Richard Yates

bix229 a écrit:

Yates, je ne sais trop pourquoi, je l' associe plutot à CHEEVER...

de même, je ne l'avais pas mentionné parce que je pensais que Darkanny aurait déjà fait une lecture de lui, mais je viens de revoir le fil de Cheever et pas de commentaire de Darkanny.. donc, oui.. une autre piste de lecture pour elle

J'ai lu "Les lumières de Bullet Park"
Effectivement l'univers est assez proche de Yates, mais il me manque quand même quelque chose.

darkanny a écrit:

J'ai lu "Les lumières de Bullet Park"
Effectivement l'univers est assez proche de Yates, mais il me manque quand même quelque chose.

je ne me suis donc pas tout à fait trompé
et oui, Cheever est un peu plus "soft" que Yates

Sept nouvelles dont le thème varie autour d'histoires intimes de couples, familles disloquées, fragments de vie au coeur des années 50 aux EU.
C'est toujours aussi finement écrit et analysé, avec un art très personnel pour rythmer le récit, entre dialogues et monologues.

Le propos est assez sombre mais chaque issue apporte une note de renouvellement et d'espoir pour ces personnages ballotés par la vie et ses intempéries.

Pour moi Richard Yates est le plus talentueux des romanciers américains sur ce thème.
Il n'y a pas de doute, et "La fenêtre panoramique" est un condensé à lui seul de tout ce qu'il a écrit.

Sa vie n'a pas été un parcours facile, parents divorcés, dépression, alcool, tuberculose, nul doute que tout cela a constitué en quelque sorte sa matière.

Ah Richard Yates, je l'avais un peu oublié. J'en ai un dans ma PAL mais j'ajoute celui-ci aussi qui me tente bien et ce sera une de mes premières lectures de 2013.

Dommage que ce soit des nouvelles.... je passera donc mon tour, mais j'ai fenêtre panoramique inscrit sur mon petit carnet.....

C'est tellement vrai ce qu'il raconte que ça peut vous plonger dans des abîmes de tristesse, mais absolument pas de désespoir. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

Epi, oui il faut que tu lises ces nouvelles.
Mimi pas sûre que ça te corresponde, mais essaie, tu nous diras.

darkanny a écrit:

C'est tellement vrai ce qu'il raconte que ça peut vous plonger dans des abîmes de tristesse, mais absolument pas de désespoir. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

Epi, oui il faut que tu lises ces nouvelles.
Mimi pas sûre que ça te corresponde, mais essaie, tu nous diras.

J'ai lu deux de ses romans, et j'avais bien aimé.
Pour les nouvelles, c'est certain, je ne tenterai pas, c'est la forme qui ne me convient pas.

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A Special Provience / Un destin d’exception

Citation :

Présentation de l’éditeur
1944, NY. Robert Prentice a dix-huit ans et s'apprête à rejoindre l'Europe pour servir son pays. Il a passé toute sa jeunesse à résister à l'étouffante présence de sa mère, Alice, en butte avec ses démons et ses ambitions extravagantes. Divorcée d'un honnête homme, apprentie sculptrice, elle s'est toujours sentie appelée à vivre un destin d'exception. Son cher Bobby, seul allié des années de tourmente, a vu son enfance hypothéquée, ses études sacrifiées, et a dû endurer les compagnons de fortune, les dettes honteuses et les déménagements à la cloche de bois. Aujourd'hui, engagé comme le reste de sa génération dans le corps militaire, il va pouvoir montrer à tous - et surtout à lui-même - qu'il n'est pas qu'un fils, le fils d'Alice Prentice, posant nu tel un faune, sous les yeux moqueurs des jeunes voisins, pour aider sa mère à donner forme à ses délires. La guerre lui offre enfin l'opportunité de devenir un homme, un vrai, capable de trouver sa place au sein d'une franche camaraderie de garnison et de s'illustrer dans de hauts faits de combats. Abreuvé d'idéalisme, nourri d'héroïsme hollywoodien, il croit, lui aussi, à son destin d'exception. Mais, à la guerre comme à la ville, il comprendra qu'il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus... Deux itinéraires, deux âmes blessées : Robert, par sa guerre ratée, Alice, par ses rêves insensés. Et pourtant, chacun garde toujours l'espoir d'une seconde chance possible, un jour, ailleurs. Dans un roman ouvertement autobiographique, Richard Yates fait le portrait d'une Amérique sans pitié, irrémédiablement en quête d'elle-même.

Contrairement à mes autres lecture de Richard Yates, j’étais plus réservée de lire celui-ci. Je doutais que le sujet de la IIème Guerre Mondiale n'allait m’enthousiasmer autant que ses autres écrits. Mais je n’avais pas compté sur le talent de cet auteur.

J’ai fait mon stage de soldat en compagnie de Prentice, rampé dans la boue et je suis même arrivée au front dans la première ligne de combat. Il s’agit certainement de souvenirs personnels de l’auteur et du coup on sent vraiment le vécu. En plus, ces moments et descriptions, bien que formant une grande partie du livre, ne font pas seulement dans le voyeurisme. Il s’agit bien de mettre ce moment de la vie de Prentice en balance avec celui de sa mère, dont on fait connaissance dans la première partie, mais dont on va vraiment partager un long moment de sa vie lors d’une deuxième partie. Sa capacité de vouloir se faire un autre destin que celui dans lequel elle se retrouve et par cela surtout se mentir, et mentir à ceux autour d'elle, donne de la compassion pour elle, mais aussi un savoir sur le caractère de son fils qui est ressorti de ce tourbillon de déménagements et fuites à cause de menaces financières, assez ‘sain’.

