Maurice Blanchot

peut être Celui qui ne m'accompagnait pas ? avec ce suspens surnaturel... et se trouver un moment de capacité et de disponibilité. Ou essayer un titre comme il vient ?

L'arrêt de mort est plus accessible (facile à lire à sa manière) mais je suis content de l'avoir lu, maintenant, après les autres, parce qu'il précise un regard plus qu'il ne le définit.

Dans un contexte différent et avec une approche plus naturelle (la recherche d'une très bonne lecture) en se laissant aller à s'adapter et à relire quelques phrases, paragraphes ou pages pour mieux y rentrer, saisir l'écriture dans son ensemble... il y a de bonnes chances pour en redemander

Je te suis Animal, on peut aimer sans TOUT comprendre.

Et sans pouvoir toujours l' expliquer.
On est ébloui, ému, reconnaissant...

Aimer c' est cela, non ?

en partie. TOUT comprendre ça deviendrait ambigu devant certains de ses textes non ?

je crois, il me semble, pour ce que j'ai lu, que sa démarche, sa maîtrise ont un vrai sens. je connais mal la langue, la grammaire, la conjugaison, j'ai peu de vocabulaires mais à le lire (il n'épluche pas non plus le dico remarquez) qu'il insiste à donner un maximum de sens à cette langue, à l'expression... ce besoin et son objet vont de paire avec une approche de la pensée, et une manière.

ce que j'aime ? ça a un sens et c'est une œuvre d'art. j'aime sa lecture comme ça. La même chose que dans un musée quand le sens du moment se transforme, s'accomplit (verbe que je tente pour essayer de rendre cette impression si particulière). C'est donc une compréhension qui n'est pas mathématique, elle l'est aussi, peut-être, mais elle répond à un besoin plus intérieur et plus vaste.

Pour moi Blanchot joue sur ce terrain, ça ne veut pas dire qu'il est seul et auto suffisant (ce qui fait aussi l'attrait de ce terrain est son manque de frontières).

pas clair ? c'est qu'il est l'heure d'aller dormir !

Dites donc je vois que vous êtes au taquet avec Blanchot..; . Ok va pour 'Celui que ne m'accompagnait pas'. Je n'en ai jamais entendu parlé. Le titre est beau. Assez énigmatique. J'y vais voir. Merci animal.

attends quand même de l'avoir lu pour remercier

je suis serein cependant, et la coupure avec le monde habituel est probable. Prends ton temps.

d'accord je t'enverrai un skud si jamais je m'ennuie à mourir et que je me retrouve plongé dans l'horrible souvenir de ma classe prépa infernale où j'ai mangé par mauvais coeur du Blanchot poudré sans comprendre ce que j'y baratinai dans mes disserts à la noix. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Blanchot ne fut pas celui qui m'a accompagné dans mes lectures les années qui ont suivi...

des choses sont possibles mais l'ennui... au pire ça sera une torture d'efforts répétés pour tenter de se raccrocher à un sentiment de lecture

je suis dans les débuts du Livre à venir qui n'est donc pas un roman et... si je dois m'arrêter sur le premier cas abordé, Proust et le temps, le rapport au temps de l'écriture, de cet auteur, de l'écriture de cet auteur... je ne connais pas Proust, maintenant j'aimerai car il dévoile quelque chose de plus dramatique et abyssal qu'une nostalgie (excusez si je choque avec l'idée reçue, je ne connais pas)... mais surtout, et plus inquiétant, presque, j'imagine malgré moi, derrière ce que j'ai du dire comme créant un contraire ou un forçage de l'intellect une écriture infiniment pensée (pour Blanchot dans ses romans) ... très difficile à détailler, mais pour le temps c'est comme si peut être il était réellement capable de le décomposer. S'en est presque effrayant.

Le manque de repères n'empêche heureusement pas un intérêt soutenu pour cette lecture...

bix229 a écrit:

Courageux l' Animal !

Moi je préfère ce qu' il a écrit sur les autres écrivains...
Quand un écrivain come Blanchot écrit sur les autres, c'st carrémént un
genre à part. Comme quand Sebald parle de Rousseau ou de Keller.
Je ne sais si quelqu' a aussi bien lu et parlé d' écrivains comme Artaud, Beckett, Michaux, Woolf, Louis René Des Forets.
Ou encore Kafka, Holderlin et Rilke.

