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| Carlos Fuentes [Mexique] | |
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Auteur | Message |
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shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Jeu 18 Oct 2012 - 10:42 | |
| - Bédoulène a écrit:
- oui Shanidar, Christophe et son oeuf !
Ton excellent commentaire comme toujours, me fait penser que ma tâche sera rude ! mais si tu n'as pas fini ce livre avant moi je tenterai un petit comm je suis toujours dans Terra Nostra (il me reste 100 pages à lire sur les 1200 du roman) et je suis toujours aussi conquise et fascinée par l'écriture d'une beauté magique et par la force d'invention de Fuentes. Complètement subjuguée et emportée... pour répondre aux questions que je me posais au début du livre : l'auteur parviendra-t-il à donner un sens à tous les éléments qu'il égrenne au fil de la narration ? la réponse est incontestablement : oui ! et c'est absolument sidérant de voir peu à peu surgir les réponses ainsi que la construction sous-jacente du récit. Les trois jeunes hommes, les bouteilles vertes jetées à la mer, la malédiction... tout prend peu à peu sa raison d'être et son rapport aux autres éléments. Un livre totalement démentiel, pour une redécouverte fascinante du Nouveau-Monde... Instructif, gai, effrayant, magique ! et pour ceux qui aiment bien les mots savants (à replacer lors d'une rencontre parfumée ?), parlons un peu d'ecphrastique ! mékéckecé ? c'est simple : l'ecphrastique est la description littéraire d'une oeuvre visuelle. Et Fuentes utilise très souvent ce ressort pour donner des images, rappeler des couleurs ou faire vivre les personnages de certains tableaux ; d'ailleurs il met en scène certains peintres en les soumettant tous au nom générique de Julian ; en voici quelques exemples : Fuentes utilise deux triptyques de Hieronymus Bosch : Le jardin des délices et Le chariot de foin , qu'il décrit, qu'il fait peindre par Julian et dont il tire certains éléments pour les intégrer à son propre récit, comme si la peinture devenait vie et chair, prenait forme et mouvement grâce aux mots et à la vivacité du lecteur : de simples détails (qui dans l'oeuvre de Bosch foisonnent) prennent une dimension symbolique ou prophétique dans l'oeuvre de Fuentes, et la description minutieuse de quelques scènes révèlent avec éclat les relations des personnages, leur comportement, leur attitude. (détails du Chariot de foin) Le personnage de la naine Barbarica est évidemment tiré du célèbre tableau des Ménines de Velasquezdont la mise en abyme est une des figures récurrentes du roman, ainsi que l'utilisation de miroirs. on pourra également jeté un oeil (mais les oeuvres sont si chargées que les poster n'auraient pas beaucoup de sens) sur Le rêve de Philippe II du Greco et sur le Jugement Dernier de Luca Signorelli, ainsi que sur l'infatiguable Mona Lisa... ainsi les peintures deviennent ce que Dorita Nouhaud appelait des sortes de 'générateurs textuels', qui donnent des pistes pour comprendre l'immense roman de Fuentes.
Dernière édition par shanidar le Jeu 18 Oct 2012 - 14:49, édité 1 fois | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Jeu 18 Oct 2012 - 13:52 | |
| de plus en plus intéressant ton comentaire Shanidar et je me sens rétrécir Je pensais lire aussi ce livre, mais bien plus tard, si ma présente lecture ne me laisse pas en oeuf brouillé | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Jeu 18 Oct 2012 - 14:52 | |
| lecture de longue haleine mais incontestablement l'une des plus passionnante de ma vie de lectrice !
