Jérôme Ferrari

Dommage!

Qui est-ce qui lit le texte, Marko, je ne suis pas arrivée à voir ?

topocl a écrit:

Qui est-ce qui lit le texte, Marko, je ne suis pas arrivée à voir ?

Pierre-François Garel :

Il lit très bien et a enregistré pas mal de titres dans cette collection (Franzen, Hugo, Tchekhov, Maupassant, Gaudé...).

Oui, moi aussi, je me demande si Saint Augustin était vraiment utile, si les imparfaits du subjonctif améliorent la prose, si le titre a été choisi pour épater le lecteur....
Pas très envie de lire autre chose de lui.

Saint Augustin est le rapprochement avec le monde que les personnages se créent..
Le parallèle, je le trouve saisissant !

Le sermon sur la chute de Rome

Le début, j’ai adoré. Cette histoire d'une famille à travers le siècle, avec les hommes qui partent à la guerre et les femmes qui attendent le courrier, ou leur mort, et élèvent les enfants. Tout cela partant d'une vieille photo retrouvée au fond d'un tiroir dont l'analyse révèle bien des ressentis et des non-dits, c'était fait pour moi. Les générations suivantes avec leurs illusions, leur insouciance, leur égocentrisme généreux. J'ai aimé aussi le style assez brillant et mélodieux.

Et puis le vent tourne. Tous les protagonistes deviennent veules, mauvais, vulgaires, la baise et l'argent mènent le monde, Jérôme Ferrari montre la « chute des empires » et cela devient sordidement inélégant. Je ne pense pas que le monde ne soit peuplé que de gens meprisables, coléreux, mesquins et cette vision pessimiste me paraît assez bornée. Je n'ai pas cru une seconde à cette fin. Curieusement, peu à peu, Ferrari se perd dans les défauts de son style, on a l'impression que le point n’existe plus comme signe de ponctuation, cela prend un aspect boursouflé à la limite du pédant.

Et la pédanterie se déploie dans les dernières pages, le fameux sermon sur la chute de Rome, qui m'est resté assez obscur : Ferrari, dont on sait qu'il est professeur de philosophie, n'a pas su choisir entre roman et philo, et qu'est-ce qu'un bon roman, si ce n'est celui qui n'a pas besoin d'explications, qui se suffit à lui-même ?

topocl a écrit:

Et la pédanterie se déploie dans les dernières pages, le fameux sermon sur la chute de Rome, qui m'est resté assez obscur : Ferrari, dont on sait qu'il est professeur de philosophie, n'a pas su choisir entre roman et philo, et qu'est-ce qu'un bon roman, si ce n'est celui qui n'a pas besoin d'explications, qui se suffit à lui-même ?

Quelqu'un qui aime bien Ferrari d'habitude m'a dit exactement la même chose....

Et il faudra qu'on m'explique en quoi la Corse est une civilisation ou un empire. C'est ce drôle de raccourci qui me dissuade entre autres de lire ce roman...

topocl a écrit:

Le sermon sur la chute de Rome

Curieusement, peu à peu, Ferrari se perd dans les défauts de son style, on a l'impression que le point n’existe plus comme signe de ponctuation, cela prend un aspect boursouflé à la limite du pédant.

Et la pédanterie se déploie dans les dernières pages, le fameux sermon sur la chute de Rome, qui m'est resté assez obscur : Ferrari, dont on sait qu'il est professeur de philosophie, n'a pas su choisir entre roman et philo, et qu'est-ce qu'un bon roman, si ce n'est celui qui n'a pas besoin d'explications, qui se suffit à lui-même ?

Je crois que je n'ai pas rédigé mon commentaire.
Je ne l'ai pas fait de suite et, de ce roman, il ne m'est rien resté ou presque... alors que j'avais eu du plaisir à le lire!

Je suis assez d'accord avec tes impressions Topocl.
Le sujet était très ambitieux, vouloir relier cette histoire, finalement toute simple, au Sermon sur la chute de Rome(Saint Augustin), à une idée très large :qu'est-ce qu'un monde? De son début à sa fin.
Le lien n'est pas si évident avec le récit!

L'ambition (la prétention?) du sujet, mais surtout son non aboutissement nous déçoivent.
C'est un roman bien écrit, mais très moyen, qui ne tient pas ses promesses et qui sera vite oublié.

je suis presque désolée qu'il a eu ce prix.. autant d'attention de lecteurs qui ne vont plus aller vers ses livres d'avant dont surtout deux tout à fait extra et exceptionnel... mais bon c'est ainsi.. vive novembre pour le prochain Goncourt

nezumi a écrit:

Et il faudra qu'on m'explique en quoi la Corse est une civilisation ou un empire. C'est ce drôle de raccourci qui me dissuade entre autres de lire ce roman...

