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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Un petit livre très attachant parce que l'auteur y distille un humour bien à lui, teinté de mélancolie et d'absurde.
C'est une promenade dans une petite ville de l'ex-Yougoslavie, Kralievo où un cinéma subit les aléas économiques et politiques, seul le public est fidèle et se caractérise par son originalité indécrottable, sa façon de s'asseoir toujours au même rang et au même siège, ces personnages pleins de manies et de marottes.
Cette fidélité tranche avec les événements qui ont précipité la Yougoslavie dans la guerre, l'occupation et tout ce qui va s'ensuivre à savoir sa dislocation.
On suit la description de cet univers avec intérêt, tantôt amusé, tantôt nostalgique.
Mais l'auteur épingle quand même pas mal le système politique même si son humour rend le tout très "digeste" et farfelu.
Exemple dans l'extrait qui suit:
Le président Tito voyageait comme peu d'hommes dans le monde l'ont fait, il était sans cesse en train de se rendre à l'aéroport ou d'en revenir, affalé sur le siège d'une limousine décapotable en saluant de temps à autre de la main le peuple qui faisait la haie. On dit que lui-même ne savait plus s'il partait ou revenait (ce qui arrive aussi aux autres hommes d'état qui, absorbés par les problèmes du monde, n'ont pas le temps de s'attacher aux petits riens de la vie quotidienne). C'est pourquoi il y avait au service du protocole un homme de confiance chargé de déterminer, à partir de tous les paramètres connus, de laquelle de ces deux activités il s'agissait à tel ou tel moment, puis de le glisser à l'oreille du président: - Camarade Tito, d'après nos recoupements,vous partez....... - Camarade Tito, nos analyses indiquent que vous revenez..... Le plus souvent Tito admettait ces conclusions, mais il lui arrivait aussi de s'en tenir à son idée, si bien qu'il fallait parfois présenter au peuple un départ comme un retour. Et vice versa. Son plus proche entourage devait feindre de n'avoir rien remarqué.
J'adore cette façon dont l'auteur se moque de son pays et de ses concitoyens et notamment de ses dirigeants, c'est empreint de dérision qui allège bien le propos, mais qui ne masque pas une dénonciation sous jacente.
ça me donne envie de me balkaniser cette rencontre avec Petrovic, de continuer à découvrir des auteurs de la même trempe.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Promenade agréable et cocasse, sous un ciel qui s'écaille offre un regard tendre et subtil sur une société à travers l’histoire du cinéma municipal et des hommes qui l’ont fait et fréquenté . Un livre pour lequel je comprends parfaitement votre enthousiasme, mais le mien sera plus en demi-teinte (comme le livre). À côté de la nostalgie ironique j’aurais sans douté aimé un côté un peu plus corsé, une réelle intrigue, des personnages auxquels plus fortement s ‘attacher. Mais c’est un choix de l’auteur et non une défaillance, je ne saurais donc le discuter et sa tendre irrévérence, ses jeux avec les humains, les situations et la typographie m’ont souvent fait sourire. Il ne s'agit donc pas d'un manque de qualité du livre, mais d'une inadéquation par rapport à ma demande, et mon plaisir était là, quoique pas vraiment intense.Je tiens à le préciser car il serait dommage de s'en priver, pour des parfumés qui ont des choix différents : dans son genre c’est certainement une réussite.
Si c’est pas un commentaire de normand(e), ça…
domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
Sous un ciel qui s'écaille Si c’est pas un commentaire de normand(e), ça…
Oui c'est sûr mais il arrive fréquemment (en tout cas à moi) de ne pas vraiment être enthousiaste pour un livre sans pour cela l'avoir détesté. Ce n'est pas parce qu'on est pas enthousiaste qu'on ne trouve pas des qualités à un livre. Il m'arrive rarement d'adorer ou de détester un livre. Je dois avoir des origines normandes...
