Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 John Berger

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Queenie
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Bédoulène
kenavo
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kenavo
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyMar 3 Mar 2009 - 19:01

Merci Bix,
cela me donne presque envie de le relire encore une fois.. c'est un livre tellement beau.. fort.. triste.. poètique.. dur.. drunken
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Eve Lyne
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Eve Lyne


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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyMer 11 Mar 2009 - 16:05

KING.

King est le compagnon de Vica et Vico, un couple assez âgé de sans-abris. En l'espace d'une journée, ce chien nous raconte le terrain vague où vit une dizaine d'autres personnes aussi paumées que ses maîtres. Il nous parle de la galère quotidienne, de la mendicité, des abris construits par chacun, du passé également qui rappelle que chacun peut basculer de l'autre côté à tout moment, de l'avenir et de l'expulsion inévitable. Cette description est faite sans pathos, de manière souvent factuelle.

"Le temps passe, continue-t-il, et neuf fois sur dix le temps qui passe ne fait qu'empirer les choses. Ce n'est pas vrai pour les civilisations, ou le savoir, mais c'est indéniable pour tout corps qui est seul... Si le temps cicatrise les blessures, il les cicatrise en étirant la douleur, en la rallongeant. Il n'y a aucun retour, et chaque jour, avec le temps qui passe, le chemin du retour devient plus long. C'est ce à quoi je pense, le matin, quand je sors de la Hutte pour pisser."

L'écriture est percutante. Même si l'ouvrage a déjà dix ans, les faits mentionnés sont toujours d'actualité malheureusement.
Il s'agit d'un "roman de rue" et non d'un simple roman. Le style s'en ressent. Ce n'est pas de la grande littérature. Cela s'apparente davantage à un roman à thèse ou un roman sociologique.
Je n'ai pas été touchée par l'écriture, froide, détachée. Si le sujet m'a terriblement "secouée", l'écriture m'a souvent laissée sur le quai.
Le chapitre le plus fort est le dernier qui concerne l'expulsion. Terrible, effroyable ! Quel respect pour ces exclus de la société ? Le roman se termine sur cette interrogation implicite.
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kenavo
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyMer 11 Mar 2009 - 16:47

Eve Lyne a écrit:
Il s'agit d'un "roman de rue" et non d'un simple roman. Le style s'en ressent. Ce n'est pas de la grande littérature. Cela s'apparente davantage à un roman à thèse ou un roman sociologique.
intéressant.. mais alors pas tout à fait le livre que je vais lire dans l'immédiat..
mes expériences avec l'écriture de John Berger étaient jusqu'à présent toujours très poétiques Wink


Dernière édition par kenavo le Mer 11 Mar 2009 - 17:41, édité 1 fois
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Eve Lyne
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyMer 11 Mar 2009 - 17:22

Il y a très peu de poésie dans ce texte. Certains propos font sourire, mais ils restent minimes.
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kenavo
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyJeu 19 Mar 2009 - 13:43

Un Anglais dans les montagnes

Astrid Eliard
19/03/2009


Rencontre dans sa ferme de Haute-Savoie avec John Berger, l'auteur de «G.», primé par le Booker Prize en 1972, écrivain engagé à gauche, fervent de Simone Weil.

L'hospitalité, selon John Berger, c'est de vous proposer un pastis alors que dehors il neige. Chez lui, l'hiver ne passe pas la porte, et il est vêtu d'une chemise aux manches retroussées jusqu'aux coudes comme en plein été. Il n'est pas du genre à engoncer sa grande carcasse dans un col roulé, et on imagine assez mal sa chevelure - des herbes folles blanches et épaisses - comprimée dans un bonnet. Il veut être libre de ses mouvements, pour écrire un article qui paraîtra demain dans un grand quotidien en Argentine ou en Suède, prendre un pinceau et croquer les pétales d'une rose à l'encre de Chine. Et, bien sûr, caresser sa peluche de chat, Nero. Depuis quarante ans, John Berger vit avec sa femme Beverly à Quincy, en Haute-Savoie, dans une ancienne ferme où la chaleur du poêle a remplacé celle des bêtes sur leur lit de foin. Dans sa cuisine résonne son fort accent anglais que ses années savoyardes n'ont pas effacé.