Ce n'est pas la Corse dans son ensemble dont il s'agit mais de l'histoire d'un lieu, de gens dans ce lieu, sur une durée donnée...Un monde ...à ce qui paraît!...
Tout est monde.
Une histoire, une création, une construction...
Chacune de nos existences est monde...

oui, microcosme/macrocosme etc...je trouve justement que c'est un procédé un peu facile.

Et connaissant un peu la Corse ça me fait assez rire qu'un bar de village soit assimilé à un condensé de monde soumis à la même loi de déclin que les empires (par ailleurs je me demande bien dans quel village corse il a pu dénicher un bar à p... ).

nezumi a écrit:

Et connaissant un peu la Corse ça me fait assez rire qu'un bar de village soit assimilé à un condensé de monde soumis à la même loi de déclin que les empires (par ailleurs je me demande bien dans quel village corse il a pu dénicher un bar à p... ).

C'est étrange de voir la Corse pour ce qu'elle est dans la réalité.. c'est un objet romanesque, ne peut-il pas en faire ce qu'il veut ?

Le sermon de la chute de Rome.

Je rejoins Arabella, Topocl et Traversay.
Ce sera donc une critique négative. Désolée (ou pas !).

Alors.
Déjà.
Jamais je n'aurais lu un livre avec un tel titre (ça, pour ceux qui me connaissent, ce n'est pas une surprise), mais une collègue m'en a parlé 3-4 fois avec un enthousiasme débordant (et elle m'avait fait acheté Karoo, et on a des goûts en commun, donc j'ai tendance à lui faire confiance), et quelques échos parfumés, bref, je me suis laissée corrompre (enfin, ma collègue me l'a prêté).

Alors, oui, je n'ai jamais lu Saint Augustin, je ne comprends que de loin les histoires de Rome qui sent le brûlé, donc j'admets qu'il me manque des bases (mais, quand je lis Arabella ou Traversay, je me dis que ce n'est pas plus mal de ne pas avoir ces bases, parce que mon avis aurait pu être encore plus dur).

Donc, j'aborde le livre toute pleine de neutralité et d'inconnus - mais avec un poil de méfiance.

Premières pages, ça fonctionne. J'aime bien l'écriture travaillée, avec ses longues phrases coupées de plein de virgules pour qu'on oublie pas de respirer entre chaque petit bout rajouté. J'aime bien l'histoire qui commence de cette fille qui laisse un bar à l'abandon et des différents gérants qui se cassent le nez à vouloir le redresser.
J'aime bien les bourrus de chasseurs corses qui picolent à 9h du mat'.
L'idée de ces deux gars à l'amitié qui se forge contre vents et marées, à travers le temps et la distance, me plait beaucoup.

Mais alors, l'histoire patauge. Ferrari rajoute un grand-père souffreteux, une guerre, une anecdote de fonctionnaire en colonie, de la beuverie de beauf, des putes pour le côté trivial... bref... des histoires convenues, voir vues et revues. Des clichés fades et lassants. Limite ... énervants.
Je ne vois même pas où on "sent" le paysage corse. A peine si on distingue le bar, lieu pourtant central.
J'ai trouvé que l'écriture servait surtout à s'accrocher à une technique proprette, tranquillement installée dans son gentil rythme, qui n'amène aucun corps à l'histoire, si ce n'est qu'elle berce puis finit par ennuyer.

Ensuite tous les personnages finissent par agacer profondément, à être limite contente de les voir s'enfoncer peu à peu dans la grosse mouise qu'ils ont eux-mêmes créer. D'ailleurs, comme le dit Traversay il me semble, on a l'impression que l'auteur n'aime aucun de ses personnages, voir qu'il fait preuve d'une misanthropie gratuite et vulgaire, basée sur des critères primaires.

J'ai trouvé, au final, que c'était un chouia prétentieux d'associer son livre à des oeuvres et des références qu'il a l'air d'utiliser pour l’esbroufe (parce que, même sans les maîtriser, je vois bien qu'il n'en fait qu'un parallèle sommaire).

Maintenant, va falloir que je rende ce livre à sa propriétaire et que je trouve un moyen de lui dire que je ne l'ai pas aimé. Des suggestions ?

Queenie a écrit:

Le sermon de la chute de Rome.

Je rejoins Arabella, Topocl et Traversay.
Ce sera donc une critique négative. Désolée (ou pas !).

Maintenant, va falloir que je rende ce livre à sa propriétaire et que je trouve un moyen de lui dire que je ne l'ai pas aimé. Des suggestions ?

Moi je ne t'aurais jamais conseillé celui-ci...
Nous sommes nombreux à ne pas avoir aimé ce livre. Mais contrairement aux autres, Kénavo et moi avons lu d'autres bouquins de lui et avons trouvé un véritable talent à Ferrari. Un dieu, un animal par exemple , correspond beaucoup plus à tes goûts je pense. (on n'en a parlé dans les premières pages du fl)
Alors il ne te reste plus qu'à dire à ta gentille collègue que tu comptes malgré tout persévérer avec Ferrari !