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| Carlos Fuentes [Mexique] | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Sam 2 Mai 2009 - 0:00 | |
| - kathel a écrit:
- L'instinct d'Inez
L’écriture est exigeante, très belle, et j’admets que la brièveté du livre est tout de même un de ses atouts car il n’est pas très facile. C'est par ce roman que je veux découvrir Carlos Fuentes... | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 30 Déc 2009 - 1:10 | |
| Les années avec Laura Diaztraduit de l'espagnol ( Mexique ) par Céline Zins Gallimard J'aime beaucoup cette photo de couverture .. et j'ai terminé ce pavé Sur 700 pages, Carlos Fuentes retrace la vie de Laura Diaz, entre 1898 et 1972.Il a pris comme modèle sa grand mère paternelle , dont la famille venait d'Allemagne. L'arrivée de cette famille est d'ailleurs pour moi un des meilleurs moments de cette grande fresque qui retrace donc l'histoire du Mexique pendant ces années, mais aussi, et ce à travers soit des amours de Laura, soit de la vie de ses frères, enfants, petits enfants, l'histoire des pays qui ont eu une histoire commune avec le Mexique, l'Allemagne, donc, mais aussi bien sûr l'Espagne ( il y a de très belles pages sur la guerre civile ) et les Etats-Unis. Dans ce portrait de femme ( très libre),on croise une multitude de personnages célèbres, on participe à toutes les guerres et révolutions. C'est un livre très dense, dans lequel on apprend beaucoup de choses, mais qui, pour moi, a les défauts de ses qualités, si je puis dire.. On a souvent envie de dire stop, arrêtons nous un peu sur une époque précise! Même si, comme moi, on aime les livres qui nous emmènent ailleurs dans l'histoire d'un pays, l'histoire de cette famille est un peu trop...trop! Or, à lire la postface , notamment en ce qui concerne la mort des Santiago qui peuplent cette histoire ( demi-frère, fils et petit fils), il y a peu de fiction, et la vie de la famille Fuentes est un vrai roman. Bien écrit, intéressant, mais peut être un peu pesant ? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 30 Déc 2009 - 10:00 | |
| - Marie a écrit:
- Bien écrit, intéressant, mais peut être un peu pesant ?
pesant.. oui, peut être.. mais j'avais fait des pauses entre temps et je garde un très bon souvenir de ce livre Pour faire plus léger - et moins pavé (230 pages ) il y a Diane, ou, La chasseresse solitaire - son histoire d'amour avec Jean Seberg.. qui devient bien vite pas tout à fait une histoire d'amour | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| | | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 30 Déc 2009 - 10:08 | |
| - Queenie a écrit:
- Tu m'étonnes avec une fille comme Jean Seberg!
éHé! mais c'est vraiment un bon livre.. où on dépasse vite le stade de 'voyeur' en tant que lecteur.. | |
| | | Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mar 15 Mai 2012 - 21:39 | |
| L'écrivain mexicain Carlos Fuentes est mort à l'âge de 83 ans, a annoncé, mardi 15 mai 2012, sur son compte Twitter le président Felipe Calderon. Il avait reçu en 1987 le prix Cervantes pour l'ensemble de son oeuvre. (AFP) | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mar 15 Mai 2012 - 21:41 | |
| - Maline a écrit:
- L'écrivain mexicain Carlos Fuentes est mort à l'âge de 83 ans, a annoncé, mardi 15 mai 2012, sur son compte Twitter le président Felipe Calderon. Il avait reçu en 1987 le prix Cervantes pour l'ensemble de son oeuvre. (AFP)
je viens d'avoir l'info en alerte. Ce sera l'occasion d'aller y voir d'un peu plus près | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 16 Mai 2012 - 6:33 | |
| - mimi54 a écrit:
- Maline a écrit:
- L'écrivain mexicain Carlos Fuentes est mort à l'âge de 83 ans, a annoncé, mardi 15 mai 2012, sur son compte Twitter le président Felipe Calderon. Il avait reçu en 1987 le prix Cervantes pour l'ensemble de son oeuvre. (AFP)
je viens d'avoir l'info en alerte. Ce sera l'occasion d'aller y voir d'un peu plus près Oui, c'est vrai... Je n'y ai jamais encore mis le nez... - Citation :
- Selon la presse locale, il aurait succombé à des problèmes cardiaques dans un hôpital du sud de la capitale mexicaine.