Et le petit ‘twist’ à la fin du livre qui est délivré en épilogue, fait que le lecteur ressort avec un sourire un peu malice, mais on est surtout content d’avoir fait un bout de chemin en compagnie de ces deux-là.

Quel bon auteur, au suivant !

darkanny a écrit:

Easter parade
car c'est une lecture qui marque, et pourtant rien de spécialement original y est présenté.
C'est tout l'art de Richard Yates, nous faire pénétrer dans un univers assez banal, mais on en ressort tout chamboulé.

Exactement Darkanny : j'ai abordé cette lecture dans la décontraction , portée par une écriture légère , sans éclat particulier ..........et la dernière page tournée , je me rends compte que la nuit est tombée , le temps a passé : et je suis presque étrangère à moi-même l'espace d'un instant , tant je me suis immergée , à mon insu dans ce roman.
Deux histoires parrallèles , retraçant le parcours de deux soeurs aux caractères antagonistes , faisant des choix de vie opposés mais qui auront une destinée tragiquement similaire .....sombrant toutes les deux dans l'alcoolisme et les désordres psychiques ....sur les traces de leur mère !
Pourquoi reproduire des schémas alors même que ces deux femmes , chacune à leur manière , semblent vouloir échapper à toute forme de déterminisme ? Qu'en est -il alors de la liberté lorsque "la destinée " vous accable et qu'aucune issue ne semble possible ?
Richard Yates nous entraîne dans ce désenchantement grandissant au fil des pages , à travers une écriture rapide , fleuve , sans effet de style , presque triviale dans sa pauvreté jusqu'à cette voie sans issue , fatale et sans appel : tout se passe très vite , sans qu'on s'en rende compte , il est déjà trop tard, et on se demande si vraiment on est acteur de sa vie ou simple marionnette ....
C'est triste , cruel et sans illusions , c'est doux-amère et désespérément lucide . Bouleversant .

Merci Eglantine, ça ravive encore mon intérêt pour cet auteur.

Je l'avais déjà retenu, mais te lire Eglantine me redonne envie de le découvrir! J'aime bien tous ces thèmes...

Merci pour tes impressions  

Merci pour ton commentaire Eglantine, toujours contente quand un de mes 'chouchous' arrive à enthousiasmer un nouveau lecteur

Aeriale a écrit:

Je l'avais déjà retenu, mais te lire Eglantine me redonne envie de le découvrir! J'aime bien tous ces thèmes...

oh oui, tu devrais aimer, il se retrouve proche de l'univers de John Cheever... et selon moi, en mieux

-Easter parade-

Un roman qui laisse un sentiment doux-amère, porté par une écriture simple et concise: l'histoire de deux soeurs élevées par une mère capricieuse, un tantinet dépressive, qui rêve de réussite sociale mais ne peut s'en offrir que les apparences. Elles ne voient pas souvent leur père, séparé de sa femme, et simple préparateur de copie dans un grand quotidien. Sarah est sa préférée. Plus docile, plus jolie, elle satisfait les ambitions de sa mère en épousant son voisin anglais qu'elle imagine aisé. Emily plus indépendante, se démarquera de son aînée en choisissant de rentrer à l'université...

Comment deux soeurs antinomiques et optant pour des choix de vie radicalement différents parviendront 'elles chacune à leur façon à se louper? Entre réalisation personnelle ou accomplissement familial, Yates nous retrace au travers du regard d'Emily leur parcours parfois chaotique.  Espoirs déçus, amours ratés, prises de conscience tardives derrière les images factices. On tente de cacher les travers d'un côté, on veut croire à la réussite de l'autre, mais la réalité finit toujours par rattraper l'illusion.

C'est à la fois triste et lucide, on sent poindre tout le pessimisme de l'auteur dans cette chronique de vies ordinaires où les faux semblants s'écroulent sous le poids du quotidien. On reste sur cette phrase plus que lapidaire de l'héroïne à la toute fin du livre :" Tu sais le plus drôle ? J'ai presque cinquante ans et je n'ai jamais rien compris de toute ma vie." Mais quel art pour décrire l'ironie de cette vie. Brillant!

...

kenavo a écrit:

oui, tu devrais aimer, il se retrouve proche de l'univers de John Cheever... et selon moi, en mieux

Tout à fait, j'ai pensé à Cheever pour le côté désenchanté, un peu cynique, et Richard Yates excelle à faire ressortir l'essentiel, dans ces modes vies américains des années sixties. Un peu comme un nouvelliste, il finit ses chapitres sous forme d'ellipses, en nous laissant la possibilité d'interpréter, ce qui donne beaucoup d'aération et permet de reconstruire le puzzle, ici autour du personnage central d'Emily, la plus consciente de cette mascarade. C'est dur et en même temps plus empathique que chez Cheever, je trouve, car ce personnage avoue parfois ses faiblesses, même s'il ne s'étend pas...

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Merci pour ton commentaire Aériale ;vraiment ravie de voir que tu as apprécié aussi  !   
Tu évoques Cheever  en faisant un parallèle : je tenterai un de ces jours , je ne l'ai jamais lu .