Jean-Marie Gustave Le Clézio

J'ai fini "Ourania" que j'ai aimé aussi.
Que dire de plus que Domreader ?
J'aime cette faculté de Le Clézio de trouver le beau dans un monde de misère. Ce n'est jamais désespérant même si c'est très dur.
En revanche je viens de lire le court mais très beau "Pawana" sur l'extermination du paradis des baleines au début du siècle. J'en ai eu l'estomac retourné. C'est très fort, très beau et d'autant plus insupportable.
Toute cette beauté massacrée. J'en ai été malade. Je découvre Le Clézio avec le sentiment qu'il met la lumière dans nos faiblesses. Il ne juge pas. Il souffre et dénonce. Et peut être ce qui nous permet de supporter l'intolérable c'est cette propension qu'il a à trouver le beau partout où il se trouve.

J'abandonne "le livre des fuites" au bout de qqs pages. Je n'aime pas du tout ce genre d'écriture. Le Clézio a vraiment fait des choses très différentes j'ai l'impression. Je vais plutôt rechercher dans ses bouquins plus récents puisque j'ai beaucoup aimé "Etoile errante", "Ourania" et "Pawana".

Je pense que lorsque je vais revenir à Le Clézio, ce sera avec son premier livre: Le procès-verbal. (Prix Renaudot 1963 )
Mais pas tout de suite...

majeanne a écrit:

Le Clézio a vraiment fait des choses très différentes j'ai l'impression.

Cela est pour moi un signe de qualité chez un auteur mais c'est aussi le risque de tomber sur des livres qu'on n'aime pas autant que d'autres

J'ai lu un peu sur, Jean-Marie Gustave Le Clézio ,prix Nobel de littérature.
son livre, Ritournelle de la faim (Gallimard). ce qu'en dit madame Laurin.
me tente vraiment...je vais sortir mes sous.

Citation :

Un petit bijou de style, de sensibilité et d'humanisme.

Citation :

Un écrivain « de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle ». C'est ainsi que le jury suédois a qualifié le lauréat du Nobel de littérature 2008. Tout en le décrivant comme un « explorateur d'une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante ».

Citation :

C'est frappant, dans Ritournelle de la faim, à quel point Le Clézio trouve les mots simples, vrais, pour exprimer l'envers du décor, quand tout bascule, quand on n'est plus rien pour le reste de l'humanité. Et qu'on se bat pour exister, « pour être quelqu'un, devenir quelqu'un. Pour s'endurcir, pour oublier ».

L’Africain

Citation :

Présentation de l'éditeur
" J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m'a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j'ai écrit ce petit livre.

Stella a déjà parlé de ce livre sur ce fil. Et je ne peux que lui donner raison.
C’est un vrai plaisir de découvrir cette histoire très personnelle.
Sur un ton très touchant J.M.G. Le Clézio arrive à nous faire partir avec lui et sa famille dans ce voyage africain. J’en ressors toute enchantée.

Encore une découverte de cet auteur qui va m’amener à découvrir d’autres livres de lui..

Et puis, dans l'Africain, il y a ces phrases, écrites spécialement pour Aériale croirait-on :

Citation :

Faisait-il chaud vraiment ? je n'en ai aucun souvenir. Je me souviens du froid de l'hiver, à Nice, ou à Roquebillière, je ressens encore l'air glacé qui soufflait dans les ruelles, un froid de glace et de neige, malgré nos guêtres et nos gilets en peau de mouton.

Tout ça à Nice, patrie du soleil éternel.

kenavo a écrit:

[C’est un vrai plaisir de découvrir cette histoire très personnelle. Sur un ton très touchant J.M.G. Le Clézio arrive à nous faire partir avec lui et sa famille dans ce voyage africain. J’en ressors toute enchantée. Encore une découverte de cet auteur qui va m’amener à découvrir d’autres livres de lui..

, l'Africain, un de mes derniers achat. Je prévois le lire quelque part d'ici deux semaines.

Steven a écrit:

Et puis, dans l'Africain, il y a ces phrases, écrites spécialement pour Aériale croirait-on :

Citation :

Faisait-il chaud vraiment ? je n'en ai aucun souvenir. Je me souviens du froid de l'hiver, à Nice, ou à Roquebillière, je ressens encore l'air glacé qui soufflait dans les ruelles, un froid de glace et de neige, malgré nos guêtres et nos gilets en peau de mouton.

Tout ça à Nice, patrie du soleil éternel.

Ben voui Steven!

Mais qu'est-ce qu'il raconte Le Clezio?
A Roquebillière je veux bien (c'est mal exposé et humide)
Mais à Nice? Des guêtres et des peaux de mouton ??

C'était dans les années 40...la guerre...les privations...
Le souvenir amplifie les sensations .

Et puis il est devenu mauricien maintenant! Il est plus sensible au "froid"

J'ai fini L'Africain. Ce petit livre se lit rapidement, mais j'avoue qu'il m' a touché. Le parcours de l'auteur, à la rencontre de son père, rencontre qui ne se fera qu'à 8 ans. Le parcours de l'auteur adulte sur les traces de son père en Afrique. Les souvenirs que rapporte le Clézio sont tellement "anecdotiques" qu'ils ne peuvent qu'être vrais. Que retient la mémoire ? Le futile, le sans importance aux yeux des autres. Sa mémoire, aidée par les photos de son père nous amène au fil de l'eau, à la rencontre d'une Afrique que lui même ne sait pas qualifier.

Le premier roman que je lis de cet auteur qui me donne envie de faire un bout de chemin avec lui.