Souvent cité comme potentiel prix Nobel de littérature, Carlos Fuentes avait obtenu en 1987 le prix Cervantès, considéré comme le prix de littérature de langue espagnole le plus prestigieux au monde.
Il était notamment l'auteur de "La mort d'Artemio Cruz" (1962) ainsi que d'une vingtaine d'autres livres et portait depuis plus d'un demi-siècle un regard critique sur la société mexicaine contemporaine. (source : ici). | |
| | | Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 16 Mai 2012 - 8:01 | |
| Une page récap de quelques livres de Carlos Fuentes parus en français et en livre de poche se trouve ici. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 10 Oct 2012 - 15:38 | |
| je suis donc immergée dans Terra Nostra (I) !
de quoi ça parle ? je n'en sais rien mais c'est palpitant. Fuentes joue au Petit Poucet en distillant quelques éléments programmatiques qui devraient (je crois) donner à la fin du livre quelque chose d'un peu ficelé. En attendant, je me retrouve à Paris à l'aube de l'an 2000, les eaux de la Seine bouillonnent, des hérétiques foulent le parvis des églises en psalmodiant, un jeune homme retrouve sur un pont une jeune femme qui le reconnait mais qu'il ne reconnait pas et tombe dans l'eau bouillante avec une bouteille verte à la main. Qui est ce jeune homme ? que contient la bouteille ? le second chapitre s'ouvre sur la folie de la monarchie espagnole, Philippe II fait construire le palais de l'Escurial pour donner une sépulture à ses ancêtres, Jeanne la Folle traverse les déserts dans une litière avec derrière elle le cercueil royal de son époux trop aimé, un jeune homme échoue sur un rivage, à côté de lui se trouve une bouteille verte, une louve accouche d'un enfant avec douze doigts de pieds et une croix sanglante se dessine entre ses omoplates... et ainsi de suite... je ne comprends pas grand chose à cet énorme délire mais l'écriture est sublime et certains passages sont absolument dévorateurs. Fuentes parvient à rendre l'atmosphère de cette Espagne dégénérée et à créer un étonnant suspens tout en expliquant les différentes hérésies chrétiennes, du catharisme au docétisme en passant par le nestorianisme et autres gnosticismes. Superbe et rébarbatif.
un extrait pour les courageux, il s'agit de la description par une nonne des ancêtres de Philippe II qui arrivent dans leur cercueil :
(...) le premier Seigneur des batailles contre les Maures ; le vaillant Seigneur son fils qui se jeta des hauts des tours de son château assiégé sur les lances de Mahomet avant de se rendre ; le roi aryen et son fils désobéissant que son père fit décapiter un matin de Pâques ; le Seigneur qui mourut dans l'incendie de ses draps incestueux en violant sa propre fille dont les restes voyagent à jamais unis à ceux de son père, ainsi que le fils et frère de ces derniers qui, afin d'éviter les tentations, se voua à collectionner des miniatures ; le Seigneur astronome, fils du précédent, qui de l'étude du minimum passa à la recherche du maximum et se plaignit que Dieu ne l'eût point consulté sur la création du monde ; le brave Seigneur qui mourut de ses péchés, ayant vécu toute sa vie de ses vertus ; et sa Dame qui se battit comme une lionne contre les infants usurpateurs ; le Seigneur qu'on nomma le Douloureux on ne sait trop si ce fut du fait de ses souffrances spiritelles ou de sa célèbre constipation physiologique, ainsi que son petit-fils, le Taciturne et impuissant Seigneur dont l'unique plaisir consistait à renifler les croûtes de caca qu'il avait l'habitude de laisser dans ses culottes ; le jeune Seigneur assassin qui fit jeter du haut des murailles de son château ses deux frères rivaux lesquels le convoquèrent au jugement de Dieu trente-trois jours et demi plus tard, et au bout de trente trois jours et demi on trouva le Seigneur mort dans son lit, empoisonné par le constant contact d'un chapelet de plomb venimeux ; regarde-les, ma fille, ce sont tous nos maîtres et gouvernants très sages et très aimés : le cruel Seigneur qui abandonna son épouse légitime pour l'amour d'une concubine et obligea ensuite les courtisans à boire l'eau du bain de sa favorite ;
(...)
