riz était vert, la parure, la prairie la plus vive, et l'autre dressée en une cheminée dégarnie, rude, rauque, revêtue de son manteau de suie et de soufres, criblée de trous de fumerolles, un désert qui semblait l'orée des enfers en étirant sa longue plaie, cette saignée par où s'évacuait un trop-plein de purulence et de fournaise.
(...)
Haruo ramait sans effort, entendant au loin la rumeur des déferlantes sur les casques de corail. Il contourna la masse du volcan, cette circonférence formidable du cône dont les abrupts perdus dans la nuit lui parurent monstrueux, hérissés de crêtes et de bourrelets sombres, bosselés de laves pétrifiées où la lune projetait tantôt des reflets de plomb, tantôt des laitances calmes et froides. Dans les ténèbres surgit la déchirure du feu giclant du garrot de Gû. Sorti du petit cratère adventif, le ruisseau se dorait, serpentait telle la queue d'un fantastique dragon aux écailles coruscantes. Tandis que la barque évitait, à bonne distance, ce chaos, Haruo voyait inlassablement glisser tout le long du versant le grand ruban flamboyant qui, à la fin de sa course, se haussait, lentement chancelait en un remous convulsif, rugissait et grondait avant de plonger dans le gouffre fumant de la nuit marine. Le flot glouton ne cessait de l'avaler et de métamorphoser ses feux en rouleaux de velours crépitants et violâtres, en immenses omelettes ondulantes et mauves. Soudain un vomissement brusque éclata, dans un geyser de vapeurs et de soufre qui faisait sursauter Haruo.
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| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Patrick Grainville Jeu 21 Jan 2010 - 12:14 | |
| Opus Seuil sort 3 des meilleurs romans de Grainville en un seul volume avec un très bon article dans le magazine Lire : | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Patrick Grainville Jeu 21 Jan 2010 - 14:07 | |
| - Marko a écrit:
- Le Baiser de la pieuvre je retrouve le plaisir que m'avait procuré "Comment Wang-Fô fut sauvé" de Marguerite Yourcenar. Cette beauté du style qui épouse l'atmosphère orientalisante de la fable. Mais chez Grainville l'érotisme est omniprésent et l'écriture plus voluptueuse.
Dans cet extrait, le moine bouddhiste Hô tente d'apaiser la solitude de l'adolescent Haruo qui est troublé par tous les désirs qui le hantent, du corps de la belle Tô possédée par la pieuvre à l'étreinte du naturaliste occidental Allan dans les sources chaudes de l'île. J'y retrouve la poésie orientale du conte de Yourcenar:
Quels que soient tes affres, tes secrets, je les devine et aussi je les aime, je les intègre dans le mouvement de l'île et de la vie qui peut tout comprendre, tout relier sans blessure, Haruo. Ta solitude est une illusion, ton histoire un moment du flot qui perpétuellement nous tisse à la fontaine du monde.
Magnifique!...Je le commande!... | |
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| | | | Patrick Grainville | |
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