Les Parfumés osent-ils critiquer?...

... Moi je dirai simplement que ça ne doit pas etre le projet de faire de la "critique", mais bien plutot de faire part de nos impressions bien subjectives, de notre plaisir, de notre étonnement... Du fait que tel livre sert de tremplin à notre imagination (tout comme c' était le cas pour les contes de notre enfance).

Il s' agit de montrer - pas forcément de démontrer - que les livres sont pour nous une nécessité vitale. Et que, quand vous n' en avez pas sous la main, ils vous manquent. On a tout dit sur la lecture, mais on n' a pas épuisé le plaisir d' en parler ni le mystère qui l' entoure et nous différencie de ceux qui ne lisent pas sans qu' il y ait supériorité.

La relation intime et personelle qui nous lie à un livre le temps d' une lecture, meme si ce n' est pas toujours. Un plaisir si souvent renouvellé. Le chagrin, les peines oubliés ou contenus ou pansés. Lire c' est avoir peur et etre consolé, nourrir des souvenir imaginés ou non. Peupler sa solitude. Redevenir de temps en temps l' enfant nourri des contes et que la maturité ou la connaissance n' ont pas blasé.

Avoir l' impression parfois, qu' il n' y a jamais eu qu' un seul livre auquel auraient collaboré des milliers d' auteurs depuis la nuit des temps et dans tous les pays. Meme s' ils n' étaient pas écrits mais transmis oralement ou de façon anonyme comme l' Odyssée... Et Les Mille et une nuits où la voix de Shéhérazade se fait entendre au risque de sa vie toutes les nuits.

Ou les contes populaires et universels, reflets de connaissances transmissibles à tous et qui rejoignent quelques part les mythes. Ces contes que nous disaient une mère, une grand mère, une soeur ou un instit, et qui nous permettaient de nous identifier au récit lui-meme à travers la voix de la conteuse.

C' est peut etre à cette époque-là que nous avons compris que les livres étaient là pour nous enchanter durant le reste de notre vie. Alors que nous commencions à prendre conscience que la vie - notre vie -n' était qu' un moment et qu' il n' y avait à peu près rien à comprendre du comment et du pourquoi. Seulement essayer d' échapper au poids du temps, de l' ennui, des souffrances et des questions sans fin.

Et je n' oublie pas ceux qui ont pris la relève des conteurs familiaux ou scolaires, des gens comme Polac ou Dumayet, Nadeau, Blanchot, ou Baitaille qui étaient mieux que des citriques mais des passeurs, des enchanteurs qui nous tendaient la main vers leur royaume imaginaire. Les revues, les meilleurs ne sont que des bornes, des sources bibliographiques qui nous aident à rcouper nos infos les plus diverses...

C'est amusant, il vient d'y avoir un article sur la critique, justement, à lire sur http://www.slate.fr/story/60421/web-litterature-enthousiasme , qui reprend pas mal d'éléments dont nous avions parlé.

Citation :

Lev Grossman du Time, a déclaré qu’il ne critiquait pas les livres qu’il n’aimait pas. Il a récemment signé un article titré Je déteste ce livre comme jamais: une méditation, d’où il a purgé tous les détails qui auraient pu permettre d’identifier le livre ou son auteur. Pendant longtemps, la principale rubrique littéraire de NPR. org se nommait «Les livres que nous aimons», et les critiques négatives étaient déconseillées. Des voix critiques ont depuis réussi à s’infiltrer sur le site, mais sont encore rares.

Amusant, non, le principe de la critique négative voilée ?

Citation :

Au lieu de ça, gentille mièvrerie et enthousiasme aveugle sont les sentiments dominants. Un peu comme si, à l’instar de la culture environnante, toute critique mordante était devenue synonyme d’agression. Tout est personnel — l’affection qu’on peut avoir pour un livre est interchangeable avec ses sentiments vis-à-vis de l’auteur en tant qu’être humain.
[...]
Le problème avec les J’aime, c’est qu’il s’agit d’une impasse du point de vue critique. L’anti sujet de conversation. C’est l’opinion sans arguments — voire, une posture sans opinion.
[...]
Une culture littéraire digne de ce nom ne devrait pas reposer à ce point sur l’estime personnelle et les soutiens mutuels. On n’y considérerait pas l’offense ou le désaccord comme toxique. On ne chercherait pas à tout prix à être aimé par-dessus tout. On accepterait les articles qui égratignent, les querelles et les critiques incendiaires, car elles rendent notre culture plus intéressante et sont bien souvent un reflet bien plus sincère de nos passions.