@ Bedoulène : si tu savais le nombre de commentaires que j'ai rédigé sur Terra Nostra sans les poster parce que je les trouvais illisibles et qui végètent dans mes brouillons... il ne faut surtout pas s'effrayer ! | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Christophe et son oeuf Jeu 25 Oct 2012 - 15:32 | |
| Christophe et son Œuf Premier lecture de cet auteur ! La note de la traductrice est très utile pour qui rencontre l’auteur pour la première fois. Notamment : « Le lecteur verra du reste qu’il est constamment fait appel à lui (en hommage à un autre illustre précédent), lecteur plus que lecteur, sujet décidant, «choisissant sa lecture : Electeur. » L’écriture, très riche dans les mots, dans les nombreuses références : littérature, peinture, Hommes politiques Mexicains évidemment mais aussi étrangers. L’auteur fait confiance à son lecteur pour la compréhension des diverses allusions, jeux de mots, transformations …. ; l’Electeur doit participer. Touenties, vol street, clinup, teikover, ticheurtes Le Mall Effik, le Mall O’net, le Mall Autru, le Mall Fra (Il connait Traversay ? ) Originalité que de laisser un fœtus raconter la rencontre de ses parents, leur histoire et à travers eux le Mexique, sur sa période de gestation en l’an 1992. L'auteur évoque dans ce récit plusieurs mythes, celui de la Tour de Babel : deux peuples d'indiens vivant de chaque côté d'un grand ravin, ne pratiquant pas la même langue ne se comprennent pas et pour l'un ne voit pas l'autre car la tribu entière est aveugle. Cependant l'espoir est introduit quand des deux côtés du ravin s'élèvent des "pétards, des fusées" et de l'autre en réponse des objets rudimentaires "récoltes, tissages, masques, poteries.." Le mythe de Babylone aussi, quand le gouvernement participe à la destruction de "Acapulco" l'orgueilleuse, la riche. Le mythe du vagin denté : un document ancien est recherché par un Professeur de Darmouth College. La Nef de Chine emporte certains personnages vers une ville utopique "Pacifica", doit-on comprendre que l'uotpie est le Communisme ? Dieu non plus n'est pas épargné dans ce récit, parfois avec humour : la corruption : discours d'Ulyse Lopez (portefeuille du Sepadu) la spéculation : Le géniteur du foetus prénommé "Christophe", se définit comme un conservateur révolutionnaire. Il est instruit, ascendance aristocratique et passionné pour ces 9 mois par le sexe. Et combien d'émotions pour Christophe, lui qui voit, entend, devine, apprend sa génèalogie, mais qui sait qu'en venant au monde, il va tout oublier de son passé récent. Une très bonne et longue lecture, j'ai eu un peu de mal au début à m'habituer aux diverses langues, à cette grande richesse. Encore une image qui vient de cette lecture, un tableau de Soutine (nommé par l'un des personnages), le boeuf écorché, comme peut l'être le Mexique dans cette histoire, en 1992, après des années de violence. Un espoir s'annonce avec la naissance de l'enfant.
Dernière édition par Bédoulène le Jeu 25 Oct 2012 - 20:25, édité 2 fois | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Jeu 25 Oct 2012 - 15:51 | |
| Je suis avec intérêt tous vos commentaires. Encore un auteur qui m'attire mais me repousse en même temps. Pas certain d'adhérer à cet univers mais je tenterai. | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Jeu 25 Oct 2012 - 20:57 | |
| Oui Marko, tente, je pense que Christophe et son oeuf peut te plaire.
On retouve dans ce récit le recours du gouvernement à une figure emblématique la "mère et guérisseuse de la Nation" "Mamadoc", personnage créé par le secrétaire d'Etat pour contenir le peuple et l'endormir avec de nombreux concours, comme celui du 5ème centenaire de la découverte de l' Amérique.
Comme les oubliés ont aussi droit à leur "sauveur", le bien-nommé Matamoros s'érige en Ayatollah.
l'écriture a elle seule mérite la lecture.
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| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Ven 26 Oct 2012 - 12:26 | |
| merci pour le commentaire et les extraits Bédoulène, qui permettent de se faire une bonne idée du style et de l'inventivité de Fuentes. Je ne recommande pas de commencer par Terra Nostra (à moins d'avoir un penchant très prononcé pour les livres monstrueux, tentaculaires pour ne pas dire hénaurme !). En revanche Christophe et son oeuf semble tout indiqué. Je le note précieusement. Après Cortazar et Carpentier, Fuentes est vraiment une très importante découverte pour moi (une nouvelle Amérique ?)... Un auteur qui arrive à brasser les mythes les plus connus en les mélangeant à une mouture renouvelée et particulièrement pimentée. De l'audace, du surnaturel, une manière toute personnelle d'emballer la narration avec un style inimitable, une curiosité intellectuelle sans bornes mais accessible et une manière très drôle de déboulonner les grands principes (Dieu, le Roi, l'Etat...). Fuentes est un grand maitre ! | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Ven 26 Oct 2012 - 15:21 | |
