Doubt [John Patrick Shanley ]

Vu Doute avec Meryl Streep et Philippe Seymour Hoffman.



C'est l'adaptation de sa propre pièce de théâtre par le dramaturge John Patrick Shanley qui a reçu le prix Pulitzer en 2005.
Le texte est tellement formidable, intense, ambigu, psychologiquement complexe, qu'il vaut mieux en connaître le minimum avant de voir le film (ou de lire la pièce).

Il faut juste savoir qu'il s'agit de l'affrontement entre une directrice d'école privée suspicieuse et rigide et d'un prêtre progressiste qu'elle accuse de pédophilie. A partir de ce point de départ, se développe une intrigue extrêmement troublante où les frontières du bien et du mal, de la perversité et de la bonté sont malmenées avec une habileté diabolique. Les dialogues sont ciselés à la perfection et chaque affrontement est un moment d'ambiguité vraiment jouissif. Et même quand on pense avoir compris où tout cela nous mène chaque scène suivante contredit la prédente.

Ma seule réserve va au jeu un peu trop appuyé de Meryl Streep qui est une actrice géniale mais à certains moments proche de la caricature surtout au début. Cela retire un peu du venin que distille avec une intelligence sournoise ce texte implacable. Il y a aussi quelques facilités de mise en scène lorsqu'on s'écarte du texte proprement dit.

A l'arrivée je suis resté vissé à mon fauteil, tous les sens en éveil, jusqu'au superbe final vraiment émouvant.

Je rejoins Marko sur tout ce qu'il en dit - c'est un film extra! À voir - et aussi à lire.. ce que j'ai fait ICI

Un des moments fort au cinéma ..

kenavo a écrit:

Je rejoins Marko sur tout ce qu'il en dit - c'est un film extra! À voir - et aussi à lire.. ce que j'ai fait ICI

Un des moments fort au cinéma ..

Et si vous ne pouvez pas voir ce film, dévorez la pièce !

J'ajoutais sur un autre fil que parmi les sequences troublantes il y a la longue et formidable scene d'echange avec la mere du gamin qui nous fait passer successivement par des emotions et des etats d'esprits totalement contradictoires! Et tout comme au final de cette histoire, on ne sait pas tres bien ou se situer "moralement". Et c'est tout l'enjeu d'un tel sujet sur l'intime conviction. C'est tellement rare de voir une complexite psychologique si troublante sur un ecran! Et ce, malgre la manipulation evidente dont on fait les frais avec un certain bonheur

Ce sera mon prochain film, je suis bien contente de lire que vous avez aimé !

Oui, oui n'hésitez plus. Très bon film sur un sujet délicat pourtant, et surtout difficile à restituer à l'écran. Je suis restée vissée tout comme Marko
Comment peut s'insinuer le doute, cette petite chose ravageuse et perverse, dans un milieu rigide, régi par une foi aveugle et des principes inébranlables. Jusqu'où peut aller l'intime conviction, quelles sont les limites entre la compassion et l'interdit, entre les bonnes intentions et les mauvaises, à partir de quand peut-on juger l'autre?

J'ai beaucoup aimé le jeu des acteurs, tous excellents (même si Meryl Streep appuie un peu trop son jeu, mais son rôle ne lui laisse pas trop d'alternative) L'atmosphère particulièrement austère de ces années 50/60 est parfaitement rendue, jusque dans les couleurs très sombres qui accentuent la sévérité des visages, la solennité des lieux qui donne encore plus de poids aux dialogues.

La scène opposant Meryl Streep et le prêtre-Philip Seymour Hoffman- est vraiment brillante, on sort de là aussi perturbé que les personnages, partagé entre des convictions et des zones de doute et cela nous laisse dans cette perplexité qui nous poursuit bien après la scéance.
Mais la plus émouvante est surement celle où la mère du jeune garçon se révèle telle qu'elle est: une femme en plein mal être, coincée entre son rôle de mère et d'épouse.

C'est tout de même un peu théâtral, on sent que le cinéaste est surtout porté par les mots plus que par le rythme ou le scénario, mais j'ai aimé la fin, elle bien humaine, et qui prolonge encore l'indéfinissable question...Qu'aurions-nous fait à sa place?

Une scène que j'aime beaucoup avec cette actrice si touchante: Viola Davis

Merci pour ton commentaire Aériale
et oui, Epi.. vas-y.. c'est vraiment un film qui vaut le détour!

Et je le redis volontiers - en écrit il y a des scènes encore plus forte - surtout la première entrevue entre Meryl Streep et Philip Seymour Hoffman (ou il y a encore la jeune avec eux) - en lisant que les dialogues - on réalise au cinéma on est plus "distrait" par l'entourage (bien que la scène avec le thé est sublime dans le film).. et celle avec la mère se joue dans une pièce - pas à l'extérieur.. d'où là aussi une force encore plus grande
(mais naturellement un film n’a pas de sens s’il n’y a pas au moins un peu de 'mouvement', je trouve que le réalisateur a très bien fait )

aériale a écrit:

Une scène que j'aime beaucoup avec cette actrice si touchante: Viola Davis

Peut-être la scène la plus forte du film! Elle est magnifique dans ce court rôle...

Citation :

Et si vous ne pouvez pas voir ce film, dévorez la pièce !

Et bien justement, je la cherche! Ca n'existe qu'en anglais?
J'ai vu le film. J'aime toujours autant Philip Seymour Hoffman, mais j'ai trouvé le jeu de Meryl Streep tellement outré, que cela m'a trop gênée pour vraiment apprécier l'intrigue.. Je pense que vu au théâtre, cela aurait été différent. J'aimerais bien lire cette pièce!

Eh bien, quel film !

C'est surprenant ce repos uniquement sur les dialogues, ces échanges de plusieurs minutes où on sent que c'est un combat, qu'un mot peut vouloir une chose et puis une autre, que les silences portent aussi leurs multiples significations, sans parler des regards !

Des moments qui baladent le spectateur, on se demande de quel côté pencher, qui croire, pourquoi croire, et comment.

On se retrouve dans le rôle de cette jeune sœur (Sœur James, à qui ce film est dédié d'ailleurs), emplie de naïveté, de croyance, d'amour (l'actrice est superbe d'ailleurs ! Et dans tous les films où j'ai pu la voir, elle a toujours cette luminosité qui se dégage d'elle qui réchauffe instantanément et donne toujours envie de la suivre). Comme elle, on va douter, croire, penser, se dire que. Essayer de comprendre tous les enjeux, le Bien et le Mal.

Ce film est juste parce qu'il apporte vraiment plusieurs points de vue très troublants sur une situation qu'a priori ne demande pas plusieurs interprétations possibles.

Maintenant, le film est un peu plat. Son rythme bancal. Le réalisateur n'a pas vraiment réussi à sortir de l'aspect théâtral et du coup le film n'est pas une réussite esthétique non plus. Une fois passée la beauté simple de ce couvent et des sœurs, la magie tombe un peu (tentative de la faire renaître avec l'histoire des plumes dispersées aux quatre vents, sans vraiment y parvenir tout à fait).

Et oui, le dialogue entre Soeur Aloysius (Meryl Streep) et Mme Miller (Viola Davis) est brillant !


La joliment captivante et éclairante Amy Adams.