Présentation de l’éditeur Précédé de Atlas d’histoire imaginaire d’Alberto Manguel
En lisant Atlas des reflets célestes on pourra s’initier à une géographie singulière, observer huit rêveurs dans une maison qui n’a d’autre toit que le ciel, mener une partie de cache-cache interrompue, apprendre à se défendre des voleurs de rêves, découvrir la nature secrète des miroirs, goûter un baiser simple comme un gâteau saupoudré de sucre glace, se familiariser avec l’infini palimpseste qu’est l’encyclopédie Serpentiana, battre les « dix millions de grands chemins de l’espoir » et aborder autant d’autres sujets décoiffants…
« Au cours d’une vie, mais aussi après elle, les rêves peuvent rapetisser, croître, se léguer, se perdre, être empruntés, offerts, volés. Il faut veiller soigneusement sur eux. Il n’est pas que la taille totale d’un individu qui en dépende, mais, une fois faite la somme de tous les rêves, la taille totale de l’humanité. »
Après un recueil de nouvelles publié en 1989, voici le premier roman que Goran Petrovic a publié en 1993. Après presque vingt ans, on peut finalement avoir accès à ce début d’un auteur tout à fait à part.
Je pense que Goran Petrovic est de toute façon un auteur qui ne va jamais se limiter d’écrire des livres qui racontent une réalité telle quelle, mais je crois que la date joue un rôle pour ce livre. Son pays se trouvait en guerre et il avait probablement plus que jamais besoin de s’évader dans ses écrits, ses rêves, une autre réalité que celle qu’il trouvait autour de lui.
Voilà un atlas qui ne ressemble à aucun atlas que je connais, en plus c’est un atlas dans lequel on peut se perdre facilement. Et oui, le guide étant Goran Petrovic, cela n’a rien d’étonnant. Il déborde d’imagination, c’est soit agaçant soit enthousiasmant pour le lecteur. Pour moi c’est le dernier, j’adore cet auteur depuis ma première lecture et me voilà une fois de plus conquise.
Autant que je reste plutôt hermétique envers le réalisme magique de l’Amérique latine, autant j’adhère aux mondes imaginés qui nous viennent des Balkans.
Ainsi il faut probablement un petit avertissement à d’autres lecteurs probables – il faut se laisser porter par les mots de Goran Petrovic et abandonner toute pensée logique. Un exemple : ce groupe de jeunes vont démonter le toit de leur maison, pour avoir un toit bleu, pour pouvoir regarder le ciel pendant la nuit, parce que cela leur parait une bonne idée… et comment vont-ils faire en temps de pluie ? Mais rien de plus simple – un des leurs connaît une formule qui va avoir l’effet que leur espace sans toit va rester sec ! Et ainsi de suite… tout le livre est parsemé par de tels faits. Ils vont faire des rêves et le jour d’après vont rencontrer les personnages dont ils ont fait connaissance dans le rêve.
Si vous arrivez à ne pas vous poser des questions mais laisser cours libre au monde imaginé de Goran Petrovic vous allez faire un voyage extraordinaire !
Les quatre maladies annuelles
Maladie de printemps Comme le serpent se libère de la mue, l’épiderme de l’âme se renouvelle en l’homme, si bien que celui-ci devient pour une temps très vulnérable, incapable de se défendre contre les émotions un peu fortes et de ls empêcher de le submerger tout entier.
Maladie d’été À cause de la chaleur, l’excès de liquide sort par les pores de la peau, le corps devient plus conscient de lui-même, les mouvements s’affermissent, le regard se tend, et les ors de l’ardeur se fixent sur la peau.
Maladie d’automne La mélancolique humidité se condense quelques part à l’intérieur de l’homme, celui-ci devient pareil à une feuille sèche, très beau, mais fragile. Il convient alors de ne l’approcher qu’avec grande précaution et c’est aussi de précaution qu’il doit user à son propre égard.
Maladie d’hiver Tout tombe dans une douce somnolence de la mémoire ou de l’oubli, l’âme s’arrondit et prend la forme d’une petite balle, avec laquelle son hôte peut jouer, mais qui peut aussi l’étouffer en se coinçant dans sa gorge.
Notre ami Traversay ne participe plus au forum, mais il n’a pas arrêté de lire, vous pouvez découvrir son commentaire pour ce livre ici