Spoiler:

Steven a écrit:

J'ai fini L'Africain. Ce petit livre se lit rapidement, mais j'avoue qu'il m' a touché

J'en avais lu des livres de lui avant.. et à nouveau pendant les dernières semaines.. mais c'est vrai.. celui-là va plus loin.. arrive à émouvoir un peu plus..

Le premier livre que j'ai lu de Le Clézio est Le Chercheur d'or. J'avais beaucoup aimé son écriture et la magie de son écriture. Il fait rêver, il fait vibrer.

Je l'ai retrouvé avec deux livres africains : Gens des nuages et L'Africain

Gens des nuages

Dans ce livre, Jemia et J.M.G. Le Clézio nous convient à un voyage dans le désert marocain, vers la Saguia el Hamra. Ce livre est le compte-rendu d’un retour aux origines de Jemia. Pour elle, il s’agit d’un retour aux sources, à son histoire, à son identité. Pour lui, il s’agit d’une découverte d’un lieu extrêmement riche historiquement et spirituellement. Le texte est sublime et poétique. Ils décrivent tellement bien ce qu’ils voient, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent qu’on le voit, le ressent et le vit avec eux. On voyage et on est émerveillé. Et puis, ils parlent du désert tellement bien. Ils parlent des héros de ce désert marocain, de ses chefs spirituels, de son histoire, de ses luttes. Ils parlent aussi des gens qui l’habitent, leur liberté et leur soumission à ce désert. C’est magnifique. Quand on referme ce livre, on est plein de leur expérience intense et on rêve de partir. Un livre à lire pour les passionnés du désert. Un livre pour tous.

Quelques phrases que j'ai retenues :

Citation :

Il n’y a pas de plus grande émotion que d’entrer dans le désert. Aucun désert ne ressemble à un autre, et pourtant, chaque fois le coeur bat plus fort. (p. 37)

Citation :

Mais les grandes civilisations qui ont éclairé le monde ne sont pas nées au paradis. Elles sont apparues dans les régions les plus inhospitalières de la planète, sous les climats les plus difficiles. (p. 56)

Citation :

Sans doute l’un des reproches qu’on pourrait faire à notre temps est-il de rendre facile l’accès à ces contrées autrefois interdites aux étrangers. Pourtant, le désert reste le pays le plus difficile, le plus mystérieux, malgré les véhicules tout-terrain et les balises électroniques. C’est que son mystère ne réside pas dans sa nature visible, mais plutôt dans sa magie, dans cet absolu irréductible qui échappe à l’entendement humain. (p. 59)

L'africain

Avec ce livre, Le Clézio nous plonge dans l’Afrique de son enfance mais aussi dans celle qu’ont connue ses parents juste avant la Deuxième Guerre Mondiale. Il nous parle d’une Afrique sauvage, violente et libre. Il nous raconte ses sensations d’enfant, sa vision de l’Afrique alors qu’il n’avait que 8 ans.

Le Clézio parle aussi de son père, qui est l’Africain. Il a vécu les meilleurs moments de sa vie sur ce continent, sa vie est en Afrique, dans l’Afrique profonde, celle où les colons ne mettent pas les pieds. Dans une Afrique différente, belle et douloureuse. Il parcourt les terres de l’Afrique équatoriale, de Victoria au Mont Cameroun, de Bamenda (où il a sa maison) à Banso. Ce sont les années de bonheur et de liberté. Les enfants naissent en France et lorsque la Guerre éclate, sa femme et ses enfants doivent rester en France. Il veut les rejoindre en Europe, mais il ne le pourra pas, il sera refoulé en Algérie. Il vivra donc la Guerre loin des siens et éloigné des conflits européens. Mais à ce moment-là, il devient médecin à Ogoja, une ville violente, colonisée. C’est dur car cela ne correspond plus à son Afrique. Lorsque les enfants arrivent en Afrique, le Père est un étranger avec des manies étranges. Ils doivent apprendre à vivre avec lui.

Et puis, le Père devient trop vieux pour continuer son travail de médecin en Afrique. Il est alors contraint de rentrer en France, un pays qui n’est pas le sien. Il est complètement déraciné. Et de là, il vit toutes les guerres d’indépendance des pays africains colonisés. Il suit ces combats avec assiduité. Mais il ne comprend pas, il ne comprend plus l’Afrique. Elle n’est plus celle qu’il a connue il y a quelques années.

C’est un livre merveilleux sur l’Afrique, un chant d’amour presque, une juste description d’un pays magique qui ne semble plus exister. C’est aussi un hommage rendu au Père. Dans ce livre, comme dans tous ses livres, Le Clézio donne envie de découvrir cette terre Africaine envoûtante et libre. Une terre qui nous fait relativiser, voir les choses autrement. L’écriture de Le Clézio est magique. Il a une écriture qui sait rendre la substance des choses. Un livre à lire pour aimer l’Afrique mais aussi pour la voir autrement.

LaurenceV a écrit:

Le premier livre que j'ai lu de Le Clézio est Le Chercheur d'or. J'avais beaucoup aimé son écriture et la magie de son écriture. Il fait rêver, il fait vibrer.

je suis en train de le lire.. et c'est

et merci pour tes commentaires pour Gens des nuages et L'Africain - deux lectures qui m'ont enchanté...

Je n´oublie pas de vous parler du" rêve mexicain", comme promis, mais comme cet ouvrage évoque les desastres du colonialisme et que l´on parle tant en ce moment de Levi-Strauss ( centenaire), me voilà repartie dans une nouvelle direction qui ne manquera pas, j´espère, d´apporter une lumière exigeante sur la lecture de Le Clezio. Patience! Ce que je ne sais pas encore, c´est si je serai capable d´articuler le tout!