et la grand-mère du Seigneur, notre très chaste Dame qui jamais ne changea de vêtement, afin disait-elle que le Diable ne vit jamais ce qui n'appartenait qu'à Dieu et à qui il fallut après sa mort arracher avec une spatule les bas et la culotte collés à la peau, ainsi que son mari le Seigneur fou, le grand-père du nôtre, qui aimait faire cuire les lièvres vivants, recueillait de la neige dans son vase de nuit et faisait teindre son sucre avec de l'encre : on dit qu'il se fit pendre une nuit à l'aide d'une corde de soie par quatre esclaves maures avec lesquels il se livrait à des plaisirs inavouables (...)
et ces mots qui achèvent la litanie :
Nous avons donné notre vie pour construire une demeure pour les morts.
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| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mar 16 Oct 2012 - 17:11 | |
| toujours dans Terra Nostra (cette fois II), je me régale et je sens la fin arriver avec une certaine mélancolie... ce livre fait partie des livres monstrueux qu'il est impossible de recommander mais qui laisse une trace indélébile dans la mémoire (et il en est beaucoup question dans le roman) du lecteur.
Voici quelques réflexions que j'ai noté au cours de ma lecture car je ne crois pas que je serais en mesure de rédiger un commentaire final à cette lecture ébouriffante...
Un livre très compliqué à aborder, à pénétrer, parce qu'il propose un univers labyrinthique, non pas 'insensé' (quoique) mais débordant de sens, croulant sous les signes, ouvrant mille chemins dans la 'forêt des symboles'. Une lecture d'une richesse insensée, agrémentée d'une prose magnifique, d'une totale liberté qu'il est loisible de parcourir, mais qui laissera bien des lecteurs sur le bord du chemin.
J'ai choisi de m'attacher à une piste de lecture pour entrer dans ce texte, étonnamment foisonnant mais qui au fur et à mesure trouve son rythme, sa dimension, trouve un souffle unique, magique, absorbant. Fuentes s'applique à mélanger les temps, les époques, les lieux, chaque personnage se trouvant être ailleurs au moment où il est dans les pages lues. Le temps de lecture devient aussi important que le temps de l'histoire qui n'est pas exactement le même que le temps de la narration. Vertigineux et habile. Fascinant et déstabilisant. Certaines scènes sont d'une beauté troublante, certains passages qui servent de leitmotivs à l'œuvre, permettent de garder un peu de sens à une volonté narrative qui tend vers l'apocalypse, le charivari, le tohu-bohu, l'éclectisme, l'impensable, le surréel.