| oui Christophe et son oeuf est accessible (puisque j'en suis arrivée à bout ) et moins lourd.................. que 599 pages ! Il y a tellement de choses à dire, mais je crois aussi qu'il faut laisser la découverte aux futurs lecteurs. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Ven 26 Oct 2012 - 17:54 | |
| en parcourant le fil de Juan Rulfo (un autre mexicain) je découvre le commentaire de Dom à propos de Pedro Paramo et je découvre l'importance du dialogue entre les morts et les vivants ; Dom souligne qu'il faut peut-être comprendre ce dialogue à travers le rapport des mexicains à la mort. J'ai le sentiment que cette reflexion apporte également une clef pour mieux comprendre Fuentes, mieux comprendre sa capacité à faire parler les morts, à les ressusciter sans aucune gêne, à les emmurer dans une châsse (comme la Reine Folle) de laquelle elle s'exprime, alors qu'elle gît dans un état latent ente vie et mort. Cette façon de ne pas envisager de rupture d'un état à l'autre permet ainsi à Fuentes de créer des collusions entre des personnages qui ne sont pas sensés avoir vécus à la même époque mais qui se rencontrent tout de même et discutent ensemble. Cette relation aux morts, assez fascinante, qui finalement les installe dans la vie de chacun est sans doute l'un des ressorts les plus astucieux dont se sert Fuentes pour donner à son texte un côté magique et aussi terriblement libéré des contingences usuelles. | |
| | | Sullien Sage de la littérature
Messages : 1591 Inscription le : 23/10/2012
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Sam 27 Oct 2012 - 19:12 | |
| J'aimerais beaucoup découvrir cet auteur ; j'ai parcouru les pages de ce fil, nuancées, et je peine à me décider : par quoi me conseilleriez-vous de commencer ? | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 12 Déc 2012 - 9:52 | |
| - Sullien a écrit:
- J'aimerais beaucoup découvrir cet auteur ; j'ai parcouru les pages de ce fil, nuancées, et je peine à me décider : par quoi me conseilleriez-vous de commencer ?
sans doute un peu tard pour te répondre Sullien mais je crois qu'on peut faire confiance à kenavo et commencer par Les années avec Laura Diaz ou si tu préfères plus court L'instinct d'Inez ou si le long ne t'effraies pas Christophe et son oeuf... (bon j'arrête). | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 5 Juin 2013 - 17:02 | |
| Je suis plongé dans La volonté et la fortune et je me régale. Superbe écriture, intelligence et humour pour un récit d'apprentissage testamentaire riche et captivant. j'attaque la 3ème partie. À suivre pour les détails... | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Mer 11 Déc 2013 - 18:04 | |
| - Sullien a écrit:
- J'aimerais beaucoup découvrir cet auteur ; j'ai parcouru les pages de ce fil, nuancées, et je peine à me décider : par quoi me conseilleriez-vous de commencer ?
Peut-être par cet ouvrage-ci: Les fils du conquistador (titre original: los hijos del conquistador) - 1992. Il s'agit de l'une des cinq nouvelles qui composent le recueil L'oranger (El naranjo). J'ai la joie d'en disposer en édition bilingue (chez Folio) 180 pages environ, par conséquent la moitié pour le seul texte français, traduction, notes et préface de Céline Zins. Il s'agit d'un curieux dialogue entre deux d'entre les fils du très célèbre conquistador Hernàn Cortès (souvent orthographié "Cortez" en français) tous les deux prénommés Martín. Donc entre Martín 1 et Martín 2. Le cadre est procuré par l'histoire du Mexique et de la Couronne Espagnole, ce Mexique qui s'appelait encore les Indes ou la Nouvelle-Espagne. Idées, civilisations, hommes se chevauchent, s'entrechoquent et s'hybrident. La nouvelle, plutôt longue pour le format "nouvelle", part d'assez loin pour qu'on ait bien le cadre en tête, puis s'emballe et accélère, d'abord insensiblement, à mesure du dialogue, parfois empli de méandres, d'impasses, de piques verbales, d'incompréhensions. La faconde, les facultés imaginatives bien connues de Fuentes s'emparent de cet échange, avec toute la volubilité habituelle. Le mélange histoire/fiction est réussi, en ce sens que le récit bascule vers les propositions illustratives de Fuentes, et je n'irai certes pas fouiller dans les précis d'histoire de la couronne espagnole sous Philippe II puis Charles-Quint, ni dans les précis d'histoire du Mexique, pour démêler l'historique de la fiction ! En filigrane la figure d'Hernàn Cortès, entre la statue du héros antique et un étrange Janus, au fond rendu presque attachant par Fuentes, et en fil conducteur l'absence de scrupules, mais aussi les regrets des Martín. Sans oublier les mères des Martín(s), La Maninche et Doña Juana de Zuñiga... L'ensemble est peu ampoulé, très limpide pour du Fuentes (je précise !), se lit d'une traite sans difficulté ni lassitude pour peu que vous ayez le temps de vous consacrer à ces pages. Au commencement du livre, sur un tempo piano, la parole est donnée à Martín 2. - début du livre a écrit:
- Mon père Hernàn Cortès, le conquérant du Mexique, eut douze enfants.