George Orwell lui donne ses premières leçons de journalisme

John Berger est né à quelques pâtés de maison de celle de Harold Pinter, comme si Hackney, une banlieue populaire de Londres, était la bonne étoile des écrivains engagés. Plus tard, les deux hommes se sont retrouvés, ils avaient vingt ans et des poussières et écrivaient sur le théâtre, dans la revue Encore. Pinter allait devenir un homme en colère, Berger, lui, ne s'est jamais départi de son sourire. En fixant sur sa mémoire son regard bleu, qui luit depuis plus de quatre-vingts ans d'une innocence toute juvénile, il nous parle de George Orwell, auprès de qui il a reçu ses premières leçons de journalisme : « Il était sévère, strict et stoïque, il traquait sur ma copie les mots superflus et les clichés. “Ça, tu l'as lu quelque part, ce n'est pas de toi, efface-le”, me sommait-il. » À force de gommer et d'effacer, John Berger finit par se trouver une chambre bien à soi. Dans les années 1950, il donne des cours de dessin, écrit et peint. Parfois, ces trois activités se télescopent, ça donne une foule d'essais critiques sur Picasso, Goya, Braque, Bacon, les impressionnistes, le rôle de l'artiste en Union soviétique…

Quelques années plus tard, il raccroche ses pinceaux pour se vouer entièrement à l'écriture. « À cette époque, en Angleterre, planait la menace d'une guerre atomique, et il me semblait presque incongru de continuer à peindre des toiles que les gens exposeraient dans leur salle à manger. L'urgence pour moi, c'était d'écrire, parler, éveiller l'opinion publique au danger de la guerre. J'ai décidé de me concentrer sur les mots imprimés », dit-il. Toutefois, la peinture a laissé des traces chez John Berger.

Dans sa maison de Quincy, les toiles de son fils Yves et de quelques autres éclaboussent ses murs. Lui n'a rien perdu de son coup de crayon, qui ébauche sur des carnets ou des feuilles volantes le profil d'une Vierge Marie… ou de Simone Weil. Comme Albert Camus, qui portait toujours sur lui une photo de la philosophe, John Berger ne la quitte jamais. Il dessine inlassablement son portrait, en grand, en petit format, accompagné ou non de ses aphorismes, qu'il se prend à lire religieusement.

John Berger, l'auteur sulfureux de G., qui avait choqué l'establishment en cédant la moitié de la somme de son Booker Prize aux Black Panthers britanniques, n'est pas un homme à scandales ni un provocateur. George Steiner, juré du Booker Prize en 1972, disait de lui : « C'est un Anglais excentrique et érudit à la recherche de l'innocence. » Il n'est pas à l'aise dans le pamphlet et évite d'inviter la polémique dans ses livres. John Berger considère que la littérature est un abri plus qu'un porte-voix. Ses livres ne font pas de bruit mais ils mettent le doigt sur des sujets occultés par le brouhaha et l'indifférence générale.

La vertu cardinale de l'écrivain engagé

Chez lui, l'engagement n'est pas une prise de position, mais une façon d'écouter le monde, les gens, que ce soit un médecin de campagne (Un métier idéal), des paysans qu'il a suivis avec humilité et patience pour sa trilogie paysanne (Cocadrille), des SDF (King) ou des prisonniers politiques (De A à X). De temps en temps, John Berger couvre son visage de ses mains : un mot lui échappe et il veut mettre la main dessus. C'est « hospitalité », la vertu cardinale de l'écrivain engagé. Puis il se lève sans crier gare et jette deux œufs dans une casserole : «Qu'est-ce que vous allez manger dans le train ? Je vais vous préparer quelque chose.»


source: ICI
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 11:08

Enfin terminé de A à X.

Ce ne sera pas un grand coup de Badaboum, mais je reconnais que c'est très touchant, poétique, et que ça dit des choses qui nous touchent forcément à un moment ou à un autre (sur l'absence, le manque, la solitude, la frustration, le besoin de maintenir un lien même tout fin, par les mots, avec l'autre).

Je n'ai pas été transportée, j'ai juste été touchée, effleurée. Mais c'est déjà pas mal non ? C'était un moment un peu à part au milieu de mes lectures, je tenterais peut-être un roman "classique" (c'est que le style épistolaire par Berger laisse plein d'ellipses alors je me demande ce que ça donne dans un autre style).
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 13:06

Queenie a écrit:
Mais c'est déjà pas mal non ?
tout à fait..
contente que tu as quand même tenue jusqu'au bout..
j'ai lu le livre d'Atiq Rahimi seulement après celui-ci.. et je vais reprendre le roman de John Berger parce que j'ai pensé pendant la lecture de Syngué Sabour à quelques pages de A à X..
je voudrais bien retrouver ce livre pour si ce n'est qu'une idée.. ou si cela tient la route Wink
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 17:12