Surtout je retiens qu'en filigrane se dessine une critique de nos sociétés à travers la critique de la société féodale (on peut d'ailleurs se demander avec effroi ce qui change vraiment de l'une à l'autre dans le domaine de la condition humaine et de la reconnaissance des oppressions). Il y a aussi dans ce livre-monde une critique passionnante du fait religieux, de la confiscation de Dieu par les autorités, de la folie des hérésies qui remplacent une religion déviante par une nouvelle religion déviante, dans une répétition amère et sans relâche. On peut lire cette critique religieuse au premier degré, simple condamnation de l'adoration, on peut la lire également comme une critique du politique et transposer le nom de Dieu dans le nom des totalitarismes. Et penser comme Fuentes que l'hérésie renforce l'Eglise, la foi et la dévotion, aux mêmes titres que la peur des minorités renforcent le pouvoir existant, le légitime. On pourrait presque dire en poussant un peu les choses, que l'Inquisition en obtenant trop de pouvoir et en éradiquant systématiquement toute forme d'hérésies à par là même détruit le fait religieux en Europe, la croyance n'ayant plus de combat à défendre se mourant d'elle-même.
En faisant de notre notion du temps, non plus une flèche qui file mais la possibilité (toute einsteinienne) de se promener le long de cette flèche, de l'accélérer, de revenir en arrière et aussi de dédoubler les espaces, de vivre trois vies avec le même avatar, Fuentes remet en question la fixité de nos valeurs, leur éternelle répétition et il trouve dans l'affrontement à l'immortalité le souffle de l'humain, celui qui décide de choisir l'adversité, l'aventure, la passion en lieu et place de la résignation.
Ce qu'il souligne aussi c'est la question de la répétition : une chose devient banale quand elle devient répétitive et même les choses les plus simples ont une possibilité d'extravagance quand elles perdent leurs habitudes. Cette question revient sans cesse hanter le corps du texte, à travers des scènes qui fonctionnent en motifs (l'échouage d'un corps sur une plage, les oraisons du Seigneur, le viol ou le fantasme du viol chez Célestine…) qui finissent par interroger la banalité du quotidien et ce qui survient par extraordinaire (une louve mettant bas un enfant, la croix de chair entre les omoplates du nouveau-né, la réinvention permanente du présent par le mélange des temps).
Livre de formation, livre de contes, mélangeant mythologies et rêves éveillés, fantasmes sexuels et naissances diaboliques, tissant un fil qui relie le ciel et la terre, l'enfer et les dieux, Fuentes agit en démiurge trismégiste, Hermès du monde littéraire qui renverse les notions et crée une nouvelle table d'émeraude, une nouvelle lecture du monde où tout ce qui est en haut est en bas et ainsi de suite sans aucune discontinuité dans le temps, mais avec un troublant désir de surprendre. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mar 16 Oct 2012 - 17:18 | |
| oh et j'espère que Bédoulène laissera une trace de sa lecture de Fuentes qui semble être aussi (quoique différemment) très chargée de symboles... et très riche (!?!). En tout cas je sais déjà que comme pour Carpentier ou Calasso, je vais partir lentement mais béatement à la recherche de ses autres livres ! | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 17 Oct 2012 - 15:27 | |
| je crois qu'il te faudra attendre l'avis d'un autre membre. Je n'en suis qu'à la moitié (peu de temps pour lire, donc lecture hâchée, ce que j'ai en horreur car il faut replonger à froid, si je puis m'exprimer ainsi) ce serait une excellente lecture pour toi | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 17 Oct 2012 - 16:00 | |
| - Bédoulène a écrit:
- je crois qu'il te faudra attendre l'avis d'un autre membre.
Je n'en suis qu'à la moitié (peu de temps pour lire, donc lecture hâchée, ce que j'ai en horreur car il faut replonger à froid, si je puis m'exprimer ainsi)
ce serait une excellente lecture pour toi oh mais je ne suis pas pressée (d'autant plus que tu sembles cuisiner de bien bonnes choses à la pitchoune), il s'agit bien de Christophe et son oeuf ? | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Jeu 18 Oct 2012 - 9:34 | |
| oui Shanidar, Christophe et son oeuf ! Ton excellent commentaire comme toujours, me fait penser que ma tâche sera rude ! mais si tu n'as pas fini ce livre avant moi je tenterai un petit comm | |
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| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] | |
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