L'article parle aussi du phénomène Facebook/Twitter, gagner de la sympathie de ses followers, ce qui va assurer de bonnes critiques (comment critiquer quelqu'un qu'on connaît ?).
En effet :

Citation :

S’il fut un temps où les critiques pouvaient assumer une double personnalité, l’une à l’écrit et l’autre dans la vie — Rebecca West pouvait assassiner un livre le matin et dîner avec l’auteur le soir même — les médias sociaux ont fait tomber ces barrières.

Arabella a écrit:

A quels magazines spécialisés tu penses en particulier ?

En littérature je pense à La revue des deux mondes, à la Quinzaine Littéraire, au supplément livres du Monde, au Matricule des anges...

Pour le cinéma: Positif et Les cahiers du cinéma.

La critique est un exercice toujours délicat, que ce soit dans le cadre d'une revue ou celui plus spontané du forum. J'ai tendance de mon côté à être plus succinct que par le passé, à retracer une émotion particulière pour tenter de construire quelque chose de cohérent. Sortir de la fragilité de l'instant pour s'imposer un recul n'est pas évident.

Sur ma perception des critiques des Parfumés, j'ai tendance à tout lire en ce qui concerne le cinéma. Je n'ai pas toujours le temps d'être aussi exhaustif pour les livres mais il m'arrive souvent de revenir sur des fils et de retrouver des pistes de découverte. La portée d'un avis, d'un enthousiasme s'impose rarement comme une évidence mais chaque intervention peut laisser des traces.

Je lis régulièrement le magazine Lire et je constate que les critiques sont toujours très positives, ou alors simplement un peu tièdes. C'est dommage parce que je me laisse beaucoup moins tenter, et les livres vraiment excellents sont noyés au milieu des commentaires globalement positifs d'autres textes qui valent peut-être moins le détour.

colimasson a écrit:

Je lis régulièrement le magazine Lire et je constate que les critiques sont toujours très positives, ou alors simplement un peu tièdes. C'est dommage parce que je me laisse beaucoup moins tenter, et les livres vraiment excellents sont noyés au milieu des commentaires globalement positifs d'autres textes qui valent peut-être moins le détour.

Oui, ils ne veulent pas faire de vague...
A un moment, ils avaient carrément enlevé leur système de notation avec des plumes... Ils ne veulent pas fâcher. Du coup, des bons livres et des livres médiocres ont la même notation, c'est n'importe quoi.

Concernant la Monde des Livres, à une époque tout ce qu'écrivait Sollers et sa clique était frappé du sceau du Génie et de la gloire immense du fait du risque (lequel ?) qu'ils prenaient contre la Société. Ou quand l'establishment se fait passer pour des rebelles...
Mais ça a peut-être changé, il faudrait que je rejette un oeil...

eXPie a écrit:

colimasson a écrit:

Je lis régulièrement le magazine Lire et je constate que les critiques sont toujours très positives, ou alors simplement un peu tièdes. C'est dommage parce que je me laisse beaucoup moins tenter, et les livres vraiment excellents sont noyés au milieu des commentaires globalement positifs d'autres textes qui valent peut-être moins le détour.

Oui, ils ne veulent pas faire de vague...
A un moment, ils avaient carrément enlevé leur système de notation avec des plumes... Ils ne veulent pas fâcher. Du coup, des bons livres et des livres médiocres ont la même notation, c'est n'importe quoi..

Ca remet carrément en question l'utilité de leurs publications... Et c'est vraiment dommage pour les bons livres qui méritent d'être mis en avant.

Jamais lu le Monde des livres...

colimasson a écrit:

eXPie a écrit:

colimasson a écrit:

Je lis régulièrement le magazine Lire et je constate que les critiques sont toujours très positives, ou alors simplement un peu tièdes. C'est dommage parce que je me laisse beaucoup moins tenter, et les livres vraiment excellents sont noyés au milieu des commentaires globalement positifs d'autres textes qui valent peut-être moins le détour.

Oui, ils ne veulent pas faire de vague...
A un moment, ils avaient carrément enlevé leur système de notation avec des plumes... Ils ne veulent pas fâcher. Du coup, des bons livres et des livres médiocres ont la même notation, c'est n'importe quoi..

Ca remet carrément en question l'utilité de leurs publications... Et c'est vraiment dommage pour les bons livres qui méritent d'être mis en avant.

Jamais lu le Monde des livres...

C'était un peu plus pointu à une époque ; et puis pour survivre il a fallu élargir l'audience, devenir plus grand public. Pour ça, on ménage tout le monde...
Jean-Louis Servan-Schreiber et Bernard Pivot, c'était quand même autre chose que François Busnel (qui n'a pas forcément le choix s'il veut que la magazine survive, ceci dit).

