Souvenir, souvenirs

Citation :

Très musicaux, les souvenirs de Bellonzo!

Oui Marie les choses les plus marquantes de mes 18 ans sont plutôt liées au rock mais il ya aussi une version littéraire et une version cinématographique,tu t'en doutes.Quant à la chanson de Francis Lemarque elle est très belle.

(je place ici ce texte qui est déjà sur mon fil d'écriture)



Petite

Je jouais, avec mes frères et mes cousins, dans la cour de ma Mémé Benoîte, une cour qui possédait une pente vertigineuse. Les garçons, des casse-cous, s’y laissaient descendre à toute vitesse à bord de leurs voitures à pédales.
Le grand jardin allait ainsi , descendant jusqu’à un petit ruisseau appelé le Soleillant.
Dans ce jardin, je me souviens d’un noisetier : nous étions toujours très impatients de cueillir les noisettes et Mémé Benoîte nous grondait car elle voulait les faire sécher. Elle avait raison, nous le savions bien, car elle nous régalait plus tard de poignées de noisettes séchées que nous mangions avec du pain beurré pour notre goûter, et il n’y avait rien de plus délicieux…ou alors juste ses chaussons à la pomme à Mémé Benoîte…et puis aussi sa pâte de coing…
Le grand jardin fut longtemps notre aire de jeux, du temps où mes parents habitaient « en ville », rue de "la Font-qui-pleut".
Quelques années après la mort de mon grand-père, mes parents ont fait construire une grande maison à l’emplacement de ce jardin, après avoir fait remblayer l’extraordinaire descente au Soleillant.
Nous habitions désormais tout à côté de ma mémé Benoîte, et nous passions sans cesse de sa maison à la nôtre.
Je la trouvais belle et élégante, ma mémé Benoîte. Elle avait de magnifiques yeux bleus et se parait d’étoles en fourrure impressionnantes. Je dis « impressionnantes » car elles étaient de belle taille, enveloppant largement ses épaules et ses bras, mais aussi parce que j’en avais un peu peur... d’autant que parfois il y avait même la tête de l’animal aux extrémités !
Mémé Benoîte élevait des poules qu’elle attrapait et tuait elle-même avant de les plumer et de les cuisiner quand elle réunissait sa grande famille…Et aussi des lapins : nous leur donnions à manger et un jour nous les retrouvions pendus par les pattes , déshabillés de leur fourrure par Mémé en tablier, les manches retroussées et les mains baignées de sang… Est-ce là l’origine de mon dégoût pour la viande ? Je ne sais …En tout cas, ce sont d’horribles souvenirs bien ancrés dans ma mémoire…
Je l’aimais pourtant et je l’admirais ma Mémé Benoîte.
Maman et elle, tout en tricotant, avaient coutume de chanter… Je redemandais toujours à entendre « Les roses blanches » sachant bien pourtant que cela allait me faire pleurer… Je me souviens avoir souvent tendu en avant mes deux bras face à l’une d’elles afin qu’elle puisse y enrouler de la laine qui venait d'être lavée : celle d’un pull qui était devenu trop petit, laine « détricotée » avant d’être ensuite réutilisée…
Nostalgie…

coline a écrit:

Petite
Je jouais, avec mes frères et mes cousins, dans la cour de ma Mémé Benoîte, une cour qui possédait une pente vertigineuse. Les garçons, des casse-cous, s’y laissaient descendre à toute vitesse à bord de leurs voitures à pédales.
Le grand jardin allait ainsi , descendant jusqu’à un petit ruisseau appelé le Soleillant.
Dans ce jardin, je me souviens d’un noisetier : nous étions toujours très impatients de cueillir les noisettes et Mémé Benoîte nous grondait car elle voulait les faire sécher. Elle avait raison, nous le savions bien, car elle nous régalait plus tard de poignées de noisettes séchées que nous mangions avec du pain beurré pour notre goûter, et il n’y avait rien de plus délicieux…ou alors juste ses chaussons à la pomme à Mémé Benoîte…et puis aussi sa pâte de coing…
Le grand jardin fut longtemps notre aire de jeux, du temps où mes parents habitaient « en ville », rue de "la Font-qui-pleut".
Quelques années après la mort de mon grand-père, mes parents ont fait construire une grande maison à l’emplacement de ce jardin, après avoir fait remblayer l’extraordinaire descente au Soleillant.
Nous habitions désormais tout à côté de ma mémé Benoîte, et nous passions sans cesse de sa maison à la nôtre.

