Quelle place pour les auteurs du XVIIIème (et d'autres !)

Citation :

Quand j'aurai un peu de temps et beaucoup de motivation, je créerai sans doute quelques fils pour que l'on puisse discuter aussi de ces auteurs que (presque) tout le monde connait et a lu. Cela peut être l'occasion d'entamer d'intéressantes discussions de fond, du genre : outre ce que l'on voit au lycée, en quoi Voltaire ou Montaigne peuvent encore nous aider à réfléchir sur notre rapport à nous-même, aux autres et au monde ?

Je souhaite vivement que tu en prennes le temps , Antisthene, et que nous saurons t'en donner l'envie...
Je te lirai avec le plus grand plaisir. Ce sera , je l'avoue sans honte, le plus souvent une totale découverte, j'ai une méconnaissance abyssale sur tout ce qui précède mes contemporains , à part bien sûr les quelques bribes retenues de mon cursus scolaire,qui est bien ancien, et qui s'est très vite éloigné du domaine littéraire.
Je reviens un instant sur ce que tu dis des citations ailleurs, que je comprends tout à fait. J'aime beaucoup les citations, moi.. ce qui explique que je regarde toujours celles utilisées en exergue , parce qu'elles m'entrainent vers d'autres univers. De toutes façons, tout a déjà été dit, et ce ne sont pas tant les mots qui importent que ce qu'ils modifient autour d'eux, ce qu'ils font germer comme idées dans l'esprit de celui qui les lit.

J’arrive sur ce forum pour faire un joli déterrage de post. Je suis arrivé sur ce fil en tapant Rousseau. (Ouf, on en parle un peu quand même, j’en dirai quelques mots sur le fil dédié.)
Je trouve bien méritoire ce sujet car en effet j’ai lu que le 18ème philosophique serait un peu boudé. Si la raison en est que les auteurs de ce siècle ont été plus ou moins abordés à l’âge du lycée et qu’y revenir à un âge mûr s’apparenterait à du réchauffé sans intérêt comme je l’ai compris dans un message, je veux exprimer mon expérience personnelle.
Quand j’étais lycéen, qu’est-ce que tout cela pouvait me passer au-dessus ! Montaigne, Rabelais, Rousseau…D’autant que je me destinais à une carrière scientifique.
Mais comment peut-on entrer dans ces écrits philosophiques à cet âge alors que nous n’avons point vécu ?
Même aujourd’hui on s’accorde à dire qu’il faut plusieurs lectures pour entendre la profondeur des pensées !

Tout au plus, fallait-il en rester à la connaissance de ces auteurs et surtout à la beauté de leur style littéraire. Ceux qui rebutent aujourd’hui à les relire en ont sans doute été dégoûtés parce que ce n’était pas le bon moment, qu’il faut une certaine maturité. Cela montrerait une certaine aberration de certains programmes scolaires; qu’on se rassure, en primaire c’est pire…

25 ans après, je redécouvre pour ainsi dire ces œuvres d’un œil totalement nouveau et m’en délecte car à présent cela me parle, je les entends. J’ai connu depuis les turbulences de la vie et ni les progrès ni la modernité n’ont changé quoique soit en ce qui concerne notre aspect humain profond, notre âme, nos aspirations et nos malheurs. Et je trouve personnellement très actuel ce qui a été écrit il y a des siècles.

D’autre part, me remettant assidûment à la lecture, il m’était totalement naturel de commencer à lire ce qu’on avait écrit avant d’entendre ce qui est écrit par nos contemporains d’autant que tous les classiques, libres de droits, sont pratiquement gratuits et ne coûtent pas un centime en numérique !
Quand on apprend une discipline on commence bien par les premières leçons.

Quand j’ai commencé par Rousseau car il m’avait interpellé sur des bribes il y a 20 ans, j’ai rebondi sur Plutarque qui l’avait fortement inspiré et influencé. Quand on lit Montaigne, on voit qu’il se base, dès son tome I des essais, sur Horace et bien d’autres (Lucrèce etc.). On voit bien qu’il faut suivre un ordre chronologique pour comprendre l’évolution des pensées.

Je vais donc en arrière, pourquoi commencerai-je par la fin en lisant, dans un style fade et moderne qui me dépayse si mal, des auteurs contemporains qui ne peuvent que répéter au mieux ce qui a déjà été mieux exprimé par ces anciens auteurs dont ils se sont forcément inspirés ?
Comme il a été dit, le tri a déjà été fait sur les écrits du 18ème qui sont moins nombreux de surcroît, ce qui rend encore plus facile la chose.