En allant des plus jeunes aux plus vieux, on trouve trois filles de sa dernière épouse, Doña Juana de Zuñiga: María, Catalina et Juana, bouquet mexicain de filles favorisées par la fortune, qui naquirent tard et n'eurent donc pas à porter le poids des malheurs de leur père, mais seulement celui de sa glorieuse mémoire. De la Zuñiga naquit aussi mon frère Martín Cortès, qui porte le même nom que moi et avec lequel je partage non seulement le nom mais le sort. Et deux enfants morts-nés, Luis et Catalina.
Notre père fut un grand conquérant de chair fraîche, autant que de territoires. Au roi vaincu, Moctezuma, il enleva sa fille préférée, Ixcaxochitl, "Fleur de Coton", avec laquelle il eut une fille, Leonor Cortès. Avec une princesse Aztèque au nom oublié, il eut une autre fille qui vint au monde contrefaite, la dénommée María. Avec une autre femme anonyme, il eut un fils prénommé Amadorcico dont il nous raconta qu'il l'avait beaucoup aimé, puis oublié, le laissant mort ou abandonné quelque part au Mexique. Pire destin encore fut celui d'un autre fils, Luis Altamirano, né d'Elvira (ou peut-être Antonia) Hermosillo en 1529, déshérité dans le testament de notre père prodigue, rusé et vaincu; mais nul ne connut plus grand malheur que la fille aînée, Catalina Pizarro, née à Cuba en 1514, d'une mère nommée Leonor Pizarro. Notre père la dorlota, la veuve Zuñiga la persécuta, la dépouilla de ses biens et la voua à passer, contre son gré, le restant de ses jours enfermée dans un couvent.
Je suis le premier Martín, fils bâtard de mon père et de Doña Marina ma mère indienne qu'on surnommait La Maninche, l'interprète sans laquelle Cortès n'aurait rien conquis. Mon père nous abandonna après la chute de Mexico car ma mère ne lui était plus d'aucune utilité pour conquérir et qu'elle lui était plutôt une gêne pour régner. J'ai grandi loin de mon père, ma mère ayant été livrée au soldat Juan Xaramillo. Elle est morte sous mes yeux, de la variole, en 1527. Mon père m'a reconnu en 1529. Je suis le premier-né, mais pas l'héritier. J'aurais dû être Martín Premier, mais je ne suis que Martín Second. | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Jeu 12 Déc 2013 - 11:19 | |
| merci Sigismond, je vais revenir à Fuentès, un seul livre de l'auteur ce n'est pas suffisant pour bien l'appréhender. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Carlos Fuentes [Mexique] Dim 18 Mai 2014 - 22:30 | |
| Le siège de l'Aigle
Mon premier roman de Carlos Fuentes. Le registre est celui de l'anticipation politique, avec la mise en place en 2020 d'un blocus du système de télécommunications du Mexique par les Etats-Unis. Cette situation est un prétexte à l'échange de lettres entre les protagonistes, qui font tous partie (au présent ou au passé) de l'élite mexicaine et espèrent influencer le destin de la fonction présidentielle. La forme est ainsi répétitive et Fuentes dévoile une emphase stylistique pour tisser un crescendo. La complexité des relations dans la lutte pour le pouvoir produit des manipulations, trahisons et renversements successifs jusqu'au constat d'une impasse...car les choix des individus s'effacent peu à peu face à une fascination qui entraîne l'auto-destruction. Le "siège de l'Aigle", symbole de l'autorité et de la puissance, traduit l'illusion d'une ambition qui trouve sa source dans la quête d'une revanche sociale, s'épuisant à reproduire une colère, une haine comme miroirs d'une détresse solitaire. Si le suspense apparait plutôt artificiel, Fuentes se concentre sur une démesure et le vertige d'une classe dirigeante repliée sur elle-même, ses non-dits et ses souffrances qui s'enracinent dans une histoire collective. Ce discours n'est pas très original (le contexte de l'anticipation pouvant ainsi décevoir) mais l'écriture séduit par sa densité et son habileté.
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| | | | Carlos Fuentes [Mexique] | |
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