J'ai lu King en mars. Je n'avais pas trop adhéré au style. Et cinq mois après je constate que le livre est toujours présent dans mon esprit. Comme quoi l'auteur a su m'interpeller.
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 17:17

Eve Lyne a écrit:
J'ai lu King en mars. Je n'avais pas trop adhéré au style. Et cinq mois après je constate que le livre est toujours présent dans mon esprit. Comme quoi l'auteur a su m'interpeller.
Very Happy
en effet.. intéressant..
je me rappelle d'expériences similaires..
et pour moi c'était aussi étrange de 'retrouver' des images de son livre lors de ma lecture du roman d'Atiq Rahimi.. donc, une relecture va être faite pour vérifier Wink
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 17:21

kenavo a écrit:
Eve Lyne a écrit:
J'ai lu King en mars. Je n'avais pas trop adhéré au style. Et cinq mois après je constate que le livre est toujours présent dans mon esprit. Comme quoi l'auteur a su m'interpeller.
Very Happy
en effet.. intéressant..
je me rappelle d'expériences similaires..
et pour moi c'était aussi étrange de 'retrouver' des images de son livre lors de ma lecture du roman d'Atiq Rahimi.. donc, une relecture va être faite pour vérifier Wink

King parle des SDF. Or en cette période de crise, ce fléau social est d'actualité. Cela doit jouer dans le souvenir que je garde de la trame. Dans ce roman, le talent de Berger était de faire parler un chien, donc de rendre le livre plus abordable sur le plan émotionnel. Ce qui m'avait dérangée c'était une impression d'ouvrage collectif, donc un style pas toujours suivi.
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 17:31

Eve Lyne a écrit:
Ce qui m'avait dérangée c'était une impression d'ouvrage collectif, donc un style pas toujours suivi.
oui, je viens de relire ton commentaire.. et je ne vais toujours pas ajouter ce titre dans ma LAL.. il ne faut pas toujours tout lire d'un auteur Wink
mais je vais continuer avec cet auteur Very Happy
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 17:39

Eve Lyne a écrit:
J'ai lu King en mars. Je n'avais pas trop adhéré au style. Et cinq mois après je constate que le livre est toujours présent dans mon esprit. Comme quoi l'auteur a su m'interpeller.
C'est vrai que cela arrive...
Et ça pourrait faire un fil : les livres que vous n'avez pas vraiment aimés mais qui vous restent dans l'esprit...
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyLun 17 Aoû 2009 - 2:44

Le hasard-ou plutôt un cadeau -ont fait que j’ai lu deux livres de John Berger en peu de temps.

Le premier , au si joli titre: Et nos visages, mon cœur,fugaces comme des photos est une sorte d’autoportrait à travers des thèmes différents, des réflexions sur l’exil, l’art, l’amour ,le temps,l’histoire, la foi, l’écriture,en prose ou en vers ( les siens ou ceux d‘autres écrivains), mais c’est de toutes façons un texte très poétique.

Citation :
Nous sommes tous des raconteurs. Couchés sur le dos, nous levons les yeux vers le ciel étoilé. C’est là qu’ont commencé les histoires, sous l’égide de cette multitude d’astres, qui, la nuit, fauchent les certitudes, et, avec un peu de chance, vous les rendent le matin sous forme de foi.


Citation :
..Ce qui nous sépare des personnages sur lesquels nous écrivons n’est pas notre savoir, qu’il soit objectif ou subjectif,mais leur expérience du temps au sein de l’histoire que nous racontons.Ce fossé nous octroie, à nous autres raconteurs,le pouvoir de connaître le tout. Mais, par la même occasion, ce fossé nous rend impuissants: une fois le récit engagé, nous ne pouvons plus contrôler nos personnages. Nous sommes contraints de les suivre à travers et en travers de ce temps qu’ils éprouvent, et que nous dominons.
Le temps et, par là,l’histoire leur appartiennent. Mais le sens de l’histoire, ce pourquoi elle vaut la peine d’être narrée, ce qui nous inspire, c’est nous, les raconteurs, qui en possédons les aboutissants, car nous nous situons du côté de l’intemporel.
C’est comme si ceux qui nous lisent ou nous écoutent voyaient tout à travers une loupe. Cette lentille- le secret de toute narration- nous l’ajustons, nous la mettons au point avec chaque nouvelle histoire.
Si je dis que nous autres raconteurs, sommes les Secrétaires de la Mort, c’est que, l’espace de nos vies fugitives, pour chacune de nos histoires, nous avons à polir ces lentilles entre le sable du temporel et la pierre de l’intemporel.