Et puis on peut aussi se poser l'éternel question sur les grands écrivains qu'on a actuellement (je ne dis pas qu'il y en a pas, seulement qu'il y en a moins)... A une époque, on pouvait interviewer Soljenitsine, Nabokov... Il y avait peut-être plus à dire, ou c'étaient des débats sur des questions (la liberté de l'Homme...) plus essentielles que certains débats actuels (sur la société de consommation, la jeunesse désoeuvrée).
Je ne sais pas.

Ouch ! Je ne pense pas qu'il y ait moins d'écrivains "essentiels" en ce moment qu'il y a quelques décennies en arrière. Et les débats sur la société de consommation ou la jeunesse désœuvrée (par exemple) me semblent soulever des questions aussi cruciales que celles sur la liberté de l'homme (par exemple). Ces thèmes peuvent d'ailleurs très bien se rejoindre.

A la limite, en admettant qu'il y ait en effet moins d'écrivains nécessaires aujourd'hui que hier devrait susciter polémique et lancer un nouveau débat enflammé...

eXPie a écrit:

C'est amusant, il vient d'y avoir un article sur la critique, justement, à lire sur http://www.slate.fr/story/60421/web-litterature-enthousiasme , qui reprend pas mal d'éléments dont nous avions parlé.

En effet, on retrouve certains points soulevés, ici, c'est tout à fait intéressant.

Marko a écrit:

Arabella a écrit:

A quels magazines spécialisés tu penses en particulier ?

En littérature je pense à La revue des deux mondes, à la Quinzaine Littéraire, au supplément livres du Monde, au Matricule des anges...

Pour le cinéma: Positif et Les cahiers du cinéma.

Merci pour ta réponse.

colimasson a écrit:

Je lis régulièrement le magazine Lire et je constate que les critiques sont toujours très positives, ou alors simplement un peu tièdes. C'est dommage parce que je me laisse beaucoup moins tenter, et les livres vraiment excellents sont noyés au milieu des commentaires globalement positifs d'autres textes qui valent peut-être moins le détour.

C'est un peu le défaut de presque toutes les publications de critiques littéraires, ne surtout pas être négatif vis à vis d'un livre. Et en effet, cela écrase complètement toute échelle de valeur, et n'aide en aucun cas à faire le tri, ni ne donne des clés pour mieux appréhender la lecture.

Le monde les livres, j'avais complètement abandonné moi aussi, très déçue par le contenu.

il y a quelques mois Le Matricule des anges s'interrogeait sur l'engagement des écrivains en demandant la contribution de Marie Cosnay, Arno Bertina, Thierry Hesse, Velibor Colic, Emmanuelle Pagano... et bien d'autres dans de très courtes (parfois trop courtes) interventions et tous pour reconnaitre que sans forcément se donner des objectifs politiques rendent compte d'une certaine société dont ils font parti, qu'ils dénoncent parfois ou dont ils parlent alors qu'elle est silencieuse (lire Les Adolescents troglodytes de Pagano est par exemple non seulement une expérience littéraire très riche mais aussi une réflexion sociale à plusieurs niveaux, celui de l'enfance-adolescence, celui de la différence, celui des genres, celui de la ruralité... pas mal, pour un seul livre et il n'est pas le seul dans la liste des auteurs sollicités à interroger).



quant au Matricule des anges en lui-même, il a l'avantage de proposer un dossier assez complet tous les mois mais ensuite un peu comme chez les parfumés, je repère les critiques qui me ressemblent et ceux qui ne me correspondent pas et je fais mon choix. A noter que l'avantage incontestable de cette revue est de piocher parmi les 'petits' éditeurs et de faire la part belle à ceux dont on parle trop peu.

Nouvelle sur le forum, j'apprécie la qualité des débats.

Concernant la critique d'un livre, je peux être enthousiaste quand un livre me transporte et me captive et cinglante quand un ouvrage me déçoit. Bien sûr, j'argumente et explique pourquoi je n'aime pas tel ou tel livre.

J'essaye d'être correcte malgré tout, tous les goûts sont dans la nature!

J'ai le souvenir d'avoir émis un avis négatif sur le best-seller de Daniel Glattauer "Quand souffle le vent du nord" et je me suis sentie assez seule dans ce concert de louanges. C'est une sensation assez étrange. Je me suis dit que j'étais peut-être passée à côté du livre. Mais en me remémorant mes impressions de lecture, je maintiens mon jugement.

Je me méfie de la critique. J'ai eu des expériences assez négatives avec "Lire" et les coups de coeur d'Olivia Lamberterie.