Touchant et beau à la fois ton souvenir

Marie a écrit:

Très musicaux, les souvenirs de Bellonzo!
Je me souviens , chez ma grand-mère, d'une chanson de Francis Lemarque , intitulée Quand un soldat.
A un moment, les paroles disent: le ciel regarde partir ceux qui vont mourir au parc à danser. Je me demandais bien ce qu'était un parc à danser, où les soldats mouraient. J'ai bien mis une vingtaine d'années à comprendre que c'était: au pas cadencé ..je comprends très vite
Quant un soldat ici

J'ai bien aimé tes souvenirs en tout cas Bellonzo!
Marie, ton histoire de parc à danser est excellente

Moi, je me souviens que petite, lorsque les grands disait "Il est mort sur le coup"...je me demandais comment faisaient t-ils donc tous pour être touchés mortellement au même endroit: sur le cou

aériale a écrit:

Moi, je me souviens que petite, lorsque les grands disait "Il est mort sur le coup"...je me demandais comment faisaient t-ils donc tous pour être touchés mortellement au même endroit: sur le cou

cela me rappelle que moi je pensais étant petite que les interruptions pub à la télé étaient dû au fait que la bobine du film était cassée et qu'ils devaient la réparer (dans le temps il n'y avait pas autant de chaînes, pas autant de pub.. )
à un moment donné j'ai dit à ma mère que je pensais qu'ils faisaient exprès de 'casser les films' pour montrer de la pub - et elle m'a expliqué alors cet aspect de la télé

je crois me souvenir qu'un temps j'attendais beaucoup plus des gens et que finalement je leur en voulais beaucoup moins. souvenir ou illusion ? je croyais jusqu'à ce que je m'en rende compte que ça serait plutôt l'inverse.

Enfant, j' étais très naif...

J' ai cru très longtemps que les humains étaient immortels...
Je vivais dans un univers immuable où le temps n' existait pas. Où les ages, les roles étaient fixés à jamais.
Je croyais que les etres et les choses ne changeaient pas. Ni meme les saisons.
C' est au point que j' ai cru avoir vécu rétrospectivement en été. C' était avant d' avoir pris conscience.

Les limites du monde s' arrétaient là où ma vue s' arretait...
Jusqu' au jour où j' ai grimpé au sommet d' un marronnier et où j' ai vu que le monde était ailleurs aussi.

De temps en temps, certains disparaissaient, les plus agés souvent, et on ne les revoyait plus.
Comme Emily Dickinson, je pensais qu' ils étaient en voyage ou installés
ailleurs.
Plus tard, on m' a dit qu'ils étaient morts.

Il y a des façons d' essayer d' enseigner la mort... La façon dont on m' a appris ce qu'elle était, ést probablment la pire.
Au cimetière du village où étaient enterrés mes grands parents, il y avait
de simples tombes qui ne m'impressionnaient pas trop.
Elles étaient vides et voilà tout...
Mais il y avait aussi les tombeaux de famille, réservés aux riches et aux notables, qui meme morts continuaient à paraitre...
Ces constructions de pierre et de marbre m' effrayaient terriblement,
et j'avais ensuite d' affreux cauchemars.
Je revais - et j' imaginais aussi - que les morts vivaient la nuit dans ces demeures funèbres et qu'ils avaient des pratiques innommables...

Je me souviens de notre premier baiser, son écharpe nous entourant tous les deux.
Je me souviens de ces longues marches sous la pluie durant lesquelles j'avais l'impression d'être hors du monde.
Je me souviens jour où j'ai pleuré en lui avouant à quel point je l'ai haï.
Je me souviens le moment où j'ai compris à quel point Lévinas était génial.
Je me souviens le jour où, sans que je m'en rende compte, ma prof d'anglais m'a sauvé la vie.
Je me souviens de mon dernier examen de mathématiques.
Je me souviens le soir où j'ai décidé de revendre la quasi totalité de ma collection de CD's.

Je me souviens, d'etre allé au temple à 13 ou 14 ans. Par pure curiosité...

L' église et ses rites je connaissais bien et je m' y ennuyais...
J' y allais le dimanche matin, et encore le plus tard possible... En fait plutot pour regarder les filles, qui d'ailleurs venaient aussi pour ça :etre regardées.

Ce dimanche-là, je me suis demandé ce qui pouvait bien se passer au
temple.
J'ai grimpé une volée de marches et j'ai poussé une porte. je crois qu'elle
a grincé et tous les parpaillots - c'est comme ça qu' on les appelait -
se sont retournés d'un meme élan.
Comme un voleur pris sur le fait, je me suis enfui. Et j' ignore toujours
ce qu'ils font au temple les parpaillots...

Les parpaillots, ce n' est pas un injure ! C'est un mot d'origine occitane,
parpailhol qui veut dire papillon, à cause des vetements blancs des calvinistes.
Le Petit Robert.