Ceci n’est qu’un tout petit extrait, c’est en tout cas un texte constamment intéressant, et toujours très fouillé, comme s’il s’appliquait à la compréhension du lecteur grâce à d’autres données, j’aime beaucoup cela.

Le deuxième, que j’avais choisi pour aborder cet auteur, c’est Un métier idéal., Histoire d’un médecin de campagne. Une sorte de reportage sur un médecin anglais, John Sassall, et sa vie quotidienne professionnelle .Avec de magnifiques photographies de Jean Mohr. C’est un livre qui date de 1967.

Là aussi, le portrait est très fouillé. Et bien sûr, plus que les descriptions des activités purement médicales de ce médecin de campagne qui fait pratiquement tout lui-même, ce sont les réflexions d’ordre sociologique et philosophique sur la médecine à travers ce personnage , qui interpellent.
C’est un texte dont j’aurais aimé discuter , tant, bien sûr, il me parle.. Même si je ne suis pas forcément d’accord avec les conclusions qu’en tirent d’autres lecteurs . Il vaut mieux d’ailleurs que je dise tout de suite que John Berger signale-rapidement- dans une postface, que ce médecin s’est suicidé.
Citation :
je reconsidère avec une tendresse accrue ce qu’il a entrepris de faire et ce qu’il a offert aux autres aussi longtemps qu’il a pu le supporter
.

Et ces lecteurs semblent penser que ce suicide était inévitable.. Je ne le crois pas , même si je crois effectivement que la pratique de la médecine ne peut que fragiliser , à être en permanence en contact avec sa propre finitude.

Mais il n’y a pas que cela, pour John Sassall . Il y a beaucoup plus dangereux..
Citation :

Il est probablement plus que la majorité des médecins conscient de commettre des erreurs de diagnostic et de traitement. Non parce qu’il commet davantage d’erreurs, mais parce qu’il compte comme erreur ce que beaucoup de ses confrères- peut être à raison- qualifient de regrettables complications…
Néanmoins, le sentiment de ses insuffisances ne provient pas de cela- encore qu’il puisse parfois être provoqué par un sentiment d’échec exacerbé à propos d’un cas particulier. Le sentiment de ses insuffisances ne touche pas uniquement à sa profession.
Ses patients méritent-ils la vie qu’ils ont ou bien en méritent-ils une meilleure?

Alors là, évidemment…si on commence à se demander , de façon plus générale, si les malades "méritent" leur maladie , ou leurs difficultés de tous ordres, on est foutu.. Rien que le verbe "mériter" fait frissonner!

John Berger nous fait partager les conclusions lucides et réalistes que tire John Sassall d'années d'exercice:




Citation :
Abandonnant son ancien moi, Sassall jette un regard réaliste sur le monde dans lequel nous vivons et son indifférence ordinaire. Il est dans la nature de ce monde que les vœux pieux et les nobles protestations s’interposent rarement entre le coup et la douleur . Pour la majorité de ceux qui souffrent, il n’y a pas d’appel. Les villages vietnamiens brûlaient avec leurs habitants alors que les neuf dixièmes de la planète condamnaient le crime. Ceux qui moisissent en prison à la suite de sentences inhumaines que les juristes du monde entier déclarent injustes continuent quand même de moisir. Presque tous ceux qui crient à l’injustice crient jusqu’à ce que toutes les victimes qui en souffrent aient disparu. Lorsque le coup est dirigé contre un homme , rien ou presque ne vient l’amortir. Il existe une frontière stricte entre la morale et l’usage de la force. Une fois que l’on a été poussé de l’autre côté de la frontière, la survie dépend du hasard. Tous ceux qui n’ont jamais été ainsi poussés sont ,par définition, des hommes qui ont eu de la chance et qui contesteront la réalité de l’indifférence ordinaire du monde. Tous ceux qui ont été contraints de franchir la frontière- même s’ils survivent et parviennent à la repasser- reconnaissent différentes fonctions, différentes substances, dans la plupart des matériaux de base- dans le métal, le bois, la terre, la pierre, de même que dans l’esprit et le corps humain. Ne devenez pas trop subtil. Le privilège lié à la subtilité, c’est de faire la distinction entre le chanceux et le malchanceux.