Cet homme, Blanchot, a failli etre fusillé par les Allemands en 1944. et ça
l' a changé à jamais.
Par moments il m' apparait comme un personnage immense granitique
de solitude et d'absence.

je continue à débloquer au cours de ma lecture du livre à venir... en plus, ou avec, sa manière d'utiliser les vides et les contraires non pas en opposition mais en complémentarité, il recherche des motivations profondes et explique, s'explique avec une puissante générosité.

ce qui est compliqué (en plus de certains passages... ) c'est d'envisager ses points d'intérêt pour des auteurs comme point de vue pour la lecture de son écriture, inévitablement on retrouve, au moins on est tenté de retrouver, chez lui ces motivations ... et découvrir une partie des objectifs de son travail, son écriture qui ne peut qu'apparaitre rigoureuse. je regrette de ne pas connaître les écrits de la plupart des auteurs dont il parle (de ce que j'ai entrevu pour le moment entre feuilletage et lecture, je n'ai de certitude que sur Musil). c'est merveilleux sa capacité à aller chercher le lien du pourquoi et du comment, à donner un sens ou de la valeur (pas au sens marchand évidemment) à une démarche, une nécessité.

mais ma question est ... tu l'as lu d'abord par lui même ou parlant des autres ?

J' ai lu Blanchot pour lui-meme, mais contrairement à toi, j' ai eu du mal avec ses romans
alors que ses essais avaient pour moi le double interet d' éclairer un écrivain comme personne
d' autre.
Et celui de découvrir en meme temps un immense écrivain, dont le style nous enchaine à la lecture
alors meme qu' on perd pied parfois...
Je ne sais pas, c' est un peu comme si on suivait un sentier difficile d' accès, sans préparation ni mode d' emploi.
Mais pour gratification quelque chose de personnel qu' on a du mal à décrire et meme à partager...
J' ouvre L' Espace littéraire au hasard et je lis :

LE DEHORS, LA NUIT

L' oeuvre attire celui qui s' y consacre vers le point où elle est à l' épreuve de l' impossibilité. Expérience
qui est proprement nocturne, qui est celle meme de la nuit.
Dans la nuit, tout a disparu. C' est la première nuit. Là s' approche l' absence, le silence, le repos, la nuit
Là, la mort s' efface, celui qui dort ne le sait pas, celui qui meurt va à la rencontre d' un mourir vériatable, là s' achève et s' accomplit la parole dans la profondeur silencieuse qui la garantit comme son sens.

Mais on peut difficilement citer Blanchot, parce que chaque phrase en appelle une autre et une autre
encore, et que l' ensemble est un tout indisociable. Une construction étrange mais qui parait toujours
cohérente...

Oh et puis, bonne chance, Animal, que dire de plus ?

j'espère trouver des tentatives de réponses à cette question

et merci pour l'extrait !

Tabarouette, pour reprendre un patois de ma contrée. Blanchot est quelqu'un pour décrire l'univers glauque de la nuit.

je vais rebondir sur le message de Marie qui m'oblige un peu à donner quelque chose ce soir :

Marie a écrit:

Citation :

Lecture, journal littéraire 2002-2009 Michel Crépu
j'ai recherché un peu pour avoir plus de détails.. cela semble très intéressant.. tu nous diras après ta lecture

Je crains de ne pas avoir le temps, alors je dis tout de suite, c'est un vrai régal, ces notes sur des lectures au fil des jours!
Quelques lignes de Didier Jacob ici

J'en lis quelques pages tous les jours, ce matin j'ai pensé à Animal et Blanchot:

Citation :

Note complémentaire au sujet de Blanchot. Un quiétiste de l'après-Shoah. Mortifère? Mortifère, c'est quand il n'y a plus d'autre: or la mort est l'autre par excellence. Mortifère est une incapacité à mourir vraiment. La logique blanchotienne est une logique mystique d'abandon: ni oui, ni non, récusation du ni-ni, plus d'enjeu de ce genre, quelque chose plus loin, au-delà, en deçà. On dirait que Blanchot s'est déplacé là-dedans comme un félin bizarre- peut être une forme de dandysme?

pour parler de ma lecture du Livre à venir, qui n'est pas un roman, mais ça se perdrait si on devait lancer un fil pour une autre facette de l'auteur, enfin "autre" c'est une façon de parler...