Voilà, je défends un peu les « classiques » aussi et j’aimerais bien en effet qu’on en parle beaucoup plus ici. Mais 3 ans après qu’en est-il de cette initiative ?

joli déterrage effectivement. Rousseau est loin (il était au programme mais de mon frère, pour ça que je l'ai lu) mais les approches de Blanchot et ... Ramuz (un bel extrait qu'on peut lire sur le blog de l'association des amis de ramuz) incite à lire ou relire, enfin lire surtout avec un œil neuf.

Avec un décalage temporel évidemment je retrouve un peu de ma toute récente lecture de De la dignité de l'homme (qui est une sorte de recherche de continuité).

Bienvenue !

un aspect que j'adore avec les nouveaux membres - qu'ils vont dans la cave du forum pour nous ressortir des fils

Helios a écrit:

Voilà, je défends un peu les « classiques » aussi et j’aimerais bien en effet qu’on en parle beaucoup plus ici. Mais 3 ans après qu’en est-il de cette initiative ?

ces dernières années j'ai de plus en plus envie de lire des classiques, revenir vers quelques auteurs dont on m'a pris toute envie lors des années scolaires, mais aussi découvrir d'autres.. mais, il semble toujours me manquer le temps..
je dois dire avec cette belle chose qui s'appelle "domaine public" je les héberge à 0€ sur ma tablette et sachant qu'ils sont là, je vais aussi un jour les lire..

d'un autre côté, si tu vas voir dans notre liste d'auteurs, tu vas certainement aussi découvrir que la discussion autour des "classiques" ne se fait pas seulement sur ce fil, mais souvnt plus sur les fils des auteurs en question, et il y en a quand même sur notre forum qu'on peut appeler classique

Personnellement je lis plus de livres d'auteurs morts que vivants, et il y a suffisamment de gens sur le forum pour se moquer de moi (je ne cite pas de noms ).

Ensuite, faudrait définir ce qu'est un classique, depuis combien de temps il faut être mort pour entrer dans la catégorie. Et le moins qu'on puisse dire que c'est vaste comme domaine d'études, limite une catégorie fourre tout. Personnellement le XVIII siècle n'est pas celui que le préfère en matière de littérature, mais c'est complètement subjectif; je préfère le XIX, le Moyen Age, ou la littérature grecque antique par exemple. Et encore, ce ne sont que des généralité, parce que là il y aussi différents auteurs, styles univers.
Pourquoi pas plus de fils ? Déjà parce que les commentaires proviennent des livres lus actuellement, et j'ai lu une bonne partie des auteurs considérés comme classiques il y a un certain temps déjà, et je crois que c'est le cas pour un certain nombre de gens. Et ouvrir un fil sur un auteur connu et très commenté par de savants spécialistes, on se demande ce que l'on peut dire de vraiment intéressant dessus, sans tomber dans la banalité et le lieu commun. Mais cela peut donner la sensation qu'on les ignore, ce qui n'est bien sûr ni juste, ni vrai.

Un bon écrivain est-il un écrivain mort ? que non ! Pas forcément, mais le temps et l' oubli sont souvent injustes et j' essaye d' y pallier un peu (les écrivains dont j' ai parlé en témoignent) et j' y touve mon compte !

Arabella a écrit:

Personnellement je lis plus de livres d'auteurs morts que vivants, et il y a suffisamment de gens sur le forum pour se moquer de moi (je ne cite pas de noms ).

bix229 a écrit:

Un bon écrivain est-il un écrivain mort ? que non ! Pas forcément, mais le temps et l' oubli sont souvent injustes et j' essaye d' y pallier un peu (les écrivains dont j' ai parlé en témoignent) et j' y touve mon compte !

Je me permets juste de préciser que lorsque je disais que je lisais plus d'auteurs morts que vivants, c'était un simple constat, sans l'once d'un jugement de valeur.

Pareil pour moi, je lis effectivment plus d' auteurs morts que vivants, encore que, il faudra que je vérifie, en tout cas, ce n' est aussi qu' un constat ! What else ?

Rousseau correspond aussi pour moi aux premiers émois littéraires. A l'époque, je le préfèrais à Voltaire.
Aujourd'hui, après avoir traversé "les grandes turbulences de la vie" également, je ne fais pas de différence, ils sont complémentaires dans l'approche de la nature humaine.
Pour le 18è, c'est la langue que j'aime bien. Et la profondeur des réflexions.
L'humour, la fantaisie, la fausse légèreté, la variété, les grandes interrogations sociales...
J'ai encore plein de classiques à lire ! Mme de Duras, Senancour, Sénac de Meilhan... Enfin, certains sont à cheval sur 2 siècles.