C'est tout à fait vrai, tout à fait malheureux, mais qu'y faire?
Ce sont là des réflexions d’un humaniste réaliste, est-ce que cela doit interférer dans la pratique d’un métier, qui relève tout bonnement de l’artisanat..
Et d’autre part, que dire de cette tentation d’omnipotence que j’ai ressentie chez ce personnage au demeurant admirable, bien sûr.. Peut être qu’un peu plus d’humilité aurait atténué les conséquences personnelles décrites par John Berger?

Bon, ce ne sont que quelques réflexions personnelles, peu importe,et j'ai encore une fois bien du mal à les exprimer , j'aimerais être plus claire, mais bien sûr, cette lecture ne pouvait pas me laisser indifférente. Je n’ai pas compris, tu l’as lu, Kenavo?
En tout cas, si j’avais à décider des réformes des études médicales, ce livre serait , avec quelques autres, une lecture obligatoire tant il renferme de sujets sur lesquels il est préférable de réfléchir avant de se lancer dans la pratique de cette profession.
Une étude assez magistrale de la grandeur- et des dangers- d'un métier.
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyLun 17 Aoû 2009 - 10:01

Marie a écrit:
tu l’as lu, Kenavo?
Le premier que tu cites, Et nos visages, mon cœur,fugaces comme des photos, oui.. mais pas le deuxième..
mais tu me donnes très envie de le lire - et tu exprimes très bien tes sentiments de lectures.. en tout cas je te comprends Wink
et cela a l'air tout à fait passionnant..
comme j'aime lire de toute façon John Berger.. je note en tout cas Wink
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MessageSujet: Re: John Berger   John Berger - Page 2 EmptyDim 9 Déc 2012 - 11:56

John Berger - Page 2 A85
Le carnet de Bento
Citation :
Présentation de l’éditeur
À la mort de Baruch 'Bento 'Spinoza, en 1677, sont exhumés des manuscrits, des lettres, des notes. Aucun dessin. Pourtant, des témoignages attestent que Spinoza ne sortait jamais sans son carnet de croquis. ' Pendant des années, j’ai imaginé qu'un tel carnet soit découvert. Sans trop savoir ce que je pouvais espérer y trouver. Des dessins sur quoi ? Esquisser de quelle manière ? 'dit John Berger au début de ce livre.
Reconstituant une version rêvée de cet objet perdu, l'auteur de G entame un dialogue avec l'oeuvre de Spinoza. Dialogue philosophique bien sûr – les croquis de Berger répondant à L' Éthique –, mais aussi dialogue esthétique et politique. Dessiner, écrire, c'est poser son regard sur le monde, obéir à une impulsion primitive que le geste métamorphose en art. C'est aussi choisir parmi les propositions infinies de la réalité : retrancher, ajouter ; pour transformer.
Ce Carnet de Bento, livre d'art et manifeste poétique, illustre l' humanisme de Berger, l'engagement total que constitue une oeuvre en forme de combat.

Ce livre parle un peu de « tout et de rien ». Et quand il s’agit d’un auteur si intéressant, lettré et sympa comme John Berger, je prends beaucoup de plaisir de le suivre dans maints petits détails qui lui a semblé bon de réunir dans ce ‘carnet’.

Parfois un dessin fait l’ouverture pour raconter une histoire, parfois une anecdote le mène à faire un dessin. Le tout coupé par des citations de Spinoza on se retrouve lors de la lecture à poser le livre et laisser son esprit voyager pour retrouver des souvenirs personnels qui ressortent à la surface grâce à cette lecture. J’aime beaucoup ce genre de lecture. Et j’adore John Berger !


John Berger - Page 2 Dscn5943 - John Berger - Page 2 Dscn6010

Chaque printemps, lorsque les iris commencent à fleurir, je me retrouve à les dessiner – comme si j’obéissais à un ordre. Aucune autre fleur n’est aussi impérieuse. Et il se pourrait que cela soit dû à leur manière d’ouvrir leurs pétales, comme si elles s’imprimaient. Les iris s’ouvrent tels des livres. Dans le même temps, leurs fleurs sont la quintessence tectonique la plus minuscule de l’architecture. Je pense à la mosquée Suleyman à Istanbul. Les iris sont comme des prophéties, à la fois renversantes et tranquilles.


John Berger - Page 2 A4299 - John Berger - Page 2 Dscn5942
Antonello da Messina, La Crucifixion / John Berger
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