Citation :

Le secret de la littérature, la littérature comme exigence et comme sens et sa voie à venir se trouvent au centre de ces recherches. Avec un savoir passionné et anxieux, il nous est parlé de proust, d'artaud, de broch, de musil, de henry james, de samuel beckett, de mallarmé, de plusieurs autres et même de celui qui sera, un jour, le dernier écrivain.
mais peut-être, plus que des auteurs et des livres, est-il question ici du mouvement d'où viennent tous les livres et qui détient, d'une manière encore cachée, l'avenir de la communication et la communication comme avenir.

on pourrait dire un panorama attentif et interrogateur mais aussi exigeant et déterminé. le petit extrait proposé par Marie insiste bien sur cette étrangeté du langage de cet homme pour qui la négation, le contraire ou l'absence "n'enlèvent rien", ne nient pas mais complètent, éclairent , enrichissent leur objet. une déroutante évidence logique qui peut laisser présager de la force des raisonnements qui s'en nourrissent. ce panorama, une compilation de différentes études il me semble (je n'ai plus le livre pour vérifier) se distingue par une vertigineuse ouverture sur l'autre auteur, la recherche de son travail et de l'origine de son écriture, ce qui n'empêche pas un regard critique.

plusieurs formes se construisent au fil des pages (et selon l'accès qu'on peut s'y trouver...) les points de vues sur les auteurs forcément, des points de vues pour la lecture des fictions de Blanchot, impossible de ne pas y penser... éventuellement de se décrocher la mâchoire à tenter d'imaginer ce qui peut habiter ses pages... et l'objet livre et la littérature. quand s'imposent des rapports différents à l'espace et au temps et à la présence, et donc à l'absence, l'effacement de l'auteur notamment, on est presque plongé dans un référentiel logique différent de celui qui "doit" appréhender le monde mais non moins réel, et vrai puisqu'il fait partie de nous de façon marquée et massive lui aussi. une sorte de redécouverte qui n'en est pas une à laquelle on soustrait certains raccourcis... d'inconscient peut-être ? pour la vivre "normalement"... avec le vertige. pas facile à expliquer. on s'y perd, on s'y retrouve et c'est extraordinairement fascinant et inspirant.

c'est une presque collision avec la communication, la pensée, l'autre... des "modes de" également. la rencontre auteur/lecteur par la lecture ne se perd pas non plus, une question d'attente, de recherche d'un point, inévitable, avant, précédant juste... l'indicible de quelque chose, les objets irréconciliables (?) de l'un et de l'autre.

inutile de préciser que ça donne sauvagement et les sens en éveil la plupart des écrivains mentionnés... ce qu'il peut dire de Proust ou Rousseau... ce ne sont pas des figures de style ou de simples effets de l'esprit.

un livre sur lequel il faudra revenir, par étapes, ou en totalité, plus tard...

on dit souvent, ici aussi, que la lecture est une ouverture, créer une capacité à accueillir... ces pensées en sont un bon exemple, comme si on pouvait se dissoudre sans se perdre...

une lecture importante, qui vit... gêné par des zones d'ombres, une lecture trop rapide et pas assez décantée (mais la lecture absolue semble utopique d'un premier abord)... une lecture qui doit vivre.

je mettrai la patte sur un exemplaire... il se peut que des extraits apparaissent.

Il y a aussi une ambiguïté au titre, ou une "prise de sens" comme avec ses romans. Le livre à venir c'est l'évolution du livre, la nouveauté à venir, la prochaine métamorphose de la littérature... c'est aussi l'attente de se prochain livre, le nouveau, simplement le prochain... c'est une sorte d'énigme qui libère donc beaucoup de sens !

Bon. Je vais certainement tout bientôt faire un passage Gibert and co, après re-parcours de tout le fil, je vais guetter Blanchot...
Des titres en particulier, pour moi, si jamais j'ai un choix ?