Par contre, je regarde volontiers "La grande librairie" où les auteurs s'expriment et défendent leurs ouvrages. A ce sujet, petite question, y-a-t-il une rediffusion cette saison? Celle du dimanche a été supprimée.

eleonor rigby a écrit:

Nouvelle sur le forum, j'apprécie la qualité des débats.

Concernant la critique d'un livre, je peux être enthousiaste quand un livre me transporte et me captive et cinglante quand un ouvrage me déçoit. Bien sûr, j'argumente et explique pourquoi je n'aime pas tel ou tel livre.

J'essaye d'être correcte malgré tout, tous les goûts sont dans la nature!

J'ai le souvenir d'avoir émis un avis négatif sur le best-seller de Daniel Glattauer "Quand souffle le vent du nord" et je me suis sentie assez seule dans ce concert de louanges. C'est une sensation assez étrange. Je me suis dit que j'étais peut-être passée à côté du livre. Mais en me remémorant mes impressions de lecture, je maintiens mon jugement.

Je me méfie de la critique. J'ai eu des expériences assez négatives avec "Lire" et les coups de coeur d'Olivia Lamberterie.

Par contre, je regarde volontiers "La grande librairie" où les auteurs s'expriment et défendent leurs ouvrages. A ce sujet, petite question, y-a-t-il une rediffusion cette saison? Celle du dimanche a été supprimée.

Non, tu n'es pas seule, je n'ai pas du tout aimé "Quand souffle le vent du nord", et je l'ai assassiné

Quant à la grande librairie, la rediffusion a lieu le dimanche à 23 h !!! Voili-voilou, tu sais tout

mimi54 a écrit:

eleonor rigby a écrit:

Nouvelle sur le forum, j'apprécie la qualité des débats.

Concernant la critique d'un livre, je peux être enthousiaste quand un livre me transporte et me captive et cinglante quand un ouvrage me déçoit. Bien sûr, j'argumente et explique pourquoi je n'aime pas tel ou tel livre.

J'essaye d'être correcte malgré tout, tous les goûts sont dans la nature!

J'ai le souvenir d'avoir émis un avis négatif sur le best-seller de Daniel Glattauer "Quand souffle le vent du nord" et je me suis sentie assez seule dans ce concert de louanges. C'est une sensation assez étrange. Je me suis dit que j'étais peut-être passée à côté du livre. Mais en me remémorant mes impressions de lecture, je maintiens mon jugement.

Je me méfie de la critique. J'ai eu des expériences assez négatives avec "Lire" et les coups de coeur d'Olivia Lamberterie.

Par contre, je regarde volontiers "La grande librairie" où les auteurs s'expriment et défendent leurs ouvrages. A ce sujet, petite question, y-a-t-il une rediffusion cette saison? Celle du dimanche a été supprimée.

Non, tu n'es pas seule, je n'ai pas du tout aimé "Quand souffle le vent du nord", et je l'ai assassiné

Quant à la grande librairie, la rediffusion a lieu le dimanche à 23 h !!! Voili-voilou, tu sais tout

Merci Mimi pour ce message. Je me sens moins seule pour la critique du livre de Glattauer. Et merci pour l'info concernant "La grande librairie".

Je m'étais absentée jeudi dernier et je comptais sur la rediffusion matinale de "La grande librairie". J'ai été très surprise de voir à la place l'émission de Laurence Piquet, dont la voix et l'élocution m'insupportent.

J'ai un peu de mal à regarder la télé après 23h et je n'aime pas regarder la télé sur mon ordi. Ce sera "Grande librairie" le jeudi soir.

C'est idiot mais bon, faut bien l'dire. Moi, ce qui me retiens, c'est la facilité de la plupart des parfumés à écrire une critique, et dans un style bon voire parfait et une réflexion intense. Exemple : j'ai tenté de faire ma critique de "La route de Los Angeles" de John FANTE. Mais que dire de plus que Hank et eXPie ? Je n'ai pas cette facilité d'écriture, je n'ose pas (j'essaye pourtant, quelques brouillons ont fini à la poubelle).

Vous savez maintenant pourquoi vous ne voyez pas beaucoup de commentaires de ma part !

Donc mon problème ne vient pas de faire un bon ou un mauvais commentaire, mais de faire un commentaire tout court. Mais je ne désespère pas d'oser me lancer un jour (ça a été long aussi avant que j'ose me lancer dans de - piètres - improvisations jazz. On apprend avec le temps.)

En tout cas, je peux dire une chose, je n'ai jamais autant lu que depuis que je suis inscrit à Parfums de livres !