J'ai un souvenir très triste, de mes trois ans, à l'école maternelle chez les bonnes soeurs (à l'époque - 1984- il n'y avait presque pas d'écoles maternelles publiques en Italie).
Je ne savais pas lacer mes souliers, J'avais de belles chaussures en cuir rouge, avec des lacets blancs.
La soeur nous ordonne de nous mettre en rang par deux, pour aller à la cantine.
Je m'aperçois de mon soulier délacé.
Je quitte le rang et je vais chez elle pour lui demander de me lacer le soulier.
Voilà: elle m'engeule devant tout le monde parce que j'ai quitté le rang, me donne une gifle et m'ordonne de reprendre ma place à coté de ma copine...
Je me mets à pleurer, je cherche à lui expliquer l'affaire du soulier, elle ne m'écoute pas.
Bref, je rentre dans le rang, je cherche à me lacer la chaussure toute seule, mais je ne fais qu'une série de noeuds, un sur l'autre.... Désespoir total!

Inutile de dire que dès lors je déteste profondément les soeurs.

Marie et Aériale, vous m'avez bien fait rire
Pour moi, c'était, lorsque j'étais petite, une petite phrase qui me semblait très énigmatique "Ne fais pas ta tête de pennesinlive". Je comprenais que je ne devais pas bouder mais je ne comprenais pas "pennesinlive". Seulement des années plus tard, en me répétant encore cette expression, (que j'utilise encore parfois mais seulement pour moi seule) je me suis rendue compte que "pennesinlive" était en fait "pain de cinq livres"… l'accent ardennais…
D'ailleurs, si quelqu'un connaît l'origine de cette expression, cela m'amuserait de la connaître. Un pain de cinq livres fait-il plus souvent la tête qu'un pain de deux livres ? Et pourquoi ?
(Si ça se trouve, en fait, ce n'est même pas pain de cinq livres ! )

Et puisque je fais un tour dans les Ardennes, je me souviens du vieux monsieur qui, chaque année, au début de l'hiver, installait son alambic tout près de mon école. Chaque fois que j'en vois un maintenant (c'est de plus en plus rare), je me retrouve comme une petite fille avec son cartable à la main et au bord des larmes...

Je me souviens d' une rentrée : 6e ou 5e ?
Le prof de français nous avait demandé de nous présenter.

L' un de nous eux a commencé une phrase alambiquée, et il a aggravé son cas en disant "néanmoins".
Le prof a levé un sourcil et a dit d' un ton légèrement ironique : néanmoins ?
Et toute la classe a éclaté de rire.

Et pour l' année, l' élève dont j' ai oublié le nom est devenu Nez en moins !

Je me souviens encore nettement du parfum et du gout du miel de montagne.
Ma grand mère habitait près du bois, dans l'Italie du Nord. Elle avait deux ruches, dans les prés qui entouraient la maison. Quand j'allais chez elle (plutot rarement car elle n'habitait pas dans ma region), je regardais souvent l'homme habillé en "astronaute" qui prélevait le miel des ruches. Un après midi il m'a dit d'aller chercher une petite assiette et un couteau. Il a détaché le miel et la cire de la ruche avec le couteau.
Je l'ai maché longuement, mangeant le miel et crachant la cire... je n'ai jamais plus senti le meme gout, le meme parfum... je ne l'oublierai jamais!
Aujourd'hui que ma grand mère n'est plus là, je cherche toujours à me procurer quelques kilos du miel que produit le meme Monsieur, avec les memes fleurs, dans les memes prés... mais quelque chose a changé...

Toi aussi tu m'as trop fait rire Epi avec tes pennesinlive bizarre l'accent des ardennes. Sont pas passés par le midi pourtant?

J'aime bien tous vos petits bouts d'enfance. C'est trop touchant (pour un peu je verse une larme Hellois avec les tiens!)
Mais ton dernier post me rappelle un autre que j'avais ouvert

ICI

aériale a écrit:

J'aime bien tous vos petits bouts d'enfance. C'est trop touchant (pour un peu je verse une larme Hellois avec les tiens!)
Mais ton dernier post me rappelle un autre que j'avais ouvert

ICI

Quelles terribles machines à souvenirs les odeurs et la musique!

Moi aussi j'ai un faible pour les draps blancs qui sèchent au soleil d' été (chez nous il faut les faire sécher à l'ombre, sinon le soleil les abime... ) C'est pour ça que moi aussi, je fais le linge toute seule en été... c'est un plaisir tout personnel...
Ils me rappellent le grand lit de ma grand-mère, où j'ai dormi jusqu'à six ans, les tiroirs de sa commode, que j'ouvre encore aujourd'hui quelques fois, pour ressentir encore le parfum de lavande...
ah l'enfance....